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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 05:00

" Ô Dieu qui, dans la glorieuse Transfiguration  de votre  Fils unique, avez confirmé par le témoignage des pères les mystères de la Foi, et par la voix sortie de la nuée lumineuse avez admirablement signifié d'avance l'adoption parfaite des enfants ; rendez-nous dans votre miséricordieuse bonté les cohéritiers effectifs de ce Roi de gloire, en nous faisant  participants de la même gloire qui resplendit en lui".

 

Noble formule, qui  résume la prière  de  l'Eglise et nous donne sa pensée en cette fête de témoignage et d'espérance.

 

L'Eglise, née du côté ouvert de l'Homme-Dieu sur la croix, ne devait point se rencontrer avec lui face à face ici-bas ; lorsque, ressuscité des morts, il aurait scellé son alliance avec elle dans l'Esprit-Saint envoyé pour cela des cieux, c'est de la Foi seule que devait s'alimenter son amour.

 

 A cause de cela, c'est pour elle qu'un jour de sa vie mortelle encore, faisant trêve à la commune loi de souffrance et d'obscurité qu'il s'était imposée pour sauver le monde, il laissa son naturel écoulement à la gloire qui remplissait en lui l'âme bienheureuse. Le Roi des Juifs et des Gentils se révélait sur la montagne où sa calme splendeur éclipsait pour jamais les foudres du Sinaï ; le Testament de l'alliance éternelle se déclarait, non plus dans la promulgation d'une loi de servitude gravée sur la pierre, mais dans la manifestation du Législateur lui-même, venant sous les traits de l'Epoux régner par la grâce et la beauté sur les cœurs. La prophétie et la loi, qui préparèrent ses voies dans les siècles d'attente, Elie et Moïse, partis de points différents, se rencontraient près de lui comme des courriers fidèles au point d'arrivée ; faisant hommage au Maître commun de leur mission conduite à son terme, ils s'effaçaient devant lui à la voix du Père disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé !

 

Trois témoins,  autorisés plus que  tous  autres, assistaient à cette scène solennelle : le disciple de la foi, celui de l'amour, et l'autre fils du tonnerre qui devait le premier sceller dans  le sang la foi  et l'amour  apostoliques.  Conformément  à  l'ordre donné et à toute convenance, ils  gardèrent religieusement  le secret du  Roi, jusqu'au jour où celle qu'il concernait pût la première en recevoir communication de leurs  bouches  prédestinées.

 

Le six août fut-il ce jour à jamais précieux pour l'Eglise ? Plus d'un docteur des rites sacrés l'affirme. Du  moins convenait-il que le fortuné souvenir en fût de préférence célébré au mois de l'éternelle Sagesse, Eclat de la lumière incréée, miroir sans tache de  l’infinie bonté, c'est elle qui, répandant la grâce sur les lèvres du Fils de l'homme, en fait aujourd'hui le plus beau de ses frères, et dicte plus mélodieux que jamais au chantre inspiré les accents de  l'épithalame : Mon cœur a proféré une parole excellente, c'est au Roi que je dédie mes chants.

 

Aujourd'hui, sept mois écoulés depuis l'Epiphanie manifestent pleinement le mystère dont la première annonce illumina de si doux rayons le Cycle à ses débuts ; par la vertu du septénaire ici à nouveau révélée, les commencements de la bienheureuse espérance que nous célébrions alors, enfants nous-mêmes avec Jésus enfant, ont grandi comme l'Homme-Dieu et l'Eglise ; et celle-ci, établie dans l'inénarrable paix de la pleine croissance qui la donne à l'Epoux, appelle tous ses fils à croître comme elle par la contemplation du Fils de Dieu jusqu'à la mesure de l'âge parfait du Christ. Comprenons donc la reprise en ce jour, dans la Liturgie sainte, des formules et des chants de la glorieuse Théophanie. Lève-toi, Jérusalem ! sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi. C'est qu'en effet, sur la montagne, avec le Seigneur est glorifiée aussi l'Epouse, resplendissante elle-même de la clarté de Dieu.

 

 Car tandis que "sa face resplendissait comme le soleil, dit de Jésus l'Evangile, ses vêtements devinrent blancs comme la neige". Or ces vêtements, d'un tel éclat de neige, observe saint Marc, qu'il n'y a point de foulon qui puisse en faire d'aussi blancs sur la terre, que sont-ils sinon les justes, inséparables de l'Homme-Dieu et son royal ornement, sinon la robe sans couture qui est l'Eglise, et que la douce souveraine célébrée hier continue de tisser à son Fils de la plus pure laine, du plus beau lin qu'ait trouvés la femme forte ? Aussi, bien que le Seigneur, ayant traversé le torrent de la souffrance, soit personnellement entré déjà sans retour dans sa gloire, le mystère de la radieuse Transfiguration ne sera complet qu'à l'heure où le dernier des élus, ayant lui-même passé par la préparation laborieuse du foulon divin et goûté la mort, aura rejoint dans sa résurrection le chef adoré. Face du Sauveur, ravissement des cieux, c'est alors qu'en vous brilleront toute gloire, toute beauté, tout amour. Exprimant Dieu dans la directe ressemblance du Fils par nature, vous étendrez les complaisances du Père au reflet de son Verbe constituant les fils d'adoption, et se jouant dans l'Esprit-Saint jusqu'aux dernières franges du manteau qui remplit au-dessous de lui le temple.

 

 D'après la doctrine de l'Ange de l'école, en effet, l'adoption des enfants de Dieu, qui consiste en une conformité d'image avec le Fils de Dieu par nature, s'opère en une double manière : d'abord par la grâce de cette vie, et c'est la conformité imparfaite ; ensuite par la gloire de la patrie, et c'est la conformité parfaite, selon cette parole de saint Jean : "Nous sommes dès maintenant les enfants de Dieu, et cependant ce que nous serons ne paraît pas encore ; nous savons que lorsque Jésus apparaîtra, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons comme il est".

 

 La parole éternelle : Vous êtes mon Fils, Je vous ai engendré aujourd'hui, a eu deux échos dans le temps, au Jourdain et sur le Thabor ; et Dieu, qui ne se répète jamais, n'a point en  cela fait exception à  la règle de  ne dire qu'une fois  ce qu'il dit. Car, bien que les termes employés dans les deux circonstances soient  identiques, ils ne tendent pas  au même  but, dit  toujours saint Thomas, mais à montrer cette manière différente dont l'homme participe à la ressemblance de la filiation éternelle. Au baptême du Seigneur, où fut déclaré le mystère de la première régénération, comme dans  sa Transfiguration qui nous manifeste la seconde, la Trinité apparut tout entière : le Père dans la voix entendue, le  Fils dans son humanité, le  Saint-Esprit, d'abord en forme de colombe, ensuite dans la nuée éclatante ; car si, au baptême, il confère l'innocence qui est désignée par la simplicité de la colombe, dans la résurrection il donnera aux élus la clarté de la gloire et le rafraîchissement de tout mal, qui sont signifiés par la nuée lumineuse.

 

 Mais, sans attendre le jour où notre désiré Sauveur renouvellera nos corps eux-mêmes conformément à la clarté glorieuse de son divin corps, ici-bas même déjà, le mystère de la radieuse Transfiguration s'opère en nos âmes. C'est de la vie présente qu'il a été écrit, et qu'aujourd'hui l'Eglise chante : Le Dieu qui fait briller la lumière au sein des ténèbres a resplendi dans nos cœurs, pour les éclairer de la science de la clarté de Dieu par la face du Christ Jésus. Thabor, saint et divin mont qui rivalises avec les cieux, comment ne pas redire avec Pierre: il nous est bon d'habiter ton sommet ! Car ton sommet c'est l'amour, la charité, qui domine au milieu des vertus comme tu l'emportes en grâce, en hauteur, en parfums, sur les autres montagnes de Galilée qui virent aussi Jésus passer, parler, prier, accomplir des prodiges, mais ne le connurent pas dans l'intimité des parfaits. C'est après six jours, observe l'Evangile, et dès lors dans le repos du septième, qui déjà confine au huitième de la résurrection, que Jésus s'y révèle aux privilégiés répondant à son amour. Le royaume de Dieu est en nous ; lorsque, laissant endormi tout souvenir des sens, nous nous élevons par l'oraison au-dessus des œuvres et soucis de la terre, il nous est donné d'entrer avec l'Homme-Dieu dans la nuée : là, contemplant directement sa gloire, autant que le comporte l'exil, nous sommes transformés de clarté en clarté par la puissance de son Esprit dans sa propre image.

 

" Donc, s'écrie saint Ambroise, gravissons la montagne ; supplions le Verbe de Dieu de se montrer à nous dans sa splendeur, dans sa beauté ; qu'il se fortifie, qu'il progresse heureusement, qu'il règne en nos âmes. Car, mystère profond ! sur ta mesure, le Verbe décroît ou grandit en toi. Si tu ne gagnes ce sommet plus élevé que l'humaine pensée, la Sagesse ne t'apparaît pas ; le Verbe se montre à toi comme dans un corps sans éclat et sans gloire."

