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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 04:00

Dans le chapitre suivant, le cinquième, l'eau apparaît plutôt en passant. C'est l'histoire de l'homme, infirme depuis trente-huit ans, qui attend la guérison de la descente dans la piscine de Béthesda, mais qui ne trouve personne pour l'aider à y entrer. Jésus le guérit par son pouvoir. Il accomplit sur le malade ce que ce dernier attendait du contact avec l'eau thérapeutique. Dans le septième chapitre, qui selon une hypothèse convaincante des exégètes modernes, suivait à l'origine sans doute directement le cinquième, nous trouvons Jésus à la fête des Tentes avec son rituel solennel du don de l'eau ; nous allons y revenir en détail.

 

Et puis, nous rencontrons de nouveau le symbolisme de l'eau au chapitre 9. Jésus guérit un aveugle de naissance. Le processus de guérison implique que l'aveugle, sur ordre de Jésus, doit se laver dans la piscine de Siloé. Ainsi, il recouvre la vue. Siloé, "ce nom signifie : Envoyé", commente l'évangéliste pour ses lecteurs qui ne connaissent pas l'hébreu (Jn 9, 7). Mais c'est plus qu'une simple note philologique. Cela nous indique la véritable raison du miracle. Car "l'Envoyé", c'est Jésus. En fin de compte, c'est Jésus par lequel et dans lequel il se laisse purifier pour recouvrer la vue. Le chapitre tout entier s'avère une explication du baptême qui nous rend la vue. Le Christ dispense la lumière et, par l'intermédiaire du sacrement, il nous ouvre les yeux.

 

Dans un sens analogue, mais tout de même différent, l'eau apparaît au chapitre 13, à l'heure de la dernière Cène, lors du lavement des pieds. Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. Il verse ensuite de l'eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples (cf. 13, 4-5). L'humilité de Jésus, qui se fait serviteur des siens, est le bain de pieds purificateur qui rend les hommes dignes de s'asseoir à la table de Dieu.

 

Et pour finir, l'eau apparaît à nos yeux encore une fois, grande et mystérieuse, à la fin de la Passion. Jésus mort, ses jambes ne furent pas brisées, mais un des soldats "avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau" (Jn 19, 34). Indubitablement, Jean a voulu indiquer les deux sacrements principaux de l'Église, le Baptême et l'Eucharistie, qui jaillissent du cœur transpercé de Jésus et par lesquels, de cette manière, l'Église naît du côté de Jésus.

 

Crucifixion by Dürer

 

> fiche de l'édition de poche

demain : l'eau et le sang forment un tout

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 04:00

L'eau est l'un des éléments originaires de la vie et par conséquent aussi l'un des symboles premiers de l'humanité. Elle se présente à l'homme sous différents aspects et donc aussi sous différentes acceptions.

 

 Tout d'abord nous avons la source, l'eau jaillissant toute fraîche du sein de la terre. La source est origine, commencement dans sa pureté ; elle est encore limpide et intacte. Ainsi, la source apparaît comme l'élément proprement créateur, mais aussi comme le symbole de fécondité, de maternité.

 

Ensuite, nous avons le fleuve. Les grands fleuves - le Nil, l'Euphrate, le Tigre - sont les grands dispensateurs de vie, quasi divins, dans les grands pays qui entourent Israël. En Israël, c'est le Jourdain qui donne vie à ce pays. Lors du baptême de Jésus cependant, nous avons vu que le symbolisme du fleuve présente également une autre face. Par sa profondeur, il représente aussi le danger. La descente dans la profondeur peut par conséquent signifier la descente dans la mort, et la remontée à la surface, la renaissance.

 

 Pour finir nous avons la mer comme puissance admirée et sidérante par sa majesté, mais surtout comme antipode, redouté de tous, de la terre, qui est l'espace vital de l'homme. Le créateur a assigné à la mer sa limite, qu'elle n'a pas le droit de dépasser. Elle n'a pas le droit d'engloutir la terre. La traversée de la mer Rouge est devenue pour Israël avant tout un symbole de salut, tout en renvoyant naturellement aussi à la menace qui fut fatale aux Égyptiens. Si les chrétiens considéraient la traversée de la mer Rouge comme une préfiguration du Baptême, c'est pourtant la mer comme symbole de mort qui domine. Elle devient l'image du mystère de la Croix. Pour renaître, l'homme doit d'abord entrer avec le Christ dans la "mer Rouge", descendre avec lui dans la mort, pour accéder de nouveau à la vie avec le Ressuscité.

