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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

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Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


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SALVE REGINA

2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 21:59

extraits de la dépêche de la correspondante de RFI à Bagdad, Fatma Kizilboga, mardi 02 novembre 2010 : 

Des centaines d'Irakiens en pleurs, ont assisté cet après-midi à une messe en l'église chaldéenne Saint Joseph de Bagdad en mémoire des 46 fidèles chrétiens tués dimanche soir par un commando d'al-Qaïda. Dans son sermon, le cardinal Emmanuel Delly a salué la mémoire de ceux qui étaient venus prier Dieu et qui ont été fauché par la main du diable entrée dans un lieu de culte.

  

 Le message est poignant ; celui de 700 personnes, toutes confessions religieuses et partis politiques confondus, réunies cet après-midi dans l’église chaldéenne, Saint-Joseph à Bagdad, main dans la main, pour célébrer les funérailles d’une partie des victimes de la prise d’otages survenue dimanche soir et dénoncer l’acte barbare conduit par un commando d’al-Qaïda qui s’est soldé par la mort de 53 personnes et 60 blessés.

 

L’émotion en Irak est encore très vive. Cet attentat est en effet le plus meurtrier, visant la communauté chrétienne dans le pays, depuis le début de l’invasion américaine en 2003.

 

l'article : > http://www.rfi.fr/moyen-orient/20101102-emouvantes-obseques-bagdad-victimes-chretiennes-al-qaida

 

raqi women watch as the coffins of two slain priests are ca

Iraqi women watch as the coffins of two slain priests are carried at a funeral in Baghdad, Iraq, Tuesday, Nov. 2, 2010. The priests were killed Sunday when gunmen stormed a church during mass and took the entire congregation hostage. The attack, claimed by an al-Qaida-linked organization, was the deadliest recorded against Iraq's Christians since the 2003 U.S.-led invasion unleashed a wave of violence against them. (AP Photo/Hadi Mizban)

 

funeral in Baghdad

Mourners carry the coffins of slain Christians during their funeral in Baghdad, Iraq, Tuesday, Nov. 2, 2010. The victims were killed Sunday when gunmen stormed a church during mass and took the entire congregation hostage. The attack, claimed by an al-Qaida-linked organization, was the deadliest recorded against Iraq's Christians since the 2003 U.S.-led invasion unleashed a wave of violence against them. (AP Photo/Khalid Mohammed)

 

priest Wassem Sabieh

Mourners carry the coffin and photograph of slain Iraqi priest Wassem Sabieh, during his funeral in Baghdad, Iraq, Tuesday, Nov. 2, 2010. The priest was killed Sunday when gunmen stormed a church during mass and took the entire congregation hostage. The attack, claimed by an al-Qaida-linked organization, was the deadliest recorded against Iraq's Christians since the 2003 U.S.-led invasion unleashed a wave of violence against them. (AP Photo/Hadi Mizban)

 

Christians at a funeral mass in Baghdad

Relatives grieve near the coffins of slain Christians at a funeral mass in Baghdad, Iraq, Tuesday, Nov. 2, 2010. The victims were killed Sunday when gunmen stormed a church during mass and took the entire congregation hostage. The attack, claimed by an al-Qaida-linked organization, was the deadliest recorded against Iraq's Christians since the 2003 U.S.-led invasion unleashed a wave of violence against them. (AP Photo/Khalid Mohammed)

 

An Iraqi Christian man weeps as he walks with a cross in fr

An Iraqi Christian man weeps as he walks with a cross in front of the coffins of two slain priests and their parishioners at a funeral mass in Baghdad, Iraq, Tuesday, Nov. 2, 2010. The victims were killed Sunday when gunmen stormed a church during mass and took the entire congregation hostage. The attack, claimed by an al-Qaida-linked organization, was the deadliest recorded against Iraq's Christians since the 2003 U.S.-led invasion unleashed a wave of violence against them. (AP Photo/Hadi Mizban)

 

 

the interior of the Our Lady of Salvation

In this mobile phone camera image obtained by the Associated Press Tuesday, Nov. 2, 2010, the interior of the Our Lady of Salvation church is seen after gunmen took the congregation hostage on Sunday Oct 31. The attack, claimed by an al-Qaida-linked organization, was the deadliest recorded against Iraq's Christians since the 2003 U.S.-led invasion unleashed a wave of violence against them. (AP Photo)

 

photos : http://www.daylife.com/

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 18:00

Jamais éloquence ni science n'atteindront la hauteur d'enseignement, la puissance de supplication qui règnent en l'Office des défunts. Seule l'Epouse connaît à ce point les secrets de l'autre vie, le chemin du cœur de l'Epoux ; seule la Mère peut prétendre au tact suprême qui lui permet, en allégeant à ceux qui l'ont quittée leur purification douloureuse, de consoler ainsi les orphelins, les isolés, laissés par eux en larmes sur la terre.

 

Dilexi : le premier chant du purgatoire est un chant d'amour ; comme le dernier du ciel en cette fête du souvenir fut CREDIDI, le Psaume rappelant la loi et les épreuves passées des élus. Que parlions-nous de transition tout à l'heure ? Lien commun de l'âme souffrante et de l'âme bienheureuse, la charité est à toutes deux leur dignité, leur inamissible trésor ; mais tandis que la vision remplaçant la foi ne laisse plus dans l'une que jouissance à l'amour, ce même amour devient pour l'autre, en l'ombre où la retiennent ses fautes inexpiées, la source d'inénarrables tourments. Toutefois c'en est fait des angoisses d'ici-bas, des périls d'enfer ; confirmée sa grâce, l'âme ne pèche plus ; elle n'a que reconnaissance pour la miséricorde qui l'a sauvée, pour la justice qui l'épure et la rend digne de Dieu. Tel est son état d'acquiescement absolu, d'attente abandonnée, que l'Eglise l'appelle "un sommeil de paix".

