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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 13:00

Nous avons vu les saints Apôtres, au jour de la Pentecôte, recevoir l'effusion de l’Esprit-Saint, et bientôt, fidèles à l’ordre du Maître, ils vont partir pour aller enseigner toutes les nations, et baptiser les hommes au nom de la sainte Trinité. Il était donc juste que la solennité qui a pour but d'honorer Dieu unique en trois personnes suivît immédiatement celle de la Pentecôte à laquelle elle s'enchaîne par un lien mystérieux. Cependant, ce n'est qu'après de longs siècles qu'elle est venue s'inscrire sur le Cycle de l'Année liturgique, qui va se complétant par le cours des âges.

 

 Tous les hommages que la Liturgie rend à Dieu ont pour objet la divine Trinité. Les temps sont à elle comme l'éternité ; elle est le dernier terme de notre religion tout entière. Chaque jour, chaque heure lui appartiennent. Les fêtes instituées en commémoration des mystères de notre salut aboutissent toujours à elle. Celles de la très sainte Vierge et des Saints sont autant de moyens qui nous conduisent à la glorification du Seigneur unique en essence et triple en personnes. Quant à l'Office divin du Dimanche en particulier, il fournit chaque semaine l'expression spécialement formulée de l'adoration et du service envers ce mystère, fondement de tous les autres et source de toute grâce.

 

 On comprend dès lors comment il se fait que l'Eglise ait tardé si longtemps d'instituer une fête spéciale en l'honneur de la sainte Trinité. La raison ordinaire de l'institution des fêtes manquait ici totalement. Une fête est le monument d'un fait qui s'est accompli dans le temps, et dont il est à propos de perpétuer le souvenir et l'influence : or, de toute éternité, avant toute création, Dieu vit et règne, Père, Fils et Saint-Esprit. Cette institution ne pouvait donc consister qu'à établir sur le Cycle un jour particulier où les chrétiens s'uniraient d'une manière en quelque sorte plus directe dans la glorification solennelle du mystère de l'unité et de la trinité dans une même nature divine.

 

La pensée s'en présenta d'abord à quelques-unes de ces âmes pieuses et recueillies qui reçoivent d'en haut le pressentiment des choses que l'Esprit-Saint opérera plus tard dans l'Eglise. Dès le VIIIe siècle, le savant moine Alcuin, rempli de l'esprit de la sainte Liturgie, comme ses écrits en font foi, crut le moment venu de rédiger une Messe votive en l'honneur du mystère de la sainte Trinité. Il paraît même y avoir été incité par un désir de l'illustre apôtre de la Germanie, saint Boniface. Cette Messe, simplement votive, n'était toutefois qu'un secours pour la piété privée, et rien n'annonçait que l'institution d'une fête en sortirait un jour. Cependant la dévotion à cette Messe s'étendit peu à peu, et nous la voyons acceptée en Allemagne par le concile de Seligenstadt, en 1022.

 

Mais à cette époque déjà, une fête proprement dite de la Sainte-Trinité avait été inaugurée dans l'une des églises de la pieuse Belgique, dans celle-là même qu'une autre grâce prédestinait à enrichir le Cycle chrétien d'un de ses signes les plus resplendissants. Etienne, évêque de Liège, instituait solennellement la fête de la Sainte-Trinité dans son Eglise en 920, et faisait composer un Office complet en l'honneur du mystère. La disposition du droit commun qui réserve aujourd'hui au Siège apostolique l'institution des nouvelles fêtes n'existait pas encore, et Riquier, successeur d'Etienne sur le siège de Liège, maintint l'œuvre de son prédécesseur.

 

 Elle s'étendit peu à peu, et il paraît que l'Ordre monastique lui fut promptement favorable ; car nous voyons, dès les premières années du XIe siècle, Bernon, abbé de Reichnaw, s'occuper de sa propagation. A Cluny, la fête s'établit d'assez bonne-heure dans le cours du même siècle, comme on le voit par l'Ordinaire de cet illustre monastère rédigé en 1091 , où elle se trouve mentionnée comme étant instituée depuis un temps déjà assez long.

 

 Sous le pontificat d'Alexandre II, qui siégea de 1061 à 1073, l'Eglise Romaine, qui souvent sanctionna, en les adoptant, les usages des Eglises particulières, fut mise en mesure de porter un jugement sur cette nouvelle institution. Le Pontife, dans une de ses Décrétales, tout en constatant que la fête est déjà répandue en beaucoup de lieux, déclare que l'Eglise Romaine ne l'a pas acceptée, par cette raison que chaque jour l'adorable Trinité est sans cesse invoquée par la répétition de ces paroles : Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto, et dans un grand nombre d'autres formules de louange.

 

 Cependant la fête continuait à se répandre, comme l'atteste le Micrologue ; et dans la première partie du XIIe siècle, le docte abbé Rupert, que l'on peut appeler avec raison l'un des princes de la science liturgique, proclamait déjà la convenance de cette institution, s'exprimant à son sujet comme nous le ferions aujourd'hui, dans ces termes remarquables : 

" Aussitôt après avoir célébré la solennité de l'avènement du Saint-Esprit, nous chantons la gloire de la sainte Trinité dans l'Office du Dimanche qui suit, et cette disposition est très à propos ; car aussitôt après la descente de ce divin Esprit, commencèrent la prédication et la croyance, et, dans le baptême, la foi et la confession du nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". De divinis Officiis, lib. XI, cap. I.

 

En Angleterre, l'établissement de la fête de la Sainte-Trinité eut pour auteur principal le glorieux martyr saint Thomas de Cantorbéry ; ce fut en 1162 qu'il l'institua dans son Eglise, en mémoire de sa consécration épiscopale qui avait eu lieu le premier Dimanche après la Pentecôte. Pour la France, nous trouvons, en 1260, un concile d'Arles présidé par l'archevêque Florentin, qui, dans son sixième canon, inaugure solennellement la fête, en y ajoutant le privilège d'une Octave. Dès 1230, l'Ordre de Cîteaux, répandu dans l'Europe entière, l'avait instituée pour toutes ses maisons ; et Durand de Mende, dans son Rational, donne lieu de conclure que le plus grand nombre des Eglises latines, dans le cours du XIIIe siècle, jouissaient déjà de la célébration de cette fête. Parmi ces Eglises, il s'en trouvait quelques-unes qui la plaçaient, non au premier, mais au dernier Dimanche après la Pentecôte, et d'autres qui la célébraient deux fois : d'abord en tête de la série des Dimanches qui suivent la solennité de la Pentecôte, et une seconde fois au Dimanche qui précède immédiatement l'Avent. Tel était en particulier l'usage des Eglises de Narbonne, du Mans et d'Auxerre.

 

 On pouvait dès lors prévoir que le Siège apostolique finirait par sanctionner une institution que la chrétienté aspirait à voir établie partout. Jean XXII, qui occupa la chaire de saint Pierre jusqu'en 1334, consomma l'œuvre par un décret dans lequel l'Eglise Romaine acceptait la fête de la Sainte-Trinité et l'étendait à toutes les Eglises.

 

 Si l'on cherche maintenant le motif qui a porté l'Eglise, dirigée en tout par l'Esprit-Saint, à assigner ainsi un jour spécial dans l'année pour rendre un hommage solennel à la divine Trinité, lorsque toutes nos adorations, toutes nos actions de grâces, tous nos vœux, en tout temps, montent vers elle, on le trouvera dans la modification qui s'introduisait alors sur le calendrier liturgique. Jusque vers l'an 1000, les fêtes des Saints universellement honorés y étaient très rares. Après cette époque, elles y apparaissent plus nombreuses, et il était à prévoir qu'elles s'y multiplieraient toujours davantage. Un temps devait venir où l'Office du Dimanche, qui est spécialement consacré à la sainte Trinité, céderait fréquemment la place à celui des Saints que ramène le cours de l'année. Il devenait donc nécessaire, pour légitimer en quelque sorte ce culte des serviteurs au jour consacré à la souveraine Majesté, qu'une fois du moins dans l'année, le Dimanche offrit l'expression pleine et directe de cette religion profonde que le culte tout entier de la sainte Eglise professe envers le souverain Seigneur, qui a daigné se révéler aux hommes dans son Unité ineffable et dans son éternelle Trinité.

