Saint Jean de Dieu

 

Or il y avait un homme malade depuis trente-huit ans.

Jésus l'ayant vu couché par terre, et sachant depuis combien de temps il était dans cet état, lui dit : Voulez-vous être guéri ?

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

mardi de la quatrième semaine

 

A en juger par les apparences, fut-il jamais une demande moins nécessaire que celle du Fils de Dieu à ce paralytique de notre évangile ?

C'était un malade de trente-huit ans, exposé comme les autres sur le bord de la piscine miraculeuse. Il attendait avec impatience qu'on l'y jetât, au moment que l'eau serait remuée par l'ange du Seigneur : il cherchait un homme charitable pour lui rendre ce bon office ; il était affligé et il se plaignait même de n'en avoir encore pu trouver ; enfin il ne désirait rien plus ardemment que sa guérison, et il n'avait point d'autre pensée ni d'autre soin qui l'occupât : pourquoi donc lui demander s'il veut être guéri, Vis sanus fieri ?

Mais ce n'est pas sans raison, répond saint Augustin. Ce paralytique était la figure des pécheurs ; et lui-même, comme pécheur, il ne pouvait être guéri sans être converti, selon la pratique du Sauveur des hommes, de ne guérir jamais les corps qu'au même temps il ne sanctifiât les âmes. Or, quelque disposé que fût ce malade à la guérison, peut-être ne l'était-il pas également à sa conversion ; et c'est pour cela que Jésus-Christ, qui savait que l'un dépendait de l'autre, et qui ne voulait pas lui accorder l'un s’il ne consentait à l'autre, lui demande avant toutes choses : Vis sanus fieri ? voulez-vous être guéri ?

 

Tel est, Chrétiens, notre état en qualité de pécheurs : il y a peut-être longtemps que nous languissons, et que nous sommes sans action et sans mouvement dans la voie de Dieu, ou plutôt hors de la voie de Dieu. Peut-être Dieu voit-il parmi nous des paralytiques de plusieurs années, c'est-à-dire des hommes endurcis dans leurs habitudes criminelles ; et plaise au ciel qu'entre ceux à qui je parle, il n'y en ait pas dont on puisse dire : Erat autem quidam triginta et octo annos habens in infirmitate sua : ce pécheur est depuis trente-huit ans dans son désordre.

 

Nous avions besoin d'un homme pour nous affranchir de la servitude du péché. Cet homme est venu, et c'est Jésus-Christ. Il nous a jetés dans la piscine ; je veux dire dans les eaux salutaires du baptême, où nous avons été régénérés. Au lieu de nous maintenir dans la possession de cette grâce, nous en sommes déchus ; et il est encore prêt à nous faire entrer dans une seconde piscine, qui est celle des larmes et de la pénitence. Mais auparavant il nous demande à tous en général et à chacun en particulier : Vis sanus fieri ? est-ce de bonne foi que vous voulez être guéri ?

C'est à quoi il faut que nous répondions.

Vis sanus fieri ? voulez-vous être guéri ?

Car, puisque sur le salut on nous demande, aussi bien qu'au paralytique de l’Évangile, si nous le voulons, il faut donc en effet le vouloir et y travailler, et voilà le remède à notre présomption : et puisqu'on nous fait au même temps connaître qu'il ne s'agit que de le vouloir, nous ne devons donc pas nous troubler ni désespérer, et voilà le remède à notre défiance. Deux vérités fondamentales de notre religion, et qui peuvent beaucoup servir à la réformation de nos mœurs.

 

BOURDALOUE, SUR LA PRÉDESTINATION

São João de Deus

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