 

 Après ces remarques d'ordre général, nous abordons, dans la perspective de l'histoire des religions, le symbolisme de l'eau dans l'Évangile de Jean. Ce symbolisme de l'eau traverse l'Évangile de bout en bout. Nous le rencontrons d'abord dans l'entretien avec Nicodème au troisième chapitre. Pour pouvoir entrer dans le royaume de Dieu, l'homme doit devenir autre, il doit naître de nouveau d'eau et d'Esprit (cf. Jn 3, 5). Qu'est-ce que cela signifie ?

 

Baptême du Christ dans le Jourdain par Jacob de Wit

 

 Le Baptême comme entrée dans la communauté du Christ est interprété comme une "renaissance", qui, par analogie avec la naissance naturelle par fécondation de l'homme et conception de la femme, implique un double principe : l'esprit divin et "l'eau, comme "mère universelle de la vie naturelle" — élevée dans le sacrement par la grâce, à la ressemblance de la Theotokos virginale, Theotokos : littéralement "celle qui a enfanté Dieu.

 

En d'autres termes, la renaissance implique le pouvoir créateur de l'Esprit de Dieu, mais par le sacrement, elle implique aussi le sein maternel de l'Église qui accueille et qui accepte. Photina Rech cite Tertullien : "Jamais le Christ n'est sans l'eau", et interprète correctement cette expression un peu énigmatique de l'écrivain ecclésiastique. "Jamais le Christ ne fut et n'est sans l'ecclesia". L'Esprit et l'eau, le ciel et la terre, le Christ et l'Église, forment un tout. Ainsi, la "renaissance" a lieu. Dans le sacrement l'eau représente la terre maternelle, la sainte Église, qui reçoit la création en elle et qui la représente.

 

Immédiatement après, au chapitre 4, nous rencontrons Jésus au puits de Jacob. Le Seigneur promet à la Samaritaine l'eau qui deviendra une source, une source jaillissant en vie éternelle (cf. Jn 4, 14) en celui qui la boit, de sorte que celui qui en boit ne connaîtra plus la soif. Ici, le symbolisme du puits est lié à l'histoire du salut d'Israël. Lors de la vocation de Nathanaël, Jésus s'était déjà révélé comme le nouveau, le plus grand Jacob. Au-dessus de la pierre qui lui servait d'oreiller pendant son sommeil, Jacob avait vu, dans une vision nocturne, les anges de Dieu monter et descendre. Jésus prédit à Nathanaël que ses disciples verront le ciel ouvert au-dessus de lui, et qu'ils verront monter et descendre les anges de Dieu (cf. Jn 1, 51). Ici, près du puits de Jacob, nous rencontrons Jacob comme le grand ancêtre qui a donné le puits et, avec le puits, l'eau, l'élément fondamental de la vie. Mais l'homme ressent une soif plus grande, au-delà de l'eau du puits, parce qu'il est en quête d'une vie qui transcende la sphère biologique.

 

Nous allons rencontrer la même tension intrinsèque à l'être humain dans le chapitre sur le pain. Moïse a donné la manne, il a donné le pain venu du ciel. Mais c'était tout de même du "pain" terrestre. La manne est une promesse. Le nouveau Moïse donnera de nouveau du pain. Et il faudra donner plus, plus que ce que la manne a pu être. On voit de nouveau que l'homme est tendu vers l'infini, vers un autre "pain", qui sera vraiment le "pain venu du ciel".

 

Ainsi, les promesses de l'eau nouvelle et du pain nouveau se correspondent. Elles correspondent à l'autre dimension de la vie, à laquelle l'homme aspire inévitablement. Jean distingue entre bios et zoé, la vie biologique et la vie plus vaste qui, étant elle-même source, n'est pas soumise à la mort ni à la destinée qui marquent la création tout entière. Dans l'entretien avec la Samaritaine, l'eau redevient, certes sous une forme différente, le symbole du Pneuma, de la véritable puissance de vie qui étanche la soif la plus profonde de l'homme en lui donnant la vie intégrale qu'il attend sans la connaître. 

 

> fiche de l'édition de poche

demain : les deux sacrements principaux de l'Église jaillissent du cœur transpercé de Jésus

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 11:30

" Donne-moi à boire " (Jn 4,7).  

Cette demande de Jésus à la Samaritaine, qui nous est rapportée dans la liturgie du troisième dimanche, exprime la passion de Dieu pour tout homme et veut susciter en notre cœur le désir du don de "l’eau jaillissant en vie éternelle" (v.14) : c’est le don de l’Esprit Saint qui fait des chrétiens de "vrais adorateurs", capables de prier le Père "en esprit et en vérité" (v.23).