 

 L'essence de la foi chrétienne consiste dans la connaissance et l'adoration de Dieu unique en trois personnes. C'est de ce mystère que sortent tous les autres ; et si notre foi s'en nourrit ici-bas comme de son aliment suprême, en attendant que sa vision éternelle nous ravisse dans une félicité sans fin, c'est qu'il a plu au souverain Seigneur de s'affirmer tel qu'il est à notre humble intelligence, tout en demeurant dans sa "lumière inaccessible". La raison humaine peut arriver à connaître l'existence de Dieu comme créateur de tous les êtres, elle peut prendre une idée de ses perfections en contemplant ses œuvres ; mais la notion de l'être intime de Dieu ne pouvait arriver jusqu'à nous que par la révélation qu'il a daigné nous en faire.

 

 Or, le Seigneur voulant nous manifester miséricordieusement son essence, afin de nous unir à lui plus étroitement et de nous préparer en quelque façon à la vue qu'il doit nous donner de lui-même face à face dans l'éternité, nous a conduits successivement de clarté en clarté, jusqu'à ce que nous fussions suffisamment éclairés pour reconnaître et adorer l'Unité dans la Trinité et la Trinité dans l'Unité. Durant les siècles qui précèdent l'Incarnation du Verbe éternel, Dieu semble préoccupé surtout d'inculquer aux hommes l'idée de son unité ; car le polythéisme devient de plus en plus le mal du genre humain, et la notion même de la cause spirituelle et unique de toutes choses se fût éteinte sur la terre, si la bonté souveraine n'eût opéré constamment pour sa conservation.

 

 Ce n'est pas cependant que les livres de l'ancienne alliance soient entièrement muets sur les trois divines personnes, dont les ineffables relations sont éternelles en Dieu ; mais ces textes mystérieux demeuraient inaccessibles au vulgaire, tandis que, dans l'Eglise chrétienne, l'enfant de sept ans répond à qui l'interroge qu'en Dieu trois personnes divines n'ont qu'une même nature et qu'une même divinité. Lorsque, dans la Genèse, Dieu dit au pluriel : "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance", l'Israélite s'incline et croit, mais sans comprendre ; éclairé par la révélation complète, le chrétien adore distinctement les trois personnes dont l'action s'est exercée dans la formation de l'homme, et, la lumière de la foi développant sa pensée, il arrive sans effort à retrouver en lui-même la ressemblance divine. Puissance, intelligence, volonté : ces trois facultés sont en lui, et il n'est qu'un seul être.

 

 Salomon dans les Proverbes, le livre de la Sagesse, l'Ecclésiastique, parle avec magnificence de la Sagesse éternelle. Son unité avec l'essence divine et sa distinction personnelle éclatent en même temps dans un langage abondant et sublime ; mais qui percera le nuage ? Isaïe a entendu la voix des Séraphins retentir autour du trône de Dieu. Ils criaient alternativement dans une jubilation éternelle : "Saint, Saint, Saint est le Seigneur" ! Qui expliquera aux hommes ce trois fois Saint dont la louange envoie ses échos jusqu'à notre terrestre région ? Dans les Psaumes, dans les écrits prophétiques, un éclair sillonne tout à coup le ciel ; une triple splendeur a ébloui le regard de l'homme ; mais l'obscurité devient bientôt plus profonde, et le sentiment de l'unité divine demeure seul distinct au fond de l'âme, avec celui de l'incompréhensibilité de l'être souverain.

 

 Il fallait que la plénitude des temps fût accomplie ; alors Dieu enverrait en ce monde son Fils unique engendré de lui éternellement. Il a accompli ce dessein de sa divine munificence, "et le Verbe fait chair a habité parmi nous". En voyant sa gloire, qui est celle du Fils unique du Père, nous avons connu qu'en Dieu il y a Père et Fils. La mission du Fils sur la terre, en nous le révélant lui-même, nous apprenait que Dieu est Père éternellement ; car tout ce qui est en Dieu est éternel. Sans cette révélation miséricordieuse qui anticipe pour nous sur la lumière que nous attendons après cette vie, notre connaissance de Dieu serait demeurée par trop imparfaite. Il convenait qu'il y eût enfin relation entre la lumière de la foi et celle de la vision qui nous est réservée, et il ne suffisait plus à l'homme de savoir que Dieu est un.

 

 Maintenant nous connaissons le Père, duquel, comme nous dit l'Apôtre, dérive toute paternité même sur la terre. Pour nous, le Père n'est plus seulement un pouvoir créateur produisant les œuvres en dehors de lui ; notre œil respectueux, conduit par la foi, pénètre jusque dans le sein de la divine essence, et là nous contemplons le Père engendrant un Fils semblable à lui-même. Mais, pour nous l'apprendre, le Fils est descendu jusqu'à nous. Lui-même le dit expressément : "Nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui il a plu au Fils de le révéler". Gloire soit donc au Fils qui a daigné nous manifester le Père, et gloire au Père que le Fils nous a révélé !

 

Ainsi la science intime de Dieu nous est venue par le Fils, que le Père, dans son amour, nous a donné ; et afin d'élever nos pensées jusqu'à sa nature divine, ce Fils de Dieu, qui s'est revêtu de notre nature humaine dans son Incarnation, nous a enseigné que son Père et lui sont un, qu'ils sont une même essence dans la distinction des personnes. L'un engendre, l'autre est engendré ; l'un s'affirme puissance, l'autre sagesse, intelligence. La puissance ne peut être sans l'intelligence, ni l'intelligence sans la puissance, dans l'être souverainement parfait ; mais l'un et l'autre appellent un troisième terme.

 

 Le Fils, qui a été envoyé par le Père, est monté dans les cieux avec sa nature humaine qu'il s'est unie pour l'éternité, et voici que le Père et le Fils envoient aux hommes l'Esprit qui procède de l'un et de l'autre. Par ce nouveau don, l'homme arrive à connaître que le Seigneur Dieu est en trois personnes. L'Esprit, lien éternel des deux premières, est la volonté, l'amour, dans la divine essence. En Dieu donc est la plénitude de l'être, sans commencement, sans succession, sans progrès, car rien ne lui manque. En ces trois termes éternels de sa substance incréée, il est l'acte pur et infini.

 

La sainte Liturgie, qui a pour objet la glorification de Dieu et la commémoration de ses œuvres, suit chaque année les phases sublimes de ces manifestations dans lesquelles le souverain Seigneur s'est déclaré tout entier à de simples mortels. Sous les sombres couleurs de l'Avent, nous avons traversé la période d'attente durant laquelle le radieux triangle laissait à peine pénétrer quelques rayons à travers le nuage. Le monde implorait un libérateur, un Messie ; et le propre Fils de Dieu devait être ce libérateur, ce Messie. Pour que nous eussions l'intelligence complète des oracles qui nous l'annonçaient, il était nécessaire qu’il fût venu. Un petit enfant nous est né, et nous avons eu la clef des prophéties. En adorant le Fils, nous avons adoré aussi le Père, qui nous l'envoyait dans la chair, et auquel il est consubstantiel. Ce Verbe de vie, que nous avons vu, que nous avons entendu, que nos mains ont touché dans l'humanité qu'il avait daigné prendre, nous a convaincus qu'il est véritablement une personne, qu'il est distinct du Père, puisque l'un envoie et que l'autre est envoyé. Dans cette seconde personne divine, nous avons rencontré le médiateur qui a réuni la création à son auteur, le rédempteur de nos péchés, la lumière de nos âmes, l'Epoux auquel elles aspirent.

 

 La série des mystères qui lui sont propres étant consommée, nous avons célébré la venue de l'Esprit sanctificateur, annoncé comme devant venir perfectionner l'œuvre du Fils de Dieu. Nous l'avons adoré et reconnu distinct du Père et du Fils, qui nous l'envoyaient avec la mission de demeurer avec nous. Il s'est manifesté dans des opérations toutes divines qui lui sont propres ; car elles sont l'objet de sa venue. Il est l'âme de la sainte Eglise, il la maintient dans la vérité que le Fils lui a enseignée. Il est le principe de la sanctification dans nos âmes, où il veut faire sa demeure. En un mot, le mystère de la sainte Trinité est devenu pour nous, non seulement un dogme intimé à notre pensée par la révélation, mais une vérité pratiquement connue de nous par la munificence inouïe des trois divines personnes, adoptés que nous sommes par le Père, frères et cohéritiers du Fils, mus et habités par l'Esprit-Saint.

