La dimension spirituelle, parmi les autres, existe dans le soin. Devant la personne qui meurt et à qui on tient la main, on a parfois le sentiment d'être hors du
monde, d'être plongé dans une dimension inédite, bien loin de l'ordinaire.
Il peut s'agir également de prendre soin du patient dans sa quête de sens. Cela dépasse les symptômes physiques : ce qui est en jeu, c'est sa vie dans toutes ses dimensions.
Ce soin spirituel est accessible à tous ceux qui entourent le malade. C'est le malade qui ouvre son espace relationnel avec telle ou telle personne. C'est lui qui choisit à qui il livre un
besoin, une souffrance. Que cette personne soit un soignant, un représentant religieux, une garde-malade, un bénévole, un membre de sa famille, un ami, un voisin, une femme de ménage, c'est le
malade qui choisit de s'ouvrir ou pas.
Valoriser le corps du malade, pas seulement de façon verbale, mais à travers le regard, le toucher, le geste de soin comporte plus qu'un geste technique. Tout est important : la manière de
placer, d'arranger un coussin, un oreiller, la douceur dans le massage des endroits douloureux, la fréquence à humecter les lèvres pour lutter contre la sécheresse de la bouche…
Dans l'acte de soigner, chacun sait (ou devrait savoir) qu'il a engagé plus de lui-même qu'une compétence ou un geste, et même plus que le sens qu'il y met. Il existe une parenté du soin et de
l'attention spirituelle. C'est peut-être cela respecter la dignité d'un malade.
Professeur Claude Rougeron
ce texte a été mis en ligne par le site internet de l'église Saint Sulpice à l'occasion du Dimanche de la santé 2009 en prévision de la Journée Mondiale des Malades