Le lundi de la Pentecôte

Veni Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende.

Venez , ô Esprit-Saint,  remplissez les cœurs de  vos fidèles, et allumez en eux le feu de votre amour.
 
 
Hier L'Esprit-Saint a pris possession du monde, et ses débuts dans la mission qu'il a reçue du Père et du Fils ont annoncé sa puissance sur les cœurs, et ont préludé avec éclat à ses conquêtes futures. Nous allons suivre respectueusement sa marche et ses opérations sur cette terre qui lui a été confiée ; la succession des jours d'une si solennelle Octave nous permettra de signaler tour à tour ses œuvres dans l'Eglise et dans les âmes.

 

 Jésus, notre Emmanuel, est le Roi du monde ; il a reçu de son Père les nations en héritage. Il nous a déclaré lui-même que "toute puissance lui a été donnée au ciel et sur la terre". Mais il est monté au ciel avant que son empire fût établi ici-bas. Le peuple d'Israël lui-même auquel il a fait entendre sa parole, sous les yeux duquel il a opéré les prodiges qui attestaient sa mission, ce peuple l'a renié et a cessé d'être son peuple (Daniel IX, 26.). Quelques-uns de ses membres seulement l'ont accepté et l'accepteront encore ; mais la masse d'Israël confirme le cri sacrilège de ses pontifes : "Nous ne voulons pas que celui-là règne sur nous".

 

 La gentilité est tout aussi éloignée d'accepter le fils de Marie pour son maître. Elle ignore profondément sa personne, sa doctrine, sa mission. Les traditions antiques de la religion primitive se sont graduellement effacées. Le culte de la matière a envahi le monde civilisé comme le monde barbare, et l'adoration est prodiguée à toute créature. La morale est altérée jusque dans ses sources les plus sacrées et les plus inviolables. La raison s'est obscurcie chez cette minorité imperceptible qui se fait gloire du nom de philosophes ; "ils se sont évanouis dans leurs pensées, et leur cœur insensé s'est aveuglé". Les races humaines déracinées ont été mêlées successivement par la conquête. Tant de bouleversements n'ont laissé chez les peuples que l'idée de la force, et le colossal empire romain dominé par César pèse de tout son poids sur la terre. C'est le moment que le Père céleste a choisi pour envoyer son Fils en ce monde. Il n'y a pas place pour un roi des intelligences et des cœurs ; et cependant il faut que Jésus règne sur les hommes et que son règne soit accepté.

 

 En attendant, un autre maître s'est présenté, et les peuples l'ont accueilli avec acclamation. C'est Satan, et son empire est si fortement établi que Jésus lui-même l'appelle le Prince de ce monde. Il faut qu'il soit "jeté dehors" ; il s'agit de le chasser de ses temples, de l'expulser des mœurs, de la pensée, de la littérature, des arts, de la politique ; car il possède tout. Ce n'est pas seulement l'humanité dépravée qui résiste ; c'est le fort armé qui la regarde comme son domaine, et qui ne cédera pas devant une force créée.

 

 Tout est donc contre le règne du Christ, et rien pour lui. Que sert à l'impiété moderne de dire, contre l'évidence des faits, que le monde était prêt pour une si complète révolution ? Comme si tous les vices et toutes les erreurs étaient une préparation à toutes les vertus et à toutes les vérités ! comme s'il suffisait à l'homme vicieux de sentir le malheur, pour comprendre que son malheur vient de ce qu'il est dans le mal, pour se résoudre à devenir tout d'un coup, et au prix de tous les sacrifices, un héros de vertu !

 

 Non, pour que Jésus régnât sur ce monde pervers, il fallait un miracle et le plus grand de tous les miracles, un prodige qui, comme le dit Bossuet, n'a de terme de comparaison qu'avec l'acte créateur qui a fait sortir les êtres du néant. Or, ce prodige, qui l'a fait, sinon le divin Esprit ? C'est lui-même qui a voulu que nous qui n'avons pas vu le Seigneur Jésus, nous fussions rendus aussi certains de sa nature divine et de sa mission de Sauveur, que si nous eussions été témoins de ses miracles et auditeurs de ses enseignements. C'est dans ce but qu'a été opéré ce prodige des prodiges, cette conversion du monde, dans laquelle "Dieu a choisi ce qu'il y avait de plus faible dans le monde pour renverser ce qui était fort, ce qui n'était pas pour détruire ce qui était". C'est dans ce fait immense et plus lumineux que le soleil, que l'Esprit-Saint a rendu sa présence visible, qu'il s'est affirmé lui-même.