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

L'Adoration de la Trinité par Dürer

 

 

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 06:00

À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples :

 

J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter.

 

Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.

 

Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.

 

Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.

   

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

 

L'Adoration de la Sainte Trinité (détails) par Dürer

 

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 15:00

La seconde faveur qu'a destinée le divin Esprit à l'âme qui lui est fidèle dans l'action, est le don de Sagesse, supérieur encore à celui de l'Intelligence. Il est lié cependant à ce dernier, en ce sens que l'objet montré dans l'Intelligence est goûté, et possédé dans le don de Sagesse. Le Psalmiste, invitant l'homme à s'approcher de Dieu, lui recommande la saveur du souverain bien. "Goûtez, dit-il, et expérimentez que le Seigneur est rempli de douceur". La sainte Eglise, au jour même de la Pentecôte, demande à Dieu pour nous la faveur de goûter le bien, recta sapere, parce que l'union de l'âme avec Dieu est plutôt l'expérimentation par le goût qu'une vue qui serait incompatible avec notre état présent. La lumière donnée par le don d'Intelligence n'est pas immédiate, elle réjouit vivement l'âme, et dirige son sens vers la vérité ; mais elle tend à se compléter par le don de Sagesse qui est comme sa fin.

 

 L'Intelligence est donc illumination, et la Sagesse est union. Or, l'union avec le souverain bien s'accomplit par la volonté, c'est-à-dire par l'amour qui réside dans la volonté. Nous remarquons cette progression dans les hiérarchies angéliques. Le Chérubin étincelle d'intelligence, mais au-dessus de lui encore est le Séraphin embrasé. L'amour est ardent chez le Chérubin, de même que l'intelligence éclaire de sa vive lumière le Séraphin ; mais l'un est différencié de l'autre par la qualité prédominante, et le plus élevé est celui qui atteint le plus intimement la divinité par l'amour, celui qui goûte le souverain bien.

 

 Le septième don est décoré du beau nom de Sagesse, et ce nom lui vient de l'éternelle Sagesse à laquelle il tend à s'assimiler par l'ardeur de l'affection. Cette Sagesse incréée, qui daigne se laisser goûter par l'homme dans cette vallée de larmes, est le Verbe divin, celui-là même que l'Apôtre appelle a la splendeur de la gloire du "Père et la forme de sa substance". C'est lui qui nous a envoyé l'Esprit pour nous sanctifier et nous ramener à lui, en sorte que l'opération la plus élevée de ce divin Esprit est de procurer notre union avec celui qui, étant Dieu, s'est fait chair et s'est rendu pour nous obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix. Par les mystères accomplis dans son humanité, Jésus nous a fait pénétrer jusqu'à sa divinité ; par la foi éclairée de l'Intelligence surnaturelle, "nous voyons sa gloire qui est celle du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité" ; et de même qu'il s'est fait participant de notre humble nature humaine, il se donne dès ce monde à goûter, lui Sagesse incréée, à cette Sagesse créée que l'Esprit-Saint forme en nous comme le plus sublime de ses dons.

 

 Heureux donc celui en qui règne cette précieuse Sagesse qui révèle à l'âme la saveur de Dieu et de ce qui est de Dieu ! "L'homme animal, nous dit l'Apôtre, est privé de ce goût qui perçoit ce qui vient de l'Esprit de Dieu", pour jouir de ce don, il lui faudrait devenir spirituel, se prêter docilement au désir de l'Esprit, et il arriverait comme d'autres qui après avoir été ainsi que lui esclaves de la vie charnelle, en ont été affranchis par la docilité à l'égard de l'Esprit divin qui les a cherchés et qui les a retrouvés. L'homme moins grossier, mais livré à l'esprit du monde, est également impuissant à comprendre ce qui fait l'objet du don de Sagesse et ce que révèle le don d'Intelligence. Il juge ceux qui ont reçu ces dons, et il les blâme ; heureux s'il ne les traverse pas, s'il ne les poursuit pas ! Jésus nous le dit expressément : "Le monde ne peut recevoir l'Esprit de Vérité, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas". Que ceux-là donc qui ont le bonheur de désirer le bien suprême, sachent qu'il leur faut être entièrement dégagés de l'esprit profane qui est l'ennemi personnel de l'Esprit de Dieu. Affranchis de sa chaîne, ils pourront s'élever jusqu'à la Sagesse.

 

 Le propre de ce don est de procurer une grande vigueur à l'âme et de fortifier ses puissances. Toute la vie en est comme assainie, ainsi qu'il arrive à ceux qui font usage d'aliments qui leur conviennent. Il n'y a plus de contradiction entre Dieu et l'âme, et c'est pour cette raison que l'union est rendue facile. "Où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté", dit l'Apôtre. Tout devient aisé pour l'âme, sous l'action de l'Esprit de Sagesse. Les choses dures à la nature, loin d'étonner, semblent douces, et le cœur ne s'effraye plus autant de la souffrance. Non seulement on peut dire que Dieu n'est pas loin d'une âme que l'Esprit-Saint a mise dans cette disposition ; il est visible qu'elle lui est unie. Qu'elle veille cependant sur l'humilité ; car l'orgueil peut encore monter jusqu'à elle, et sa chute serait d'autant plus profonde que son élévation est plus grande.

 

 Insistons auprès du divin Esprit, et prions-le de ne pas nous refuser cette précieuse Sagesse qui nous conduira à Jésus, la Sagesse infinie. Un sage de l'ancienne loi aspirait déjà à cette faveur, quand il écrivait ces paroles dont le chrétien seul a l'intelligence parfaite : "J'ai désiré, disait-il, et l'Intelligence m'a été donnée ; j'ai prié, et l'Esprit de Sagesse est venu en moi".

 

Il faut donc demander ce don avec instance. Dans la nouvelle Alliance, l'Apôtre saint Jacques nous y invite par ses exhortations les plus pressantes. "Si quelqu'un de vous, dit-il, veut avoir la Sagesse, qu'il la demande à Dieu qui donne à tous avec tant de largesse et qui ne reproche pas ses dons ; qu'il demande avec foi, et qu'il n'hésite pas". Nous osons prendre pour nous cette invitation de l'Apôtre, ô divin Esprit, et nous vous disons : Ô vous qui procédez de la Puissance et de la Sagesse, donnez-nous la Sagesse. Celui qui est la Sagesse vous a envoyé vers nous pour nous réunir à lui. Enlevez-nous à nous-mêmes, et unissez-nous à celui qui s'est uni à notre faible nature. Moyen sacré de l'unité, soyez le lien qui nous unira pour jamais à Jésus, et celui qui est la Puissance et le Père nous adoptera "pour ses héritiers et pour les cohéritiers de son Fils".

 

La série successive des Mystères est complète désormais, et le Cycle mobile de la sainte Liturgie est arrivé à son terme. Nous traversâmes d'abord, au Temps de l'Avent, les quatre semaines qui représentaient les quatre millénaires employés par le genre humain à implorer du Père l'envoi de son Fils. Enfin l'Emmanuel descendit ; nous nous associâmes tour à tour aux joies de sa naissance, aux douleurs de sa Passion, à la gloire de sa Résurrection, au triomphe de son Ascension. Enfin, nous avons vu descendre sur nous l'Esprit divin, et nous savons qu'il reste avec nous jusqu'à la fin.

 

 La sainte Eglise nous a assistés dans tout le cours de cet immense drame qui contient notre salut. Ses divins cantiques et ses augustes cérémonies nous ont chaque jour éclairés, et ainsi nous avons pu tout suivre et tout comprendre. Bénie soit cette Mère par les soins de laquelle nous avons été initiés à tant de merveilles qui ont ouvert nos esprits et réchauffé nos coeurs ! Bénie soit la Liturgie sacrée, source de tant de consolations et d'encouragements !

 

Maintenant il nous reste à achever le parcours du Cycle dans sa partie immobile. De sublimes épisodes nous y attendent. Préparons-nous donc à reprendre notre marche, comptant sur l'Esprit-Saint qui dirigera nos pas, et continuera de nous ouvrir, par la sainte Liturgie dont il est l'inspirateur, les trésors de la doctrine et de l'exemple.

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

SAINTE CATHERINE

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 08:00

Veni Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende.
Venez , ô Esprit-Saint,  remplissez les cœurs de  vos fidèles, et allumez en eux le feu de votre amour.

