Saint Agapit, Martyr, et Sainte Hélène, Impératrice

Palestrina, l'ancienne Préneste, députe à la cour de Marie son valeureux et doux martyr Agapit. Par son jeune âge et sa fidélité, il nous rappelle cet autre gracieux athlète, l'acolythe Tarcisius, dont la victoire accompagne de si près au 15 août le triomphe de la Reine du monde, qu'elle s'éclipse en la gloire de celle-ci. Au temps où Valérien persécutait l'Eglise, à la veille des combats de Sixte et de Laurent, Tarcisius, portant le Corps du Seigneur, est rencontré par des païens qui prétendent le contraindre à leur montrer ce qu'il porte ; mais, serrant sur son cœur le trésor du ciel, il se laisse broyer sous leurs coups "plutôt que de livrer à ces chiens enragés les membres divins".

 

Agapit, à quinze ans, parcourt au milieu des tourments et des prodiges l'arène que vient de rouvrir à l'ambition des disciples de Jésus le césar Aurélien. Si jeune qu'il fût, le martyr avait pu voir la fin honteuse de Valérien ; or, l'édit nouveau qui lui valut de rejoindre Tarcisius aux pieds de Marie n'était pas encore promulgué dans tout l'empire, qu'Aurélien à son tour était foudroyé par ce Christ de qui seul tiennent leurs couronnes les empereurs et les rois.

 

 Que votre Eglise, ô Dieu, se réjouisse, appuyée sur le suffrage du bienheureux Agapit ; que les glorieuses prières de votre Martyr lui obtiennent fidélité persévérante et sécurité entière.

 

Par Jésus-Christ.

 

 

En rentrant de Palestrina dans la Ville éternelle, saluons sur la gauche le cimetière des saints Marcellin et Pierre, où furent d'abord déposées les reliques saintes de la pieuse impératrice Hélène, qui s'éleva aujourd'hui de la terre au ciel.

 

Offrons notre hommage à celle qui déploya sur le monde délivré l'étendard du salut, et plaça la Croix sur le front des princes autrefois ses persécuteurs.

 

 Seigneur Jésus-Christ, qui avez révélé à la bienheureuse Hélène le lieu où votre Croix était cachée, pour enrichir par elle votre Eglise de ce précieux trésor ; accordez-nous par son intercession d'obtenir, grâce au prix soldé sur cet arbre de vie, les récompenses de la vie éternelle.

 

Vous qui vivez

 

 

 Mais revenons à l'impératrice des cieux, dont Hélène est la fortunée suivante, dont les Martyrs forment l'armée. Pour la chanter et la prier du milieu de la mer orageuse, Adam de Saint-Victor nous donnera cette Séquence d'un accent si suave :

 

 Salut, Vierge sans pareille, Mère de notre salut, nommée l'Etoile de la mer, étoile nullement vagabonde : ne permettez pas que sur la mer de cette vie nous fassions naufrage, mais que pour nous toujours votre prière s'adresse au Sauveur né de vous.

 

La mer s'irrite, les vents sont en furie, les flots soulevés se bouleversent ; le navire court, mais au-devant que de périls ! Là les sirènes du plaisir, là le dragon, les chiens de mer et les pirates concourent ensemble à nous faire désespérer de la vie.


Au fond de l'abîme, puis jusqu'au ciel l'onde en colère porte l'esquif ; le mât chancelle, la voile est arrachée, le nautonier cesse la lutte ; chez nous, en de tels maux, l'homme animal succombe : ô mère toute spirituelle, délivrez-nous de la mort.

 

Par la rosée du ciel en vous répandue, sans perdre la fleur de pureté, vous donnâtes au monde, prodige nouveau, une fleur nouvelle : le Verbe égal à son Père entre au sein de la Vierge ; pour nous il prend un corps dans le secret de vos chastes entrailles.

 

Celui dont la puissance gouverne toutes choses vous élut et prédestina ; sans rompre le sceau virginal, il vous remplit de lui-même ; dans l'enfantement, sans déchirement, sans douleur, au rebours de la première mère, vous mîtes au jour le Sauveur.

 

Ô Marie, l'excellence de vos mérites vous élève incomparablement par delà les chœurs angéliques ; jour fortuné que celui-ci, où vous gagnez les cieux ! dans votre piété maternelle, regardez-nous en nos bas-fonds.

 

Vous êtes la sainte et vive racine, la fleur, la vigne et l'olivier qu'aucune greffe ne féconde ; vous êtes le flambeau de la terre, la splendeur du ciel ; vous l'emportez sur le soleil en éclat : recommandez-nous à votre fils, pour qu'il nous juge en miséricorde.

 

Devant la face du Roi suprême, ayez souvenir du petit troupeau ; il a transgressé la loi qui lui fut donnée, et pourtant il espère sa grâce : propice et doux, digne d'une louange éternelle, le juge a donné aux coupables un gage d'espérance, en se faisant hostie sur la croix.

 

Jésus, fruit des entrailles de votre sainte Mère, soyez-nous, sur les flots de ce monde, guide, chemin et libre accès au ciel ; tenez le gouvernail, dirigez le navire ; si violente qu'elle puisse être, apaisez la tempête ; dans votre clémence, donnez-nous d'aborder heureusement au port.

 

Amen

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Sainte Hélène par Cima da Conegliano

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