LA RÉSURRECTION : sur le chemin d'Emmaüs

La journée s'avance dans son cours, et Jésus ne s'est pas montré encore à ses disciples. Les saintes femmes sont tout entières à la joie et à la reconnaissance que leur inspire la faveur dont elles ont été l'objet. Elles ont rendu leur témoignage aux Apôtres : ce ne sont plus seulement  des Anges qui leur ont apparu ; Jésus lui-même s'est montré ; il  a daigné leur parler ; elles ont embrassé ses pieds sacrés ; elles sont fermes dans leurs affirmations, néanmoins elles ne parviennent pas à vaincre le découragement  de ces hommes que les scènes de la Passion  de leur maître ont  profondément abattus.  Quelque récit qu'ils entendent, ils sont tristes comme des gens qui ont  éprouvé une cruelle déception. Ce sont eux  cependant que l'on verra bientôt affronter les supplices et la mort, en témoignage de la résurrection de ce maître dont le  souvenir est en ce moment pour eux comme une humiliation.

 

 Nous pouvons nous faire l'idée des impressions auxquelles ils sont en proie, en écoutant la conversation de deux hommes qui ont passé avec eux une partie du jour, et qui eux-mêmes avaient des relations avec Jésus. Ce soir même, sur le chemin d'Emmaüs, ils exprimeront ainsi l'état de leur âme déçue :  "Nous avions  espéré en lui comme en celui qui devait racheter Israël ; et voilà déjà trois jours que la catastrophe a eu lieu. Il y a bien eu quelques femmes qui sont des nôtres, et qui, étant allées au tombeau avant le jour, nous ont causé par leurs récits une certaine émotion. N'ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues disant avoir vu des Anges qui leur auraient raconte qu'il vit maintenant. Quelques-uns d'entre nous sont allés au tombeau, et ils ont constaté ce que les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas trouvé".

 

Chose étonnante ! l'annonce de sa résurrection que, tant de fois, Jésus avait faite devant eux, même en présence des Juifs, ne leur revenait pas en mémoire : tant le spectacle et le souvenir de la mort étouffent, chez les hommes charnels, le sentiment de cette nouvelle naissance que notre corps doit puiser au sein du tombeau !

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique  

 

Souper à Emmaüs par Rembrandt 

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