 

 Nous avons admiré avec une tendre reconnaissance le dévouement ineffable, la constance toute divine, avec lesquels l'Esprit-Saint accomplit sa mission dans les âmes ; il nous reste encore quelques traits à ajouter, pour compléter, bien imparfaitement sans doute, l'idée des merveilles de puissance et d'amour qu'opère cet hôte divin dans l'homme qui ne ferme pas son cœur à ses influences. Mais avant d'aller plus loin nous éprouvons le besoin de rassurer ceux qui, au récit des prodiges de bonté que fait en notre faveur le divin Esprit, et du mystère sublime de sa présence continue au milieu de nous, en viendraient à craindre que celui qui est descendu pour nous consoler de l'absence de notre Rédempteur ne prenne place dans nos affections aux dépens de celui qui "étant de la substance divine, et pouvant sans usurpation se donner pour l'égal de Dieu, s'est anéanti lui-même, prenant la forme de l'esclave et se rendant semblable aux hommes".

 

 La faiblesse de l'instruction chrétienne chez un grand nombre de fidèles en notre temps est cause que le dogme du Saint-Esprit n'est guère connu d'eux que d'une manière vague, et qu'ils ignorent pour ainsi dire son action spéciale dans l'Eglise et dans les âmes. Ces mêmes fidèles connaissent et honorent avec la plus louable dévotion les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption du Fils de Dieu notre Seigneur ; mais on dirait qu'ils attendent l'éternité pour savoir en quoi ils sont redevables au Saint-Esprit.

 

Nous leur dirons donc ici que la mission de ce divin Esprit est si loin de faire oublier ce que nous devons à notre Sauveur, que sa présence au milieu de nous et en nous est le don suprême de la tendresse de celui qui a daigné nous racheter sur la croix. Le souvenir si touchant et si efficace que nous entretenons de ses mystères, par qui est-il produit et conservé dans nos cœurs, si ce n'est par l'Esprit-Saint ? Et le but de toutes ses sollicitudes dans nos âmes, quel est-il, sinon de former en nous le Christ, l'homme nouveau, afin que nous puissions lui être incorporés éternellement en qualité de ses membres ? L'amour que nous portons à Jésus est donc inséparable de celui que nous devons à l'Esprit-Saint, de même que le culte fervent de ce divin Esprit nous unit étroitement au Fils de Dieu dont il procède et qui nous l'a donné. Nous sommes remués et attendris à la pensée des douleurs de Jésus, et il en doit être ainsi ; mais il serait indigne de rester insensibles aux résistances, aux mépris et aux trahisons auxquels l'Esprit-Saint demeure exposé dans les âmes et qu'il y recueille sans cesse. Nous sommes les enfants du Père céleste : mais puissions-nous comprendre dès ce monde que nous en sommes redevables au dévouement des deux divines personnes qui nous auront servi aux dépens de leur gloire !

 

 Après cette digression qui nous a semblé utile, nous continuons à décrire respectueusement les opérations de l'Esprit-Saint dans l'âme de l'homme. Ainsi que nous venons de le dire, le but de ses efforts est de former en nous Jésus-Christ par l'imitation de ses sentiments et de ses actes. Qui mieux que ce divin Esprit connaît les dispositions de Jésus dont il a produit l'humanité bienheureuse au sein de Marie, de Jésus qu'il a rempli et habité dans une plénitude au-dessus de tout, qu'il a assisté et dirigé en tout par une grâce proportionnée a la dignité de cette nature humaine personnellement unie à la divinité ? Son vœu est d'en reproduire la fidèle copie, autant que la faiblesse et l'exiguïté de notre humble personnalité, lésée déjà par la chute originelle, le lui pourra permettre.

 

 Néanmoins le divin Esprit obtient dans cette œuvre digne d'un Dieu de nobles et glorieux résultats. Nous l'avons vu disputant au péché et à Satan l'héritage racheté du Fils de Dieu ; considérons-le opérant avec succès dans la "consommation des saints", selon la magnifique expression de l'Apôtre. Il les prend dans l'état de déchéance générale, il leur applique d'abord les moyens ordinaires de sanctification ; mais résolu à les pousser jusqu'à la limite possible pour eux du bien et de la vertu, il développe son œuvre avec un courage divin. La nature est devant lui : nature tombée, et infectée d'un virus qui donnerait la mort ; mais nature qui garde encore quelque ressemblance avec son créateur, dont elle a retenu divers traits dans sa ruine. L'Esprit a donc à détruire la nature souillée et malsaine, en même temps qu'à relever, en la purifiant, celle qui n'a pas été atteinte mortellement par le poison. Il faut, dans cette œuvre si délicate et si laborieuse, qu'il emploie le fer et le feu, comme un habile médecin, et, chose admirable ! qu'il emprunte le secours du malade lui-même pour appliquer le remède qui seul peut le guérir. De même qu'il ne sauve pas le pécheur sans lui, il ne sanctifie pas le saint, sans être aidé de sa coopération. Mais il anime et soutient son courage par les mille soins de sa grâce, et insensiblement la mauvaise nature perdant toujours du terrain dans cette âme, ce qui était demeuré intact va se transformant dans le Christ, et la grâce arrive à régner dans l'homme tout entier.

 

Les vertus ne sont plus inertes ou faiblement développées dans ce chrétien : chaque jour leur voit prendre un nouvel essor. L'Esprit ne souffre pas qu'une seule reste en arrière ; sans cesse il montre à son disciple le type qui est Jésus, en qui les vertus sont dans leur plénitude comme dans leur perfection. Parfois il fait sentir à l'âme son impuissance, afin qu'elle s'humilie ; il la laisse exposée aux répugnances et aux tentations ; mais c'est alors qu'il l'assiste avec plus de sollicitude. Il faut qu'elle agisse, comme il faut qu'elle souffre ; mais l'Esprit l'aime avec tendresse, et ménage ses forces tout en l'exerçant. C'est un grand œuvre d'amener un être borné et déchu à reproduire ce qu'il y a de plus saint. Dans ce labeur, plus d'une fois le courage défaille, et un faux pas est toujours possible ; mais, péché ou imperfection, rien ne résiste ; l'amour que le divin Esprit entretient avec un soin particulier dans ce cœur a bientôt consumé ces scories, et la flamme monte toujours. La vie humaine s'est évanouie ; c'est le Christ qui vit en cet homme nouveau, de même que cet homme vit dans le Christ.

 

 La prière est devenue son élément ; car c'est en elle qu'il sent le lien qui l'unit à Jésus, et que ce lien se resserre de plus en plus. L'Esprit ouvre à l'âme des voies nouvelles pour lui faire trouver son souverain bien dans la prière. Il en a disposé les degrés comme une échelle divine qui monte de la terre et dont le sommet se perd dans les cieux. Qui pourrait raconter les faveurs de la divinité envers celui qui s'étant dégagé de l'estime et de l'amour de lui-même, n'aspire plus, dans l'unité et la simplicité de sa vie, qu'à voir et à goûter Dieu, qu'à se perdre en lui éternellement ? La divine Trinité tout entière s'intéresse au chef-d'œuvre de l'Esprit-Saint. Le Père céleste fait sentir à cette âme les étreintes de sa tendresse paternelle, le Fils de Dieu ne contient plus les élans de l'amour qu'il a pour elle, et l'Esprit l'inonde toujours davantage de ses lumières et de ses consolations.

 

 La cour céleste qui demeure attentive à tout ce qui intéresse l'homme, au point qu'elle tressaille de bonheur à la vue d'un seul pécheur qui fait pénitence, a vu ce beau spectacle, elle le suit avec un indicible amour, et rend honneur à l'Esprit divin qui sait opérer de tels prodiges au sein d'une nature disgraciée. Quelquefois Marie, dans sa joie maternelle, rend sa présence sensible à ce fils nouveau qui lui est né ; les Anges se montrent aux regards de ce frère déjà digne de leur société, et les saints de la race humaine entretiennent une aimable familiarité avec celui dont ils attendent d'ici à peu de temps l'arrivée au séjour de la gloire. Quoi d'étonnant que ce nourrisson de l'Esprit divin n'ait souvent qu'à étendre la main pour suspendre les lois de la nature, et consoler ses frères d'ici-bas dans leurs souffrances ou leurs besoins ? Ne les aime-t-il pas d'un amour puisé à la source infinie de l'amour, d'un amour que n'enchaînent plus l'égoïsme et les tristes retours sur soi-même auxquels est sujet celui en qui Dieu ne règne pas ?