 

 Si la vocation qui se révèle pour toi en ce jour est à ce point grande et sainte, "révère l'appel de Dieu, reprend à son tour André de Crète : ne t'ignore pas toi-même, ne dédaigne pas un don si grand, ne te montre pas indigne de la grâce, ne sois pas si lâche en ta vie que de perdre ce trésor des deux. Laisse la terre à la terre, et les morts ensevelir leurs morts ; méprisant tout ce qui passe, tout ce qui s'éteint avec le siècle et la chair, suis jusqu'au ciel inséparablement le Christ qui fait route en ce monde pour toi. Aide-toi de la crainte et du désir, pour écarter la défaillance et garder l'amour. Donne toi tout entier; sois souple au Verbe dans l'Esprit-Saint, pour la poursuite de cette fin bienheureuse et pure : ta déification, avec la jouissance d'inénarrables biens. Par le zèle des vertus, par la contemplation de la vérité, par la sagesse, arrive à la Sagesse, principe de tout et en laquelle subsistent toutes choses."

 

 

 La fête de la Transfiguration remonte aux temps les plus reculés chez les Orientaux. Elle est, chez les Grecs, précédée d'une Vigile et suivie d'une Octave ; et l'on s'y abstient des oeuvres serviles, du commerce et des plaidoiries. Sous le gracieux nom de rose-flamme on la voit dès le commencement du IVe siècle, en Arménie, supplanter Diane et sa fête des fleurs par le souvenir du jour où la rose divine entr'ouvrit un moment sur terre sa corolle brillante.  Précédée d'une semaine entière de jeûnes, elle compte parmi les cinq principales du Cycle arménien, où elle donne son nom à l'une des huit sections de l'année. Bien que le Ménologe de cette Eglise l'indique au six août comme celui des Grecs et le Martyrologe romain, elle y est cependant célébrée toujours au septième dimanche après la Pentecôte, et par un rapprochement plein de profondeur, on y fête, au samedi qui précède, l'Arche de l'alliance du Seigneur, figure de l'Eglise.

 

 En Occident, les origines de la fête de ce jour sont moins faciles à déterminer. Mais les auteurs qui reculent son introduction dans nos contrées jusqu'à l'année 1457, où en effet Calliste III promulgua de précepte un Office nouveau de cette solennité enrichi d'indulgences, n'ont pas vu que le Pontife en parle comme d'une fête déjà répandue et, dit-il, "vulgairement appelée du Sauveur". On ne peut nier toutefois qu'à Rome principalement, la célébrité de la fête plus  ancienne  de Sixte II, et sa double Station aux deux cimetières qui  avaient recueilli séparément les reliques du Pontife martyr et de  ses compagnons, n'ait nui longtemps à l'acceptation au même jour d'une autre solennité.  Quelques églises  même, tournant la difficulté, choisirent une autre date de l'année que le six août pour honorer le mystère. Par une marche semblable à  celle que nous constations hier pour  Notre-Dame-des-Neiges, la fête de la Transfiguration devait s'étendre plus ou moins privément, avec Offices et Messes de composition variée, jusqu'au jour où l'autorité suprême interviendrait pour sanctionner et ramener à l'unité cette expression de la piété  des diverses églises. Calliste III crut l'heure venue de consacrer sur ce point le travail des siècles ; il fit de l'insertion solennelle et définitive de cette fête de triomphe au calendrier universel le monument de la victoire qui arrêta sous les murs de Belgrade, en 1456, la marche en avant de Mahomet II, vainqueur de Byzance, contre la chrétienté.

 

Mais au IXe siècle déjà, sinon plus tôt, les documents liturgiques, martyrologes et autres, fournissent la preuve qu'elle était en possession d'une solennité plus ou moins grande ou d'une mémoire quelconque en divers lieux. Au XIIe, Pierre le Vénérable, sous le gouvernement duquel Cluny prit possession du Thabor, statue que "dans tous les monastères ou églises appartenant à son Ordre, la Transfiguration sera fêtée avec le même degré de solennité que la Purification de Notre-Dame" ; et la raison qu'il en donne, outre la dignité du mystère, est "l'usage ancien ou récent de beaucoup d'églises par le monde, qui célèbrent la mémoire de la dite Transfiguration avec non moins d'honneur que l'Epiphanie et l'Ascension du Seigneur".

 

Par ailleurs, à Bologne, en 1233, dans l'instruction juridique préliminaire à la canonisation de saint Dominique, la mort du Saint est déclarée avoir eu lieu en la fête de saint Sixte, sans nulle mention d'aucune autre. Il est vrai, et nous croyons ce détail non dénué de valeur interprétative en l'occurrence, quelques années plus tôt Sicard de Crémone s'exprimait ainsi : "Nous célébrons la Transfiguration du Seigneur au jour de saint Sixte". N'était-ce pas indiquer assez que si la fête de ce dernier continuait toujours de donner son nom traditionnel au VIII des ides d'août, elle n'empêchait pas que déjà une solennité nouvelle, et plus grande même, ne prît place à côté de la première, en attendant qu'elle l'absorbât dans ses puissants rayons ? Car il ajoute :"C'est pourquoi en ce même jour, la Transfiguration se rapportant à l'état qui doit être celui des fidèles après la résurrection, on consacre le sang du Seigneur avec du vin nouveau, s'il est possible d'en avoir, afin de signifier ce qui est dit dans l'Evangile : Je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu'à ce que je le boive nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. Si l’on ne peut s'en procurer, qu'on pressure au moins dans le calice un peu de raisin arrive à maturité, ou qu'on bénisse des grappes qui soient partagées au peuple."

 

Sicard de Crémone mourut en 1215. Or il ne fait que reprendre ici l'explication déjà donnée dans la seconde moitié du siècle précédent par Jean Beleth, recteur de l'Université de Paris. On doit reconnaître, en effet, que la très ancienne benedictio uvœ des Sacramentaires au jour de Saint-Sixte, ne se rapporte à rien de la vie du grand Pape qui puisse justifier l'attribution. Les Grecs, chez qui cette même bénédiction des raisins est aussi fixée à la même date du six août, n'y ont jamais célébré que la Transfiguration du Seigneur, sans aucune mémoire de Sixte II. Quoi qu'il en soit, les paroles de l'évêque de Crémone et du recteur de Paris montrent que Durand de Mende, exposant la même interprétation symbolique à la fin du XIIIe siècle, est en cela l'écho d'une tradition plus ancienne que son temps.

 

 

Il convient d'emprunter en ce jour quelques accents à l'Eglise d'Arménie qui célèbre cette Fête avec tant de solennité : 

IN TRANSFIGURATIONE DOMINI
 

Lumière intelligible, nous vous glorifions, vous qui, transfiguré sur la montagne, avez montré votre vertu divine.

 

Or, cette ineffable Lumière de divinité, ton sein bienheureux l'a portée, Marie Mère et Vierge : nous te louons et bénissons.

 

Le chœur des Apôtres tremble à la vue de la Lumière amoindrie ; en toi pleinement a résidé le feu divin, Marie Mère et Vierge: nous te louons et bénissons.

 

Une nuée lumineuse s'étend au-dessus des Apôtres ; en toi, sainte Mère de Dieu, se répand l'Esprit-Saint, vertu du Très-Haut, te couvrant de son ombre : nous te louons et bénissons.

 

Ô Christ, notre Dieu, faites qu'avec Pierre et les fils de Zébédée, nous soyons dignes de votre divine vision.

 

Par delà les monts de cette terre enlevez-nous au tabernacle intelligible plus élevé que les cieux.

 

Elles tressaillent aujourd'hui les montagnes de Dieu allant au-devant du Créateur, les troupes des Apôtres et des Prophètes associés aux monts éternels.

 

La montagne de Sion, l'Epouse du Roi immortel, est aujourd'hui dans la joie, à la vue du céleste Epoux paré de lumière en la gloire du Père.

 

Aujourd'hui la branche de Jessé a fleuri sur le Thabor.

Aujourd'hui  s'exhale le parfum de  l'immortalité, enivrant les disciples.

 

Nous vous bénissons, Consubstantiel au Père, vous qui venez sauver le monde.

 

 

Terminons, en adressant à Dieu cette prière du Missel ambrosien : 

Nous vous en prions, Seigneur, éclairez votre peuple, et que la splendeur de votre grâce embrase toujours nos cœurs ; afin que par la vertu de la gloire du Sauveur du monde, lumière éternelle, le mystère manifesté dans cette tête se révèle toujours plus et croisse en nos âmes.

 

Par Jésus-Christ, notre Seigneur

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Transfiguration du Christ

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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 11:00

ceremony in Notre-Dame 2

  

Alors que notre Église a été durement touchée tout au long de cette année, nous mesurons bien que notre engagement à la suite du Christ est un engagement de pauvres hommes qui n’échappent ni aux perversions communes, ni aux fautes des membres de l’Église.