 

 L'usage du peuple chrétien consacre plus spécialement le Psaume CXXIX à la prière pour les morts ; cri de détresse, mais aussi d'espérance.

 

 Le dénuement des âmes au séjour d'expiation est bien fait pour toucher nos cœurs. Sans être au ciel, en cessant d'appartenir à la terre, elles ont perdu les privilèges qui, de par Dieu, compensent pour nous le danger du voyage en ce monde de l'épreuve. Si parfaits que soient tous leurs actes d'amour, d'espérance, de foi résignée, elles ne méritent plus ; acceptées comme elles le sont, leurs inexprimables souffrances nous vaudraient à nous la récompense de milliers de martyrs : il n'en doit rien rester dans l'éternité à l'actif de ces âmes, rien que le fait d'un règlement de compte apuré autrefois par sentence du juge.

 

 Pas plus que mériter, elles ne peuvent satisfaire comme nous à la justice par équivalences acceptées de Dieu, plus radicale que celle du paralytique de Bethsaïda est leur impuissance à s'aider elles-mêmes ; la piscine du salut est restée sur terre, avec l'auguste Sacrifice, les Sacrements, l'usage des clefs toutes-puissantes confiées à l'Eglise.

 

 Or cependant l'Eglise, qui n'a plus sur elles de juridiction, conserve à leur endroit toutes ses tendresses de Mère ; et son crédit est grand toujours près de l'Epoux. Elle fait donc sienne leur prière ; ouvrant le trésor qui lui vient de la surabondante rédemption du Seigneur, elle offre de son fonds dotal à Celui-là même qui le lui a constitué, en échange de la délivrance de ces âmes ou de l'allégement de leurs peines : et ainsi arrive-t-il que, sans léser nuls droits, la miséricorde entre et déborde en ces abîmes où régnait seule l'inexorable justice.

 

De l'abîme j'ai  crié  vers vous,  Seigneur ;  Seigneur, écoutez ma voix.

Que vos oreilles soient attentives au cri de ma prière.

Seigneur, si vous considérez nos iniquités ; Seigneur, qui soutiendra votre jugement ?

Mais la miséricorde est en vous ; à cause de votre parole, je vous attends, Seigneur.

Mon âme se soutient par vos oracles ; mon âme espère dans le Seigneur.

Du matin à la nuit, qu'Israël espère dans le Seigneur.

Car dans le Seigneur est la miséricorde, et sa rédemption est surabondante.

Et il rachètera Israël de toutes ses iniquités.

Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ;

Que luise pour eux la lumière sans fin.

(PSAUME  CXXIX)

 

 Je vous louerai, car vous m'avez exaucée. L'Eglise ne prie jamais en vain. Le dernier Psaume dit sa reconnaissance, et celle des âmes que l'Office qui va finir aura tirées de l'abîme ou rapprochées des cieux. Grâce à lui, plus d'une qui, ce matin encore, était retenue captive, fait son entrée dans la lumière au crépuscule de cette touchante fête de la Toussaint, dont s'accroissent ainsi au dernier moment les joies et la gloire. Suivons du cœur et de la pensée les nouvelles élues ; en nous souriant, en nous remerciant, nous leurs frères ou leurs fils, elles s'élèvent radieuses de la région des ombres, et elles chantent : Seigneur, je vous glorifierai en la présence des Anges ; j'adorerai donc en votre saint temple ! Non ; le Seigneur ne méprise pas les œuvres de ses mains.

 

 

Cette journée est véritablement grande et belle. La terre, placée entre le purgatoire et le ciel, a rapproché les deux. L'auguste mystère de la  communion des saints se révèle dans  son ampleur. L'immense famille des fils de Dieu nous apparaît, unie par l'amour, distincte en ses trois états de félicité, d'épreuve, d'expiation purifiante : expiation qui, comme l'épreuve, n'aura qu'un temps ; félicité qui durera toujours. C'est le digne couronnement des enseignements du Cycle entier. Chacun des jours de l'Octave qui va suivre accroîtra la lumière.

 

Cependant, toute âme se recueille à cette heure dans le culte des plus chers, des plus nobles souvenirs. En quittant la maison de Dieu, gardons pieusement à qui de droit notre pensée. C'est la fête de nos morts bien-aimés. Prêtons l'oreille à leur voix qui, de clochers en clochers, par tout le monde chrétien, se fait si suppliante et si douce aux premières heures de cette nuit de novembre. Ce soir ou demain, nous leur devons la visite de la tombe où reposent dans la paix leurs restes mortels.

 

Prions pour eux ; et aussi, prions-les : ne craignons pas de leur parler toujours des intérêts qui leur furent chers devant Dieu. Car Dieu les aime, et par une sorte de satisfaction donnée à sa bonté, les écoute d'autant mieux pour autrui, que sa justice les maintient dans un état d'impuissance plus absolue en ce qui les concerne.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 12:30

" Une grande peur règne dans les cœurs", estime Mgr Basilios Georges Casmoussa, archevêque syrien-catholique de Mossoul,en constatant que nul n’osait parler de cet assaut lundi 1er novembre dans les rues de Karakosh. Les chrétiens redoutent en effet que les "retombées de cette affaire" n’entraînent d’autres actions similaires.