 

 Mais ne perdons pas de vue le point culminant de cette vie merveilleuse, moins rare que ne le pensent les hommes profanes ou distraits. C'est ici qu'apparaît la puissance des mérites de Jésus et son amour pour sa créature, en même temps que la divine énergie de l'Esprit-Saint. Cette âme est appelée à des noces sublimes, et ces noces ne seront pas réservées pour l'éternité. C'est dans le temps, sous l'horizon étroit de ce monde passager, qu'elles doivent s'accomplir. Jésus aspire à l'Epouse qu'il a rachetée de son sang, et l'Epouse n'est plus seulement son Eglise bien-aimée. C'est aussi cette âme qui était encore dans le néant il y a peu d'années, cette âme que les hommes ignorent, mais dont "il a convoité la beauté". Il est l'auteur de cette beauté qui est en même temps l'œuvre de l'Esprit ; il n'aura pas de repos qu'il ne se la soit unie. Alors s'accomplit par le divin Esprit en faveur d'une âme individuelle ce que nous l'avons vu opérer pour l'Eglise elle-même. Il la prépare, il l'établit dans l'unité, il la consolide dans la vérité, il la consomme dans la sainteté ; alors l'Esprit et l'Epouse disent : 'Venez'.

 

 Il faudrait un livre entier pour décrire l'action du divin Esprit dans les saints, et nous n'avons pu en tracer qu'une insuffisante et grossière ébauche. Toutefois cet essai si incomplet, outre qu'il était nécessaire pour achever de décrire, si en abrégé que ce soit, le caractère complet de la mission du Saint-Esprit sur la terre d'après l'enseignement des divines Ecritures et la doctrine de la théologie dogmatique et mystique, pourra servir à diriger le lecteur dans l'étude et dans l'intelligence de la vie des Saints. Dans le cours de cette Année liturgique, où les noms et les œuvres des amis de Dieu sont si souvent rappelés et célébrés par l'Eglise elle-même, il importait de proclamer la gloire de l'Esprit sanctificateur.

 

 Mais nous ne saurions laisser s'achever cette journée sans offrir à la Reine de tous les Saints l'hommage qui lui est dû, et sans rendre gloire au divin Esprit pour toutes les grandes choses qu'il a opérées en elle. Après l'humanité de notre Rédempteur ornée par lui de tous les dons qui pouvaient la rapprocher, autant qu'il était possible à une créature, de la nature divine à laquelle la divine incarnation l'avait unie, l'âme, la personne entière de Marie ont été favorisées dans l'ordre de la grâce au-dessus de toutes les autres créatures ensemble. Il n'en pouvait être autrement, et on le concevra pour peu que l'on essaye de sonder par la pensée l'abîme de grandeurs et de sainteté que représente la Mère d'un Dieu.

 

Marie forme â elle seule un monde à part dans l'ordre de la grâce; â elle seule, un moment, elle a été l'Eglise de Jésus. Pour elle seule d'abord l'Esprit a été envoyé, et il l'a remplie de la grâce dès l'instant même de sa conception immaculée. Cette grâce s'est développée en elle par l'action continue de l'Esprit jusqu'à la rendre digne, autant qu'une créature pouvait l'être, de concevoir et d'enfanter le propre Fils de Dieu qui est devenu aussi le sien. En ces jours de la Pentecôte, nous avons vu le divin Esprit l'enrichir encore de nouveaux dons, la préparer pour une mission nouvelle ; à la vue de tant de merveilles, notre cœur filial ne peut retenir l'élan de son admiration, ni celui de sa reconnaissance envers l'auguste Paraclet qui a daigné agir avec tant de munificence à l'égard de la Mère des hommes.

 

Mais aussi nous ne pouvons nous empêcher de célébrer, dans un enthousiasme légitime, la complète fidélité de la bien-aimée de l'Esprit à toutes les grâces qu'il a répandues en elle. Pas une n'a été perdue, pas une n'est retournée à lui sans effet, comme il arrive quelquefois pour les âmes les plus saintes. A son début, elle a été "semblable à l'aurore qui se lève", et l'astre de sa sainteté n'a cessé de monter vers ce midi qui pour elle ne devait pas avoir de couchant. L'Archange n'était pas encore venu vers elle pour lui annoncer qu'elle allait concevoir dans son chaste sein le Fils du Tout-Puissant, et déjà, comme nous l'enseignent les Pères, elle avait conçu dans son âme ce Verbe éternel. Il la possédait comme son épouse, avant de l'appeler à l'honneur d'être sa mère. Si Jésus a pu dire en parlant d'une âme qui avait eu besoin de la régénération : "Celui qui me cherche me trouvera dans le cœur de Gertrude", quelle a dû être l'identification des sentiments de Marie avec ceux du Fils de Dieu, et combien est étroite son union avec lui ! De cruelles épreuves l'attendaient en ce monde : elle a été plus forte que la tribulation ; et lorsque le moment est arrivé où elle devait se sacrifier dans un même holocauste avec son fils, elle s'est trouvée prête. Après l'Ascension de Jésus, le Consolateur est descendu sur elle ; il a ouvert devant elle une nouvelle carrière ; pour la parcourir il fallait que Marie acceptât un long exil de la patrie où régnait déjà le fruit de ses entrailles : elle n'a pas hésité, elle s'est montrée la servante du Seigneur, ne désirant autre chose qu'accomplir en tout sa volonté.

 

 Le triomphe de l'Esprit-Saint en Marie a donc été complet ; si magnifiques qu'aient été ses avances, elle a répondu à toutes. La qualité sublime de Mère de Dieu à laquelle elle était destinée appelait sur elle des grâces immenses ; elle les a reçues et elles ont fructifié en elle. Dans l'œuvre de la "consommation des saints et de la construction du corps de Jésus-Christ", le divin Esprit a ménagé à Marie, en retour de sa fidélité et à cause de sa dignité incomparable, la noble place qui lui convenait. Nous savons que son divin Fils est la tête du corps immense des élus, qui se réunissent au-dessous de lui avec une harmonie parfaite. Dans cet ensemble prédestiné, notre auguste Reine, selon la théologie mariale, représente le cou qui est étroitement lié à la tête, et par lequel la tête communique à tout le reste du corps le mouvement et la vie. Elle n'est pas agent principal, mais c'est par elle que cet agent influe sur chacun des membres. Son union, comme il était juste, est immédiate avec la tête, parce que nulle créature, si ce n'est elle, n'a eu et ne pourrait avoir une telle relation avec le Verbe incarné ; mais tout ce qui descend sur nous de grâces et de faveurs, tout ce qui nous illumine et nous vivifie, nous vient par elle de son Fils.

 

 De là résulte l'action générale de Marie sur l'Eglise, et son action particulière sur chaque fidèle. Elle nous unit tous à son Fils qui nous unit tous à la divinité. Le Père nous a donné son Fils, le Fils s'est choisi une Mère parmi nous, et l'Esprit-Saint, en rendant féconde cette Mère virginale, a consommé la réunion de l'homme et de toute création avec Dieu. Cette réunion est le dernier terme que Dieu s'est proposé dans la création des êtres ; et maintenant que le Fils est glorifié et que l'Esprit est venu, nous connaissons toute la pensée divine.

 

Plus favorisés que toutes les générations qui se sont succédées avant le jour de la Pentecôte, nous avons, non plus en promesse mais en réalité, un Frère que couronne le diadème de la divinité, un Consolateur qui demeure avec nous jusqu'à la fin des temps pour éclairer notre voie et nous y soutenir, une Mère dont l'intercession est toute-puissante, une Eglise , Mère aussi, par laquelle nous entrons en partage de tous ces biens.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

   

Pentecôte par Duccio di Buoninsegna

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 15:00

Ce sixième Don de l'Esprit-Saint fait entrer l'âme dans une voie supérieure à celle où elle s'est exercée jusqu'ici. Les cinq premiers Dons tendent tous à l'action. La Crainte de Dieu remet l'homme à sa place en l'humiliant, la Piété ouvre son cœur aux affections divines, la Science lui fait discerner la voie du salut de la voie de perdition, la Force l'arme pour le combat, le Conseil le dirige dans ses pensées et dans ses œuvres ; il peut donc agir maintenant, et poursuivre sa route avec l'espoir d'arriver au terme.

