Saints
Côme et Damien soignant et guérissant par Fra Angelico
" Honorez le médecin ; car sa mission n'est pas superflue. Le Très-Haut l'a créé ; il a créé les médicaments :
les repousser n'est pas d'un sage."
" Les plantes ont leurs vertus ; l'homme à qui la science en est donnée glorifie Dieu, admirable en ce qu'il fait. La douleur est par elles adoucie; l'art en fait des compositions sans
nombre, où réside la santé."
" Malade, ô mon fils, ne te néglige pas. Prie le Seigneur qu'il te guérisse ; éloigne-toi du péché, purifie ton cœur ; offre tes dons à l'autel ; puis, au médecin d'agir. Son
intervention s'impose ; à une heure ou à l'autre, ne compte pas l'éviter. Mais lui aussi
doit prier le Seigneur de diriger ses soins pour apaiser la souffrance, écarter le mal, rendre les forces à celui qui l'appelle."
Paroles de la Sagesse, qu'il était bon de citer en cette fête.
Fidèle la première au précepte divin, l'Eglise honore aujourd'hui dans Côme et Damien cette carrière médicale où beaucoup d'autres acquirent la sainteté, où nul cependant ne personnifia comme eux
la grandeur du rôle qui s'offre au médecin dans la société baptisée.
Chrétiens dès l'enfance, l'étude d'Hippocrate et de Galien développa en eux l'amour du Dieu qui révèle ses perfections invisibles dans les magnificences de la création, dans ce palais surtout, dans ce temple du corps de l'homme qu'il se propose d'habiter à jamais.
Leur science fut un hymne à la gloire du Créateur, leur art un ministère sacré : service de Dieu dans leurs frères souffrants ; rôle du gardien veillant sur le sanctuaire pour éloigner tout
désordre de ses abords, pour au besoin en réparer les ruines. Vie de religion comme de charité, que ces deux reines des vertus amenèrent dans nos Saints jusqu'au martyre, sommet privilégié de
l'une et de l'autre, consommation du sacrifice et de l'amour.
L'Orient et l'Occident rivalisèrent d'hommages envers les Anargyres ("qui ne reçoit pas d'argent") ; appellation que leur avait value la gratuité de leurs soins. Partout des églises
s'élevèrent sous leurs noms. Dans sa vénération pour eux, l'empereur Justinicn embellissait et fortifiait l'obscure ville de Cyre, qui renfermait leurs reliques sacrées.
En plein forum romain, dans le même temps, le Souverain Pontife Félix IV substituait la mémoire sainte des Martyrs jumeaux au souvenir moins heureusement fraternel que rappelait l'ancien temple
de Romulus et de Rémus.
Peu d'années s'étaient écoulées depuis le jour où Benoît, inaugurant sa mission de patriarche des moines, dédiait aux saints Côme et Damien le premier des monastères qu'il fondait à l'entour de
sa grotte bénie de Sublac, celui-là même qui, sous le nom de sainte Scholastique, a subsisté jusqu'à nous.
Mais, une fois de plus véritablement Maîtresse et Mère universelle, combien l'Eglise Romaine n'a-t-elle pas dépassé ces honneurs en inscrivant les deux saints frères arabes, de préférence à tant de milliers de ses propres héros, dans ses Litanies solennelles
et au diptyque sacré des Mystères !
On sait comment, au moyen âge, médecins et chirurgiens s'organisèrent en confréries chargées de promouvoir la sanctification de leurs membres par la prière commune, la charité envers les
délaissés, l'accomplissement de tous les devoirs de leur importante vocation pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien de l'humanité souffrante.
Aux applaudissements de la société chrétienne, après un siècle d'interruption, la Société de Saint-Luc, Saint-Côme et Saint-Damien a pris chez nous à tâche de rattacher le présent aux traditions
du passé.
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
Retable de
Saint Marc dédié à Saint Côme et Saint Damien (agenouillés au premier plan) par Fra Angelico
En 1163, il y avait, dans l'église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, un autel béni sous le nom de Saint
Côme et de Saint Damien ; vers 1210, sur un terrain nouvellement compris dans l'enceinte de Paris, l'Abbé de Saint-Germain-des-Prés fit construire sous leur patronage, une église paroissiale où
l'on montrait un grand reliquaire en bois doré contenant une mâchoire et quelques ossements de saint Côme.
Cette église fut détruite en 1836.
Chaque 27 septembre, le clergé de Notre-Dame de Paris faisait, dans la Cité, une procession des reliques de saint Côme et de saint Damien que possédait la cathédrale.