 

Notre corps sacerdotal a été secoué par la révélation du mal qu’ont fait un certain nombre de ses membres. L’Église tout entière en a été frappée. Nous en avons souffert, nous en souffrons et nous en demandons pardon à celles et ceux qui en furent les victimes.

 

Mais nous avons assez foi en la puissance de Dieu pour savoir qu’Il continue d’agir malgré nos faiblesses.

 

ceremony in Notre-Dame 6

 

Ce n’est pas de nos qualités, de nos talents, ni même de nos convictions que nous sommes les témoins. C’est du Christ ressuscité et de la vie de son Esprit en ce monde.

 

Ce n'est pas notre valeur morale que nous annonçons, c’est la Bonne Nouvelle du salut.

 

Dans le Christ, le péché et la mort ont été vaincus et ceux qui essaient d’être disciples du Christ sont témoins de cette victoire.

 

ceremony in Notre-Dame 5

 

La véritable réponse aux questions de ce monde n’est pas dans le même registre que celui des questionneurs. Ceux-ci sont tentés de mesurer l’authenticité de l’Église à l’aune des moyens de communication pour lesquels l’image construite et présentée compte plus que la réalité.

 

Notre véritable réponse aux questions de ce monde n’est pas dans une stratégie de communication, elle est ici ce matin, dans cette cathédrale et sur son parvis.

 

C’est l’Église toujours vivante malgré ses faiblesses et ses blessures, c’est l’Église fondée par le Christ, animée par son Esprit, l’Église sans cesse en croissance et en mouvement, l’Église mobilisée et passionnée par l’annonce de Jésus-Christ.

 

ceremony in Notre-Dame 7

 

Dans ce monde, dans tous les temps et sous toutes les latitudes, la fidélité à la personne du Christ et à son enseignement a toujours été un combat. Dire qui est Jésus-Christ ne conduit pas nécessairement à se faire des amis. Jésus en a prévenu ses disciples : 

" Vous serez traduits devant des gouverneurs et des rois, à cause de moi : ils auront là un témoignage pour eux et pour les païens. Lorsqu’ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de savoir comment parler ou que dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là, car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous." (Mt. 10, 18-20).

 

ceremony in Notre-Dame 3 

 

Ce n’est pas sur nos forces que nous pouvons compter, mais sur la force de Dieu. On a pu enchaîner Pierre et traduire Paul en jugement. On ne peut pas enchaîner la Parole de Dieu. Chers amis, vous pouvez donc accepter avec confiance le ministère auquel vous êtes appelés, pourvu que vous soyez résolus à vous appuyer sur la grâce de Dieu et sur la vie de l’Église pour conduire votre vie et votre action.

 

ceremony in Notre-Dame 1

 

Au moment où notre société traverse une crise où les incertitudes économiques font ressortir les questions fondamentales sur notre modèle de vie sociale et appellent à nouveau une réflexion sur le sens de la vie humaine, l’Évangile et son programme de justice et d’amour prennent une actualité nouvelle.

 

Un certain nombre de nos contemporains entendent avec plus d’intérêt et plus d’attention celles et ceux qui ne se laissent pas enfermer dans le piège de l’exploitation anarchique du monde pour la satisfaction de leurs désirs immédiats, celles et ceux qui osent poser les questions des finalités : pourquoi l’homme est-il sur la terre et comment peut-il être digne de sa vocation unique ? 

 

ceremony in Notre-Dame 4 

 

Catholiques de Paris, dans ce temps de grâce, dans ce moment opportun, ne faillissons pas à notre mission ! Que chacune de nos communautés, -et spécialement nos assemblées dominicales-, soit un flambeau d’espérance dans la grisaille des jours. Que chacune et chacun d’entre nous soit un signe que la promesse de Dieu s’accomplit pour ces temps et en ces lieux.

 

ceremony in Notre-Dame 8

 

 

texte : extraits de l'Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Ordinations sacerdotales 2010 - Diocèse de Paris

photos  : http://www.daylife.com/

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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 11:30

" Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez les sentiers du Seigneur ; voici votre Dieu !" Oh ! qui, dans notre siècle refroidi, comprendra les transports de la terre à cette annonce si longtemps attendue ? Le Dieu promis n'est point manifesté encore ; mais déjà les cieux se sont abaissés pour lui livrer passage. Il n'a plus à venir, celui que nos pères, les illustres saints des temps prophétiques, appelaient sans fin dans leur indomptable espérance. Caché toujours, mais déjà parmi nous, il repose sous la nuée virginale près de laquelle pâlit pour lui la céleste pureté des Chérubins et des Trônes ; les ardeurs réunies des brûlants Séraphins se voient dépassées par l'amour dont l'entoure à elle seule, en son cœur humain, l'humble fille d'Adam qu'il s'est choisie pour mère. La terre maudite, devenue soudain plus fortunée que l'inexorable ciel fermé jadis à ses supplications, n'attend plus que la révélation de l'auguste mystère ; l'heure est venue pour elle de joindre ses cantiques à l'éternelle et divine louange qui, dès maintenant, monte de ses profondeurs, et, n'étant autre que le Verbe lui-même, célèbre Dieu comme il mérite de l'être. Mais sous le voile d'humilité où, après comme avant sa naissance, doit continuer de se dérober aux hommes sa divinité, qui découvrira l'Emmanuel ? Qui surtout, l'ayant reconnu dans ses miséricordieux abaissements, saura le faire accepter d'un monde perdu d'orgueil, et pourra dire, en montrant dans la foule le fils du charpentier : Voilà celui qu'attendaient vos pères !

 

 Car tel est l'ordre établi d'en haut pour la manifestation du Messie : en conformité de ce qui se fait parmi les hommes, le Dieu fait homme ne s'ingérera pas de lui-même dans les actes de la vie publique ; il attendra, pour inaugurer son divin ministère, qu'un membre de cette race devenue la sienne, un homme venu avant lui, et doué à cette fin d'un crédit suffisant, le présente à son peuple.

 

 Rôle sublime, qui fera d'une créature le garant de Dieu, le témoin du Verbe ! La grandeur de celui qui doit le remplir était signalée, comme celle du Messie, longtemps avant sa naissance. Dans la solennelle liturgie du temps des figures, le chœur des lévites, rappelant au Très-Haut la douceur de David et la promesse qui lui fut faite d'un glorieux héritier, saluait de loin la mystérieuse lumière préparée par Dieu même à son Christ. Non que, pour éclairer ses pas, le Christ dût avoir besoin d'un secours étranger : splendeur du Père, il n'avait qu'à paraître en nos obscures régions, pour les remplir de la clarté des cieux ; mais tant de fausses lueurs avaient trompé l'humanité, durant la nuit des siècles d'attente, que la vraie lumière, s'élevant soudain, n'eût point été comprise, ou n'eût fait qu'aveugler des yeux rendus impuissants par les ténèbres précédentes  à porter  son éclat.

 

L'éternelle Sagesse avait donc décrété que comme l'astre du jour est annoncé par l'étoile du matin, et prépare sa venue dans la clarté tempérée de l'aurore ; ainsi le Christ lumière serait précédé ici-bas d'un astre précurseur, et signalé par le rayonnement dont lui-même, non visible encore, revêtirait ce fidèle messager de son avènement. Lorsque autrefois le Très-Haut daignait pour ses prophètes illuminer l'avenir, l'éclair qui, par intervalle, sillonnait ainsi le ciel de l'ancienne alliance s'éteignait dans la nuit, sans amener le jour ; l'astre chanté dans le psaume ne connaîtra point la défaite ; signifiant à la nuit que désormais c'en est fini d'elle, il n'éteindra ses feux que dans la triomphante splendeur du Soleil de justice. Aussi intimement que l'aurore s'unit au jour, il confondra avec la lumière incréée sa propre lumière ; n'étant de lui-même, comme toute créature, que néant et ténèbres, il reflétera de si près la clarté du Messie, que plusieurs le prendront pour le Christ.

 

 La mystérieuse conformité du Christ et de son Précurseur, l'incomparable proximité qui les unit, se retrouvent marquées en maints endroits des saints Livres. Si le Christ est le Verbe, la parole éternelle du Père, lui sera la Voix portant cette parole où elle doit parvenir ; Isaïe l'entend par avance qui remplit d'accents jusque-là inconnus le désert, et le prince des prophètes exprime sa joie dans l'enthousiasme d'une âme qui déjà se voit en présence de son Seigneur et Dieu. Le Christ est l’ange de l’alliance ; mais dans le texte même où l'Esprit-Saint lui donne un titre si rempli pour nous d'espérance, paraît aussi portant ce nom d'ange l'inséparable messager, l'ambassadeur fidèle à qui la terre devra de connaître l'Epoux : "Voici que j'envoie mon ange qui préparera le chemin devant ma face, et aussitôt viendra dans son temple le dominateur que vous cherchez, l'ange de l'alliance que vous réclamez ; voici  qu'il vient, dit le Seigneur des armées". Et mettant fin au ministère prophétique dont il est le dernier représentant, Malachie termine ses propres oracles par les paroles que nous avons entendu Gabriel adresser à Zacharie, pour lui notifier la naissance prochaine du Précurseur.