 

Mais la bonté du divin Esprit lui réserve encore d'autres faveurs. Il a résolu de le faire jouir dès ce monde d'un avant-goût de la félicité qu'il lui réserve dans l'autre vie. Ce sera le moyen d'affermir sa marche, d'animer son courage et de récompenser ses efforts. La voie de la contemplation lui sera donc désormais ouverte, et le divin Esprit l'y introduira au moyen de l'Intelligence.

 

 A ce mot de contemplation, plusieurs personnes s'inquiéteront peut-être, persuadées à tort que l'élément qu'il signifie ne saurait se rencontrer que dans les conditions rares d'une vie passée dans la retraite et loin du commerce des hommes. C'est une grave et dangereuse erreur, et qui arrête trop souvent l'essor des âmes. La contemplation est l'état auquel est appelée, dans une certaine mesure, toute âme qui cherche Dieu. Elle ne consiste pas dans les phénomènes qu'il plaît à l'Esprit-Saint de manifester en certaines personnes privilégiées, et qu'il destine à prouver la réalité de la vie surnaturelle. Elle est simplement cette relation plus intime qui s'établit entre Dieu et l'âme qui lui est fidèle dans l'action ; à cette âme, si elle n'y met obstacle, sont réservées deux faveurs, dont la première est le don d'Intelligence qui consiste dans l'illumination de l'esprit éclairé désormais d'une lumière supérieure.

 

 Cette lumière n'enlève pas la foi, mais elle éclaircit l'œil de l'âme en la fortifiant, et lui donne une vue plus étendue sur les choses divines. Beaucoup de nuages s'effacent, qui provenaient de la faiblesse et de la grossièreté de l'âme non initiée encore. La beauté pleine de charme des mystères que l'on ne sentait que vaguement se révèle, d'ineffables harmonies que l'on ne soupçonnait pas apparaissent. Ce n'est pas la vue face à face réservée pour le jour éternel ; mais ce n'est déjà plus cette faible lueur qui dirigeait les pas. Un ensemble d'analogies, de convenances, qui se montrent successivement à l'œil de l'esprit, apportent une certitude pleine de douceur. L'âme se dilate à ces clartés qui enrichissent la foi, accroissent l'espérance et développent l'amour. Tout lui semble nouveau ; et quand elle regarde derrière elle, elle compare et voit clairement que la vérité, toujours la même, est maintenant saisie par elle d'une manière incomparablement plus complète.

 

 Le récit des Evangiles l'impressionne davantage ; elle trouve une saveur inconnue pour elle jusqu'alors dans les paroles du Sauveur. Elle comprend mieux le but qu'il s'est proposé dans l'institution de ses Sacrements. La sainte Liturgie l'émeut par ses formules si augustes et ses rites si profonds. La lecture de la Vie des Saints l'attire, rien ne l'étonne dans leurs sentiments et leurs actes ; elle goûte leurs écrits plus que tous les autres, et elle ressent un accroissement de bien-être spirituel en traitant avec ces amis de Dieu. Entourée de devoirs de toute nature, le flambeau divin la guide pour satisfaire à chacun. Les vertus si diverses qu'elle doit pratiquer se concilient dans sa conduite ; l'une n'est jamais sacrifiée à l'autre, parce qu'elle voit l'harmonie qui doit régner entre elles. Elle est loin du scrupule comme du relâchement, et toujours attentive a réparer aussitôt les pertes qu'elle a pu faire. Quelquefois même le divin Esprit l'instruit par une parole intérieure que son âme entend, et qui éclaire sa situation d'un nouveau jour.

 

 Désormais le monde et ses vaines erreurs sont appréciés par elle pour ce qu'ils sont, et l'âme se purifie du reste d'attache et de complaisance qu'elle pouvait encore conserver pour eux. Ce qui n'a de grandeur et de beautés que selon la nature, paraît chétif et misérable à cet œil que l'Esprit-Saint a ouvert aux grandeurs et aux beautés divines et éternelles. Un seul côté rachète à ses yeux ce monde extérieur qui fait illusion à l'homme charnel : c'est que la créature visible, qui porte la trace de la beauté de Dieu, est susceptible de servir à la gloire de son auteur. L'âme apprend à user d'elle avec action de grâces, la rendant surnaturelle, glorifiant avec le Roi-Prophète celui qui a empreint les traits de sa beauté dans cette multitude d'êtres qui servent si souvent à la perte de l'homme, tandis qu'ils sont appelés à devenir les degrés qui le conduiraient à Dieu.

 

 Le don d'Intelligence répand aussi dans l'âme la connaissance de sa propre voie. Il lui fait comprendre combien ont été sages et miséricordieux les desseins d'en haut qui l'ont parfois brisée et transportée là où elle ne comptait pas aller. Elle voit que si elle eût été maîtresse de disposer elle-même son existence, elle eût manqué son but, et que Dieu l'a fait arriver, en lui cachant d'abord les desseins de sa paternelle Sagesse. Maintenant elle est heureuse, car elle jouit de la paix, et son cœur n'a pas assez d'actions de grâces pour remercier Dieu qui l'a conduite au terme sans la consulter. S'il arrive qu'elle soit appelée à donner des conseils, à exercer une direction par devoir ou par le motif de la charité, on peut se confier en elle ; le don d'Intelligence l'éclairé pour les autres comme pour elle-même. Elle ne s'ingère pas cependant à poursuivre de ses leçons ceux qui ne les lui demandent pas ; mais si elle est interrogée, elle répond, et ses réponses sont lumineuses comme le flambeau qui l'éclairé.

 

 Tel est le don d'Intelligence, véritable illumination de l'âme chrétienne, et qui se fait sentir à elle en proportion de sa fidélité à user des autres dons. Celui-ci se conserve par l'humilité, la modération des désirs et le recueillement intérieur. Une conduite dissipée en arrêterait le développement et pourrait même l'étouffer. Dans une vie occupée et remplie par des devoirs, au sein même de distractions obligées auxquelles l'âme se prête sans s'y livrer, cette âme fidèle peut se conserver recueillie. Qu'elle soit donc simple, qu'elle soit petite à ses propres yeux, et ce que Dieu cache aux superbes et révèle aux petits lui sera manifesté et demeurera en elle.

 

 Nul doute qu'un tel don ne soit d'un secours immense pour le salut et la sanctification de l'âme. Nous devons donc l'implorer du divin Esprit avec toute l'ardeur de nos désirs, en demeurant convaincus que nous l'atteindrons plus sûrement par l'élan de notre cœur que par l'effort de notre esprit. C'est dans l'intelligence, il est vrai, que se répand la lumière divine qui est l'objet de ce don ; mais son effusion provient surtout de la volonté échauffée du feu de la charité, selon la parole d'Isaïe : "Croyez, et vous aurez l'intelligence".

 

 Adressons-nous à l'Esprit-Saint, et nous servant des paroles de David, disons-lui : "Ouvrez nos yeux, et nous contemplerons les merveilles de vos préceptes ; donnez-nous l'intelligence, et nous aurons la vie".

 

 Instruits par l'Apôtre, nous exposerons notre demande d'une manière plus pressante encore, en nous appropriant la prière qu'il adresse au Père céleste en faveur des fidèles d'Ephèse, lorsqu'il implore pour eux "l'Esprit de Sagesse et de révélation par lequel on connaît Dieu, les yeux illuminés du cœur qui découvrent l'objet de notre espérance et les richesses du glorieux héritage que Dieu s'est préparé dans ses saints".

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Isaïe par Duccio di Buoninsegna

" Croyez, et vous aurez l'intelligence"

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 08:00

Veni Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende.
Venez , ô Esprit-Saint,  remplissez les cœurs de  vos fidèles, et allumez en eux le feu de votre amour.

 

 Jusqu'ici nous avons considéré l'action du Saint-Esprit dans l'Eglise ; il nous faut maintenant la suivre sur un théâtre moins étendu, il nous faut l'étudier dans le cœur du chrétien. Là encore nous puiserons de nouveaux sentiments d'admiration et de reconnaissance pour ce divin Esprit qui daigne se prêter à tous nos besoins, et nous conduire à la fin bienheureuse pour laquelle nous avons été crées.

