Andre Sougarret, the head of the team of workers boring holes in the copper and gold mine where 33 miners are trapped deep
underground from an accident last month, speaks during a news conference at the mine in Copiapo, some 725 km (450 miles) north of Santiago, September 23, 2010. REUTERS/Luis Hidalgo
Andre Sougarret, un ingénieur de 46 ans, a dirigé les travaux pour extraire les 33 mineurs qui étaient bloqués au fond de la mine d'or
de San José, au Chili. Une opération sans précédent -on n'avait jamais foré si profond pour récupérer des mineurs- et une lourde responsabilité. "Ce serait ma faute s'ils venaient à mourir parce
qu'on ne les avait pas trouvés ou parce qu'on avait travaillé trop lentement", se souvient-il avoir pensé.
Dans un entretien à l'Associated Press, l'ingénieur raconte comment il s'est acquitté de cette tâche que lui a confiée le président
chilien Sebastian Pinera, trois jours après l'effondrement qui a bloqué les 33 travailleurs sous terre.
"Je ne me suis jamais permis de penser à ce qui leur arrivait, c'est anxiogène", confie Andre Sougarret. "Je me suis dit: mon but est
de créer un accès, un lien. Mets-toi bien ça dans la tête." Et de poursuivre: "Pourquoi ils sont là, ce qu'il s'est passé, ce n'est pas ma responsabilité. Ma responsabilité, c'est de parvenir
jusqu'à eux et de les sortir de là".
Sougarret s'est rendu dans le désert d'Atacama, sur le site de la mine de San José. La situation y était très confuse. Secouristes,
pompiers et policiers ne savaient que faire; les proches des mineurs étaient très inquiets.
Sougarret est méthodique et sait garder la tête froide, même sous pression. L'ingénieur dirige El Teniente, la plus grande mine
souterraine au monde, pour la compagnie publique chilienne Codelco, qui produit du cuivre. Il a immédiatement demandé toutes les cartes disponibles de la mine de San José. Et il a assemblé une
équipe, en faisant d'abord appel à Rene Aguilar, 35 ans, responsable de la gestion des risques à El Teniente.
Ensemble, ils ont d'abord inspecté la mine jusqu'à l'endroit de l'effondrement. "Nous avons trouvé un bloc, une pierre tombale, comme
lorsque vous êtes dans un ascenseur et que les portes s'ouvrent entre deux étages", rapporte Sougarret.
Ce mur de pierre bloquait le conduit qui descend en zigzag jusqu'à 800 mètres de profondeur. Sougarret et Aguilar ont ensuite établi
que l'effondrement avait commencé par 355 mètres et que quelque 700.000 tonnes de pierres étaient tombées.
Forer à travers ces éboulis risquait de provoquer un nouvel effondrement susceptible d'écraser tout ce qui se trouvait en dessous. Il
fallait donc creuser un tout nouveau conduit pour atteindre les 33 hommes.
Pour recueillir les informations nécessaires, ils ont interrogé les mineurs qui avaient échappé de justesse à l'accident du 5 août.
"C'était important de parler avec les trois qui sont sortis en dernier", explique Aguilar. Ces hommes savaient ce qui se trouvait dans les niveaux inférieurs de la mine: des réservoirs d'eau, des
conduits de ventilation, un refuge avec de la nourriture pour 48 heures. Il ont indiqué que les 33 mineurs travaillaient probablement près d'un atelier (par 622m) et d'un refuge (par 700m) au
moment de l'effondrement. "Avec ces éléments, on pouvait clairement dire qu'il y avait un espoir qu'ils soient en vie", souligne Sougarret.
Le forage a commencé pour atteindre l'atelier et le refuge. "Je pensais que les hommes pouvaient survivre 30 jours, peut-être 40, avec
de l'eau et de l'air, sans nourriture", confie Sougarret.
Mais le 19 août, la foreuse a atteint 700m, et rien. "Elle a passé 710, 720 et nous sommes arrivés à 770 et n'avons rien trouvé", se
souvient l'ingénieur. L'engin avait viré de sa trajectoire, passant si près du refuge que les mineurs pouvaient l'entendre et sentir ses vibrations.
"Une crise a commencé avec les familles. Elles étaient très en colère qu'on ne les aient pas trouvés", explique Sougarret. "Il y a eu
des protestations. C'était difficile", convient Aguilar.
Puis, le 22 août, la foreuse a atteint le conduit de la mine à 50m du refuge. A la surface, les opérateurs ont eu l'impression
d'entendre frapper sur la tête de l'engin. Lorsqu'ils l'ont remonté, ils ont trouvé un message qui y était attaché: "Nous allons tous bien dans le refuge, Les 33".
Dans les jours qui ont suivi, un système de ravitaillement s'est mis en place, faisant parvenir aux mineurs de la nourriture, des
médicaments et des messages de soutien.
Sougarret a alors fait appel à trois foreuses beaucoup plus puissantes, qui tentaient de percer jusqu'à l'atelier pour l'une, jusqu'au
refuge pour l'autre et jusqu'au conduit de la mine reliant ces deux points pour la troisième.
"Maintenant avec trois plans, ça suffisait pour les deux objectifs que nous nous étions fixé: raccourcir le temps et minimiser les
risques", devise Sougarret. "Il y avait beaucoup de facteurs que je ne pouvais pas maîtriser et la seule façon de minimiser les risques, c'est d'avoir des alternatives".
Chaque jour sans exception, l'ingénieur parlait aux mineurs bloqués, d'abord par un téléphone qui leur avait été envoyé par le petit
conduit, ensuite par visioconférence. "Ils nous donnaient des idées. Ils étaient proactifs (disant par exemple): Ne vous inquiétez pas, chef, demain je vous dirai si ça peut se faire." Certains
mineurs ont dessiné des plans de la mine en utilisant des instruments de mesure envoyés depuis la surface.
Le plan B consistait à forer d'abord un conduit de 15cm de diamètre, qui était ensuite élargi à 70cm pour fournir une voie de sortie
aux mineurs. Sougarret avait calculé que cette foreuse atteindrait l'atelier le 10 octobre. Ce s'est finalement produit le 9 octobre à 8h05.
Il fallait à présent renforcer le haut du tunnel et tester la capsule de secours. Mais l'ingénieur n'était plus nerveux. "Cette
dernière étape pour moi, c'était comme dans du beurre", sourit-il. AP
Andre Sougarret and Rene Aguilar, respectively chief and deputy of the rescue operations, talk before a press conference on
September 24, 2010, at San Jose mine where 33 miners remain trapped, near Copiapo, 800km north of Santiago, Chile. The RIG-421 is a one-shot effort, drilling a 60-centimeter (24-inch) hole --
about the diameter of a bicycle wheel -- that the miners could then pass through. Whichever escape tunnel is finished first will have to accommodate a special bullet-shaped capsule which will
haul each of the miners to the surface. (Photo credit should read ARIEL MARINKOVIC/AFP/Getty Images)