Jésus se montre à ses disciples rassemblés le soir même de sa résurrection et il les aborde en leur souhaitant la paix

C'est le souhait qu'il nous adresse à nous-mêmes dans la Pâque. En ces jours il rétablit partout la paix : la paix de l'homme avec Dieu, la paix dans la conscience du pécheur réconcilié, la paix fraternelle des hommes entre eux par le pardon et l'oubli des injures.

 

Recevons ce souhait de notre divin ressuscité, et gardons chèrement cette paix qu'il daigne nous apporter lui-même. Au moment de sa naissance en Bethléhem, les Anges annoncèrent cette paix aux hommes de bonne volonté ; aujourd'hui Jésus lui-même, ayant accompli son œuvre de pacification, vient en personne nous en apporter la conclusion. La Paix : c'est sa première parole à ces hommes qui nous représentaient tous. Acceptons avec amour cette heureuse parole, et montrons-nous désormais, en toutes choses, les enfants de la paix.

 

L'attitude des Apôtres dans cette grande scène doit aussi exciter notre attention. Ils connaissent la résurrection de leur maître ; ils se sont empressés de la proclamer à l'arrivée des deux disciples d'Emmaüs ; que leur foi est faible cependant ! La présence soudaine de Jésus les trouble ; s'il daigne leur donner ses membres à toucher, afin de les convaincre, cette expérience les émeut, les remplit de joie ; mais il reste encore en eux je ne sais quel fond d'incrédulité. Il faut que le Sauveur pousse la bonté jusqu'à manger devant eux, afin de les convaincre tout à fait que c'est bien lui et non un fantôme. Cependant ces hommes, avant la visite de Jésus, croyaient déjà et confessaient sa résurrection ! Quelle leçon nous donne ce fait de notre Evangile !

 

Il en est donc qui croient, mais d'une foi si faible que le moindre choc la ferait chanceler ; qui pensent avoir la foi, et qui l'ont à peine effleurée. Sans la foi cependant, sans une foi vive et énergique, que pouvons-nous faire, au milieu de cette  lutte que nous avons à soutenir constamment contre les démons, contre  le monde et contre nous-mêmes ? Pour lutter, la première condition est d'être sur un sol résistant ; l'athlète dont les pieds posent sur  le sable mouvant ne tardera pas d'être renversé.  Rien de  plus commun aujourd'hui que  cette foi vacillante,  qui croit jusqu'à ce qu'arrive l'épreuve de cette foi constamment minée en dessous par un naturalisme subtil, qu'il est  si difficile de  ne pas aspirer plus ou moins, dans l'atmosphère malheureuse qui nous entoure.

 

Demandons avec instance la foi, une foi invincible, surnaturelle, qui devienne le grand ressort de notre vie tout entière, qui ne cède jamais, qui triomphe toujours au dedans de nous-mêmes comme à l'extérieur ;  afin que nous puissions nous approprier en toute vérité cette forte parole de l'Apôtre saint  Jean : "La victoire qui met le monde tout entier sous  nos pieds, c'est notre foi." 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Christ Rédempteur

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