Ballade des femmes de Paris (Il n'est bon bec que de Paris)

un poème de François Villon, mis en musique et interprété par Alain Armel
 
Quoiqu'on tient belles langagères
Florentines, Vénitïennes,
Assez pour être messagères,
Et mêmement les ancïennes,
Mais soient Lombardes, Romaines,
Genevoises, à mes périls,
Pimontoises, Savoïsiennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
 
De beau parler tiennent chaières,
Ce dit-on, les Napolitaines,
Et sont très bonnes caquetières
Allemandes et Prussïennes ;
Soient Grecques, Egyptïennes,
De Hongrie ou d'autres pays,
Espagnoles ou Catelennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
 
Brettes, Suisses ne savent guères,
Gasconnes, ne Toulousïennes :
De Petit Pont deux harengères
Les concluront, et les Lorraines,
Angleches et Calaisïennes,
(Ai-je beaucoup de lieux compris ?)
Picardes de Valencïennes ;
Il n'est bon bec que de Paris.
 
Prince, aux dames parisïennes
De beau parler donnez le prix ;
Quoi que l'on die d'Italïennes,
Il n'est bon bec que de Paris.
 
 
Texte et orthographe de l'édition de poche GF-Flammarion de Jean Dufournet
Publiée pour la première fois à l'Imprimerie nationale, cette édition a obtenu le grand prix de l'édition critique de l'Académie Française en 1984.
Villon Poésies 

Flammarion éditions

couverture : Tryptique du Jardin des délices, Jérome Bosch 

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U
<br /> Oui, ici tout est affadi.<br />
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V
<br /> Ici on aime beaucoup Villon, on le comprend mieux qu'en France, chez nous il a gardé toute sa saveur comme on a gardé nos caractères du temp de maître François !<br />
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L
<br /> À quelques jours près, et peut-être le jour même où les Anglais brûlèrent Jehanne, la bonne Lorraine, à Rouen, François Villon naissait à Paris, près Pontoise.<br />  <br /> Ses parents étaient pauvres. Sa bonne mère toute simple, pieuse et sans lettres. Il a été élevé par un maître en droit canon, le bon prêtre Guillaume de Villon, "son plus que père". Il a pris ses<br /> grades jusqu’à maître es arts. Il aurait pu faire un docteur, un homme de loi ou d’Église. Mais le plus écolier des écoliers, en un temps d’anarchie générale, où la sédition était continuelle à<br /> Paris, et le pays latin un chaos dans le chaos, Villon a vécu follement, sans frein ni règles, toujours aux tavernes, avec les turbulents, les escrocs et les filles.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La tristesse de Villon est un monde nouveau. Elle s’est formée lentement dans la Bible, et dans les chants de l’Eglise. Villon embrasse la cruelle nécessité de vivre et d’être ce qu’on est :<br /> d’être impur, d’être infâme, d’en jouir avidement et d’en souffrir. Plus il raille, plus il est amer ; mais il se moque aussi de son amertume. Bernard Naudin l’a bien vu rire à son propre<br /> enterrement : il rit de lui, il rit de vous ; il rit de ce qu’il n’a pas et de ce qu’il vous laisse ; il rit de sa misère et des legs qu’il vous en fait ; et dans la mort où le voici, il rit de<br /> la vie, comme il a ri de tout, ayant été si constamment dans la mort, pendant le temps qu’il a vécu.<br /> <br /> <br /> André Suares (1912)<br />
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