 

 À Karakosh, ville où réside la plus grosse communauté syrienne-catholique, on attend l’arrivée des dépouilles d’au moins sept défunts originaires de la ville pour pouvoir les enterrer. Mgr Casmoussa, qui connaissait bien les deux jeunes prêtres tués, tous deux originaires de Karakosh, -"ils étaient des amis"-, s’inquiète aussi du cas d’un troisième prêtre grièvement blessé aux reins et aux jambes : "Il a été opéré et nous attendons avec inquiétude d’en savoir plus sur son état."

 

Des réactions peu nombreuses

Les réactions internationales, lundi 1er novembre, restaient encore peu nombreuses.

> lire l'article sur la-croix.com

 

An Iraqi man is consoled by friends

An Iraqi man is consoled by friends at the scene of a car bomb attack in front of a Syrian Catholic Church, in Baghdad, Iraq, Monday, Nov. 1, 2010. Islamic militants held around 120 Iraqi Christians hostage for nearly four hours in a church Sunday before security forces stormed the building and freed them, ending a standoff that left dozens of people dead, U.S. and Iraqi officials said. Photo/Hadi Mizban

 

An Iraqi man mourns the death of his wife on November 1, 20

An Iraqi man mourns the death of his wife on November 1, 2010 who was killed along with 45 other Christrians the night before at the Sayidat al-Nejat Catholic Cathedral, or Syrian Catholic Church, in central Baghdad when US and Iraqi forces stormed the cathedral to free dozens of hostages in an attack claimed by Al-Qaeda gunmen. PHOTO/AHMAD AL-RUBAYE

 

 

next to her father's destroyed vehicle

A Christian Iraqi child stands next to her father's destroyed vehicle parked close to the Sayidat al-Nejat Catholic cathedral, in central Baghdad on November 1, 2010, where 53 people were killed among them 46 Christian worshippers, when US and Iraqi forces stormed the cathedral to free dozens of hostages in an attack claimed by Al-Qaeda gunmen. PHOTO/AHMAD AL-RUBAYE

 

photos : http://www.daylife.com/

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 06:00

Nous ne voulons pas, mes Frères, que vous ignoriez la condition de ceux qui dorment dans le Seigneur, afin que vous ne soyez pas tristes comme ceux qui n'ont point d'espérance. C'était le désir de l'Apôtre écrivant aux premiers chrétiens ; l'Eglise, aujourd'hui, n'en a pas d'autre.

 

Non seulement, en effet, la vérité sur les morts met en admirable lumière l'accord en Dieu de la justice et de la bonté : les cœurs les plus durs ne résistent point à la charitable pitié qu'elle inspire, et tout ensemble elle offre au deuil de ceux qui pleurent la plus douce des consolations. Si la foi nous enseigne qu'un purgatoire existe, où des fautes inexpiées peuvent retenir ceux qui nous furent chers, il est aussi de foi que nous pouvons leur venir en aide, il est théologiquement assuré que leur délivrance plus ou moins prompte est dans nos mains.

 

Rappelons quelques principes de nature à éclairer ici la doctrine :

 Tout péché cause double dommage au pécheur, souillant son âme, et le rendant passible de châtiment. Tache vénielle, entraînant simple déplaisance du Seigneur, et dont l'expiation ne dure qu'un temps ; souillure allant jusqu'à la difformité qui fait du coupable un objet d'abomination devant Dieu, et dont par suite la sanction ne saurait consister que dans le bannissement éternel, si l'homme n'en prévient en cette vie l'irrévocable sentence. Même alors cependant, l'effacement de la coulpe mortelle, en écartant la damnation, n'enlève pas de soi toute dette au pécheur converti ; bien qu'un débordement inusité de la grâce sur le prodigue puisse parfois, comme il est régulier dans le baptême ou le martyre, faire se perdre en l'abîme de l'oubli divin jusqu'au dernier vestige, aux moindres restes du péché, il est normal qu'en cette vie, ou par delà, satisfaction soit donnée pour toute faute à la justice.

 

 A contre-pied du péché, tout acte surnaturel de vertu implique double profit pour le juste : il mérite à son âme un nouveau degré de grâce ; il satisfait pour la peine due aux fautes passées en la mesure de juste équivalence qui revient devant Dieu à ce labeur, cette privation, cette épreuve acceptée, cette libre souffrance d'un des membres de son Fils bien-aimé. Or, tandis que le mérite ne se cède pas et demeure personnel à qui l'acquiert, la satisfaction se prête comme  valeur d'échange aux transactions spirituelles ; Dieu veut bien l'accepter pour acompte ou pour solde en faveur d'autrui, que le concessionnaire soit de ce monde ou de l'autre, à la seule condition qu'il fasse lui aussi partie par la grâce de ce corps mystique du Seigneur qui est un dans la charité.