 

Voyons par quels moyens il s'y est pris pour assurer le règne de Jésus sur le monde. Retournons d'abord au Cénacle. Considérez ces hommes revêtus maintenant de la Vertu d'en haut. Qu'étaient-ils tout à l'heure ? Des gens sans influence, de condition vile, sans lettres, d'une faiblesse connue. N'est-il pas vrai que l'Esprit-Saint en a fait tout à coup des hommes éloquents et du plus haut courage, des hommes que le monde connaîtra bientôt, et qui remporteront sur lui une victoire devant laquelle pâliront les triomphes des plus glorieux conquérants ? Il faut bien que l’incrédulité l'avoue, le fait est par trop évident : le monde a été transformé, et cette transformation est l'œuvre de ces pauvres juifs du Cénacle. Ils ont reçu le Saint-Esprit en ce jour de la Pentecôte, et cet Esprit a accompli par eux tout ce qu'il avait à accomplir.

 

 Il leur a donné trois choses en ce jour : la parole figurée par les langues, l'ardeur de l'amour représenté par le feu, et le don des miracles qu'ils exercent tout aussitôt. La parole est le glaive dont ils sont armés, l'amour est l'aliment du courage qui leur fera tout braver, et par le miracle ils forceront l'attention des hommes. Tels sont les moyens devant lesquels le Prince du monde sera réduit à capituler, par lesquels le règne de l'Emmanuel s'établira dans son domaine, et ces moyens procèdent tous de l'Esprit-Saint.

 

 Mais il ne borne pas là son action. Il ne suffit pas que les hommes entendent retentir la parole, qu'ils admirent le courage, qu'ils voient des prodiges. Il ne suffit pas qu'ils entrevoient la splendeur de la vérité, qu'ils sentent la beauté de la vertu, qu'ils reconnaissent la honte et le crime de leur situation. Pour arriver à la conversion du cœur, pour reconnaître un Dieu dans ce Jésus qu'on va leur prêcher, pour l'aimer et se vouer à lui dans le baptême et jusqu'au martyre, s'il le faut, il est nécessaire que le Saint-Esprit intervienne. Lui seul, comme parle le Prophète, peut enlever de leur poitrine le cœur de pierre et y substituer un cœur de chair capable d'éprouver le sentiment surnaturel de la foi et de l'amour. L'Esprit divin accompagnera donc partout ses envoyés ; à eux l'action visible, à lui l'action invisible ; et le salut pour l'homme résultera de ce concours. Il faudra que l'une et l'autre action s'exercent sur chaque individu, que la liberté de chaque individu acquiesce et se rende à la prédication extérieure de l'apôtre et à la touche intérieure de l'Esprit. Certes, c'est un grand œuvre d'entraîner la race humaine à confesser Jésus son seigneur et roi ; la volonté perverse résistera longtemps ; mais qu'il s'écoule seulement trois siècles, et le monde civilisé se rangera autour de la croix du Rédempteur.

 

 Il était juste que l'Esprit-Saint et ses envoyés s'adressassent d'abord au peuple de Dieu. Ce peuple "avait reçu en dépôt les divins oracles" ; il avait fourni le sang de la rédemption. Jésus avait déclaré qu'il était envoyé "pour les brebis perdues de la maison d'Israël". Pierre, son vicaire, devait hériter de cette gloire d'être l'Apôtre du peuple circoncis ; bien que la gentilité, en la personne de Corneille le Centurion, dût être par lui introduite dans l'Eglise, et l'émancipation des gentils baptisés proclamée par lui dans l'assemblée de Jérusalem. Mais l'honneur était dû d'abord à la famille d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ; voilà pourquoi notre première Pentecôte est juive, pourquoi nos premiers ancêtres en ce jour sont juifs. C'est sur la race d'Israël que l'Esprit-Saint répand d'abord ses dons ineffables.

