Le dernier trolley

 

Quand je suis impuissant à vaincre le malheur,
quand le désespoir me guette,
je prends à la course un trolley bleu
le dernier, n'importe lequel.


Trolley de minuit, file par les rues,
fais ta ronde sur les boulevards
pour ramasser tous ceux qui ont fait dans la nuit
naufrage, naufrage.

 

Trolley de minuit, ouvre-moi ta porte !
Je sais que dans le froid poignant de la nuit
tes passagers, tes matelots nous prêtent main forte.
Avec eux, plus d'une fois, j'ai fui le malheur,

j'ai senti leurs épaules contre mes épaules...
Ah ! combien il y a de bonté,
dans leur silence, leur silence.

 

Le dernier trolley navigue dans Moscou,
Moscou, comme la rivière, s'éteint,
Et la douleur qui frappait mes tempes comme un étourneau,
s'adoucit, s'adoucit.

 

Boulat Okoudjava

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