 

 La présence de Gabriel en cette occasion, montrait elle-même combien l'enfant promis alors serait l'intime du Fils de Dieu ; car le même prince des célestes milices allait aussi, bientôt, venir annoncer l'Emmanuel. Nombreux pourtant se pressent les messagers fidèles au pied du trône de la Trinité sainte, et le choix de ces augustes envoyés varie, d'ordinaire, selon la grandeur des instructions que le Très-Haut transmet par eux au monde. Mais il convenait que l'archange chargé de conclure les noces sacrées du Verbe avec l'humanité, préludât à cette grande mission en préparant la venue de celui que les décrets éternels avaient désigné comme l’ Ami de l'Epoux. Six mois après, député vers Marie, il appuyait son divin message en révélant à la Vierge très pure le prodige qui, dès maintenant, donnait un fils à la stérile Elisabeth : premier pas du Tout-Puissant vers une merveille plus grande. Jean n'est pas né encore ; mais, sans plus tarder, son rôle est ouvert : il atteste la vérité des promesses de l'ange. Ineffable garantie que celle de cet enfant, caché toujours au sein de sa mère, et déjà témoin pour Dieu dans la négociation sublime qui tient en suspens la terre et les deux ! Eclairée d'en haut, Marie reçoit le témoignage et n'hésite plus : "Voici la servante du Seigneur, dit-elle à l'archange ; qu'il me soit fait selon votre parole."

 

 Gabriel s'est retiré, emportant avec lui le secret divin qu'il n'est point chargé de communiquer au reste du monde. La Vierge très prudente ne parlera pas davantage ; Joseph lui-même, son virginal époux, n'aura pas d'elle communication du mystère. Ne craignons point cependant : l'accablante stérilité dont le monde a gémi, ne sera pas suivie d'une ignorance plus triste encore, maintenant que la terre a donné son fruit. Il est quelqu'un pour qui l'Emmanuel n'aura ni secret, ni retard ; et lui saura bien révéler la merveille. A peine l'Epoux a-t-il pris possession du sanctuaire sans tache où doivent s'écouler les neuf premiers mois de son habitation parmi les hommes, à peine le Verbe s'est fait chair : et Notre-Dame, instruite au dedans du désir de son Fils, se rend en toute hâte vers les monts de Judée. Voix de mon bien-aimé ! Le voici qui vient, bondissant sur les montagnes, franchissant les collines, à l'ami de l'Epoux sa première visite, à Jean le début de ses grâces. Une fête distincte nous permettra d'honorer spécialement la journée précieuse où l'Enfant-Dieu, sanctifiant son Précurseur, se révèle à Jean par la voix de Marie ; où Notre-Dame, manifestée par Jean qui tressaille en sa mère, proclame enfin les grandes choses que le Tout-Puissant a opérées en elle selon la miséricordieuse promesse qu'il fit autrefois à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour jamais.

 

Mais le temps est venu où, des enfants et des mères, la nouvelle doit s'étendre au pays d'alentour, en attendant qu'elle parvienne au monde entier. Jean va naître, et, ne pouvant parler encore, il déliera la langue de son père. Il fera cesser le mutisme dont le vieux prêtre, image de l'ancienne loi, avait été frappé par l'ange ; et Zacharie, rempli lui-même de l'Esprit-Saint, va publier dans un cantique nouveau la visite bénie du Seigneur Dieu d’Israël.

 

 Entre les fils des femmes, il n'y en a point de plus grand, dira l'Homme-Dieu de son Précurseur ; et déjà Gabriel, les annonçant tous deux, affirmait de chacun qu'il serait grand. Mais la grandeur de Jésus sera d'être appelé le Fils du Très-Haut, et la grandeur de Jean est de marcher devant lui. Descendu du ciel comme celui de son Maître, le nom de Jean proclame la grâce que Jésus, sauvant l'homme, doit apporter au monde. Jésus, qui vient d'en haut en personne, est au-dessus de tous, et c'est lui, et lui seul, qu'attend l'humanité ; Jean, qui vient d'ici-bas au contraire, n'a rien qu'il n'ait reçu ; mais il a reçu d'être l'ami de l'Epoux, son introducteur, et l'Epoux ne vient que par lui à l'Epouse.

 

L'Epouse elle-même ne se connaît, ne se prépare aux noces sacrées, que par lui : sa prédication la réveille au désert ; il l'orne de tous les attraits de la pénitence et des vertus ; sa main enfin, dans un commun baptême, l'unit au Christ sous les eaux. Sublime moment où, élevé par delà tous les hommes et les anges, Jean apparaît au milieu même de la Trinité sainte, investissant comme avec autorité d'un titre nouveau la seconde personne incarnée, le Père et l'Esprit agissant avec lui de concert ! Bientôt toutefois, redescendu des sommets plus qu'humains où sa mission l'avait porté, il ambitionne de disparaître : l'Epouse est à l'Epoux, sa joie à lui est entière, son œuvre achevée ; il n'a plus qu'à s'effacer et décroître. A Jésus manifesté désormais, à Jésus seul de paraître et grandir. Ainsi l'astre du jour, à partir de la naissance de Jean, qui nous le montre dans sa splendeur, redescend-il des hauteurs du solstice vers l'horizon ; tandis que Noël sera pour lui le signal du mouvement de retour qui lui rendra progressivement tous ses feux.

 

 Jésus seul en effet est la lumière, la lumière sans laquelle le monde resterait dans la mort ; et Jean n'est que l'homme envoyé de Dieu, sans qui la lumière demeurerait inconnue. Mais Jésus étant inséparable de Jean comme le jour l'est de son aurore, on ne doit pas s'étonner que l'allégresse du monde, à la naissance de Jean, participe de celle qu'excitera dans son temps la venue du Sauveur : tout ainsi que l'aurore excite en nous la joie du jour qu'elle précède et annonce. Jusqu'au quinzième siècle, l'Eglise latine, avec les Grecs qui continuent de le faire, célébra en septembre la Conception du Précurseur : non qu'elle fût sainte de soi, mais parce qu'elle marquait le commencement des mystères. Dans le même esprit, quoique déjà sainte en elle-même, la Nativité de saint Jean-Baptiste n'est si grandement célébrée, de nos jours encore, que parce qu'elle porte en elle pour ainsi dire la fête même de la Nativité du Sauveur. C'est la Noël d'été. Dès le commencement, Dieu et son Eglise prirent soin, comme nous l’allons voir, d'accuser par mille rapprochements la dépendance et ressemblance des deux solennités.

 

Dieu, dont la providence poursuit en tout la glorification de son Verbe fait chair,  estime les hommes et les siècles à la mesure du témoignage qu'ils rendent au Christ ; et c'est pourquoi Jean est si grand. Car de celui que les prophètes annonçaient comme à venir, que les apôtres prêchaient comme déjà venu, lui seul, en même temps prophète et apôtre, a dit en le montrant : Le voici ! Jean étant donc le témoin par excellence, il convenait qu' il présidât à la période glorieuse où, trois siècles durant, l'Eglise rendit à l'Epoux ce témoignage du sang qui donne aux martyrs la première place dans sa reconnaissance, après les apôtres et les prophètes sur le fondement desquels elle est bâtie. Dix fois s'ouvrirent, sur l'immense étendue de l'empire romain, les veines de l'Epouse, et l'éternelle Sagesse voulut que la dixième et dernière lutte se rattachât, par la journée du 25 décembre 303 dans Nicomédie, à la naissance du Fils de Dieu dont elle assurait le triomphe. Mais si la Nativité de l'Emmanuel éclaire ainsi dans les fastes sacrés la fin des grands combats, celle de Jean, comme il convenait, en marque les débuts. Ce fut en l'année 64 que, pour la première fois, Rome païenne ouvrit ses arènes aux soldats du Christ ; et c'est le 24 juin que l'Eglise en consacre l'auguste souvenir, par cette mention qui fait suite, dans son Martyrologe, à l'annonce concernant la Nativité du Précurseur : "A Rome, la mémoire sainte des nombreux martyrs qui, sous l'empereur Néron, furent accusés calomnieusement de l'incendie de la Ville, et moururent par l'ordre du prince en divers supplices : les uns exposés sous des peaux de bêtes aux  morsures des chiens, d'autres crucifiés, d'autres embrasés en manière de torches à la chute du jour pour éclairer dans la nuit. Tous ceux-là étaient disciples des Apôtres : prémices choisies que l'Eglise romaine, champ fertile en martyrs, offrit avant la mort des Apôtres au Seigneur."