 

Voyez-les maintenant partir de Jérusalem ces juifs qui ont reçu la parole, et dont le saint baptême a fait de véritables enfants d'Abraham. La solennité passée, ils retournent dans les provinces de la gentilité qu'ils habitent, portant dans leurs cœurs Jésus qu'ils ont reconnu pour le Messie roi et sauveur. Saluons ces prémices de la sainte Eglise, ces trophées de l'Esprit divin, ces porteurs de la bonne nouvelle. Ils ne tarderont pas à voir arriver les hommes du Cénacle qui se tourneront vers les gentils, après l'inutile sommation faite à l'orgueilleuse et ingrate Jérusalem.

 

 Une faible minorité dans la nation juive a donc consenti à reconnaître le fils de David pour l'héritier du Père de famille ; la masse est demeurée rebelle et court obstinément à sa perte. Comment qualifier son erreur ? Etienne, le Protomartyr, nous l'apprend. S'adressant à ces indignes fils d'Abraham : "Hommes à la tête dure, leur dit-il, cœurs et oreilles incirconcis, vous résistez continuellement au Saint-Esprit". Un si coupable refus d'obéir chez la nation privilégiée donne le signal de la migration des Apôtres vers la gentilité. L'Esprit Saint ne les quitte plus, et c'est désormais sur les peuples assis dans les ombres de la mort qu'il va épancher les torrents de la grâce que Jésus a mérités aux hommes par son Sacrifice sur la croix.

 

 Ils s'avancent, ces porteurs de la parole de vie, vers les régions païennes. Tout s'arme contre eux, mais ils triomphent de tout. L'Esprit qui les anime féconde en eux ses dons. Il agit en même temps sur les âmes de leurs auditeurs, la foi en Jésus se répand avec rapidité ; et bientôt Antioche, puis Rome, puis Alexandrie, voient s'élever en leur sein une population chrétienne. La langue de feu parcourt le monde ; elle ne s'arrête même pas aux limites de l'empire romain, prédestiné, selon les divins Prophètes, à servir de base à l'empire du Christ. Les Indes, la Chine, l'Ethiopie et cent peuples lointains entendent la voix des Evangélistes de la paix.

 

 Mais il ne leur faut pas seulement rendre témoignage par la parole à la royauté de leur Maître ; ils lui doivent aussi le témoignage du sang. Ils ne seront pas en retard. Le feu qui les embrasa au Cénacle les consume dans l'holocauste du martyre.

 

 Admirons ici la puissance et la fécondité du divin Esprit. A ces premiers envoyés il fait succéder une génération nouvelle. Les noms sont changés, mais l'action continue et continuera jusqu'à la fin des temps, parce qu'il faut que Jésus soit reconnu sauveur et maître de l'humanité, et que l'Esprit Saint a été envoyé pour opérer cette reconnaissance sur la terre.

 

 Le Prince de ce monde, "l'ancien serpent", s'agite avec violence pour arrêter les conquêtes des envoyés de l'Esprit. Il a crucifié Pierre, tranché la tête à Paul, immolé leurs compagnons ; mais lorsque ces nobles chefs ont disparu, son orgueil est soumis à une épreuve plus dure encore. C'est un peuple entier qu'a produit le mystère de la Pentecôte ; la semence apostolique a germé dans des proportions immenses. La persécution de Néron a pu abattre les chefs juifs du nouveau peuple ; mais voici maintenant la gentilité elle-même établie dans l'Eglise. Ainsi que nous le chantions hier en triomphe, "l'Esprit du Seigneur a rempli la terre entière". Nous voyons, dès la fin du premier siècle, le glaive de Domitien sévir jusque sur les membres de la famille impériale. Bientôt les Trajan, les Adrien, les Antonin, les Marc-Aurèle, épouvantés du compétiteur Jésus de Nazareth, s'élancent sur son troupeau ; mais c'est en vain. Le Prince du monde les avait armés de la politique et de la philosophie ; l'Esprit-Saint dissout tous ces faux prestiges, et la vérité s'étend toujours plus sur la surface du monde. A ces sages succèdent des tyrans forcenés, un Sévère, un Décius, un Gallus, un Valérien, un Aurélien, un Maximien ; le carnage s'étend à tout l'empire, parce que les chrétiens y sont partout. Enfin l'effort suprême du Prince du monde est dans l'effroyable persécution décrétée par Dioclétien et les farouches Césars qui partagent le pouvoir avec lui. Ils avaient résolu l'extermination du christianisme, et ce sont eux-mêmes qui, après avoir répandu des torrents de sang, s'affaissent dans le désespoir et l'ignominie.

