La cathédrale Notre-Dame de Paris - Reims, Chartres, Amiens étaient heureusement préservés de toute mutilation

La Révolution de 1792 fit subir à la cathédrale de Paris de nouvelles mutilations. Les statues des portails, y compris celles des vingt-huit rois de Juda, qui passaient pour représenter des rois de France, furent jetées bas. Le même sort fut réservé aux nombreuses statues qui, à l'extérieur, étaient placées dans les niches des chapelles du chœur.

 

En 1793, par un arrêté, la Commune de Paris décida que les gothiques simulacres des rois, qui ornaient la façade de Notre-Dame, seraient renversés, ainsi que les effigies en marbre ou en bronze. Cependant, à la fin de l'an II, le citoyen Chaumette réclama en faveur des arts et de la philosophie ; il affirma que l'astronome Dupuis avait établi son système planétaire en consultant les sculptures de l'une des portes de la cathédrale. Le conseil municipal décréta donc que Dupuis serait adjoint à l'administration des travaux publics, afin de conserver les monuments dignes d'être transmis à la postérité.

 

Il faut constater d'ailleurs que les populations des grandes villes du Nord de la France aimaient leurs cathédrales et voyaient encore en elles, suivant le programme de leur édification, le monument de la cité. Les fureurs populaires s'acharnaient à détruire les églises abbatiales, mais elles respectaient les cathédrales. La plupart de ces monuments conservaient même leur belle statuaire. Reims, Chartres, Amiens étaient heureusement préservés de toute mutilation.Sur un panneau de porte de cette dernière église, on lisait encore, il y a quelques années, cette phrase gravée avec la pointe d'un canif : «Les républiquains (sic) Lillois ont trouvé de toute indignité de laisser dans un temple de la Raison, tant de hochet (sic) du fanatisme. Signé : Dubois, 2e année républicaine.»

 

Les vitraux qui décoraient les fenêtres de la cathédrale de Paris avaient été enlevés par ordre du chapitre, dès 1741, et remplacés par des verres blancs avec bordures fleurdelisées. Seules, les trois roses conservaient leurs verrières coloriées.

 

Quelques travaux intérieurs furent ordonnés par Napoléon Ier avant le sacre. On éleva un maître-autel ; le sanctuaire fut clos de grilles en fer avec socle en marbre. Des ambons, également en marbre, remplacèrent les débris du jubé construit par le cardinal de Noailles, à la place qu'occupait l'ancien jubé du XIIIe siècle.

 

Notre-Dame de Paris renfermait des monuments dont la destruction, fort regrettable, ne peut être imputée tout entière aux dernières années du XVIIIe siècle. Parmi les monuments enlevés en 1792, l'un des plus intéressants était la statue équestre de Philippe de Valois. Ce prince, après la victoire de Cassel, revenant à Paris, était entré à cheval, entouré de ses barons, dans l'église Notre-Dame, dédiant ainsi son harnois royal à la Vierge. En mémoire de ce fait, une statue équestre avait été érigée sur deux colonnes, contre le dernier pilier sud de la nef.

 

Cette image était revêtue des armes mêmes du prince, chanfreins, hoqueton, haubert etc. On voyait encore ce précieux monument en 1792, et il n'est pas besoin de faire ressortir l'intérêt qu'il aurait pour nous aujourd'hui, puisque nous ne possédons pas un seul harnois de guerre du XIVe siècle.

 

 

Eugène-Emmanuel VIOLLET-LE-DUC, Les églises de Paris, NOTRE-DAME, Éditeur : C. Marpon et E. Flammarion, Paris, 1883

 

Saint Etienne, provient du portail sud de la cathédrale Notre-Dame de Paris, statue acéphale brisée à la Révolution et reconvertie en borne rue de la Santé (Marché au Charbon), découverte en 1839, Musée national du Moyen Age

Saint Etienne, provient du portail sud de la cathédrale Notre-Dame de Paris, statue acéphale brisée à la Révolution et reconvertie en borne rue de la Santé (Marché au Charbon), découverte en 1839, Musée national du Moyen Age

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