 

Seule cette eau peut assouvir notre soif de bien, de vérité et de beauté !

 

Seule cette eau, qui nous est donnée par le Fils, peut irriguer les déserts de l’âme inquiète et insatisfaite "tant qu’elle ne repose en Dieu", selon la célèbre expression de saint Augustin.

  

Benoît XVI

extrait du Message pour le Carême 2011

 

Jesus and the Samaritan Woman at the Well by Guercino

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 18:00

Je voudrais m'arrêter sur ce merveilleux mystère de la foi, que nous contemplons chaque jour dans la récitation de l'Angelus. L'Annonciation, racontée au début de l'Evangile de saint Luc, est un événement humble, caché - personne ne l'a vu, personne ne l'a connu, sauf Marie - mais en même temps décisif pour l'histoire de l'humanité.

 

Lorsque la Vierge prononça son "oui" à l'annonce de l'Ange, Jésus fut conçu et avec Lui commença la nouvelle ère de l'histoire, qui devait ensuite être scellée par la Pâque comme "Alliance nouvelle et éternelle". En réalité, le "oui" de Marie est le reflet parfait  de celui du Christ lui-même lorsqu'il entra dans le monde, comme affirme la Lettre aux Hébreux en interprétant le Psaume 39 : "Alors j'ai dit : Voici, je viens, car c'est de moi qu'il est question dans le rouleau du livre, pour faire, Dieu, ta volonté" (He 10, 7). L'obéissance du fils se reflète dans l'obéissance de sa Mère et ainsi, grâce à la rencontre de ces deux "oui", Dieu a pu prendre un visage d'homme. C'est la raison pour laquelle l'Annonciation est également une fête christologique, parce qu'elle célèbre un mystère central du Christ : son Incarnation.

 

 " Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole !"

La réponse de Marie à l'Ange se prolonge dans l'Eglise, appelée à rendre le Christ présent dans l'histoire, en offrant sa propre disponibilité afin que Dieu puisse continuer à visiter l'humanité par sa miséricorde.

 

Le "oui" de Jésus et de Marie se renouvelle ainsi dans le "oui" des saints, spécialement des martyrs qui sont tués à cause de l'Evangile. Je le souligne en rappelant que hier, 24 mars, jour anniversaire de l'assassinat de Mgr Oscar Romero, Archevêque de San Salvador, nous avons célébré la Journée de prière et de jeûne pour les missionnaires martyrs : évêques, prêtres, religieuses, religieux et laïcs emportés au cours de leur mission d'évangélisation et de promotion humaine. Ces derniers, les missionnaires martyrs, sont une espérance pour le monde, car ils témoignent que l'amour du Christ est plus fort que la violence et la haine. Ils n'ont pas cherché le martyre, mais ont été prêts à donner leur vie pour demeurer fidèles à l'Evangile. Le martyre chrétien se justifie uniquement comme acte d'amour suprême pour Dieu et nos frères.

 

 En ce temps de Carême, nous contemplons plus fréquemment la Vierge Marie qui scelle sur le Calvaire son "oui" prononcé à Nazareth. Unie à Jésus, le Témoin de l'amour du Père, Marie a vécu le martyre de l'âme.

 

Invoquons avec confiance son intercession, afin que l'Eglise, fidèle à sa mission, donne au monde entier un témoignage courageux de l'amour de Dieu.

 

Benoît XVI

Angelus du 25 mars 2007

 

The Annunciation by Fra Angelico, miniature from the San Marco Missal

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 05:00

Ces perspectives nous font revenir au récit de la Transfiguration. "Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le" (Mc 9, 7). La nuée sacrée, la shekhinah, est le signe de la présence de Dieu lui-même. La nuée au-dessus de la tente de la Révélation indiquait la présence de Dieu. Jésus est la tente sacrée au-dessus de laquelle se trouve la nuée de la présence de Dieu, et à partir de laquelle cette nuée "couvre de son ombre" les autres aussi. Voici que se reproduit la scène du baptême de Jésus, dans laquelle, depuis la nuée, le Père lui-même avait proclamé Jésus Fils : "C'est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j'ai mis tout mon amour" (Mc 1, 11).

 

The Transfiguration of Christ by Pietro Perugino

 

 Cette proclamation solennelle de Jésus comme Fils est immédiatement suivie de l'injonction : "Écoutez-le". Ici, la relation avec la montée de Moïse sur le Sinaï apparaît de nouveau clairement, relation dont nous avons dit au début qu'elle constituait l'arrière-plan de l'histoire de la Transfiguration. Sur la montagne, Moïse a reçu la Torah, la parole d'enseignement de Dieu. À présent il nous est dit de Jésus : "Écoutez-le".

