La situation que Dieu s'est faite

Celui qui aime se met, par cela même,
Par cela seulement, dès par cela dans la dépendance,
Celui qui aime tombe dans la servitude de celui qui est aimé.
C'est l'habitude, c'est la loi commune.
C'est fatal.
Celui qui aime tombe, se met sous la servitude, sous un joug de servitude. Il dépend de celui qu'il aime.
C'est pourtant cette situation-là, mon enfant, que Dieu s'est faite, en nous aimant.
Dieu a daigné espérer en nous, puisqu'il a voulu espérer de nous, attendre de nous.
Situation misérable, (en) récompense de quel amour,
Gage, rançon de quel amour.
Singulière récompense. Et qui était dans la condition, dans l'ordre même, dans la nature de cet amour.
Il s'est mis dans cette singulière situation, retournée, dans cette misérable situation que c'est lui qui attend de nous, du plus misérable pécheur.
Qui espère du plus misérable pécheur.
Qui ainsi dépend du plus misérable pécheur.
Et nous.
Voilà où il s'est laissé conduire, par son grand amour, voilà où il s'est mis, où il a été mis, où enfin il s'est laissé mettre.
Voilà où il en est, où il est.
Où nous devons être, c'est lui qui s'est mis,
A ce point, sur ce pied.
Qu'il a à craindre, à espérer, enfin à attendre du dernier des hommes.
Qu'il est aux mains du dernier des pécheurs.
(Maïs le corps de Jésus, dans toute église, n'est-il pas aux mains du dernier des pécheurs.
A la merci du dernier des soldats)
Qu'il a à redouter, tout, de nous.
(Qu'il ait à redouter, c'est déjà trop, c'est déjà tout),
(Si peu que ce fût, et ici c'est tout)
(Si peu que ce fût, quand ce ne serait presque rien, rien pour ainsi dire)
Telle est la situation où Dieu par la vertu de l'espérance
Pour faire le jeu de l'espérance.
S'est laissé mettre
En face du pécheur.
Il craint de lui, puisqu'il craint pour lui.
Tu comprends, je dis : Dieu craint du pécheur, puisqu'il craint pour le pécheur.
Quand on craint pour quelqu'un, on craint de ce quelqu'un.
C'est à cette loi commune que Dieu s'est laissé mettre.
Et soumettre.
A ce niveau commun.
C'est à cette loi commune qu'il a souffert d'être mis.
Il faut qu'il attende le bon plaisir du pécheur.
Il s'est mis sur ce pied.
Il faut qu'il espère dans le pécheur, en nous.
Il faut, c'est insensé, il faut qu'il espère que nous nous sauvions.
Il ne peut rien faire sans nous.
Il faut qu'il écoute nos fantaisies.
Il faut qu'il attende que monsieur le pécheur veuille bien un peu penser à son salut.


Voilà la situation que Dieu s'est faite.


Charles Péguy
Le Porche du mystère de la deuxième vertu

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N
Si si, au contraire, et même double ration de croissants : aimer, c’est tout donner ! Mais l’amour pur, chaste et gratuit, le propre de l’amour de Jésus, cet amour ne peut que nous rendre libre !
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P
alors faut plus offrir de croissant ? sniff.....
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P
Celui qui aime se met, par cela même, Par cela seulement, dès par cela dans la dépendance, Celui qui aime tombe dans la servitude de celui qui est aimé. C'est l'habitude, c'est la loi commune. C'est fatal.ben non ! na moi j'aime Nathalie, je suis pas dans la servitude... non mais! manquerait plus que ça.J'aime Assumblog je suis pas dans la servitude d'Assum le grand!non mais et puis quoi encore manquerait plus que ça...
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A
<br /> ... je sais que c'est dur à admettre, mais c'est vrai, d'ailleurs regarde, tu offres les croissants, et il est amoureusement prouvé que c'est celui qui<br /> ramène les croissants qui aime le plus !<br /> <br /> <br /> <br /> <br />