 

 C'est, comme l'explique Suarez en son beau traité des Suffrages, la conséquence du mystère de la communion des saints manifesté en ces jours. Invoquant l'autorité des plus anciens comme des plus grands princes de la science, discutant les objections, les restrictions proposées depuis eux par plusieurs, l'illustre théologien n'hésite pas à conclure en ce qui touche plus particulièrement les âmes souffrantes : "J'estime que cette satisfaction des vivants pour les morts vaut en justice, et qu'elle est infailliblement acceptée selon toute sa valeur, et selon l'intention de celui qui l'applique ; en sorte que, par exemple, si la satisfaction qui est de mon fait me valait en justice, pour moi gardée, la remise de quatre degrés de purgatoire, elle en remet autant à l'âme pour laquelle il me plaît de l'offrir."

 

 On sait comment l'Eglise seconde sur ce point la bonne volonté de ses fils. Par la pratique des Indulgences, elle met à la disposition de leur charité l'inépuisable trésor où, d'âge en âge, les surabondantes satisfactions des saints rejoignent celles des Martyrs, ainsi que de Notre-Dame, et la  réserve infinie des souffrances du Seigneur. Presque toujours, elle approuve et permet que ces remises de peine, accordées aux vivants par sa directe puissance, soient appliquées aux morts, qui ne relèvent plus de sa juridiction, par mode de suffrage ; c'est-à-dire en  la manière où, comme nous venons de le  voir, chaque fidèle peut offrir pour autrui à Dieu, qui l'accepte, le suffrage ou secours de ses propres satisfactions. C'est toujours la doctrine de Suarez, et il enseigne que l'Indulgence cédée aux défunts ne perd rien non plus de la certitude ou de la valeur qu'elle aurait eues pour nous qui militons encore.

 

 Or, c'est sous toutes formes et c'est partout que s'offrent à nous les Indulgences. Sachons utiliser nos trésors, et pratiquer la miséricorde envers les pauvres âmes en peine. Est-il misère plus touchante que la leur ? si poignante, que n'en approche aucune détresse de la terre ; si digne pourtant, que nulle plainte ne trouble le silence de ce "fleuve de feu qui, dans son cours imperceptible, les entraîne peu à peu à l'océan du paradis". Pour elles, le ciel est impuissant ; car on n'y mérite plus. Lui-même Dieu, très bon, mais très juste aussi, se doit de n'accorder leur délivrance qu'au paiement intégral de la dette qui les a suivies par delà le monde de l'épreuve. Dette contractée à cause de nous peut-être, en notre compagnie ; et c'est vers nous qu'elles se tournent, vers nous qui continuons de ne rêver que plaisirs,  tandis  qu'elles  brûlent, et qu'il nous serait  facile  d'abréger leurs  tourments ! Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis ; car la main du Seigneur m'a touchée.

 

Comme si le purgatoire voyait plus que jamais regorger ses prisons sous l'affluence des multitudes qu'y précipite chaque jour la mondanité de ce siècle, peut-être aussi en raison de l'approche du règlement de compte final et universel qui clora les temps, l'Esprit-Saint ne se contente plus d'entretenir le zèle des anciennes confréries vouées dans l'Eglise au service des trépassés. Il suscite de nouvelles associations et jusqu'à des familles religieuses, dont l'unique but soit de promouvoir en toutes manières sa délivrance des âmes souffrantes ou leur soulagement. Dans cette œuvre d'une autre rédemption des captifs, il est aussi des chrétiens qui s'exposent et s'offrent à prendre sur eux les chaînes de leurs frères, par l'abandon total consenti à cette fin, non-seulement de leurs propres satisfactions, mais encore des suffrages dont ils pourraient bénéficier après leur mort : acte héroïque de charité, qu'il ne faut point accomplir à la légère, que cependant l'Eglise approuve ; car il glorifie grandement le Seigneur, et pour le risque encouru d'un délai temporaire de la béatitude, mérite à son auteur d'être à jamais plus près de Dieu, par la grâce dès maintenant, dans la gloire au ciel.

 

 Mais si les suffrages du simple fidèle ont tant de prix, combien plus ceux de l'Eglise entière, dans la solennité de la prière publique et l'oblation du Sacrifice auguste où Dieu même satisfait à Dieu pour toute faute ! Ainsi qu'avant elle la Synagogue, l'Eglise dès son origine a toujours prié pour les morts. En la manière qu'elle honorait par des actions de grâces l'anniversaire de ses fils les Martyrs, elle célébrait par des supplications celui de ses autres enfants qui pouvaient n'être point encore au ciel. Quotidiennement, dans les Mystères sacrés, elle prononçait les noms des uns et des autres à cette double fin de louange et de prière ; et de même que ne pouvant néanmoins rappeler en toute église particulière chacun des bienheureux du monde entier, elle les comprenait tous en une commune mention, ainsi faisait-elle, à la suite des recommandations spéciales au lieu ou au jour, mémoire générale des morts. Ceux qui  ne possédaient ni parents, ni amis, observe saint Augustin, n'étaient donc point dès lors cependant dépourvus de suffrages ; car ils avaient, pour obvier à leur abandon, la tendresse de la Mère commune.

 

L'Eglise ayant suivi dès le commencement, à l'égard de la mémoire des bienheureux et de celle des défunts, une marche identique, il était à prévoir que l'établissement d'une fête de tous les Saints au IXe siècle appellerait bientôt la Commémoration présente des trépassés. En 998, selon la Chronique de Sigebert de Gembloux, l'Abbé de Cluny, saint Odilon, l'instituait dans tous les monastères de sa dépendance, pour être célébrée à perpétuité au lendemain même de la Toussaint ; c'était sa réponse aux récriminations de l'enfer le dénonçant, lui et ses moines, en des visions rapportées dans sa Vie, comme les plus intrépides secoureurs d'âmes qu'eussent à redouter, au lieu d'expiation, les puissances de l'abîme. Le monde applaudit au décret de saint Odilon, Rome l'adopta, et il devint la loi de l'Eglise latine entière.

