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Le tableau représente le Père Eudes debout devant un autel et consacrant aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie les Instituts fondés par lui. La tête du Bienheureux est nimbée de rayons ; debout ou à genoux, l’on voit des Eudistes, des religieuses de Notre-Dame de Charité du Refuge et du Bon-Pasteur, des Tertiaires du Cœur admirable, et par derrière le groupe, Marie des Vallées, la sainte de Coutances, dont l’influence a été si grande sur le Bienheureux.
(Père Roland, in 'chronique relatant tous les événements à Rome lors de la Béatification du Père Eudes', le 25 juin 1909)
Lors de ses missions, Jean Eudes voit la misère de nombreuses femmes, en particulier les prostituées, qui
attendent une main tendue pour retrouver la dignité de leur vie. C’est un souci du temps, porté particulièrement par les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement nouvellement fondée, en 1627.
Des “refuges” sont ouverts à Paris et dans quelques grandes villes de Province. Ce sont des maisons qui accueillent des femmes meurtries et rejetées ; les moyens de se réinsérer dans la société
leur sont enfin donnés.
Dès 1634, Jean Eudes est en relation avec Jean de Bernières - qui sera plus tard, à Caen, un des fondateurs de la Compagnie du Saint-Sacrement. Tous deux projettent l’ouverture d’une telle
maison. Il a fallu attendre 1641, et une vive interpellation en pleine ville de Caen pour décider d’aller plus loin qu’un simple accueil à domicile. C’est une véritable maison pour accueillir,
loger et instruire qu’il faut ériger.
Avec de nombreux appuis humains et financiers, une maison du refuge est ouverte. Les débuts ne sont pas faciles, car il y a des hésitations sur le statut à donner à celles qui assurent le service
des femmes. Les Visitandines jouent alors un rôle majeur, à travers la robuste figure de Mère Françoise-Marguerite Patin. Elle transmet l’expérience religieuse de la Visitation, avec les règles
écrites par François de Sales. Jean Eudes reprend ce bel héritage et le traduit avec ses accents propres.
Doté de Constitutions, un nouvel institut est érigé à Caen en 1651 : l’Ordre de Notre-Dame de Charité du Refuge et du Bon Pasteur. Il connaîtra une certaine expansion du vivant du fondateur.
Après des débuts difficiles, des monastères sont ouverts à Rennes puis en d’autres villes de Bretagne. Le projet de Paris mettra plus de temps à s’accomplir.
Les Eudistes
L'idée d'une oeuvre spéciale pour abriter "les épaves du siècle" est assurément antérieure au Père Eudes. L'exemple
de Jésus accueillant avec tant de miséricorde la Madeleine repentante n'avait jamais cessé d'exercer une sainte contagion parmi les âmes généreuses, et, à toutes les époques de l'histoire de
l'Eglise, on en voit se vouer au soulagement et au relèvement des malheureuses victimes du vice.
On n'avait point assigné d'autre nom à cette
communauté que celui de Notre-Dame de Charité, et celles, qui en avaient la direction ne pensaient nullement à en faire une maison de religieuses ; mais deux raisons firent voir au Père Eudes la
nécessité absolue de prendre ce parti : la première vint du nombre des pénitentes, qui augmentait de jour en jour, parce que sa charité ne pouvait refuser aucune de celles qui se présentaient ;
la deuxième, de l'inconstance de quelques directrices et de leur mésintelligence.
Dieu ne permit alors toutes ces contradictions pour lui laisser le loisir de commencer une autre entreprise dont lui-même
ne voyait pas encore toute l'étendue, mais qui n'était pas d'une petite importance. Après plusieurs délibérations, on convint de prendre une maison de louage, où l'on renfermerait toutes les
filles et femmes repenties qui voudraient bien s'y retirer, et de chercher d'honnêtes filles ou de pieuses veuves chargées de les faire travailler en veillant exactement sur leur conduite.
Le Père Eudes fut tout d'abord aidé dans cette oeuvre de miséricorde quelques femmes du peuple, qui consentirent à
héberger ses converties. L'une d'elles, Madeleine Lamy, "pauvre des biens de la terre, mais riche des biens du ciel", habitait une petite maison au faubourg Saint-Julien de Caen. De toute
évidence, ce ne pouvait être là qu'une installation imparfaite et précaire. Madeleine Lamy s'en rendait compte ; et elle ne se gênait pas pour adresser au Père Eudes des remarques plutôt
piquantes sur ce sujet. Étant un jour sur le seuil de sa porte, elle le vit passer en compagnie de M. et Mme de Camilly, et de quelques autres personnes de distinction bien connues pour leur
piété.
L'occasion lui parut trop belle pour ne pas user du franc parler que lui valaient et son dévouement et les services rendus : "Où allezvous ? interroge-t-elle. Sans doute dans les églises
pour y manger les images : après quoi vous croirez être bien dévots. Ce n’est pas là où gît le lièvre, mais bien à travailler à fonder une maison pour ces pauvres filles qui se perdent, faute de
moyens et de direction."
Cette boutade, un peu inattendue et qui frisait l'impertinence eut le résultat que l'excellente f i l l e en espérait. Elle fut un trait de lumière pour le Père Eudes et ses amis. Ils se
concertèrent, et de leurs délibérations naquit le projet de développer l’oeuvre.
extraits de : SAINT JEAN EUDES, MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE, INSTITUTEUR DE LA CONGRÉGATION DE JÉSUS ET MARIE, DE L'ORDRE DE NOTRE-DAME DE CHARITÉ DU REFUGE ET DU BON-PASTEUR, ET DE LA SOCIÉTÉ DU COEUR DE LA MÈRE ADMIRABLE, PÈRE, DOCTEUR ET APÔTRE DU CULTE LITURGIQUE DES SACRÉS-COEURS DE JÉSUS ET DE MARIE
par R. P. ÉMILE GEORGES
PRÊTRE DE LA CONGRÉGATION DE JÉSUS ET MARIE, DITE DES EUDISTES
LAURÉAT DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
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