Sainte Hélène découvre la Croix - par Agnolo Gaddi
Pour relever le sceptre du grand Roi, il fallait une main royale. La pieuse impératrice Hélène, mère du libérateur de l'Eglise, fut désignée par le ciel pour rendre au Christ, sur le théâtre même
de ses humiliations, les honneurs qui lui sont dus comme Roi du monde.
Avant de jeter les fondements de la basilique de la Résurrection, cette digne émule de Madeleine et des autres saintes femmes du sépulcre désira avec ardeur retrouver l'instrument du salut. Une
tradition conservée chez les Juifs fut interrogée et l'impératrice connut vers quel endroit il était à propos de diriger les fouilles. Avec quelle sainte anxiété elle suivit les travaux ! avec quel transport de joie elle aperçut le bois de la rédemption, que l'on ne
discernait pas encore, il est vrai, mais qui devait être présent dans l'une des trois croix mises à découvert ! Son ardente prière s'élevait vers le Sauveur, qui seul pouvait révéler le divin
trophée de sa victoire ; l'évêque Macaire unissait ses vœux à ceux de la pieuse princesse ; et les prodiges à l'aide desquels le discernement se fit avec certitude récompensèrent la foi qui
n'aspirait au miracle que pour la plus grande gloire du Rédempteur.
C'en était fait, et l'Eglise entrait en possession de l'instrument du salut des hommes. L'Orient et l'Occident tressaillirent à la nouvelle de cette sublime découverte que le ciel avait conduite,
et qui venait mettre le dernier sceau au triomphe du christianisme. Le Christ scellait sa victoire sur le monde païen, en élevant ainsi son étendard, non plus figuré, mais réel, ce bois
miraculeux, scandale autrefois pour les Juifs, folie aux yeux des gentils, et devant lequel tout chrétien fléchira désormais le genou.
Que n'avons-nous la piété d'Hélène, ô Sauveur, pour savoir connaître comme elle "la hauteur et la profondeur,
la longueur et la largeur du mystère caché dans votre Croix" !
C'est parce qu'elle a aimé ce divin mystère, qu'elle a recherché la Croix avec tant d'ardeur ;
mais quel sublime spectacle cette pieuse princesse nous offre en ces jours de votre triomphe ! D'une main elle orne votre glorieux sépulcre ; de l'autre elle arrache votre Croix aux ombres qui la
couvraient ; qui jamais proclama, avec cette majesté, le mystère pascal ? Le sépulcre nous crie : "Il est ressuscité, il n'est plus ici" ; la Croix nous dit : "Je ne l'ai retenu qu'un
moment, et il s'est élancé dans sa gloire." O Croix ! ô sépulcre ! que son humiliation a été rapide, et que le règne qu'il a conquis par vous est assuré ! Nous adorons en vous les vestiges de son
passage, et vous demeurez sacrés à jamais, parce qu'il s'est servi de vous pour notre salut.
Gloire soit donc à vous, ô Croix, objet de notre amour et de notre admiration en ce jour ! Continuez de protéger ce monde qui vous possède ; soyez-lui le bouclier qui le défende contre l'ennemi,
le secours présent partout qui conserve le souvenir du sacrifice mêlé à celui du triomphe ; car c'est par vous, ô Croix, que le Christ a vaincu, qu'il règne et qu'il commande.
CHRISTUS VINCIT, CHRISTUS REGNAT, CHRISTUS IMPERAT.