Le métier de torero est assez dangereux. Il en meurt, année moyenne, deux ou trois dans toute l’Espagne. Peu d’entre eux parviennent à un âge avancé. S’ils ne meurent pas dans le cirque, ils sont obligés d’y renoncer de bonne heure par suite de leurs blessures. Le fameux Pepe Illo reçut dans sa vie vingt-six coups de corne ; le dernier le tua.
Le salaire assez élevé de ces gens n’est pas le seul mobile qui leur fasse embrasser leur dangereux métier. La gloire, les applaudissements leur font braver la mort. Il est si doux de triompher devant cinq ou six mille personnes ! Aussi n’est-il pas rare de voir des amateurs d’une naissance distinguée partager les dangers et la gloire des toreros de profession. J’ai vu à Séville un marquis et un comte remplir dans une course publique les fonctions de picador.
Bien est-il vrai que le public n’est guère indulgent pour les toreros. La moindre marque de timidité est punie de huées et de sifflets ; les injures les plus atroces pleuvent de toutes parts ; quelquefois même par l’ordre du peuple, et c’est la plus terrible marque de son indignation, un alguazil s’approche du toreador et lui enjoint, sous peine de la prison, d’attaquer au plus vite le taureau.
Un jour l’acteur Maïquez, indigné de voir un matador hésiter en présence du plus obscur (dangereux) de tous les taureaux, l’accablait d’injures. — « Monsieur Maïquez, » lui dit le matador, « voyez-vous, ce ne sont pas ici des menteries comme sur vos planches. »
Prosper Mérimée, Lettres adressées d'Espagne au directeur de la revue de Paris, Madrid, 25 octobre 1830
Chaque fois que je regarde le portrait de Pedro Romero qu'a peint Francisco de Goya, j'admire le génie de cet artiste qui a trouvé le moyen en un portrait à mi-corps, de caractériser ce torero célèbre et singulier. Son visage, qui est très ressemblant, respire l'honnêteté et la sensibilité, sans que l'on remarque la moindre férocité sans âme propre aux gladiateurs.
José Somoza, (écrivain espagnol, Piedrahíta, Ávila, 1781 - 1852)
Pedro Romero, né le 19 novembre 1754 à Ronda, province de Malaga, mort le 10 février 1839 à Ronda.
La première semaine de septembre, Ronda célèbre la Féria et les Fêtes de Pedro Romero, uniques au monde à être consacrées à un torero. La traditionnelle Corrida Goyesca est le principal attrait de la feria de Pedro Romero de Ronda. La Corrida Goyesque a une personnalité propre qui la rend différente.
Lieu de célébration : Plaza de Toros de Ronda
Adresse : Calle Virgen de la Paz