Parole du Seigneur.
Maudit soit l'homme qui met sa confiance dans un mortel, qui s'appuie sur un être de chair, tandis que son coeur se détourne du Seigneur.
Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée et inhabitable.
Béni soit l'homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l'espoir.
Il sera comme un arbre planté au bord des eaux, qui étend ses racines vers le courant : il ne craint pas la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert ; il ne redoute pas une année de
sécheresse, car elle ne l'empêche pas de porter du fruit.
Le coeur de l'homme est compliqué et malade ! Qui peut le connaître ?
Moi, le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon ses actes, selon les fruits qu'il porte.
Livre de Jérémie
Les lectures de ce jour sont consacrées à fortifier dans nos cœurs les principes de la morale chrétienne. Détournons un instant les yeux du
triste spectacle que nous offre la malice des ennemis du Sauveur ; reportons-les sur nous-mêmes, afin de connaître les plaies de nos âmes et d'en préparer le remède.
Le prophète Jérémie nous présente aujourd'hui le tableau de deux situations pour l'homme ; laquelle des deux est la nôtre ? Il y a l'homme qui met sa confiance dans un bras de chair, c'est-à-dire
qui ne considère sa vie que dans les conditions du présent, qui voit tout dans les créatures, et se trouve par là même entraîné à violer la loi du Créateur. Tous nos péchés sont venus de cette
source ; nous avons perdu de vue nos fins éternelles, et la triple concupiscence nous a séduits. Hâtons-nous de revenir au Seigneur notre Dieu : autrement,
nous aurions à craindre le sort dont le Prophète menace le pécheur : Quand le bien arrivera, il ne le verra pas.
La sainte Quarantaine avance dans son cours ; les grâces les plus choisies se multiplient à chaque heure ; malheur à l'homme qui, distrait par la vaine figure de ce monde qui passe, ne s'aperçoit
de rien, et demeure, en ces saints jours, stérile pour le ciel, comme la bruyère du désert l'est pour la terre ! Qu'il est grand, le nombre de ces aveugles volontaires, et que leur insensibilité
est effrayante ! Enfants fidèles de la sainte Eglise, priez pour eux, priez sans cesse ; offrez au Seigneur à leur intention les œuvres de votre pénitence, les largesses de votre charité. Chaque
année, plusieurs d'entre eux rentrent au bercail, dont la porte leur a été ouverte par les pieux suffrages de leurs frères ; faisons violence à la divine
miséricorde.
Le Prophète nous dépeint ensuite l'homme qui met sa confiance dans le Seigneur, et qui, n'ayant pas d'autre espérance que lui, veille sans cesse à lui être fidèle. C'est un bel arbre au bord des
eaux, dont le feuillage est toujours vert, et dont les fruits sont abondants. "Je vous ai établis, dit le Sauveur, afin que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure."
Devenons cet arbre béni et toujours fécond. L'Eglise, en ce saint temps, répand sur ses racines l'eau de la componction ; laissons agir cette eau bienfaisante. Le Seigneur pénètre nos cœurs ; il
sonde nos désirs de conversion ; et, quand la Pâque sera venue, "il rendra à chacun selon sa voie".
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
Christ lavant les pieds de Pierre par
Dürer