 

Les Grecs font une première Commémoration générale des morts la veille de notre dimanche de Sexagésime, qui est pour eux celui de Carême prenant ou d’Apocreos, et dans lequel ils célèbrent le second avènement du Seigneur. Ils donnent le nom de samedi des âmes à ce jour, ainsi qu'au samedi d'avant la Pentecôte, où ils prient de nouveau solennellement pour tous les trépassés.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Le Jugement Dernier par Jan Provost

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 13:00

Les Grecs honorent comme nous dans une fête commune "tous les Saints de tous les pays de la terre, Asie, Libye, Europe, Septentrion ou Midi". Mais tandis que l'Occident fixe aux derniers jours de l'année une solennité qui représente, à ses yeux, la rentrée des fruits dans les celliers du Père de famille, l'Orient la célèbre au Dimanche qui suit la Pentecôte, en ce printemps de l'Eglise où, sous l'action des eaux jaillissantes de l'Esprit, la sainteté fit partout germer ses fleurs. Il en était ainsi dès le IVe siècle ; c'est en ce premier Dimanche après la Pentecôte,  fête aujourd'hui de la Très Sainte Trinité pour nous Latins, que saint Jean Chrysostome prononça son discours en l'honneur de "tous les saints Martyrs ayant souffert dans le monde entier".

 

On le sait : l'origine première de la Toussaint fut de même en notre Occident cette commémoration générale des Martyrs, que d'autres Eglises d'Orient placèrent au vendredi de l'Octave de Pâques ; heureuse pensée, qui associait la confession des témoins du Christ au triomphe remporté sur la mort par Celui dont la confession divine, sous Ponce Pilate, avait devant les bourreaux été leur exemple et leur force. Ainsi faisait du reste primitivement Rome même, en rattachant à la première quinzaine de mai sa mémoire solennelle des Martyrs ; ainsi fait-elle encore, en réservant aux seuls Martyrs, conjointement avec les Apôtres, l'honneur d'un Office spécial pour la durée du Temps pascal entier.

 

 Nous emprunterons les quelques traits qui suivent à l'Office grec du Dimanche de tous les Saints :

 IN MAGNO  VESPERTINO

 

 Les disciples du Seigneur, instruments de l'Esprit, ont répandu par l'univers entier l'évangélique semence d'où germèrent les Martyrs qui prient pour nos âmes.

 

 Vous êtes le soutien de l'Eglise, la perfection de l'Evangile, chœur divin des Martyrs ; en vous  se justifient les paroles du Sauveur. Car les portes de l'enfer, béantes contre l'Eglise, ont été par vous fermées ; votre sang qui coulait a mis à sec les libations idolâtriques ; la plénitude des croyants naquit de votre immolation. Admirés des Anges, le front ceint du diadème, vous vous tenez devant Dieu : sans fin priez-le pour nos âmes.

 

Fidèles, venez tous ; célébrons par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels la solennelle mémoire  de tous les  Saints : voici qu'elle vient à nous chargée des plus riches dons. Crions donc, et disons : Salut, assemblée des  Prophètes qui annonçâtes l'arrivée du Christ au monde, et vîtes comme présent ce qui était loin encore. Salut, chœur  des Apôtres, pêcheurs  d'hommes qui sûtes jeter le filet sur les nations. Salut, armée des Martyrs : rassemblés des confins de la terre en l'unique  foi, vous avez  pour  elle subi affronts et  tortures, vous avez brillamment triomphé dans l'arène. Salut, ruche des  Pères qui,  le  corps réduit par l'ascèse et mortifiant  la chair  et ses passions, avez muni vos âmes des ailes  du divin amour, l'emportant  jusqu'au  ciel ; vous partagez maintenant l'allégresse des  Anges, l'éternel bonheur est à vous. Mais, ô Prophètes, ô Apôtres, ô Martyrs, ô Ascètes, priez avec instance Celui qui vous a couronnés de nous sauver des ennemis invisibles ou visibles. Salut, Saints et Justes ; salut, auguste chœur des Saintes. Près du Christ, intercédez pour le monde : qu' il donne au prince la victoire sur les barbares, et à nos âmes sa grande miséricorde.

 

 Aux calendes de novembre, c'est le même empressement qu'à la Noël pour assister au Sacrifice en l'honneur des Saints, disent les anciens documents relatifs à ce jour. Si générale que fût la fête, et en raison même de son universalité, n'était-elle pas la joie spéciale de tous, l'honneur aussi des familles chrétiennes ? Saintement fières de ceux dont elles se transmettaient de générations en générations les vertus, la gloire au ciel de ces ancêtres ignorés du monde les ennoblissait à leurs yeux par-dessus toute illustration de la terre.

 

Mais la foi vive de ces temps voyait encore en cette fête une occasion de réparer les négligences, volontaires ou forcées, dont le culte des bienheureux inscrits au calendrier public avait souffert au cours de l'année. Dans la bulle fameuse Transiturus de hoc mundo, où il établit la fête du Corps du Seigneur, Urbain IV mentionne la part qu'eut ce dernier motif à l'institution plus ancienne de la Toussaint ; et le Pontife exprime l'espoir  que la  nouvelle solennité vaudra une même compensation des distractions et tiédeurs annuelles au divin Sacrement, où réside Celui qui est la couronne de tous les Saints et leur gloire.

