Moïse disait au peuple d'Israël :
"Aujourd'hui, le Seigneur ton Dieu te commande de mettre en pratique ces commandements et ces décrets. Tu les garderas et observeras de tout ton cœur et de toute ton âme.
Aujourd'hui, tu as obtenu du Seigneur cette déclaration : qu'il sera ton Dieu, et que tu suivras ses chemins, que tu garderas ses commandements, ses ordres et ses décrets, et que tu écouteras sa
voix.
Aujourd'hui, le Seigneur a obtenu de toi cette déclaration : que tu seras son peuple particulier, comme il te l'a promis, et que tu devras garder tous ses commandements.
Il te donnera prestige, renommée et gloire, plus qu'à toutes les nations qu'il a faites, et tu seras un peuple consacré au Seigneur ton Dieu, comme il te l'a promis.
Livre du Deutéronome
Le Seigneur nous apprend, dans ce passage de Moïse, qu'une nation fidèle à garder toutes les prescriptions du
service divin sera bénie entre toutes les autres. L'histoire est là pour attester la vérité de cet oracle. De toutes les nations qui ont péri, il n'en est pas une seule qui ne l'ait mérité par
son oubli de la loi de Dieu ; et il en doit être ainsi. Quelquefois le Seigneur attend avant de frapper ; mais c'est afin que le châtiment soit plus solennel et plus exemplaire. Veut-on se rendre
compte de la solidité des destinées d'un peuple ? Que l'on étudie son degré de fidélité aux lois de l'Eglise. Si son droit public a pour base les principes et les institutions du christianisme,
cette nation peut avoir quelques germes de maladie ; mais son tempérament est robuste ; les révolutions l'agiteront sans la dissoudre. Si la masse des citoyens est fidèle à l'observation des
préceptes extérieurs ; si elle garde, par exemple, le jour du Seigneur, les prescriptions du Carême, il y a là un fond de moralité qui préservera ce peuple des dangers d'une dissolution.
De tristes économistes n'y verront qu'une superstition puérile et traditionnelle, qui n'est bonne qu'à retarder le progrès ; mais que cette nation, jusqu'alors simple et fidèle, ait le malheur d'écouter ces superbes et niaises théories, un siècle ne
se passera pas sans qu'elle ait à s'apercevoir qu'en s'émancipant de la loi rituelle du christianisme, elle a vu baisser chez elle le niveau de la morale publique et privée, et que ses destinées
commencent à chanceler.
L'homme peut dire et écrire tout ce qu'il voudra ; Dieu veut être servi et honoré par son peuple, et il entend être le maître des formes de ce service et de cette adoration. Tous les coups portés
au culte extérieur, qui est le véritable lien social, retomberont de tout leur poids sur l'édifice des intérêts humains.
Quand bien même la parole du Seigneur n'y serait pas engagée, il est de toute justice qu'il en soit ainsi.
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
Le Pénitent par Dürer