 

Voici le commentaire pertinent qu'en donne Hartmut Gese : "Jésus est devenu Parole de la Révélation divine elle-même. Il était difficile aux évangélistes de le dire plus clairement, plus énergiquement : Jésus est la Torah elle-même". C'est aussi la fin de l'apparition dont cette parole résume le sens profond. Les disciples doivent redescendre avec Jésus et s'imprégner sans cesse de cette parole : "Écoutez-le".

 

 Si nous comprenons ainsi le contenu du récit de la Transfiguration - irruption et aube de l'époque messianique -, nous sommes aussi en mesure de comprendre les paroles obscures que Marc intercale entre la confession de Pierre et l'enseignement aux disciples d'une part, et le récit de la Transfiguration d'autre part : "Et il leur disait : "Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d'avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance" (Mc 9, 1). Qu'est-ce que cela peut bien signifier ? Jésus prédit-il que quelques-uns de ceux qui l'entourent seront encore en vie au moment de sa Parousie, à l'avènement définitif du Royaume de Dieu ? Ou quoi d'autre ?

 

 Rudolf Pesch a montré de façon convaincante que ce passage, placé immédiatement avant la Transfiguration, signifie on ne peut plus clairement qu'il a un rapport avec cet événement. Certains des présents, en tout cas les trois disciples qui accompagnent ensuite Jésus dans son ascension de la montagne, reçoivent l'assurance qu'ils vivront la venue du Royaume de Dieu "avec puissance". Sur la montagne, les trois disciples voient Jésus illuminé par la gloire du Royaume de Dieu. Sur la montagne, la nuée sacrée de Dieu les couvre de son ombre. Sur la montagne, dans l'entretien de Jésus transfiguré avec la Loi et les Prophètes, ils comprennent que l'heure de la vraie fête des Tentes est venue. Sur la montagne, ils apprennent que Jésus est lui-même la Torah vivante, la Parole complète de Dieu. Sur la montagne, ils voient la puissance (dynamis) du Royaume, qui vient dans le Christ.

 

Mais également, dans la rencontre effrayante avec la gloire de Dieu en Jésus, ils doivent apprendre ce que Paul déclare aux disciples de tous les temps dans sa première Lettre aux Corinthiens : "Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance (dynamis) de Dieu et sagesse de Dieu" (1 Co 1, 23-24.).

 

Cette puissance (dynamis) du Royaume à venir leur apparaît dans le Jésus transfiguré qui parle avec les témoins de l'Ancienne Alliance de la "nécessité" de sa passion comme chemin vers la gloire (cf. Le 24, 26-27).

 

Ainsi ils voient l'anticipation de la Parousie, ainsi ils entrent progressivement dans la profondeur du mystère de Jésus.

 

> fiche de l'édition de poche

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 05:00

C'est alors qu'apparaissent Moïse et Élie qui parlent avec Jésus. Ce que le Ressuscité déclarera plus tard aux disciples sur la route d'Emmaüs est ici de l'ordre du phénomène visible. La Loi et les Prophètes parlent avec Jésus, parlent de Jésus. Luc est le seul à raconter - au moins sous forme de brève allusion - de quoi parlent les deux grands témoins de Dieu avec Jésus : "Apparus dans la gloire : ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem" (Lc 9, 31). Le sujet de leur dialogue est la croix, mais il faut la comprendre dans toute son extension en tant que "exode de Jésus", qui devait avoir lieu à Jérusalem. La croix de Jésus est un exode, une sortie hors de cette vie, une traversée de la "mer Rouge" de la Passion et un passage vers la gloire, qui porte néanmoins toujours les stigmates de la Passion.

 

 Ce qui indique clairement que le sujet principal de la Loi et des Prophètes est "l'espérance d'Israël", l'exode qui libère définitivement, et que le contenu de cette espérance est le Fils de l'homme souffrant, le serviteur de Dieu, dont la souffrance permet d'ouvrir la porte sur la liberté et la nouveauté. Moïse et Élie sont eux-mêmes des figures et des témoins de la Passion. Avec le Transfiguré ils parlent de ce qu'ils ont dit sur terre, ils parlent de la Passion de Jésus, mais ce dialogue avec le Transfiguré fait apparaître que cette Passion apporte le salut, qu'elle est envahie par la gloire de Dieu, que la Passion devient lumière, liberté et joie.