 

 De même que l'Esprit Saint envoyé "pour demeurer avec nous" s'emploie à maintenir et à diriger la sainte Eglise, afin qu'elle soit toujours l'Epouse fidèle de Jésus son Epoux immortel ; ainsi s'attache-t-il à nous pour nous rendre les dignes membres de ce chef saint et glorieux. Sa mission est de nous unir à Jésus si étroitement que nous lui soyons incorporés. C'est à lui de nous créer dans l'ordre surnaturel, de nous donner et de nous conserver la vie de la grâce, en nous appliquant les mérites que Jésus notre médiateur et notre Sauveur nous a conquis.

 

 Elle est sublime cette mission du Saint-Esprit qui lui a été conférée par le Père et par le Fils, et qu'il exerce sur le genre humain. Au sein de la divinité l'Esprit-Saint est produit et ne produit pas. Le Père engendre le Fils, le Père et le Fils produisent le Saint-Esprit ; cette différence est fondée dans la nature divine elle-même, qui n'est et ne peut être qu'en trois personnes. De là vient, comme l'enseignent les Pères, que le Saint-Esprit a reçu pour le dehors la fécondité qu'il n'exerce pas dans l'essence divine. Si donc il s'agit de produire l'humanité du Fils de Dieu au sein de Marie, c'est lui qui opère ; et s'il s'agit de créer le chrétien du sein de la corruption originelle, et de l'appeler à la vie de la grâce, c'est lui encore qui exercera son action : en sorte que, selon l'énergique expression de saint Augustin, "la même grâce qui a produit le Christ à son commencement, produit le chrétien lorsqu'il commence à croire ; le même Esprit duquel le Christ a été conçu est le principe de la nouvelle naissance du fidèle", De praedestinatione Sanctorum. Cap. XV.

 

 Nous nous sommes étendu longuement sur l'action du Saint-Esprit dans la formation et le gouvernement de l'Eglise, parce que l'œuvre principale de ce divin Esprit est de former sur la terre l'Epouse du Fils de Dieu, et que c'est par elle que nous viennent tous les biens. Elle est dépositaire d'une partie des grâces de cet auguste Paraclet, qui a daigné se mettre à sa disposition pour nous sauver et nous sanctifier. C'est pour nous également qu'il l'a rendue catholique, visible à tous les regards, afin qu'il nous fût plus facile de la trouver ; c'est pour nous qu'il maintient dans son sein la vérité et la sainteté, afin que nous soyons abreuvés à ces deux sources ineffables. Aujourd'hui nous voici attentifs à ce qu'il opère dans les âmes, et tout d'abord nous nous trouvons en face de son pouvoir créateur. N'est-ce pas en effet une véritable création, d'amener une âme plongée dans la déchéance originelle, ou, ce qui est plus merveilleux encore, une âme défigurée par le péché volontaire et personnel, de l'amener à devenir en un moment la fille adoptive du Père céleste, le membre chéri du Fils de Dieu ? Le Père et le Fils se complaisent à voir accomplir cette oeuvre par l'Esprit qui est leur amour mutuel. Ils l'ont envoyé afin qu'il agisse, afin qu'il se conduise en maître dans sa mission, et partout où il règne, ils règnent aussi.

 

 Eternellement l'âme élue a été présente à la divine Trinité ; mais, le moment arrivé, l'Esprit descend. Il s'empare de cette âme comme de l'objet désigné à son amour. Le vol de la colombe miséricordieuse est plus rapide que celui de l'aigle qui fond sur sa proie. Que la volonté humaine n'entrave pas son action, et il arrivera de cette âme ce qui est arrivé pour l'Eglise elle-même, c'est-à-dire que "ce qui n'était même pas triomphera de ce qui était". On voit alors des miracles d'un ordre étonnant, "la grâce surabondant là même où le péché avait abondé".

 

 Nous avons vu l'Emmanuel conférer aux eaux la vertu de purifier les âmes ; mais nous nous souvenons que lorsqu'il descendit dans les flots du Jourdain, la colombe divine vint se poser sur sa tête, et prit possession de l'élément régénérateur. La fontaine baptismale est demeurée son domaine : "C'est là, nous dit le grand saint Léon, qu'il préside à la nouvelle naissance de l'homme, rendant féconde la fontaine sacrée , comme autrefois il rendit fécond le sein de la Vierge, à cette différence que le péché fut absent dans la conception sacrée du Fils de Dieu, tandis que la mystérieuse ablution le détruit en nous", Serm, XXVI. In Nativitate Domini, IV.

 

 Avec quelle tendresse l'Esprit divin contemple cette nouvelle créature sortant des eaux ! avec quelle impétuosité d'amour il fait irruption en elle ! Il est le Don du Dieu très haut, envoyé sur nous pour résider en nous. Il prend donc son habitation dans cette âme toute neuve, qu'elle soit celle de l'enfant d'un jour, ou celle de l'adulte déjà chargé d'années. Il se complaît dans ce séjour qu'il a éternellement ambitionné ; il l'inonde de ses feux et de sa lumière , et comme il est par nature inséparable des deux autres personnes divines, sa présence est cause que le Père et le Fils viennent établir aussi leur demeure en cette âme fortunée.

 

 Mais l'Esprit-Saint a ici son action propre, sa mission sanctificatrice, et pour bien comprendre la nature de sa présence dans le chrétien, il faut savoir qu'elle ne se borne pas à l'âme. Le corps fait aussi partie de l'homme, et il a eu sa part dans la régénération ; c'est pourquoi l'Apôtre, en même temps qu'il nous révèle l'heureuse "habitation" du divin Esprit en nous, nous apprend encore que nos membres matériels sont eux-mêmes ses temples. Il veut les faire servir à la justice et à la sainteté ; il dépose en eux un germe d'immortalité qui les conservera dans la dissolution même du tombeau, en sorte qu'au jour de la résurrection ils reparaîtront, mais spiritualisés, gardant ainsi le signe de l'Esprit qui les aura possédés en cette vie mortelle.

 

 Le chrétien étant donc ainsi l'habitation de l'Esprit-Saint, nous ne devons pas nous étonner que ce divin Esprit songe à orner dignement la demeure qu'il s'est choisie. Quelle plus noble parure que celle des vertus théologales : la Foi qui nous met en possession certaine et substantielle des vérités divines que notre intelligence ne peut voir encore ; l'Espérance qui rend déjà présent le secours divin qui nous est nécessaire et la félicité éternelle que nous attendons ; la Charité qui nous unit à Dieu par le plus fort et le plus doux des liens ! Or, ces trois vertus, ces trois moyens pour l'homme régénéré d'être en rapport avec sa fin, c'est à la présence du Saint-Esprit que le chrétien les doit. Il a daigné signaler son arrivée par ce triple bienfait qui dépasse tous nos mérites passés, présents et futurs.

 

 Au-dessous des trois vertu théologales, il établit ces quatre autres qui sont comme les assises de la vie morale de l'homme : la justice, la force, la prudence et la tempérance ; qualités naturelles, qu'il transforme en les adaptant à la fin surnaturelle du chrétien. Enfin comme un dernier lustre qu'il ajoute à sa demeure, il y dépose le septénaire sacré de ses dons, destinés à répandre le mouvement et la vie dans le septénaire des vertus.

 

 Mais les vertus et les dons qui tous tendent vers Dieu, réclament l'élément supérieur qui est le moyen essentiel de l'union avec lui : élément indispensable et que rien ne peut suppléer, âme de l'âme, principe vivifiant, sans lequel elle ne saurait ni voir ni posséder Dieu ; c'est la Grâce sanctifiante. Avec quelle satisfaction l'Esprit divin l'introduit dans l'âme à laquelle elle s’incorpore, et qu'elle rend l'objet des complaisances divines ! Une étroite alliance existe entre cette grâce et la présence de l'Esprit-Saint ; car si l'âme venait à donner entrée au péché mortel, l'Esprit cesserait d'habiter cette âme infortunée, au moment même où s'éteindrait en elle la grâce sanctifiante.