 

Mais nous pécheurs, et toujours exilés, c'est avant tout de la miséricorde que nous devons prendre souci en toute circonstance, en toute fête. Ayons cependant  bon espoir, aujourd'hui que tant d'intercesseurs la demandent pour nous. Si la prière d'un habitant du ciel est puissante, que n'obtiendra pas le ciel tout entier ?

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

L'Intronisation de la Sainte Vierge par Jean Fouquet

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 09:00

Lorsque Rome eut achevé la conquête du monde, elle dédia le plus durable monument de sa puissance à tous les dieux. Le Panthéon devait attester à jamais la reconnaissance de la cité reine. Cependant conquise elle-même au Christ et investie par lui de l'empire des âmes, son hommage se détourna des vaines idoles pour aller aux Martyrs, qui, priant pour elle en mourant de sa main, l'avaient seuls faite éternelle. Ce fut à eux et à leur reine, Marie, qu'au lendemain des invasions qui l'avaient châtiée sans la perdre, elle consacra, cette fois pour toujours, le Panthéon devenu chrétien.

 

" Levez-vous, Saints de Dieu ; venez au lieu qui vous fut préparé." Trois siècles durant, les catacombes restèrent le rendez-vous des athlètes du Seigneur au sortir de l'arène. Rome doit à ces vaillants un triomphe mieux mérité que ceux dont elle gratifia ses grands hommes d'autrefois. En 312 pourtant, Rome, désarmée mais non encore changée dans son cœur, n'était rien moins que disposée à saluer de ses applaudissements les vainqueurs des dieux de l'Olympe et du Capitole. Tandis que la Croix forçait ses remparts, la blanche légion demeura cantonnée dans les retranchements des cimetières souterrains qui, comme autant de travaux d'approche, bordaient toutes les routes conduisant à la ville des Césars. Trois autres siècles étaient laissés à Rome pour satisfaire à la justice de Dieu, et prendre conscience du salut que lui ménageait la miséricorde. En 609. le patient travail de la grâce était accompli. Des lèvres de Boniface IV, Pontife suprême, descendait sur les cryptes sacrées le signal attendu.

 

 Heure solennelle, prélude de celle que la trompette de l'Ange doit un jour annoncer par les sépulcres de l'univers ! C'est dans la majesté apostolique, c'est entouré d'un peuple immense, que le successeur de Pierre, que l'héritier du crucifié de Néron, se présente aux portes des catacombes. Ornés avec magnificence, vingt-huit chars l'accompagnent, et il convie à y monter les Martyrs. L'antique voie triomphale s'ouvre devant les Saints ; les fils des Quirites chantent à leur honneur : "Votre sortie sera heureuse, votre marche toute de joie ; car voici que tressaillent les monts, les collines fameuses, qui vous attendent en allégresse. Paraissez, Saints de Dieu ; quittez vos postes de combat ; entrez dans Rome, devenue la cité sainte ; bénissez le peuple romain, qui vous suit au temple de ses fausses divinités devenu votre église, pour y adorer avec vous la majesté du Seigneur."

 

 Après six siècles de persécutions et de ruines, le dernier mot restait donc aux Martyrs : mot de bénédiction, signal de grâces pour la Babylone ivre naguère du sang chrétien. Mieux que réhabilitée par l'accueil qu'elle faisait aux témoins du Christ, elle n'était plus Rome seulement, mais la nouvelle Sion, la privilégiée du Seigneur. L'encens qu'elle brûlait sous les pas des Saints, rappelait celui dont ils avaient refusé l'hommage à ses dieux de mensonge ; l'autel au pied duquel leur sang avait coulé, était celui-là même où elle les invitait à  prendre la place des usurpateurs enfuis à l'abîme. Bien inspirée fut-elle, quand le temple édifié par Marcus Agrippa, restauré par Sévère Auguste, étant devenu celui des saints Martyrs, elle crut devoir maintenir à son fronton le nom des constructeurs primitifs et l'appellation qu'ils lui avaient donnée ; l'insigne monument ne justifia son titre qu'à dater de la mémorable journée où, sous sa voûte incomparable, image du ciel, Rome chrétienne put appliquer aux hôtes nouveaux du Panthéon la parole du Psaume : J'ai dit : c'est vous les dieux !

 

C'était le XIII mai, qu'avait eu lieu la prise de possession triomphale. Toute dédicace sur terre rappelle à l'Eglise, ainsi qu'elle le dit elle-même, l'assemblée des Saints, pierres vivantes de l'éternelle demeure que Dieu se construit aux cieux. On s'étonnera d'autant moins que la Dédicace du Panthéon d'Agrippa, dans les circonstances que nous avons rapportées, soit devenue la première origine de la fête de ce jour. Son anniversaire, en ramenant la mémoire collective des Martyrs, donnait satisfaction à l'Eglise qui, désireuse d'honorer annuellement tous ses bienheureux fils morts pour le Seigneur, se vit de bonne heure réduite par leur nombre à l'impuissance de célébrer chacun d'eux au jour de son glorieux trépas. Or, au culte des Martyrs s'était joint pour elle, à l'âge de la paix, celui des justes qui, l'arène sanglante désormais fermée, se sanctifiaient chaque jour dans tous les héroïsmes offerts par ailleurs au courage chrétien ; la pensée de les associer aux premiers dans une solennité  commune,  qui suppléerait pour tous à la nécessité des omissions individuelles, naquit comme spontanément de l'initiative que Boniface IV avait prise.