 

 À ce point, il nous faut anticiper l'entretien que les trois disciples ont eu avec Jésus en descendant de la "haute montagne". Jésus parle avec eux de sa future résurrection d'entre les morts, ce qui implique évidemment le préalable de la crucifixion. Les disciples, eux, l'interrogent sur le retour d'Élie annoncé par les scribes. Sur quoi Jésus leur dit : "Certes, Élie viendra d'abord pour remettre tout en place. Mais alors, pourquoi l'Écriture dit-elle, au sujet du Fils de l'homme, qu'il souffrira beaucoup et sera méprisé ? Eh bien ! je vous le déclare : Élie est déjà venu, et ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu, comme l'Écriture le dit à son sujet" (Mc 9, 12-13). Ainsi Jésus confirme, d'un côté, l'attente du retour d'Élie, mais il complète et corrige, de l'autre, l'idée qu'on s'en fait. Sans le dire expressément, il identifie l'Élie qui revient à Jean le Baptiste : c'est dans l'activité du Baptiste que s'est produit le retour d'Élie.

 

 Jean était venu pour rassembler à nouveau Israël, pour le préparer à la venue du Messie. Mais si le Messie est lui-même le Fils de l'homme souffrant, et si lui seul ouvre la voie du salut par cette souffrance, alors l'activité préparatoire d'Élie doit nécessairement se placer, d'une façon ou d'une autre, sous le signe de la Passion. Et en effet : "Ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu, comme l'Écriture le dit à son sujet" (Mc 9, 13). Jésus rappelle alors ce qu'a réellement été le destin du Baptiste, mais en citant l'Écriture, il fait également allusion à l'existence de traditions qui prévoyaient le martyre d'Élie : Élie passait pour le seul qui avait échappé au martyre, bien qu'il fût aussi poursuivi. Lors de son retour... il devra lui aussi subir la mort.

 

 Attente du salut et Passion sont donc constamment liées, si bien qu'est élaborée une conception de la Rédemption qui est profondément conforme à l'Écriture, tout en étant d'une nouveauté bouleversante par rapport aux attentes existantes. L'Écriture devait nécessairement être relue avec le Christ souffrant et elle doit continuer à l'être. Sans relâche nous devons laisser le Seigneur nous introduire dans son dialogue avec Moïse et Élie, sans relâche nous devons apprendre de lui, le Ressuscité, comment renouveler notre compréhension de l'Écriture.

 

Transfiguration by Cristofano Gherardi

 

 Revenons maintenant au récit proprement dit de la Transfiguration. Les trois disciples sont bouleversés par la grandeur de l'apparition : la "crainte de Dieu" les saisit, comme nous l'avons vu à d'autres moments où ils ont éprouvé la présence de Dieu en Jésus, où ils ont ressenti du même coup à quel point ils étaient pitoyables et ils ont été réellement paralysés par la peur. "Tant était grande leur frayeur", nous dit Marc (9, 6). Ce qui n'empêche pas Pierre de parler, même si "de fait, il ne savait que dire" (9, 6) : "Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie" (Mc 9, 5).

 

Ces paroles prononcées sur un mode quasi extatique, dans la crainte et en même temps dans la joie causées par la proche présence de Dieu, ont fait l'objet d'innombrables discussions. Ont-elles un rapport avec la fête des Tentes, au dernier jour de laquelle l'apparition eut lieu ? Hartmut Gese le conteste et pense que la véritable référence dans l'Ancien Testament se trouve dans les versets 7 à 11 du chapitre 33 de l'Exode, dans lesquels se trouve décrite la "ritualisation de l'événement du Sinaï" : selon ce texte, Moïse plante "hors du camp" la tente de la Révélation sur laquelle descend la colonne de nuée qui se tient ensuite à l'entrée. Dans cette tente, le Seigneur et Moïse parlaient "face à face, comme on s'entretient d'homme à homme". Ainsi Pierre voulait pérenniser l'événement en dressant des tentes de la Révélation. La nuée qui recouvre les disciples de son ombre pourrait confirmer l'hypothèse de Gese. Ces textes pourraient donc se faire écho, car l'exégèse juive et l'exégèse du christianisme primitif connaissent l'une et l'autre une imbrication de références à la Révélation, qui les fait se rejoindre et se compléter. Qu'il soit question de trois tentes à dresser contredit un tel rapport ou montre, tout au moins, qu'il est secondaire.

