Par un pèlerin
Unamuno voulait que tout Espagnol cultivé fût capable de lire, outre le castillan, le catalan et le portugais ; serait-il abusif de demander que tout Français cultivé fût pareillement capable de lire, outre sa langue maternelle, l'italien et l'espagnol, et pourquoi pas le portugais ? Ce sont là, en effet, des langues qu'un Français n'a pas besoin d'apprendre pour les comprendre ; elles sont sœurs de la sienne ; il suffit qu'il connaisse bien la sienne, jusque dans ses sources, pour ne point éprouver de difficulté à lire les diverses langues de l'Europe méridionale. Hablamos todos el latin diversamente mal, disait un jour à Barcelone, dans une réunion internationale, un illustre archéologue espagnol : nous parlons tous un latin diversement barbare. Un Français qui sait le latin tient la clé de toutes les langues méridionales ; le vocabulaire anglais lui est connu pour moitié ; et la syntaxe de l'allemand, épouvantail de ceux qui abordent sans préparation l'étude de cette langue, n'offre pas pour lui de mystères. Quoi qu'en dise l'utilitarisme pédagogique, le temps passé à l'étude du latin n'est pas du temps perdu.
Joseph Moreau, Unamuno et le Portugal, Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°1, mars 1967, http://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_1967_num_1_1_2963
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