 

 La solennité du 24 juin éclaire donc doublement les origines du christianisme. Il n'y eut pas d'assez mauvais jours dans l'Eglise, pour mettre en défaut, une seule année, la prédiction de l'ange que beaucoup se réjouiraient à la naissance de Jean ; avec la joie, sa parole, ses exemples, son intercession, apportaient le courage aux martyrs. Après le triomphe remporté par le Fils de Dieu sur la négation païenne, lorsque au témoignage du sang succéda celui de la confession par les œuvres et la louange, Jean conserva son rôle de précurseur du Christ dans les âmes. Guide des moines, il les conduit loin du monde et les fortifie dans les combats de la solitude ; ami de l'Epoux, il continue de former l'Epouse, en préparant au Seigneur un peuple parfait.

 

 Dans les divers états, à tous les degrés de la vie chrétienne, se fait sentir sa bienveillante et nécessaire influence. Ce n'est pas en vain qu'au commencement du quatrième Evangile, dans le passage le plus dogmatique du Testament nouveau, si l'on peut ainsi parler, Jean se retrouve, comme au Jourdain, intimement uni aux opérations de la Trinité souveraine dans l'universelle économie de la divine Incarnation : Il y eut un homme envoyé de Dieu qui s'appelait Jean, dit l'Esprit-Saint ; il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. "Précurseur dans sa naissance, précurseur dans sa mort, saint Jean, dit saint Ambroise, continue de marcher en avant du Seigneur. Et peut-être plus que nous ne le pensons, son action mystérieuse a sa part dans notre présente vie, dans ce présent jour. Lorsque nous commençons à croire au Christ, il y a comme une vertu de Jean qui nous attire après elle ; il incline dans le sens de la foi les sentiers de notre âme ; il redresse les chemins tortueux de cette vie, il en fait la voie droite de notre pèlerinage, de peur que nous ne tombions dans les anfractuosités de l'erreur ; il fait en sorte que toutes nos vallées puissent se remplir des fruits des vertus, que toute hauteur mondaine s'abaisse devant le Seigneur."

 

 Mais si le Précurseur garde sa part dans chaque progrès de la foi rapprochant du Christ les âmes, il intervient plus encore dans tout baptême accroissant l'Epouse. Les baptistères lui sont consacrés. Le baptême qu'il donnait aux foules sur les bords du Jourdain n'eut jamais, il est vrai, la puissance du baptême chrétien ; mais en plongeant l'Homme-Dieu sous les eaux, il mettait ces dernières en possession de la vertu fécondante qui, sortie de cet Homme-Dieu, allait leur donner de compléter jusqu'à la fin des temps, par l'accession de membres nouveaux, le corps de l'Eglise unie au Christ.

 

 La foi de nos pères n'ignorait pas les grands biens dont étaient redevables à Jean les particuliers et les peuples. Tant de néophytes recevaient son nom au baptême, si efficace pour conduire jusqu'à la sainteté était le secours prêté par lui à ses clients fidèles, qu'il n'est pas de jour du calendrier où l'on ne puisse honorer la naissance au ciel de quelqu'un d'entre eux. Patron autrefois des Lombards, saint Jean-Baptiste l'est aujourd'hui du Canada français. Mais, soit en Orient, soit en Occident, qui pourrait compter les contrées, les villes, les familles religieuses, les abbayes, les églises placées sous ce puissant patronage : depuis le temple qui, sous Théodose, remplaça dans Alexandrie l'antique Sérapéon aux mystères fameux, jusqu'au sanctuaire élevé sur les ruines de l'autel d'Apollon, au sommet duCassin, par le patriarche des moines ; depuis les quinze églises que Byzance, devenue la nouvelle Rome, avait consacrées dans ses murs au Précurseur, jusqu'à cette basilique auguste de Latran, vraiment digne du nom qui lui fut donné de basilique d'or , et qui, dans la capitale de l'univers chrétien, reste la maîtresse et la mère de toutes les églises de la Ville et du monde ! Primitivement dédiée au Sauveur, elle adjoignit bientôt à ce vocable sacré, comme inséparable, celui de l'Ami de l'Epoux. Le nom de Jean l'évangéliste, cet autre ami de Jésus, dont une tradition place au 24 juin la mort précieuse, fut lui-même ajouté aux deux autres ; mais il n'en demeure pas moins assuré que la pratique commune est d'accord avec les anciens documents, pour rapporter plus spécialement au Précurseur le titre de Saint-Jean-de-Latran sous lequel on désigne aujourd'hui la basilique patriarcale des Pontifes romains.

 

" Il convenait en effet, dit saint Pierre Damien, que l'autorité de l'Epouse souscrivît au jugement de l'Epoux, et que celui-ci vit son ami le plus grand élevé en gloire là où celle-là serait reine. Election remarquable, à coup sûr, que celle qui donne à Jean cette primauté en la ville même consacrée par la mort glorieuse des deux flambeaux du monde. Pierre de sa croix, Paul sous le glaive, voient la première place rester à un autre ; Rome s'empourpre du sang d'innombrables martyrs, et ses honneurs vont tous au bienheureux Précurseur. Jean, partout, est le plus grand."

 

 En ce jour donc, imitons l'Eglise ; évitons les oublis de l'ingratitude ; saluons avec action de grâces et pleine allégresse, l'arrivée de celui qui nous promet le Sauveur. Déjà Noël s'annonce.

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Retable de Saint Jean : Nativité de Jean Baptiste

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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 04:00

La Messe de la Nativité de Saint Jean Baptiste est composée de divers passages de l'Ancien et du Nouveau Testament. L'Eglise, disent les auteurs liturgistes, veut ainsi nous rappeler que Jean forme le trait d'union des deux alliances et participe de chacune. Il est l'agrafe précieuse qui fixe le double manteau de la loi et de la grâce sur la poitrine du Pontife éternel.

 

La suite du saint Evangile selon saint Luc :

Le temps d'Elisabeth arriva, et elle mit au monde un fils. Ses voisins et ses proches ayant donc appris que le Seigneur avait fait éclater sur elle sa miséricorde, l'en félicitaient. Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils le nommaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère répondit : Nullement ; il s'appellera Jean. Ils lui dirent : Il n'y a personne dans votre famille qui porte ce nom. En même temps, ils faisaient signe au père de marquer comment il voulait qu'on le nommât. Or lui, demandant des tablettes, écrivit : Jean est son nom. Et tout le monde fut dans l'étonnement. Au même instant sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia, et il parlait en bénissant Dieu. Tous les voisins de Zacharie et d'Elisabeth furent remplis de crainte, et le bruit de tant de merveilles se répandit sur toutes les montagnes de Judée. Ceux qui les apprenaient les gardaient en leur cœur, et ils disaient : Que pensez-vous que sera cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui. Et Zacharie son père fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa, disant : Béni soit le Seigneur Dieu d'Israël, car il a visité et racheté son peuple. 

 

 

Après les lieux sanctifiés par le passage en ce monde du Verbe fait chair, il n'en est point, dans la Palestine, qui doive intéresser plus l'âme chrétienne que celui où se sont accomplis les événements racontés dans notre Evangile. La ville qu'illustra la naissance du Précurseur se trouve à deux lieues de Jérusalem vers le couchant, comme Bethléhem, où naquit le Sauveur, est à deux lieues au midi de la Ville sainte. Sorti par la porte de Jaffa, le pèlerin qui se dirige vers Saint-Jean-de-la-Montagne rencontre d'abord le monastère grec de Sainte-Croix, élevé sur l'emplacement où furent coupés les arbres dont fut faite la croix du Seigneur. Puis, continuant sa marche à travers le massif des montagnes de Juda, il atteint un sommet d'où se découvre à ses yeux la Méditerranée. La maison d'Obed-Edom qui abrita trois mois l'arche sainte, s'élevait en cet endroit, d'où un sentier rapide conduit au lieu où Marie, la véritable arche d'alliance, passa elle-même trois, mois de bénédictions chez sa cousine Elisabeth.

 

Deux sanctuaires, éloignés d'environ mille pas l'un de l'autre, consacrent les grands souvenirs qui viennent de nous être rappelés par saint Luc : dans l'un fut conçu et naquit Jean-Baptiste ; dans l'autre eut lieu la circoncision du Précurseur, huit jours après sa naissance. Le premier remplace la maison de ville de Zacharie ; il remonte, dans sa forme actuelle, à une époque antérieure aux croisades. C'est une belle église à trois nefs et à coupole, mesurant trente-sept pas en longueur. L'autel majeur est dédié à saint Zacharie, celui de droite à sainte Elisabeth. Sur la gauche, sept degrés de marbre conduisent à une chapelle souterraine creusée dans le roc, et qui n'est autre que l'appartement le plus reculé de la maison primitive : c'est le sanctuaire de la Nativité de saint Jean. Quatre lampes tempèrent l'obscurité de cette crypte vénérable, tandis que six  autres, suspendues sous  la table même de l'autel, éclairent cette inscription gravée sur le marbre du pavé : HIC PRAECURSOR DOMINI NATUS EST.