 

Qu'ils sont magnifiques vos triomphes, ô divin Esprit ! qu'il est surhumain l'empire du Fils de Dieu, lorsque vous l'établissez ainsi à l'encontre de toutes les résistances de la faiblesse et de la perversité humaines, à la face de Satan dont le règne semblait pour jamais consolidé sur la terre ! Mais vous aimez le futur troupeau du Rédempteur, et vous répandez dans des millions d'âmes l'attrait pour une vérité qui exige de si redoutables sacrifices. Vous renversez les prétextes d'une vaine raison par des prodiges innombrables, et échauffant ensuite par l'amour ces cœurs arrachés à la concupiscence et à l'orgueil, vous les envoyez pleins d'un enthousiasme tranquille au-devant de la mort et des tortures.

 

 Alors s'accomplit la promesse que Jésus avait faite pour le moment où ses fidèles comparaîtraient devant les ministres du Prince du monde. Il avait dit : "Ne prenez pas la peine de réfléchir sur la manière dont vous parlerez et sur ce que vous direz. A l'heure même, vous sera donné ce que vous aurez à dire ; car ce ne sera pas vous-mêmes qui parlerez, mais ce sera I'Esprit de votre Père qui parlera en vous". Nous en pouvons juger encore en lisant les immortels Actes de nos martyrs, en suivant ces interrogatoires et ces réponses simples et sublimes qui s'échappent du milieu même des tourments. C'est la voix de l'Esprit, la parole de l'Esprit qui lutte et qui triomphe. Les assistants s'écriaient : "Il est grand, le Dieu des chrétiens !" et plus d'une fois on vit les bourreaux, séduits par une si divine éloquence, se déclarer eux-mêmes les disciples d'un Dieu si puissant, et se ranger soudain parmi les nobles victimes qu'ils déchiraient tout à l'heure. Nous savons par les monuments contemporains que l'arène du martyre fut la tribune de la foi, et que le sang des martyrs, joint à la beauté de leur parole, fut la semence des chrétiens.

 

Après trois siècles de ces merveilles du divin Esprit, la victoire fut complète. Jésus était reconnu Roi et Sauveur du monde, docteur et rédempteur des hommes ; Satan était expulsé du domaine qu'il avait usurpé, le polythéisme dont il fut l'auteur était remplacé par la foi en un seul Dieu, et le culte ignoble de la matière n'était plus qu'un objet de honte et de mépris. Or, une telle victoire qui eut d'abord pour théâtre l'empire romain tout entier, et qui n'a cessé de s'étendre, de siècle en siècle, à tant d'autres nations infidèles, est l'œuvre du Saint-Esprit. La manière miraculeuse dont elle s'est accomplie contre toutes les prévisions humaines est l'un des principaux arguments sur lesquels repose notre foi. Nous n'avons pas vu de nos yeux, nous n'avons pas entendu de nos oreilles le Seigneur Jésus ; mais nous le confessons pour notre Dieu, à cause du témoignage que lui a rendu si visiblement l'Esprit-Saint qu'il nous a envoyé. Soient donc à jamais à ce divin Esprit gloire, reconnaissance et amour de la part de toute créature ! car il nous a mis en possession du salut que notre Emmanuel nous avait apporté.

 

La Station est aujourd'hui dans la Basilique de Saint-Pierre-aux-Liens. Cette église, appelée aussi la Basilique d'Eudoxie, du nom de l'impératrice qui l'éleva, garde précieusement les chaînes dont saint Pierre fut lié à Jérusalem par l'ordre d'Hérode, et à Rome par l'ordre de Néron. La réunion du peuple fidèle en son enceinte aujourd'hui rappelle merveilleusement la force dont l’Esprit-Saint revêtit les Apôtres au jour de la Pentecôte. Pierre s'est laissé lier pour le service de son maître Jésus, et il s'est fait honneur de ses liens. Cet apôtre qui avait tremblé à la voix d'une servante, ayant reçu le don de l'Esprit-Saint, est allé au-devant des chaînes. Le Prince du monde a cru qu'il pourrait enchaîner la divine parole ; mais cette parole était libre jusque dans les fers.

