Joseph Sarto est né en 1835 dans une famille très modeste du bourg de Riese, d'où l'on voit les Alpes. Son curé remarqua sa
ferveur et son intelligence ; il fut admis en pension gratuitement. Devenu prêtre, curé puis évêque à Mantoue, il sut insuffler un esprit de réforme en lançant un synode.
Devenu cardinal de Venise en 1892, il recevait toujours quiconque voulait le rencontrer ou se confesser à lui. Joseph Sarto n'oublia jamais qu'il était né pauvre. Il n'accepta les dignités qu'à
contre-coeur, comme des croix.
Le 4 août 1903, l'humble fils d'un huissier et d'une couturière est élu pape. C'est lui qui béatifia saint Jean-Marie Vianney en 1905, les seize carmélites de Compiègne en 1906, Jeanne d'Arc en
1909, et Jean Eudes.
Giuseppe Melchiorre Sarto naquit dans une famille modeste de Riese en Vénétie, province qui faisait alors partie de
l'Autriche-Hongrie. Il put faire des études ecclésiastiques grâce à une bourse. Elles furent brillantes ; Giuseppe Sarto fut ordonné prêtre à 23 ans. Il devait parcourir tous les échelons de la
hierarchie, vicaire, puis curé, chancelier de l'évêché de Trévise et directeur spirituel au séminaire. Partout il fit preuve des mêmes qualités : un sens sacerdotal très profond qui se traduisait
par une prière presque continue et un zèle ardent pour aider de toutes manières ceux dont il avait la charge. Il menait une vie pauvre et austère qui étonnait ses amis ; son administration était
claire et ferme, cette fermeté étant toujours accompagnée d'affabilité. Par ce travail humble "sur le terrain", don Sarto acquit une expérience pastorale qui marquera son action d'évêque et de
pape.
Léon XIII le nomma évêque de Mantoue en septembre1884. Ce diocèse périclitait ; Mgr Sarto le redressa, faisant la visite précise des 153 paroisses du diocèse, tenant un synode et réformant le
séminaire. L'évêques'intéressa d'une manière spéciale à la crise sociale, en appuyant l'oeuvre des Congrès, fer de lance du mouvement catholique italien encore à ses débuts. À partir des années
1892-1894, Mgr Sarto s'informa de la restauration du chant grégorien commencée à l'abbaye de Solesmes. Plusieurs de ses collaborateurs firent des séjours au monastère et devinrent des disciples du
maître de choeur dom Mocquereau.
Léon XIII promut Mgr Sarto au siège patriarcal de Venise en 1893 et le créa cardinal. La Cité des Doges était alors gouvernée par un maire et des conseillers anticléricaux, et la franc-maçonnerie y
était puissante. Les autorités civiles boudèrent son intronisation, malgré la joie populaire qui s'exprimait avec fanfares et gondoles. Le nouveau Patriarche garda son même style de vie, très
simple, partageant son temps entre la prière à des heures fixes, l'étude et le travail de sa charge.
Organisateur puissant, il mit beaucoup d'unité dans la province, sur le plan ecclésial entre les évêques, mais aussi dans l'action politique des laïcs qu'il conseilla avec efficacité au point de
neutraliser les influences maçonniques et d'établir à la mairie de Venise une équipe centriste.
Le 4 août 1903, Mgr Sarto succédait à Léon XIII sous le nom de Pie X. "Méfiant par instinct à l'égard des tendances progressistes, au plan des idées comme au plan social, il estimait que la
politique d'ouverture au monde moderne poursuivie par son prédécesseur, si elle n'était pas à condamner en principe, avait du moins été menée avec trop peu de précautions et risquait d'avoir dans
l'immédiat des conséquences fâcheuses. Aussi jugeait-il indispensable une certaine réaction" (Aubert, dans Catholicisme).
On se tromperait cependant si on voyait en Pie X un esprit rétrograde et fermé. Au contraire, intelligent et tout donné à l' oeuvre de Dieu, il n'eut qu'une ambition, celle de sa devise "tout
restaurer dans le Christ". Nous ne pouvons ici qu'indiquer les grandes orientations de son pontificat. Il réussit à rendre possible et souvent à accomplir les grandes réformes demandées depuis
longtemps par l'opinion catholique : il réforma la liturgie par des décrets sur le chant grégorien et la musique d'Église, sur le calendrier des fêtes et la mise en valeur des dimanches ; il
encouragea la communion fréquente et la communion des enfants.
La réforme du droit ecclésiastique, immense et difficile, aboutira sous son successeur Benoît XV au Code de Droit canonique de 1917, premier véritable code moderne de l'Église. La réforme des
dicastères (ministères de la Papauté) renforcera la centralisation. Saint Pie X eut le souci d'élever la qualité intellectuelle et spirituelle du clergé ; il lutta contre les excès du libéralisme
et contre l'hérésie "moderniste", n'hésitant pas à ordonner de nombreuses (plus de mille ?) visites apostoliques de diocèses, séminaires ou maisons religieuses. Le pape ne concevait pas encore
l'action des laïcs en dehors d'une direction ecclésiastique ; il faudra attendre le milieu du 20ème siècle pour voir se dégager un domaine propre à la compétence des laïcs.
Pie X eut des collaborateurs dévoués et efficaces, sans lesquels il n'aurait pu mener à bien un tel programme. Il prit comme Secrétaire d'État Mgr Merry del Val, malgré sa jeunesse relative pour un
tel poste. Le secrétariat personnel du pape fut très actif, bousculant parfois les lenteurs des dicastères ; le pape s'appuya aussi beaucoup sur des experts, le plus souvent éminents.
Cet "appareil" parallèle à la Curie fut critiqué, non seulement par les bureaux romains, mais aussi par une fraction de l'opinion. On lui reprochait de durcir la pensée du pape et d'employer
des méthodes contestables, et souvent dénoncées, contre ses adversaires. Il reste que, pris dans son ensemble, le pontificat de saint Pie X a donné à l'Église, à l'aube du 20ème siècle, des
impulsions nombreuses et d'une grande fécondité.