 

Les traditions locales placent à quelque distance de ce premier sanctuaire, ainsi que nous l'avons dit, le souvenir de la circoncision du Précurseur. Outre sa maison de ville en effet, Zacharie en possédait une autre plus isolée. Elisabeth s'y était retirée durant les premiers mois de sa grossesse, pour goûter dans le silence le don de Dieu. C'était là que Notre-Dame venant de Nazareth l'avait rencontrée, là que s'était produit le sublime tressaillement des enfants et des mères, là que le Magnificat avait prouvé au ciel que la terre désormais l'emportait sur lui dans la louange et l'amour.

 

Il convenait que le chant de Zacharie, le Cantique du matin, retentit lui-même, pour la première fois, au lieu d'où celui du soir était monté comme un encens de si suave odeur. Les récits des anciens pèlerins signalent en cet endroit deux sanctuaires superposés, avec un escalier conduisant de l'un à l'autre : en bas avait eu lieu la rencontre de Marie et d'Elisabeth ; ce fut au-dessus, à l'étage supérieur de la maison de campagne de Zacharie, que se passa la plus grande partie du récit qui vient de nous être proposé par la sainte Eglise.

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

La Visitation par Bouts

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 16:00

Au temps d'Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre nommé Zacharie, de la classe d'Abia ; sa femme, qui était de la race d'Aaron, s'appelait Elisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu, suivant sans reproche en toutes choses la voie des commandements et ordonnances du Seigneur. Ils n'avaient point d'enfants, parce qu'Elisabeth était stérile, et que déjà tous deux étaient avancés en âge. Or, il arriva que le tour de sa famille étant venu pour acquitter devant Dieu la charge du sacerdoce, Zacharie fut désigné du sort, selon ce qui s'observait entre les prêtres, pour offrir les parfums au dedans du temple du Seigneur. Toute la multitude du peuple était en prières dehors, à cette heure de l'encens. Et voici qu'un ange du Seigneur apparut à Zacharie, debout à la droite de l'autel des parfums. Il se troubla à cette vue, et fut saisi de frayeur. Mais l'ange lui dit : "Ne craignez point, Zacharie, parce que votre prière a été exaucée. Votre femme Elisabeth vous donnera un fils, et vous l'appellerez Jean. Il vous sera un sujet de joie et d'allégresse, et beaucoup se réjouiront à sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli du Saint-Esprit encore dans le sein de sa mère. Un  grand nombre  d'enfants d'Israël seront convertis par lui au Seigneur leur Dieu, et lui-même marchera devant le Seigneur dans l'esprit et la vertu d'Elie, pour ramener les cœurs des pères à leurs fils, rappeler les incrédules à la prudence des justes, et préparer au Seigneur un  peuple parfait."

 

 

 Cette page, que l'Eglise nous donne à lire, est précieuse entre celles où sont consignées les annales de l'humanité ;  car c'est ici le commencement de l'Evangile, le premier mot de la bonne nouvelle du  salut.  Non que l'homme n'eût point eu, jusque-là, connaissance des desseins formés par le ciel pour le relever de sa chute et lui donner un Sauveur. Mais l'attente avait été longue, depuis le jour où la  sentence portée contre le serpent maudit montrait dans l'avenir à notre premier père ce fils de la femme, qui devait guérir l'homme et venger Dieu. D'âge en âge, il est vrai, la promesse s'était développée ; chaque génération, pour ainsi dire, avait vu le Seigneur par  ses prophètes ajouter un trait nouveau au signalement de ce frère de notre race, si grand par lui-même que le Très-Haut l'appellerait son fils, si passionné de justice que, pour solder la dette du monde, il verserait tout son sang. Agneau dans son immolation, par sa douceur il dominerait la terre ; désiré des nations quoique sorti de Jessé, plus magnifique que Salomon, il exaucerait l'amour des pauvres âmes rachetées :  allant au-devant de leurs  vœux,  il s'annoncerait comme l'Epoux descendu des collines éternelles. Agneau chargé des crimes du monde, Epoux attendu de l'Epouse : tel était donc ce fils de l'homme en même temps Fils de Dieu, le Christ,  le Messie promis à la terre.

 

Mais quand viendrait-il,  ce désiré des peuples ? qui désignerait au monde son Sauveur, qui conduirait l'Epouse à l'Epoux ? Le genre  humain,  sorti en pleurs de l'Eden, était resté les yeux fixés sur l'avenir. Jacob, mourant, saluait de loin ce fils aimé dont la puissance égalerait celle du lion ; dont les célestes charmes, relevés encore dans le sang des raisins, ineffable mystère, faisaient l'objet de ses contemplations inspirées sur sa couche funèbre. Au nom de la gentilité, du fumier où sa chair s'en allait en lambeaux, Job répondait à la ruine par un acte de sublime espérance en son  Rédempteur  et son Dieu. Haletante sous l'effort de son mal et l'ardeur de ses aspirations, l'humanité voyait s'accumuler les siècles, sans que la mort qui la consumait suspendît ses ravages, sans que le désir du Dieu attendu cessât de grandir en son cœur. Aussi, de génération en génération, quel redoublement de prières ; que d'impatience croissante en ses supplications !  Que ne brisez-vous les barrières du ciel, et ne descendez-vous ! Assez de promesses,  s'écrient pour l'Eglise de ces temps le dévot saint Bernard et tous les Pères, commentant le premier verset du Cantique ; assez de figures et d'ombres, assez parlé par d'autres. Je n'entends plus Moïse, les prophètes sont sans voix ; la loi qu'ils apportaient n'a point rendu la vie à mes morts.  Et qu'ai-je affaire au bégaiement de leurs bouches  profanes, moi à qui  le Verbe s'annonce ?  Les  parfums d'Aaron  ne  valent point l'huile d'allégresse répandue par le Père sur celui que j'attends, plus d'envoyés, ni de serviteurs : après tant de messages, que lui-même vienne enfin !

 

 Et, prosternée dans la personne des plus dignes de ses fils sur les hauteurs du Carmel, l'Eglise de l'attente ne se relèvera pas que le signe très prochain de la pluie du salut ne paraisse au ciel. Vainement, jusqu'à sept fois, lui sera-t-il répondu que rien ne se lève du côté de la mer ; prolongeant sa prière et ses pleurs, maintenant dans la poussière ses lèvres altérées par l'interminable sécheresse, elle attendra que se montre la nuée féconde apportant Dieu sous des traits humains. Alors, oubliant ses longs jeûnes et l'épuisement des années, elle se redressera dans la vigueur de sa jeunesse première ; remplie de l'allégresse annoncée par l'ange, elle suivra dans la joie l'Elie nouveau dont ce jour de vigile nous promet pour demain la naissance, le précurseur prédestiné courant comme l'ancien Elie, mais plus véritablement que lui, devant le char du roi d'Israël.

 

 

 Nous empruntons au Bréviaire Mozarabe cette belle formule liturgique, qui nous introduira pleinement dans l'esprit de la fête : 

Voici commencer la joie chrétienne, ô Seigneur ! Le Verbe à naître dans la chair est précédé d'une Voix qui l'annonce dans la sainteté ; le lever de la lumière a pour avant-coureur un insigne  témoin de ses rayons. Par lui éclatent les mystères de la foi nouvelle ; il manifeste le bain du salut. Sa conception est un prodige ; sa naissance est proclamée la joie du monde. Nous donc qui dans l'allégresse accueillons maintenant la naissance de votre précurseur, puissions-nous dans un cœur purifié solenniser aussi la fête de votre naissance ! Que la voix qui vous prêcha au désert nous purifie dans le siècle. Préparant les sentiers du Seigneur qui devait venir, le Précurseur lavait dans son baptême les corps de ceux qui vivaient en ce temps ; que maintenant, par sa prière, il délivre nos cœurs des vices et du mensonge : en sorte que, marchant à la suite de la Voix, nous méritions de parvenir aux promesses du Verbe.

 

Ajoutons les deux Oraisons suivantes du Sacramentaire Gélasien :

Que la prière du bienheureux Jean-Baptiste nous obtienne, Seigneur, et de comprendre et de mériter le mystère de  votre Christ.

 

Dieu tout-puissant et éternel, qui, dans les jours du bienheureux Jean-Baptiste, avez accompli ce qu'annonçaient les prescriptions légales et les  oracles des saints prophètes ; faites, nous vous en supplions, que, toute figure cessant, se manifeste et parle elle-même la Vérité, Jésus-Christ notre Seigneur.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Zacharie dans le Temple

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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 02:00

En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication.

 

Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé ;

ils feront une lamentation sur lui comme sur un fils unique ;

ils pleureront sur lui amèrement comme sur un premier-né.

 

En ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem.

 

En ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem :

elle les lavera de leur péché et de leur souillure.