 

Le rapport avec la fête des Tentes devient pertinent quand on considère la signification messianique de cette fête dans le judaïsme de l'époque de Jésus. Jean Daniélou a fait ressortir cet aspect dans une étude convaincante et il l'a relié au témoignage des Pères, qui connaissaient encore très bien les traditions juives et les interprétaient à la lumière du contexte chrétien. La fête des Tentes présente le caractère tridimensionnel que l'on retrouve généralement dans les grandes fêtes juives : une fête provenant à l'origine de la religion de la nature devient en même temps une fête de commémoration historique des actions salvifiques de Dieu, et le souvenir devient l'espérance du salut définitif. La création, l'histoire et l'espérance sont reliées les unes aux autres. Si la fête des Tentes avec son sacrifice de l'eau permettait d'implorer la pluie indispensable pour une terre desséchée, la fête se transforme aussitôt en commémoration de la traversée du désert par Israël, au cours de laquelle les Juifs habitaient dans des tentes (des cabanes, soukkhot) (Lv 23, 43). Daniélou cite Riesenfeld : "Les cabanes furent conçues non seulement comme une réminiscence de la protection divine dans le désert, mais aussi comme une préfiguration des soukhhot dans lesquels les justes habiteraient dans le siècle à venir. Ainsi il apparaît qu'une signification eschatologique très précise était attachée au rite le plus caractéristique de la fête des tabernacles, telle qu'elle était célébrée au temps du judaïsme."

 

Dans le Nouveau Testament, c'est chez Luc qu'il est fait mention des tentes éternelles habitées par les justes dans la vie future. "La manifestation de la gloire de Jésus apparaît à Pierre comme le signe que les temps messianiques sont arrivés. Or l'un des caractères des temps messianiques était l'habitation des justes dans les cabanes qui figuraient les huttes de la fête des Tabernacles". L'expérience de la Transfiguration vécue par Pierre pendant la fête des Tentes lui a permis de comprendre dans son extase que "les réalités préfigurées par les rites de la fête étaient accomplies... Ainsi la scène de la Transfiguration marque que les temps messianiques sont arrivés". C'est seulement en descendant de la montagne que Pierre devra s'ouvrir à une nouvelle évidence : l'époque messianique est tout d'abord l'époque de la croix, et la Transfiguration - devenir lumière en vertu du Seigneur et avec lui - implique que notre être soit transformé par la lumière de la Passion.

 

C'est à partir de ce contexte qu'une nouvelle signification peut être donnée à la parole fondamentale du prologue de Jean par laquelle l'évangéliste résume le mystère de Jésus : "Le Verbe s'est fait chair et il a habité [littéralement, il a campé] parmi nous" (Jn 1, 14). Oui, le Seigneur a "campé", dressé la tente de son corps parmi nous, inaugurant ainsi l'époque messianique.

 

Dans ce sillage, Grégoire de Nysse a médité ensuite, dans un texte magnifique, le rapport entre la fête des Tentes et l'Incarnation. Il dit que la fête des Tentes a certes toujours été célébrée, mais qu'elle n'a pas été accomplie : "Le véritable constructeur des tabernacles n'était pas encore là. C'est pour accomplir cette fête, conformément à la parole prophétique [allusion au PS 118, 27], que le Dieu et Seigneur de tout s'est manifesté à nous pour accomplir la reconstruction de la tente détruite de la nature humaine."

 

> fiche de l'édition de poche

demain : l'anticipation de la Parousie   

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 05:00

La confession de foi de Pierre et le récit de la Transfiguration de Jésus sont reliés par une indication temporelle dans les trois synoptiques. Matthieu et Marc disent : "Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart" (Mc 9, 2 ; Mt 17, 1). Luc écrit : "Et voici qu'environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques" (Lc 9, 28).

 

Cela signifie d'abord qu'il y a un lien entre les deux événements, dans lesquels Pierre joue un rôle essentiel. Nous pourrions dire dans un premier temps qu'il s'agit, les deux fois, de la divinité de Jésus, le Fils, mais que, les deux fois, la manifestation de sa gloire est également liée au thème de la Passion. La divinité de Jésus et la croix sont indissociables, et seule cette relation permet de bien comprendre Jésus. Jean a su exprimer cette intrication entre la croix et la gloire, quand il dit que la croix est "l'exaltation" de Jésus et que son "exaltation" ne peut s'accomplir autrement que par la croix. Mais il est temps d'examiner d'un peu plus près cette datation étrange. Il y a deux interprétations divergentes, étant entendu que celles-ci ne s'excluent pas obligatoirement l'une l'autre.