 

 En 732, dans la première moitié de ce huitième siècle qui fut si grand pour l'Eglise, Grégoire III dédiait, à Saint-Pierre du Vatican, un oratoire en l'honneur du Sauveur, de sa sainte Mère, des saints Apôtres, de tous les saints Martyrs, Confesseurs, Justes parfaits qui reposent par toute la terre.Une dédicace au vocable si étendu n'implique pas de soi l'établissement de notre fête même de tous les Saints par l'illustre Pontife ; il est à remarquer cependant qu'à dater de cette époque, on commence à la rencontrer en diverses églises, et fixée dès lors au premier jour de Novembre, comme en témoignent pour l'Angleterre le Martyrologe du Vénérable Bède et le Pontifical d'Egbert d'York. Elle était loin toutefois d'être universelle, lorsqu'en l'année 835, Louis le Débonnaire, sollicité par Grégoire IV, et du consentement de tous les évêques de ses états, fit de sa célébration une loi d'empire : loi sainte, portée aux applaudissements de l'Eglise entière qui l'adopta comme sienne, dit Adon, avec révérence et amour.

 

Il existait jusque-là, dans nos contrées, une coutume attestée par les conciles d'Espagne et de Gaule dès le VIe siècle, et qui consistait à sanctifier l'époque des calendes de Novembre par trois jours de pénitence et de litanies, rappelant les Rogations qui précèdent encore l'Ascension du Seigneur. Le jeûne de la Vigile de la Toussaint est le seul souvenir qui nous reste maintenant de cette coutume de nos pères ; conservant le triduum pénitentiel, et l'avançant de quelques jours, ils en avaient fait une préparation de la fête elle-même : "Qu'entière soit notre dévotion, recommandait un auteur du temps ; disposons-nous à cette solennité très sainte par trois jours de jeûne, de prière et d'aumône."

 

En s'étendant au monde entier, la fête s'était complétée ;  devenue  l'égale des  plus augustes solennités, elle développait ses horizons jusqu'à l'infini, embrassait toute sainteté incréée ou créée. Son objet n'était plus Marie seulement et les Martyrs, ou tous les justes nés d'Adam, mais avec eux les neuf chœurs angéliques, mais pardessus tout la Trinité sainte, Dieu tout en tous, Roi de ces rois qui  sont les Saints, Dieu des dieux en Sion.

 

Ecoutons l'Eglise éveillant aujourd'hui ses fils : Le Roi des rois, le Seigneur, venez, adorons-le, parce qu'il est la couronne de tous les Saints.  C'est l'invitation  qu'en  cette même nuit  le Seigneur lui-même adressait à la chantre d'Helfta, Mechtilde, la privilégiée du divin Cœur : "Loue-moi de ce que je suis la couronne de tous les  Saints." Et la vierge voyait toute la beauté des élus et leur gloire s'alimenter au sang du Christ, briller des vertus par lui pratiquées ; et répondant à  l'appel divin, elle louait tant qu'elle pouvait la très heureuse, la toujours adorable Trinité, de ce qu'elle daigne être aux Saints leur diadème, leur admirable dignité.

 

Dante lui aussi nous montre, en l'empyrée, Béatrice se faisant sa couronne  du reflet des rayons éternels. Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit ! ainsi tout d'une voix, pour le sublime poète, chantait le Paradis. "Tout l'univers, dit-il, me semblait un sourire. Le royaume d'allégresse, avec tout son peuple ancien et nouveau, tourné vers un seul point, était tout regard, tout amour. Ô triple lumière, qui scintillant en une seule étoile, rassasies à ce point leur vue, regarde ici-bas à nos tempêtes !"

( Dante, Paradis, chant XXXI. — Chant XXVII. — Chant XXXI, traduction de Mesnard)

 

L'ancien Office de la fête offrit jusqu'au XVIe siècle, en beaucoup d'Eglises, cette particularité qu'aux Nocturnes la première Antienne, la première Bénédiction, la première Leçon et le premier Répons étant de la Trinité, la deuxième série des mêmes pièces liturgiques avait pour objet Notre-Dame, la troisième les Anges, la quatrième les Patriarches et les Prophètes, la cinquième les Apôtres, la sixième les Martyrs, la septième les Confesseurs, la huitième les Vierges, la neuvième tous les Saints. En raison de cette disposition spéciale au jour, la première Leçon revenait contre l'usage du reste de l'année au plus digne du Chœur, le premier Répons était réservé aux premiers Chantres ; et ainsi arrivait-on, par une progression descendante, jusqu'aux enfants, dont l'un donnait la Leçon des Vierges, et cinq autres, vêtus de blanc, cierges à la main en mémoire des vierges prudentes, exécutaient le huitième Répons devant l'autel de Notre-Dame ; la neuvième Leçon et le neuvième Répons revenaient à des prêtres. Toutes ou presque toutes ces formules ont été successivement modifiées ; mais l'attribution des Répons actuels est toujours la même.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

La Sainte Vierge devant la Cathédrale par Jean Fouquet

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 05:00

Je vis une grande multitude que nul ne pouvait  compter, de toute nation, de toute tribu, de toute langue ; elle se tenait devant le trône, vêtue de robes blanches, des palmes à la main ; de ses rangs s'élevait une acclamation puissante : Gloire à notre Dieu !