 

 

Livre de Zacharie

 

 

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 11:00

Le 27 janvier 1281, au monastère bénédictin d'Helfta, près Eisleben, en Saxe, l'Epoux divin se révélait à l'épouse qu'il avait choisie pour l'introduire dans ses secrets et ses réserves les plus écartées. Mais ici nous céderons la parole à une voix plus autorisée que la nôtre : 

Gertrude, en la vingt-cinquième année de son âge, a été saisie par l'Esprit, dit en la Préface de sa traduction française l'éditeur du Legatus divinœ pietatis : elle a reçu sa mission, elle a vu, entendu, touché ; plus encore, elle a bu à cette coupe du Cœur divin qui enivre les élus, elle y a bu quand elle était encore en cette vallée d'absinthe, et ce qu'elle a pris à longs traits, elle l'a reversé sur les âmes qui voudront le recueillir et s'en montreront saintement avides. Sainte Gertrude eut donc pour mission de révéler le rôle et l'action du Cœur divin dans l'économie de la gloire divine et de la sanctification des âmes ; et sur ce point important nous ne séparerons pas d'elle sainte Mechtilde, sa compagne.

 

" L'une et l'autre, à l'égard du Cœur du Dieu fait homme, se distinguent entre tous les Docteurs spirituels et tous les mystiques des âges divers de l'Eglise. Nous n'en excepterons pas les Saints de ces derniers siècles, par lesquels Notre-Seigneur a voulu qu'un culte public, officiel, fût rendu à son Cœur sacré : ils en ont porté la dévotion dans toute l'Eglise ; mais ils n'en ont pas exposé les mystères multiples, universels, avec l'insistance, la précision, la perfection qui se rencontrent dans les révélations de nos deux Saintes.

 

" Le Disciple bien-aimé de Jésus, qui avait reposé sur son sein, en la Cène, et avait pu entendre les battements de ce Cœur divin, qui sur la croix l'avait vu percé par la lance du soldat, en dévoila à Gertrude la glorification future, lorsqu'elle lui demanda pourquoi il avait gardé sous le silence ce qu'il avait senti lorsqu'il reposait sur ce Cœur sacré : "Ma mission, dit-il, fut d'écrire pour l'Eglise encore jeune un seul mot du Verbe incréé de Dieu le Père, lequel pourrait suffire à toute la race des hommes jusqu'à la fin du monde, sans toutefois que jamais personne le comprît dans sa plénitude. Mais le langage de ces bienheureux battements du Cœur du Seigneur est réservé pour les derniers temps, alors que le monde vieilli et refroidi dans l'amour divin devra se réchauffer à la révélation de ces mystères." (Le Héraut de l'Amour Divin, Livre IV, c. 4.)

 

" Gertrude fut choisie pour cette révélation, et ce qu'elle en a dit dépasse tout ce que l'imagination de l'homme aurait jamais pu concevoir. Tantôt le Cœur divin lui apparaît comme un trésor où sont renfermées toutes les richesses ; tantôt c'est une lyre touchée par l'Esprit-Saint, aux sons de laquelle se réjouissent la très sainte Trinité et toute la Cour céleste. Puis, c'est une source abondante dont le courant va porter le rafraîchissement aux âmes du Purgatoire, les grâces fortifiantes aux âmes qui militent sur la terre, et ces torrents de délices où s'enivrent les élus de la Jérusalem céleste.  

" C'est un encensoir d'or, d'où s'élèvent autant de divers parfums d'encens qu'il y a de races diverses d'hommes pour lesquelles le Sauveur a souffert la mort de la croix. Une autre fois, c'est un autel sur lequel les fidèles déposent leurs offrandes, les élus leurs hommages, les anges leurs respects, et le Prêtre éternel s'immole lui-même. C'est une lampe suspendue entre ciel et terre ; c'est une coupe où s'abreuvent les Saints, mais non les Anges, qui néanmoins en reçoivent des délices. En lui la prière du Seigneur, le Pater noster, a été conçue et élaborée, elle en est le doux fruit. Par lui est suppléé tout ce que nous avons négligé de rendre d'hommages dus à Dieu, à la Sainte Vierge et aux Saints.  

" Pour remplir toutes nos obligations, le Cœur divin se fait notre serviteur, notre gage ; en lui seul nos œuvres revêtent cette perfection, cette noblesse qui les rend agréables aux yeux de la Majesté divine ; par lui seul découlent et passent toutes les grâces qui peuvent descendre sur la terre. A la fin, c'est la demeure suave, le sanctuaire sacré qui s'ouvre aux âmes, à leur départ de ce monde, pour les y conserver dans d'ineffables délices pour l'éternité."

(Préface des Révélations de sainte Gertrude traduites sur la nouvelle édition latine des Bénédictins de Solesmes)

 

 En découvrant à Gertrude l'ensemble merveilleux que présente la traduction de l'amour infini dans le Cœur de l'Homme-Dieu, l'Esprit divin prévenait l'enfer au lieu même d'où devait surgir, deux siècles plus tard, l'apôtre des théories les plus opposées. En 1483, Luther naissait à Eisleben ; et son imagination désordonnée posait les bases de l'odieux système qui allait faire du Dieu très bon qu'avaient connu ses pères l'auteur direct du mal et de la damnation, créant le pécheur pour le crime et les supplices éternels, à la seule fin de manifester son autocratie toute-puissante.

 

Calvin bientôt précisait plus encore, en enserrant les blasphèmes du révolté saxon dans les liens de sa sombre et inexorable logique. La queue du dragon, par ces deux hommes, entraîna la troisième partie des étoiles du ciel (Apoc. XII, 4.) . Se transformant hypocritement au XVIIe siècle, changeant les mots, mais non les choses, l'ennemi tenta de pénétrer au sein même de l'Eglise et d'y faire prévaloir ses dogmes impies : sous prétexte d'affirmer les droits du domaine souverain du premier Etre, le Jansénisme oubliait sa bonté. Celui qui a tant aimé le monde voyait les hommes, découragés ou terrifiés, s'éloigner toujours plus de ses intentions miséricordieuses.

 

 Il était temps que la terre se souvînt que le Dieu très-haut l'avait aimée d'amour, qu'il avait pris un Cœur de chair pour mettre à la portée des hommes cet amour infini, et que ce Cœur humain, le Christ en avait fait usage selon sa nature, pour nous aimer comme on aime dans la famille d'Adam le premier père, tressaillir de nos joies, souffrir de nos tristesses, et jouir ineffablement de nos retours à ses divines avances. Qui donc serait chargé d'accomplir la prophétie de Gertrude la Grande ? Quel autre Paul, quel nouveau Jean manifesterait au monde vieilli le langage des bienheureux battements du divin Cœur ?

 

 Laissant de côté tant d'illustrations d'éloquence et de génie qui remplissaient alors de leur insigne renommée l'Eglise de France, le Dieu qui fait choix des petits pour confondre les forts avait désigné, pour la manifestation du Cœur sacré, la religieuse inconnue d'un obscur monastère. Comme au XIIIe siècle il avait négligé les Docteurs et les grands Saints eux-mêmes de cet âge, pour solliciter auprès de la Bienheureuse Julienne du Mont-Cornillon l'institution de la fête du Corps du Seigneur, il demande de même la glorification de son Cœur divin par une fête solennelle à l'humble Visitandine de Paray-le-Monial, que le monde entier connaît et vénère aujourd'hui sous le nom de la Bienheureuse Marguerite-Marie.

 

 Marguerite-Marie reçut donc pour mission de faire descendre des mystiques sommets, où il était resté comme la part cachée de quelques âmes bénies, le trésor révélé à sainte Gertrude. Elle dut le proposer à toute la terre, en l'adaptant à cette vulgarisation sublime. Il devint en ses mains le réactif suprême offert au monde contre le froid qui s'emparait de ses membres et de son cœur engourdis par l'âge, l'appel touchant aux réparations des âmes fidèles pour tous les mépris, tous les dédains, toutes les froideurs et tous les crimes des hommes des derniers temps contre l'amour méconnu du Christ Sauveur.

 

 " Etant devant le Saint-Sacrement un jour de son Octave (en juin 1675), raconte elle-même la Bienheureuse, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour. Et me sentant touchée du désir de quelque retour, et de lui rendre amour pour amour, il me dit : "Tu ne m'en peux rendre un plus grand qu'en faisant ce que je t'ai déjà tant de fois demandé", et montrant son divin Cœur : "Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans ce Sacrement d'amour. Mais ce qui m'est encore a le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C'est pour cela que je te demande que le premier vendredi d'après l'Octave du Saint-Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là et en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels. Je te promets aussi que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui procureront qu'il lui soit rendu." (Vie de la Bienheureuse écrite par elle-même)

 

 En appelant sa servante à être l'instrument de la glorification de son divin Cœur, l'Homme-Dieu faisait d'elle un signe de contradiction, comme il l'avait été lui-même. Il fallut dix ans et plus à Marguerite-Marie pour surmonter, à force de patience et d'humilité, la défiance de son propre entourage, les rebuts de ses Sœurs, les épreuves de tout genre. Cependant, le 21 juin 1686, vendredi après l'Octave du Saint-Sacrement, elle eut enfin la consolation de voir la petite communauté de Paray-le-Monial prosternée au pied d’une image où le Cœur de Jésus percé par la lance était représenté seul, entouré de flammes et d'une couronne d'épines, avec la croix au-dessus et les trois clous. Cette même année, fut commencée dans le monastère la construction d'une chapelle en l'honneur du Sacré-Cœur ; la Bienheureuse eut la joie de voir bénir le modeste édifice quelque temps avant sa mort, arrivée l'an 1690. Mais il y avait loin encore de ces humbles débuts à rétablissement d'une fête proprement dite, et à sa célébration dans l'Eglise entière.