 

 Jean-Marie van Cangh et Michel van Esbroek, en particulier, ont étudié le rapport avec le calendrier des fêtes juives. Ils attirent notre attention sur le fait que cinq jours seulement séparent deux grandes fêtes juives de l'automne. Il y a d'abord Yom Kippour, la fête du Grand Pardon, et, six jours après, on célèbre, une semaine durant, la fête des Tentes (Soukkhot). Cela signifierait que la confession de foi de Pierre coïncidait avec le jour du Grand Pardon et que du point de vue théologique, il faudrait l'interpréter aussi sur l'arrière-plan de cette fête qui est le seul jour de l'année où le grand prêtre prononce solennellement le nom de YHWH dans le Saint des Saints du Temple. La confession de foi de Pierre en Jésus Fils du Dieu vivant acquerrait, dans ce contexte, une nouvelle profondeur. A l'inverse, Jean Daniélou rapporte, lui, la datation des évangélistes exclusivement à la fête des Tentes qui, nous l'avons vu, dure une semaine entière. Ainsi les indications de temps données par Matthieu, Marc et Luc seraient en fin de compte convergentes. Les six à huit journées désigneraient alors la semaine de Soukkhot, la fête des Tentes. La Transfiguration de Jésus aurait donc eu lieu le dernier jour de cette fête, qui en constituait en même temps le sommet et la synthèse profonde.

 

 Ce que les deux interprétations ont en commun, c'est que la Transfiguration de Jésus a un rapport avec la fête des Tentes. Nous verrons que ce rapport apparaît effectivement dans le texte lui-même et qu'il nous permet de mieux comprendre cet épisode dans son ensemble. Au-delà de leurs particularités, ces récits montrent un trait fondamental de la vie de Jésus, que Jean a particulièrement fait ressortir, comme nous l'avons vu au chapitre précédent. Les événements majeurs de la vie de Jésus ont un rapport intrinsèque avec le calendrier des fêtes juives. Ce sont, pourrait-on dire, des événements liturgiques dans lesquels la liturgie avec ses commémorations et ses attentes devient réalité, devient vie qui conduit à son tour à la liturgie et, de là, aspire à redevenir vie.

 

 C'est justement en analysant les rapports entre l'histoire de la Transfiguration et la fête des Tentes que nous nous apercevrons clairement, une fois encore, que toutes les fêtes juives recèlent trois dimensions. Elles proviennent de célébrations de la religion de la nature et elles parlent donc du créateur et de la création. Elles se transforment ensuite en souvenirs de l'agir de Dieu dans l'histoire et enfin, de là, en fêtes de l'espérance qui vont au-devant du Seigneur qui vient. En lui, s'accomplit l'action salvifique de Dieu dans l'histoire, qui devient en même temps la réconciliation de la création entière. Nous verrons comment ces trois dimensions des fêtes s'approfondissent et se régénèrent par leur réalisation dans la vie et la passion de Jésus.

 

 Face à cette interprétation liturgique de la date, on en trouve une autre, défendue avec insistance par Hartmut Gese. Estimant que l'allusion à la fête des Tentes n'est pas suffisamment fondée, cette interprétation lit tout le texte en se référant à la montée de Moïse sur le mont Sinaï au chapitre 24 du Livre de l'Exode. Et en effet, ce chapitre qui raconte la conclusion par Dieu de l'alliance avec Israël, est une clé essentielle pour interpréter l'histoire de la Transfiguration. On peut y lire : "La gloire du Seigneur demeura sur la montagne du Sinaï, que la nuée recouvrit pendant six jours. Le septième jour, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée" (Ex 24, 16). Qu'il soit ici question du septième jour, à la différence de ce qui est dit dans les Évangiles, n'invalide pas obligatoirement le rapport entre le chapitre 24 de l'Exode et l'histoire de la Transfiguration, mais la datation à partir du calendrier des fêtes juives me paraît plus convaincante. Pour le reste, il n'y a, il est vrai, rien d'inhabituel dans le fait que des connexions typologiques différentes se trouvent réunies dans certains épisodes de la vie de Jésus, ce qui montre clairement que, globalement, Moïse et les prophètes parlent tous de Jésus.

 

The Transfiguration of Christ by Gerard David

 

 Venons-en à présent au texte même de la Transfiguration. On peut y lire que Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et qu'il les emmena seuls sur une haute montagne (Mc 9, 2). Nous retrouverons ces trois disciples sur le mont des Oliviers (Mc 14, 33), à l'heure de l'ultime angoisse de Jésus. Cette scène contraste avec celle de la Transfiguration, mais toutes deux, néanmoins, sont indissociablement liées. C'est ici qu'on ne peut ignorer le rapport avec le chapitre 24 du Livre de l'Exode, où Moïse, dans sa montée, prend avec lui Aaron, Nadab et Abihu, mais aussi soixante-dix des anciens d'Israël.

