Descendons au métro Saint Paul, c'est comme Saint Sulpice on ne peut pas se tromper, en ce Dimanche soir la rue Saint Antoine est bien vivante, les cafés sont ouverts, on s'y donne rendez-vous, on s'y retrouve, cela change de certains quartiers sinistrés à peu près aussi animés qu'une ville de province le Dimanche après-midi.
Rentrons dans l'église à la glorieuse façade, comme tous les plus beaux monuments de Paris, les églises, elle n'a pas été restaurée, elle a tout le charme du délabrée que sa voisine Saint Gervais a perdu par exception dans un badigeon de plâtrier qui fait mal aux yeux, ici la façade noirâtre cache ses charmes, on a même tendu un filet de protection tout en haut de l'église et on n'a aucun mal à se convaincre qu'il était nécessaire, la façade de Saint Gervais donne sur une place déserte et infréquentée, celle de Saint Paul - Saint Louis sur une rue très passante, on a restauré la première et abandonné la seconde, c'est la logique de l'Hôtel de Ville qui est derrière Saint Gervais, en place de Grève on fait exécuter les travaux de restauration avec une logique très politique quelle que soit la municipalité car tout cela date déjà, que nous importe, gravissons les escaliers et rentrons, nous sommes en avance pour la Messe de 19h, nous aurons le temps de faire le tour de nos chapelles !
Les descriptions sont aussi ennuyeuses à lire qu'à écrire, sauf celles de Balzac, qui ont été le plus critiquées évidemment, aussi je m'épargnerai la peine et à vous l'ennui, d'une description exhaustive; pour ceux qui passent à Paris, c'est mieux qu'un musée, en plus c'est gratuit et on n'y fait pas la queue pour y rentrer, les tableaux sont beaux et dans leur contexte, ainsi que les statues, et si vous arrivez à l'heure de la Messe vous aurez le son et lumière, restons !
Pour l'instant l'intérieur baigne dans une lueur blafarde et crépusculaire particulièrement propice au recueillement, on avance à pas comptés dans un silence religieux, tout à l'heure les dames en retard feront éclater leurs talons sur le vénérable dallage pour gagner les premiers rangs évidemment, contentons-nous, sinon des derniers, ne soyons pas trop prétentieux, du moins de ceux du milieu, c'est bientôt la Messe, les lustres monumentaux s'illuminent, on cligne des yeux, ce sont soudain les grandes eaux de Versailles, cela gicle de partout et éclabousse tout d'une beauté saisissante, les douches du grand orgue nous innondent de leur céleste averse, la procession arrive précédée d'un monumental Crucifix saisissant que le porte-croix peine à tenir à bout de bras, deux prêtres suivent, la Messe sera admirable, elle le fut.