 

 Déjà cependant la Providence avait pris soin de susciter, dans le même siècle, à la servante du Sacré-Cœur un précurseur puissant en parole et en œuvres. Né à Ri, au diocèse de Séez, en 1601, le Vénérable Jean Eudes avait porté partout, dans ses innombrables missions, la vénération et l'amour du Cœur de l'Homme-Dieu qu'il ne séparait pas de celui de sa divine Mère. Dès 1664, il creusait à Caen les fondations de la première église du monde, dit-il lui-même, qui porte le nom de l'église du Très-Sainct Cœur de Jésus et de Marie ; et Clément X, en 1674, approuvait cette dénomination. Après s'être borné longtemps à célébrer, dans la Congrégation qu'il avait fondée, la fête du très saint Cœur de Marie en unité de celui de Jésus, le Père Eudes voulut y établir une fête spéciale en l'honneur du Cœur sacré du Sauveur ; le 8 février demeura assigné à la fête du Cœur de la Mère, et le 20 octobre fut déterminé pour honorer celui de son divin Fils. L'Office et la Messe que le Vénérable composa à cette fin, en 1670, furent approuvés pour ses séminaires, dès cette année et la suivante, par l'évêque de Rennes et les évêques de Normandie. Cette même année 1670 les vit insérer au Propre de l'abbaye royale de Montmartre. En 1674, la fête du Sacré-Cœur était également célébrée chez les Bénédictines du Saint-Sacrement.

 

Cependant on peut dire que la fête établie par le Père Eudes ne sortit guère des maisons qu'il avait fondées ou de celles qui recevaient plus directement ses inspirations. Elle avait pour objet de promouvoir la dévotion au Cœur de l'Homme-Dieu, telle qu'elle ressort du dogme même de la divine Incarnation, et sans but particulier autre que de lui rendre les adorations et les hommages qui lui sont dus. C'était à la Bienheureuse Marguerite-Marie qu'il était réservé de présenter aux hommes le Cœur sacré comme la grande voie de réparation ouverte à la terre. Confidente du Sauveur et dépositaire de ses intentions précises sur le jour et le but que le ciel voulait voir assigner à la nouvelle fête, ce fut elle qui resta véritablement chargée de la promulguer pour le monde et d'amener sa célébration dans l'Eglise universelle.

 

 Pour obtenir ce résultat qui dépassait les forces personnelles de l'humble Visitandine, le Seigneur avait rapproché mystérieusement de Marguerite-Marie l'un des plus saints Religieux que possédât alors la Compagnie de Jésus, le R. P. Claude de la Colombière. Il reconnut la sainteté des voies par où l'Esprit divin conduisait la Bienheureuse, et se fit l'apôtre dévoué du Sacré-Cœur, à Paray d'abord, et jusqu'en Angleterre, où il mérita le titre glorieux de confesseur de la foi dans les rigueurs des prisons protestantes. Ce fervent disciple du Cœur de l'Homme-Dieu mourait en 1682, épuisé de travaux et de souffrances. Mais la Compagnie de Jésus tout entière hérita de son zèle à propager la dévotion au Sacré-Cœur. Bientôt s'organisèrent des confréries nombreuses, de tous côtés on éleva des chapelles en l'honneur de ce Cœur sacré.

 

Mais l'enfer s'indigna de cette grande prédication d'amour ; les Jansénistes frémirent à cette apparition soudaine de la bonté et de l'humanité du Dieu Sauveur, qui prétendait ramener la confiance dans les âmes où ils avaient semé la crainte. On cria à la nouveauté, au scandale, à l'idolâtrie ou tout au moins à la dissection inconvenante des membres sacrés de l'humanité du Christ ; et pendant que s'entassaient à grands frais d'érudition dissertations théologiques et physiologiques, les gravures les moins séantes étaient répandues, des plaisanteries de mauvais goût mises en vogue, tous les moyens employés pour tourner en ridicule ceux qu'on appelait les Cordicoles.

 

Cependant l'année 1720 voyait fondre sur Marseille un fléau redoutable : apportée de Syrie sur un navire, la peste faisait bientôt plus de mille victimes par jour dans la cité de saint Lazare. Le Parlement janséniste de Provence était en fuite, et l'on ne savait où s'arrêterait le progrès toujours croissant de l'affreuse contagion, quand l'évêque, Mgr de Belzunce, réunissant les débris de son clergé fidèle et convoquant son troupeau sur le Cours qui depuis a pris le nom de l'héroïque pasteur, consacra solennellement son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus. Dès ce moment, le fléau diminua ; et il avait cessé entièrement, lorsque, deux ans plus tard, il reparut, menaçant de recommencer ses ravages. Il fut arrêté sans retour à la suite du vœu célèbre par lequel les échevins s'engagèrent, pour eux et leurs successeurs à perpétuité, aux actes solennels de religion qui ont fait jusqu'à nos jours la sauvegarde de Marseille et sa gloire la plus pure.

 

 Ces événements, dont le retentissement fut immense, amenèrent la fête du Sacré-Cœur à sortir des monastères de la Visitation où elle avait commencé de se célébrer au jour fixé par Marguerite-Marie, avec la Messe et l'Office du P. Eudes. On la vit, à partir de là, se répandre dans les diocèses. Lyon toutefois avait précédé Marseille. Autun vint en troisième lieu. On ne croyait pas alors en France qu'il fût nécessaire de recourir à l'autorité du Souverain Pontife pour l'établissement de nouvelles fêtes. Déférant aux vœux de la pieuse reine Marie Leczinska, les prélats qui formaient l'Assemblée de 1765 prirent une résolution pour établir la fête dans leurs diocèses, et engager leurs collègues à imiter cet exemple.

 

 Mais la sanction formelle du Siège apostolique ne devait pas manquer plus longtemps à ces efforts de la piété catholique envers le divin Cœur. Rome avait déjà accordé de nombreuses indulgences aux pratiques privées, érigé par brefs d'innombrables confréries , lorsqu'en cette même année 1765, Clément XIII, cédant aux instances des évêques de Pologne et de l'archiconfrérie romaine du Sacré-Cœur, rendit le premier décret pontifical en faveur delà fête du Cœur de Jésus, et approuva pour cette fête une Messe et un Office. Des concessions locales étendirent peu à peu cette première faveur à d'autres Eglises particulières, jusqu'à ce qu'enfin, le 23 août 1856, le Souverain Pontife Pie IX, de glorieuse mémoire, sollicité par tout l'Episcopat français, rendit le décret qui insérait au Calendrier la fête du Sacré-Cœur et en ordonnait la célébration dans l'Eglise universelle. Trente-trois ans plus tard, Léon XIII élevait au rite de première classe la solennité que son prédécesseur avait établie.

 

 La glorification du Cœur de Jésus appelait celle de son humble servante. Le 18 septembre 1864 avait vu la béatification de Marguerite-Marie proclamée solennellement par le même Pontife qui venait de donner à la mission qu'elle avait reçue la sanction définitive du Siège apostolique.

 

 Depuis lors, la connaissance et l'amour du Sacré-Cœur ont progressé plus qu'ils n'avaient fait dans les deux siècles précédents. On a vu par tout le monde communautés, ordres religieux, diocèses, se consacrant à l'envi à cette source de toute grâce, seul refuge de l'Eglise en ces temps calamiteux. Les peuples se sont ébranlés en de dévots pèlerinages ; des multitudes ont passé les mers, pour apporter leurs supplications et leurs hommages au divin Cœur en cette terre de France, où il lui a plu de manifester ses miséricordes. Elle-même si éprouvée, notre patrie tourne les yeux, comme espoir suprême, vers le splendide monument qui s'élève sur le mont arrosé par le sang des martyrs ses premiers apôtres, et, dominant sa capitale, attestera pour les siècles futurs la foi profonde et la noble confiance qu'a su garder, dans ses malheurs, celle qui naquit et demeure à jamais la Fille aînée de la sainte Eglise.

 

 Ô Cœur sacré, qui fûtes le lien de cette union puissante et si féconde, daignez rapprocher toujours plus votre Eglise et la France ; et qu'unies aujourd'hui dans l'épreuve, elles le soient bientôt dans le salut pour le bonheur du monde !

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Crucifixion

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