 

 Comme c'était déjà le cas pour le Sermon sur la montagne et dans les nuits de prière, nous rencontrons à nouveau la montagne comme lieu de la proximité de Dieu. Rassemblons donc encore une fois les différentes montagnes de la vie de Jésus : la montagne de la tentation, la montagne de sa grande prédication, la montagne de la prière, la montagne de la Transfiguration, la montagne de l'angoisse, la montagne de la crucifixion et pour finir la montagne de l'Ascension, sur laquelle le Seigneur, en opposition avec l'offre de domination sur le monde par le pouvoir du diable, déclare : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre" (Mt 28, 18). Mais en arrière-plan, on voit aussi se profiler le Sinaï, l'Horeb, le mont Moriah - monts de la révélation de l'Ancien Testament, qui sont tout à la fois des monts de la passion et des monts de la révélation, et qui renvoient aussi au mont du Temple, sur lequel la révélation devient liturgie.

 

Si nous cherchons une interprétation il y a d'abord en arrière-fond le symbolisme général de la montagne : la montagne comme lieu d'élévation, non seulement d'ascension extérieure, mais aussi d'élévation intérieure. La montagne comme libération du fardeau de la vie quotidienne, comme respiration de l'air pur de la création, la montagne du haut de laquelle on embrasse l'étendue de la création et sa beauté, la montagne qui me donne une élévation intérieure et qui me fait pressentir le Créateur. À partir de l'histoire, s'ajoutent à tout cela l'expérience du Dieu qui parle et l'expérience de la passion, avec son apogée dans le sacrifice d'Isaac, dans le sacrifice de l'agneau, préfiguration de l'Agneau définitif sacrifié sur la montagne du Golgotha. Sur la montagne, Moïse et Élie avaient pu recevoir la révélation de Dieu ; et ils s'entretiennent maintenant avec celui qui est la Révélation de Dieu en personne.

 

" Et il fut transfiguré devant eux", dit alors Marc avec une grande simplicité, ajoutant avec une certaine maladresse, quasi balbutiant devant le mystère : "Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille" (Mc 9, 3). En cette circonstance, les mots dont dispose Matthieu sont déjà bien plus grandioses : "Son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière" (Mt 17, 2). Luc est le seul à avoir évoqué le but de l'ascension, "il alla sur la montagne pour prier", avant de relater ensuite l'événement dont les trois disciples sont témoins : "Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante" (Lc 9, 29).

 

 La Transfiguration est un événement de prière. Ce qui devient visible, c'est ce qui se passe quand Jésus parle avec le Père, l'intime unité de son être avec Dieu, qui devient pure lumière. Dans son union avec le Père, Jésus est lui-même lumière de lumière. Ce qu'il est au plus intime de lui-même et ce que Pierre avait tenté de dire dans sa confession de foi, tout cela devient même, à cet instant, perceptible par les sens : l'être de Jésus dans la lumière de Dieu, son propre être-lumière en tant que Fils.

 

C'est ici que se manifestent tout à la fois le rapport et la différence avec la figure de Moïse : "Lorsque Moïse descendit de la montagne du Sinaï, ayant en mains les deux tables de la charte de l'Alliance, il ne savait pas que son visage rayonnait de lumière depuis son entretien avec le Seigneur" (Ex 34, 29). Du fait qu'il parle avec Dieu, la lumière de Dieu rayonne sur lui et le fait rayonner lui-même. Mais il s'agit d'un rayon qui arrive sur lui de l'extérieur, et qui le fait resplendir ensuite. Jésus, lui, resplendit de l'intérieur, il ne fait pas que recevoir la lumière, il est lui-même lumière de lumière.

 

Et pourtant le vêtement blanc de lumière que porte Jésus lors de la Transfiguration parle aussi de notre avenir. Dans la littérature apocalyptique, les vêtements blancs sont l'expression des êtres célestes — les vêtements des anges et des élus. Ainsi l'Apocalypse de Jean parle des vêtements blancs que porteront ceux qui seront sauvés (en particulier Ap 7, 9.13 ; 19, 14). Mais nous est aussi communiqué quelque chose de nouveau : les vêtements des élus sont blancs parce qu'ils les ont lavés et blanchis dans le sang de l'agneau (Ap 7, 14), ce qui signifie que, par le Baptême, ils sont liés à la Passion de Jésus, et que sa Passion est la purification qui nous rend le vêtement d'origine que nous avons perdu par le péché.

 

Par le Baptême, nous avons été revêtus de lumière avec Jésus et nous sommes devenus nous-mêmes lumière.

 

 

> fiche de l'édition de poche

demain : La Transfiguration marque que les temps messianiques sont arrivés

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