Par un pèlerin
Le gaz fut notre auxiliaire pendant la guerre ; lorsque Paris subissait le blocus des armées allemandes, ce fut lui qui nous permit de parler à la province : si nous n’apprîmes rien des événements extérieurs, au moins nous fut-il possible de raconter ce qui se passait ici.
Ce fut la Compagnie parisienne qui fournit la quantité de gaz hydrogène nécessaire pour gonfler ces ballons courageux où l’on mit parfois tant et de si poignantes espérances, que les événements ont déçues. L’histoire expliquera sans doute par suite de quelles circonstances particulières on ne put profiter de ce moyen de communication pour combiner une action commune destinée à faire un effort d’ensemble qui pût offrir au moins quelques chances de succès.
L’usine de La Villette, où j’ai conduit le lecteur, se signala par une activité pleine de dévouement : « Quand nous étions prévenus qu’un ballon devait partir, me disait-on, on redoublait d’efforts pour obtenir un gaz d’une pureté irréprochable.»
Ces services rendus à la grande cause paraissent n’avoir laissé qu’un souvenir bien fugitif dans la mémoire d’une certaine portion de la population de Paris, car aux derniers jours de la commune ce fut par miracle et grâce à l’indomptable énergie des employés que l’usine put échapper à la folie des incendiaires.
Fin
Maxime Du Camp, L’Éclairage à Paris, Revue des Deux Mondes, 1873
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