article du Père Frédéric Manns, ofm
mis en ligne le mercredi 13 mai 2009 Custodia Terrae Sanctae - Vallée du Cédron - un autre son de cloche
C’est dans un panorama spectaculaire que le pape Benoît XVI a célébré l’eucharistie mardi 11 mai. La vallée du Cédron,
aménagée pour la circonstance, ne pouvait pas ne pas évoquer de nombreux passages bibliques. Le roi David avait gravi le Mont des Oliviers en pleurant. Le fils de David lui aussi avait pleuré sur
la ville qui n’avait pas su reconnaître le temps de la visite de Dieu. Le prophète Zacharie avait annoncé la manifestation du Messie sur le Mont des Oliviers : la montagne devait se fendre en
deux et ceux qui sont enterrés dans la vallée ressusciteront. La vallée est appelée celle de Josaphat, celle du jugement dernier. Les critères du jugement dernier sont évoqués dans la tradition
juive, chrétienne et musulmane : J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’étais prisonnier et vous m’avez visité. Les fils d’Abraham seront jugés sur l’amour concret. Du sommet du Mont des
Oliviers, Jésus, tel le nouvel Elie, avait été enlevé au ciel.
Au fond de la vallée du Cédron la fontaine du Gihon évoquait le sacre des rois d’Israël : « Tu es mon fils,
aujourd’hui je t’ai consacré » , affirmait le Psaume 2. A quelques mètres de là, la piscine de Siloé rappelait à la mémoire juive et chrétienne la fête des Tentes. Le dernier jour de la fête
Jésus au Temple cria : « Que celui qui a soif, vienne à moi et qu’il boive. De son sein couleront des fleuves d’eau vive ». On sait que la fête des Tentes anticipait la résurrection des
morts.
Devant l’immense cimetière juif et musulman comment ne pas penser à l’outre-tombe ? Et à cette lumière quel sens
donner aux divisions et aux séparations des hommes ? Personne n’échappera au jugement dernier. Le pape a eu raison d’affirmer qu’à Jérusalem il ne devait pas y avoir de place pour la violence,
l’étroitesse d’esprit, l’oppression et la vengeance. La ville est appelée la mère de tous les hommes, parce que « là chacun est né ». Une mère peut avoir de nombreux enfants, qu’elle doit
rassembler et non pas diviser. La ville de Jérusalem « comme un microcosme de notre univers mondialisé, si elle veut vivre en conformité avec sa vocation universelle, doit être un lieu qui
enseigne l’universalité, le respect des autres, le dialogue et la compréhension mutuelle » affirme Benoît XVI.
Urusalim, le nom ancien de la ville, signifie fondation de Salem. Or Salem est le nom de la divinité jébuséenne de la
ville conquise par David, divinité païenne dont David a maintenu le nom.
Des observateurs ont noté que le nombre des participants à la messe papale était restreint. C’est vrai, mais il y
avait des hôtes de marque : David, Salomon et tous les rois d’Israël, ainsi que tous les grands prêtres qui jadis avaient officié au Temple de Jérusalem, qu’on devinait derrière les remparts de
la ville. Le pinacle du Temple illuminé par le soleil de l’après-midi en témoignait en évoquant les tentations du Christ et de l’Eglise. Participaient également en silence à cette messe tous les
morts enterrés dans la vallée qui attendent la résurrection finale. Depuis la Jérusalem céleste unie à la Jérusalem terrestre tous ces témoins de l’Eternel encourageaient le pape à rappeler
aujourd’hui au petit troupeau chrétien que l’histoire du salut n’est pas achevée.
Entre le rocher du Mont Moriah où jadis Abraham avait offert son fils Isaac et le rocher de Gethsémani où Jésus avait
sué du sang en s’offrant pour le salut du monde, le pape rappelait au monde que l’Eglise est bâtie sur le rocher. Les portes de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle, encore moins les flèches
aiguisées et empoisonnées de certains journalistes.
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