 

L'Introït, formé des paroles de David, fait allusion aux néophytes qui viennent d'être baptisés, et sont là présents avec leurs robes blanches. Au sortir de la fontaine, ils ont été nourris du pain de vie qui est la fine fleur du divin froment. On leur a donné à goûter la douceur du miel qui procède de la pierre. Or la Pierre est le Christ, nous dit l'Apôtre, et le Christ a admis Simon, fils de Jonas, à l'honneur de participer à ce noble symbole. Il lui a dit : "Tu es Pierre", et les chaînes sacrées qui sont là montrent assez avec quelle fidélité Simon a compris qu'il devait s'attacher à la suite de son Maître. Le même Esprit qui l'a fortifié dans la lutte repose maintenant sur les néophytes de la Pentecôte.

 

Le Saint-Esprit crée la Foi dans nos âmes, et par la Foi nous obtenons la vie éternelle ; car la Foi n'est pas l'adhésion à une thèse rationnellement démontrée, mais une vertu qui procède de la volonté fécondée par la grâce. Au temps où nous vivons, la Foi devient rare. L'orgueil de l'esprit est monté à son comble, et la docilité de la raison aux enseignements de l'Eglise fait défaut chez un grand nombre. On se croit chrétien et catholique, et en même temps on ne se sent pas disposé à renoncer à ses idées en toute simplicité, si elles étaient désapprouvées par l'autorité qui seule a le droit de nous diriger dans la croyance. On se permet des lectures imprudentes, quelquefois même mauvaises, sans s'inquiéter si l'on contrevient à des défenses sacrées. On fait peu pour arriver à une instruction sérieuse et complète sur les choses de la religion, en sorte que l'on conserve dans son esprit, comme un poison caché, beaucoup d'idées hétérodoxes qui ont cours dans l'atmosphère que l'on respire. Souvent il arrive qu'un homme compte parmi les catholiques, et remplit les devoirs extérieurs de la foi par principe d'éducation, par tradition de famille, par une certaine disposition naturelle du cœur ou de l'imagination. Il est triste de le dire, plusieurs aujourd'hui pensent avoir la Foi, et elle est éteinte en eux.

 

 Cependant la Foi est le premier lien avec Dieu ; c'est par la Foi, nous dit l'Apôtre, que l'on approche de Dieu, et qu'on lui demeure attaché. Telle est l'importance de la Foi, que le Seigneur vient de nous dire que "celui qui croit n'est pas jugé". En effet, celui qui croit dans le sens de notre Evangile, n'adhère pas seulement à une doctrine ; il croit, parce qu'il se soumet de cœur et d'esprit, parce qu'il veut aimer ce qu'il croit. La Foi opère par la charité qui la complète, mais elle est un avant-goût de la charité ; et c'est pour cela que le Seigneur promet déjà le salut à celui qui croit. Cette Foi éprouve des obstacles de la part de notre nature déchue. Nous venons de l'entendre : "La lumière est venue dans le monde ; mais les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière". En notre siècle, les ténèbres règnent, elles s'épaississent ; on voit même s'élever de fausses lumières ; des mirages trompeurs égarent le voyageur, et nous le répétons, la Foi est devenue plus rare, cette Foi qui unit à Dieu et sauve de ses jugements.

 

Divin Esprit,arrachez-nous aux ténèbres de notre temps, corrigez l'orgueil de notre esprit, délivrez-nous de cette vaine liberté que l’on prône comme l'unique fin de toutes choses, et qui est si complètement stérile pour le bien des âmes. Nous voulons aimer la lumière, la posséder, la conserver, et mériter par la docilité et la simplicité des enfants le bonheur de la voir épanouie dans le jour éternel.

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

La Pentecôte par Le Greco

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