(Apoc. VII, 9-10.)

 

 Le temps n'est plus ; c'est l'humanité sauvée qui se découvre aux yeux du prophète de Pathmos. Vie militante et misérable de cette terre, un jour donc tes angoisses auront leur terme. Notre race longtemps perdue renforcera les chœurs des purs esprits que la révolte de Satan affaiblit jadis ; s'unissant à la reconnaissance des rachetés de l'Agneau, les Anges fidèles s'écrieront avec nous : Action de grâces, honneur, puissance à notre Dieu pour jamais !

 

 Et ce sera la fin, comme dit l'Apôtre : la fin de la mort et de la souffrance ; la fin de l'histoire et de ses révolutions désormais expliquées. L'ancien ennemi, rejeté à l'abîme avec ses partisans, ne subsistera plus que pour attester sa défaite éternelle. Le Fils de l'homme, libérateur du monde, aura remis l'empire à Dieu son Père. Terme suprême de toute création, comme de toute rédemption : Dieu sera tout en tous.

 

Bien avant le voyant de l'Apocalypse, déjà Isaïe chantait : J'ai vu le Seigneur assis sur un trône élevé et sublime ; les franges de son vêtement remplissaient au-dessous de lui le temple, et les Séraphins criaient l'un à l'autre : Saint, Saint, Saint, le Seigneur des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire.

 

Les franges du vêtement divin sont ici les élus, devenus l'ornement du Verbe, splendeur du Père. Car depuis que, chef de notre humanité, le Verbe l'a épousée, cette épouse est sa gloire, comme il est celle de Dieu. Elle-même cependant n'a d'autre parure que les vertus des Saints : parure éclatante, dont l'achèvement sera le signal de la consommation des siècles. Cette fête est l'annonce toujours plus instante des noces de l'éternité ; elle nous donne à célébrer chaque année le progrès des apprêts de l'Epouse.

 

Heureux les conviés aux noces de l'Agneau ! Heureux nous tous, à qui la robe nuptiale de la sainte charité fut remise au baptême comme un titre au banquet des cieux ! Préparons-nous, comme notre Mère l'Eglise, à l'ineffabte destinée que nous réserve l'amour. C'est à ce but que tendent les labeurs d'ici-bas : travaux, luttes, souffrances pour Dieu, relèvent d'inestimables joyaux le vêtement de la grâce qui fait les élus. Bienheureux ceux qui pleurent !

 

 Ils pleuraient, ceux que le Psalmiste nous montre creusant avant nous le sillon de leur carrière mortelle, et dont la triomphante allégresse déborde sur nous, projetant à cette heure comme un rayon de gloire anticipée sur la vallée des larmes. Sans attendre au lendemain de la vie, la solennité commencée nous donne entrée par la bienheureuse espérance au séjour de lumière où nos pères ont suivi Jésus, le divin avant-coureur. Quelles épreuves n'apparaîtraient légères, au spectacle des éternelles félicités dans lesquelles s'épanouissent leurs épines d'un jour ! Larmes versées sur les tombes qui s'ouvrent à chaque pas de cette terre d'amertume, comment le bonheur des chers disparus ne mêlerait-il pas à vos regrets la douceur du ciel ? Prêtons l'oreille aux chants de délivrance de ceux dont la séparation momentanée attire ainsi nos pleurs ; petits ou grands, cette fête est la leur, comme bientôt elle doit être la nôtre. En cette saison où prévalent les frimas et la nuit, la nature, délaissant ses derniers joyaux, semble elle-même préparer le monde à son exode vers la patrie sans fin.

 

 Chantons donc nous aussi, avec le Psaume : "Je me suis réjoui de ce qui m'a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur. Nos pieds ne sont encore qu'en tes parvis, mais nous voyons tes accroissements qui ne cessent pas, Jérusalem, ville de paix, qui te construis dans la concorde et l'amour. L'ascension vers toi des tribus saintes se poursuit dans la louange ; tes trônes encore inoccupés se remplissent. Que tous les biens soient pour ceux qui t'aiment, ô Jérusalem ; que la puissance et l'abondance règnent  en ton enceinte fortunée. A cause de mes amis et de mes frères qui déjà sont tes habitants, j'ai mis en toi mes complaisances ; à cause du Seigneur notre Dieu dont tu es le séjour, j'ai mis en toi tout mon désir."

 

Les cloches ont retenti, non moins joyeuses qu'aux plus beaux jours. Elles annoncent la grande solennité du Cycle à son déclin, la fête qui marque l'empreinte de l'éternité sur les temps, la prise de possession pour Dieu de l'année qui finit, joignant sa moisson d'élus à celles de ses devancières. Aux triomphantes volées remplissant l'air de leurs ondes harmonieuses, l'Eglise, qui depuis le matin jeûnait prosternée, se relève le front dans la lumière : elle pénètre avec Jean les secrets des cieux ; et les paroles du disciple bien-aimé, passant par ses lèvres, y revêtent un accent d'enthousiasme incomparable Cette fête est vraiment pour elle le triomphe de la Mère ; car la foule immense et bienheureuse, aperçue par elle près du trône de l'Agneau, se compose des fils et des filles que seule, comme étant l'unique, elle a donnés au Seigneur.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Saint Jean à Patmos par Jean Fouquet

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