L'eau dans l'Évangile de Jean : les deux sacrements principaux de l'Église jaillissent du cœur transpercé de Jésus - "Jésus de Nazareth" de Benoît XVI (extrait du tome I)

Dans le chapitre suivant, le cinquième, l'eau apparaît plutôt en passant. C'est l'histoire de l'homme, infirme depuis trente-huit ans, qui attend la guérison de la descente dans la piscine de Béthesda, mais qui ne trouve personne pour l'aider à y entrer. Jésus le guérit par son pouvoir. Il accomplit sur le malade ce que ce dernier attendait du contact avec l'eau thérapeutique. Dans le septième chapitre, qui selon une hypothèse convaincante des exégètes modernes, suivait à l'origine sans doute directement le cinquième, nous trouvons Jésus à la fête des Tentes avec son rituel solennel du don de l'eau ; nous allons y revenir en détail.

 

Et puis, nous rencontrons de nouveau le symbolisme de l'eau au chapitre 9. Jésus guérit un aveugle de naissance. Le processus de guérison implique que l'aveugle, sur ordre de Jésus, doit se laver dans la piscine de Siloé. Ainsi, il recouvre la vue. Siloé, "ce nom signifie : Envoyé", commente l'évangéliste pour ses lecteurs qui ne connaissent pas l'hébreu (Jn 9, 7). Mais c'est plus qu'une simple note philologique. Cela nous indique la véritable raison du miracle. Car "l'Envoyé", c'est Jésus. En fin de compte, c'est Jésus par lequel et dans lequel il se laisse purifier pour recouvrer la vue. Le chapitre tout entier s'avère une explication du baptême qui nous rend la vue. Le Christ dispense la lumière et, par l'intermédiaire du sacrement, il nous ouvre les yeux.

 

Dans un sens analogue, mais tout de même différent, l'eau apparaît au chapitre 13, à l'heure de la dernière Cène, lors du lavement des pieds. Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. Il verse ensuite de l'eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples (cf. 13, 4-5). L'humilité de Jésus, qui se fait serviteur des siens, est le bain de pieds purificateur qui rend les hommes dignes de s'asseoir à la table de Dieu.

 

Et pour finir, l'eau apparaît à nos yeux encore une fois, grande et mystérieuse, à la fin de la Passion. Jésus mort, ses jambes ne furent pas brisées, mais un des soldats "avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau" (Jn 19, 34). Indubitablement, Jean a voulu indiquer les deux sacrements principaux de l'Église, le Baptême et l'Eucharistie, qui jaillissent du cœur transpercé de Jésus et par lesquels, de cette manière, l'Église naît du côté de Jésus.

 

Crucifixion by Dürer

 

> fiche de l'édition de poche

demain : l'eau et le sang forment un tout

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article