Le Carême à Jérusalem au temps d'Egérie (381-384)

Quand viennent les fêtes de Pâques, voici comment on les célèbre. Tandis que, chez nous, ce sont les quarante jours avant Pâques qu'on observe, ici ce sont les huit semaines avant Pâques. Si on observe huit semaines, c'est parce que les dimanches et le samedi, on ne jeûne pas, excepté un seul samedi, celui des vigiles de Pâques où l'on doit jeûner ; en dehors de ce jour-là, on ne jeûne absolument jamais ici, de toute l'année, le samedi.

Ainsi donc, de huit semaines ôtés huit dimanches et sept samedis, parce qu'il faut jeûner un samedi, comme je viens de le dire, restent quarante et un jours de jeûne, qu'on appelle ici eortae (les fêtes), autrement dit le Carême.

(...)

En ce qui concerne les jeûnes, voici quelle est ici l'habitude pendant le carême : certains quand ils ont, mangé, le dimanche, après la messe, à la 5e ou à la 6e heure, ne mangent plus de toute la semaine que le samedi suivant, après le renvoi de l'Anastasis (le Saint-Sépulcre) ; ce sont ceux qui font des semaines entières. Le samedi, quand ils ont mangé le matin, ils ne mangent plus le soir, mais le lendemain qui est le dimanche, ils déjeunent après le renvoi de l'église, à la 5e heure ou plus tard, et ensuite ils ne mangent plus que le samedi suivant, comme je viens de le dire.

En effet, voici quelle est l'habitude de tous ceux qui sont, comme on dit ici, apotactites, hommes et femmes : c'est que, non seulement les jours de carême, mais toute l'année, quand ils mangent, ils ne mangent qu'une fois par jour. S'il y a de ces apotactites qui ne peuvent pas faire des semaines entières de jeûnes, comme nous venons de le dire, pendant tout le carême, ils dînent au milieu de la semaine, le jeudi ; celui qui ne peut même pas faire cela, fait des jeûnes de deux jours, pendant tout le carême ; enfin ceux qui, même cela, ne le peuvent pas, mangent tous les soirs.

Personne n'impose ce qu'on doit faire, mais chacun fait comme il peut ; on n'est pas loué d'avoir fait beaucoup, on n'est pas blâmé d'avoir fait moins.

Voilà quelle est l'habitude ici. Quant à leur nourriture, les jours de carême, la voici : ils ne prennent ni pain, pas le moindre morceau, ni huile, ni rien qui vienne des arbres, mais seulement de l'eau et un peu de bouillie de farine... C'est ainsi qu'on fait le carême comme nous l'avons dit.

A la fin de ces semaines les vigiles ont lieu à l'Anastasis depuis l'heure du lucernaire, le vendredi, où l'on vient de Sion au chant des psaumes, jusqu'au samedi matin où l'on fait l'oblation à l'Anastasis. De même, la seconde, la troisième, la quatrième, la cinquième et la sixième semaine, on fait la même chose que la première semaine de carême.

Egérie
Itinéraire



Franciscains à l'Anastasis le Vendredi Saint 2008

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P
zème pas la bouillie de farine préfère encore le bon vieux pordige écoeurant qu'on avait aux scouts... ze préfère le miel, ... mais bon...bon on attend tout à l'heure alors...
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N
Ouh la ! Bouillie de farine , c’était régime sec en ce temps là à Yerushaláyim ! J’avais bien un gâteau pour Béné mais après de telles prescriptions, faudra patienter jusqu'à demain... le samedi c'est permis, c'est Egérie qui l'a dit !
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