Par un pèlerin
Relativement aux institutions intéressant la généralité des malades, les hôpitaux de Paris sont complétés d’abord par la grande maison d’Ivry, ouverte le 1er juillet 1869 (2 000 lits), où l’on reçoit les incurables, les infirmes, les vieillards rejetés des services ordinaires, car ils ne laissent espérer aucune chance de guérison ; ensuite par l’asile de Vincennes et par celui du Vésinet.
La construction de ces deux derniers établissements fut décidée le 8 mars 1855 par un décret de l’empereur, qui abandonna des terrains appartenant au domaine de la couronne. Ils furent inaugurés l’un le 31 août 1857, l’autre le 29 septembre 1859, et étaient placés tous deux sous le patronage direct de l’impératrice. Le premier recueille les ouvriers convalescents, et le second les ouvrières convalescentes, ce qui permet aux hôpitaux de se débarrasser facilement de leur trop-plein et aux malades de reprendre progressivement des forces avant de retourner au travail. En outre, l’Assistance publique possède, dans le haut du faubourg Saint-Denis, un vaste immeuble contenant 350 lits, spécialement construit pour servir de maison de santé, et où elle reçoit, moyennant un prix déterminé, variant selon les conditions de quinze à quatre francs par jour, les malades des classes moyennes qui, n’étant pas en situation de se faire traiter chez eux, reculent devant les salles communes de l’hôpital.
Dans un ordre d’idées qui, pour être plus restreint, n’en est pas moins important, l’administration cherche à mettre au point de vue du prompt rétablissement des malades toutes les bonnes chances de son côté. C’est ainsi qu’elle a fait élever dans les jardins de l’hôpital Saint-Louis des baraques en bois destinées au traitement des opérés. Cet essai paraît n’avoir pas été heureux. Les baraques, construites en planches trop légères, étaient brûlantes en été, très froides en hiver, et l’on a dû les abandonner en attendant qu’on les ait améliorées. Cela est fâcheux, car l’isolement et le calme sont toujours bienfaisants pour l’homme qui vient de subir une opération grave.
Il y aurait, je crois, un moyen facile de remédier aux inconvénients signalés. Toute baraque bien faite, à moins qu’elle ne soit affectée à une destination essentiellement provisoire, doit être double et présenter exactement l’image de deux maisons que l’on aurait emboîtées l’une dans l’autre. L’intervalle qui sépare les deux murailles est comblé avec de la paille, avec du foin et mieux encore avec de la sciure de bois. De cette façon on est parfaitement garanti contre les excès de la température : les gardes-chasse qui vivent sur les hauteurs de la Forêt-Noire en pourraient dire quelque chose.
Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870
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