Charles de Foucauld, méditant en présence de l'Enfant-Jésus pendant la période de Noël 1897-1898 sur le passage de l'Evangile de saint Matthieu qui a été proclamé en ce
dimanche, retient l'obligation faite à celui qui a reçu des talents de les faire fructifier : "Il nous sera demandé compte de tout ce que nous avons reçu... Et puisque j'ai tant reçu, il me
sera beaucoup demandé ! Si j'ai beaucoup plus reçu que la plupart des hommes... la conversion, la vocation religieuse, la Trappe, la vie d'ermite, Nazareth, la communion quotidienne, et tant
d'autres grâces, il me sera beaucoup demandé..."
La béatification de Charles de Foucauld nous en est la confirmation : conduit véritablement par l'Esprit de Dieu, il a su utiliser et faire fructifier les nombreux "talents" qu'il avait reçus et,
correspondant heureusement aux inspirations divines, il a suivi un chemin vraiment évangélique sur lequel il a attiré des milliers de disciples.
Le Saint-Père Benoît XVI rappelait récemment que "nous pouvons résumer notre foi en ces mots : Iesus Caritas, Jésus Amour", qui sont les mots mêmes que Charles de Foucauld avait choisis
comme devise qui exprimât sa spiritualité.
La vie aventureuse et fascinante de Charles de Foucauld offre une preuve convaincante de la vérité de ces paroles du Souverain Pontife. On peut, en effet, découvrir sans peine comme un fil rouge
qui, à travers tous les changements et toutes les évolutions, pénètre de part en part l'existence du Frère Charles ; comme l'écrit, en 1889, l'abbé Huvelin au Père Abbé de Solesmes : "Il
fait de la religion un amour".
Charles lui-même révélait ainsi, à un ami de lycée resté agnostique, ce qu'il appelait "le secret de ma vie" : "L'imitation est inséparable de l'amour... J'ai perdu mon coeur pour ce
Jésus de Nazareth crucifié il y a mille neuf cents ans et je passe ma vie à chercher à l'imiter autant que le peut ma faiblesse".
Dans la correspondance avec Louis Massignon, on peut analyser la liberté que Charles a acquise dans sa manière d'apprendre à aimer : "L'amour de Dieu, l'amour du prochain... Là est toute la
religion... Comment y arriver ? Pas en un jour puisque c'est la perfection même : c'est le but auquel nous devons tendre toujours, dont nous devons nous rapprocher sans cesse et que nous
n'atteindrons qu'au ciel".
extrait de l' homélie du Cardinal José Saraiva Martins
Charles de Foucauld, en religion Frère Charles de Jésus, naquit à Strasbourg, en France, le 15 septembre 1858. Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa soeur Marie, par son grand-père, dont il
suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.
Adolescent, il s'éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla cependant une volonté forte et constante dans les difficultés. Il entreprit une périlleuse exploration au Maroc
(1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en lui la question de Dieu : "Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse".
De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il retrouva Dieu en octobre 1886.
Il avait 28 ans. "Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui".
Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation : suivre Jésus dans sa vie de Nazareth. Il passa sept années à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie. Il
vécut ensuite seul dans la prière et l'adoration près des Clarisses de Nazareth.
Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, "les plus
délaissés, les plus abandonnés". Il voulait que chacun de ceux qui l'approchaient le considère comme un frère, "le frère universel".
Il voulait "crier l'Évangile par toute sa vie" dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. "Je voudrais être assez bon pour qu'on dise : Si tel est
le serviteur, comment donc est le Maître ?".
Le soir du 1 décembre 1916, il fut tué pas une bande qui avait encerclé sa maison.
Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres : après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette "vie de Nazareth" pouvait être vécue partout et par tous.
Aujourd'hui, la "famille spirituelle de Charles de Foucauld" comprend plusieurs associations de fidèles, des communautés religieuses et des instituts séculiers de laïcs ou de prêtres.
Charles de Foucauld -
Biographie
Vue de l’abri en pierres sèches dans lequel le Père Charles de Foucauld s’enferma pour prier et travailler à son dictionnaire
français-tamachek
Thomas Goisque/Le Figaro Magazine