Nuño de Santa Maria Álvares Pereira (1360-1431)
soldat et moine, en religion Frère Nuno de Santa Maria
Le Dimanche 26 avril prochain, place Saint-Pierre à Rome, le Saint-Père Benoît XVI va canoniser un bienheureux
portugais : Nuno Alvares Pereira, plus connu sous le nom de 'Saint Connétable', parmi les Portugais. Connétable du Portugal, il a sut allier courage héroïque, dans les batailles pour la
sauvegarde de l’indépendance du pays, et spiritualité.
Peu après la plus grande bataille qu’il eut à livrer, Aljubarrota, où la protection de Marie fut évidente, il se retira chez les Carmes de Lisbonne, y prit le nom de Nuno de Sainte-Marie,
finissant là ses jours dans le calme et la méditation.
En juillet 1422, il abandonna la carrière des armes et se retira au couvent de Notre Dame du Carmo à Lisbonne, qu’il avait fait construire aux environs de 1389, en action de grâces après la
victoire de Valverde. Le 28 juillet 1423, il fit don de l’église et du couvent à l’ordre des Carmélites, devenant ainsi le fondateur de l’ordre du Carmel au Portugal.
Dans un document daté du 9 décembre 1433, il se défit de tous ses biens et titres et, à l’instar de saint François d’Assise, il distribua ses armes à ses compagnons, ses vêtements et ses objets
de valeur aux pauvres et aux orphelins, ses titres à ses descendants. Ses terres furent aussi largement distribuées à ceux qui les cultivaient, une
grande partie d’entre elles ayant déjà été offertes auparavant à des monastères. Le 15 août 1423, Nuno Álvares Pereira devint Carme, un simple
Frère.
Il allait fréquemment pieds nus et n’avait pour tous biens personnels qu’une robe en bure, l’habit de
carme, une longue tunique avec un scapulaire et un lit rudimentaire avec une vieille couverture. Au cours des
dernières années de sa vie, Nuno Álvares Pereira jeûna au pain et à l’eau tous les samedis, en l’honneur de sainte Marie, ainsi qu’à la veille de toutes ses fêtes. Il se sacrifiait et se
mortifiait pour la conversion des pécheurs, récitait l’office de la sainte Vierge, se levait à minuit pour aller à matines. Par humilité, il refusa de devenir père et préféra rester frère
lai. Le rosaire et le scapulaire, qu’il popularisa au Portugal, étaient les objets favoris de sa dévotion. On lui doit l’introduction de l’usage du
scapulaire séculier.
Peu avant de mourir, pour avoir refusé de chauffer sa cellule au cours de l’hiver, il souffrit d’une violente attaque d’arthrite qui l’empêcha de marcher. À l’approche de la mort, il demanda une
confession générale. La cellule dans laquelle il mourut est préservée dans l’actuel Caserne do Carmo, qui abrite la
Garde Nationale Républicaine. Il mourut dans sa cellule, en serrant contre lui un crucifix, le 1er avril 1431, en entendant ces mots tirés de la passion du Christ selon l’évangile de saint
Jean, dont on lui faisait lecture : Voilà ta mère.
Conformément à ses dernières volontés, l’enterrement ne fut entouré d’aucun faste particulier et le corps
du "dernier chevalier du Moyen Âge" fut inhumé dans une tombe des plus modestes, enveloppé dans un linceul, sans cercueil et couché à même les dalles de pierre. La présence
d’un locus, petit compartiment pour éviter que la tête ne soit en contact avec le sol, dans un style qui n’avait déjà plus cours depuis un siècle à cette époque et qui était
fréquent pour les sépultures des chevaliers, apporte la preuve qu’on le tenait bien pour le dernier grand chevalier arthurien du Moyen Âge.
Frère Nuno mourut l’année même où Jeanne d’Arc périssait sur le bûcher ; on peut dire qu’ils eurent tous deux la même mission, laquelle perdure par-delà la mort.
Nuño de Santa Maria Álvares Pereira