 

 Mais il veille soigneusement sur son héritage, et il n'y demeure pas oisif. Les vertus qu'il a infusées dans cette âme si chère ne doivent pas demeurer inertes ; il faut qu'elles produisent les actes vertueux, et que le mérite qu'elles obtiendront vienne accroître la puissance de l'élément fondamental, fortifier et développer cette grâce sanctifiante qui enchaîne si étroitement le chrétien à Dieu. L'Esprit-Saint ne cesse donc de mouvoir l’âme vers l'action soit à l'intérieur, soit à l'extérieur, par ces touches divines que la théologie appelle grâces actuelles. Il obtient ainsi que sa créature s'élève de plus en plus dans le bien, qu'elle s'enrichisse et se consolide toujours davantage, enfin qu'elle serve à la gloire de son auteur qui la veut féconde et agissante.

 

 Dans cette intention, l'Esprit qui s'est donné à elle, qui l'habite avec une si vive tendresse, la pousse à la prière par laquelle elle pourra tout obtenir, lumière, force et succès. "Mais, dit l'Apôtre, savons-nous comment il faut prier ?" A cette question il répond lui-même d'après son expérience : "Ce sera l'Esprit qui demandera pour nous dans des gémissements inénarrables". Ainsi le divin Esprit s'associe à tous nos besoins ; il est Dieu, et il gémit comme la colombe, afin de mettre ses accents à l'unisson des nôtres. "Il crie vers Dieu dans nos coeurs", dit le même Apôtre ; nous certifiant ainsi par sa présence et ses opérations en nous que nous sommes les enfants de Dieu. Se peut-il rien de plus intime, et devons-nous nous étonner que Jésus nous ait dit qu'il n'y avait qu'à demander pour recevoir, lorsque c'est son Esprit même qui demande en nous ?

 

 Auteur de la prière, il coopère puissamment à l'action. Son intimité avec l'âme fait qu'il ne laisse à celle-ci que la liberté nécessaire au mérite ; pour le reste, il la meut, il la soutient, il la dirige, en sorte qu'à son tour elle n'a plus qu'à coopérer à ce qu'il fait en elle et par elle. A cette action commune de l'Esprit et du chrétien, le Père céleste reconnaît ceux qui lui appartiennent, et c'est pour cela que l'Apôtre nous dit encore que "ceux-là sont les enfants de Dieu qui sont conduits par l'Esprit de Dieu". Heureuse société qui mène le chrétien à la vie éternelle, qui fait triompher Jésus en lui, Jésus dont l'Esprit-Saint imprime les traits dans sa créature, afin qu'elle soit un membre digne d'être uni à son Chef !

 

 Mais, hélas ! cette société fortunée peut se dissoudre. Notre liberté, qui ne se transforme qu'au ciel, peut amener et amène trop souvent la rupture entre l'Esprit sanctificateur et l'homme sanctifié. Le désir malheureux de l'indépendance, les passions que l'homme aurait le moyen de régler s'il était docile à l'Esprit, ouvrent le cœur imprudent à la convoitise de ce qui est au-dessous de lui. Satan, jaloux du règne de l'Esprit, ose faire briller aux yeux de l'homme la trompeuse image d'un bonheur ou d'un contentement hors de Dieu. Le monde, qui est aussi un esprit maudit, ose rivaliser avec l'Esprit du Père et du Fils. Subtil, audacieux, actif, il excelle à séduire, et nul ne pourrait compter les naufrages qu'il a causés. Il est cependant dénoncé aux chrétiens par Jésus lui-même qui nous a déclaré qu'il ne prierait pas pour lui, et par l'Apôtre qui nous avertit "que ce n'est pas l'esprit du monde que nous avons reçu, mais bien l'Esprit qui est de Dieu".

 

 Néanmoins un cruel divorce s'opère fréquemment entre l'homme et son hôte divin. Il est précédé pour l'ordinaire par un refroidissement qui se manifeste du côté de la créature envers son bienfaiteur. Un manque d'égards, une légère désobéissance, sont les préludes de la rupture. C'est alors qu'a lieu chez le divin Esprit ce froissement qui montre si clairement l'amour qu'il porte à l'âme, et que l'Apôtre nous rend d'une manière expressive, lorsqu'il nous recommande de ne pas contrister l'Esprit-Saint qui nous marqua de son sceau au jour où la rédemption venait à nous. Parole remplie d'un sentiment profond, et qui nous révèle la responsabilité qu'entraîne après lui le péché véniel. L'habitation de l'Esprit-Saint dans l'âme devient pour lui une cause d'amertume, une séparation est à craindre ; et si, comme l'enseigne saint Augustin, "il n'abandonne pas qu'il ne soit abandonné", si la grâce sanctifiante demeure encore, les grâces actuelles deviennent plus rares et moins pressantes.

 

Mais le comble du malheur est dans la rupture du pacte sacré qui unissait l'âme et l'Esprit divin dans une si étroite alliance. Le péché mortel est l'acte d'une souveraine audace et d'une cruelle ingratitude. Cet Esprit si rempli de douceur se voit expulsé de l'asile qu'il s'était choisi, et qu'il avait embelli en tant de manières. C'est le comble de l'outrage, et l'on n'a pas droit de s'étonner de l'indignation de l'Apôtre quand il s'écrie : "Quel supplice ne mérite-t-il pas celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu, méprisé le sang de l'alliance, et fait une telle injure à l'Esprit de grâce" ?

 

 Cependant cette situation désolante du chrétien infidèle au Saint-Esprit peut encore exciter la compassion de celui qui, étant Dieu, a été envoyé vers nous pour être notre hôte plein de mansuétude. Il est si triste l'état de celui qui, en chassant l'Esprit divin, a perdu l'âme de son âme, qui a vu s'éteindre au même moment le flambeau de la grâce sanctifiante, et s'anéantir tous les mérites dont elle s'était accrue. Chose admirable et digne d'une reconnaissance éternelle ! L'Esprit-Saint expulsé du cœur de l'homme aspire à y rentrer. Telle est l'étendue de la mission qu'a reçue du Père et du Fils celui qui est amour, et qui par amour ne veut pas abandonner à sa perte le chétif et ingrat vermisseau qu'il avait voulu élever jusqu'à la participation de la nature divine.

 

 On le verra donc, avec une abnégation sublime dont l'amour seul a le secret, faire le siège de cette âme, jusqu'à ce qu'il ait pu s'en emparer de nouveau. Il l'effrayera par les terreurs de la justice divine, il lui fera sentir la honte et le malheur où se précipite celui qui a perdu la vie de son âme. Il le détache ainsi du mal par ces premières atteintes que le saint Concile de Trente appelle "les impulsions de l'Esprit-Saint qui meut l'âme au dehors, sans l'habiter encore au dedans". L'âme inquiète et mécontente d'elle-même finit par aspirer à la réconciliation ; elle rompt les liens de son esclavage, et bientôt le sacrement de Pénitence va répandre en elle l'amour qui ranime la vie, en consommant la justification. Qui pourrait exprimer le charme et le triomphe de la rentrée du divin Esprit dans son domaine chéri ! Le Père et le Fils reviennent vers cette demeure souillée naguère, et peut-être depuis longtemps. Tout revit dans l'âme renouvelée ; la grâce sanctifiante y renaît telle qu'elle était au moment où l'âme sortit de la fontaine baptismale. Les mérites acquis en avaient développé la puissance, mais nous les avons vus tristement sombrer dans la tempête ; ils sont restitués en leur entier, et l'Esprit de vie se réjouit de ce que son pouvoir est égal à son amour.

 

 Un changement si merveilleux n'a pas lieu une fois dans un siècle ; chaque jour, chaque heure le voient s'accomplir. Telle est la mission de l'Esprit divin. Il est descendu pour sanctifier l'homme, il faut qu'il le sanctifie. Le Fils de Dieu est venu ; il s'est donné à nous. Nous ayant trouvés en proie à Satan, il nous a rachetés au prix de son sang ; il a tout disposé pour nous conduire à lui et à son Père ; et s'il a dû remonter aux cieux pour nous y préparer notre place, bientôt il a fait descendre sur nous son propre Esprit, afin qu'il soit notre second Consolateur jusqu'à son retour. Voici donc à l'œuvre ce divin auxiliaire.

 

Eblouis de la magnificence de ses opérations, célébrons avec effusion l'amour avec lequel il nous traite, la puissance et la sagesse qu'il développe dans l'accomplissement de sa mission. Qu'il soit donc béni, qu'il soit glorifié, qu'il soit connu en ce monde qui lui doit tout, dans l'Eglise dont il est l'âme, et dans ces millions de cœurs qu'il désire habiter pour les sauver et les rendre heureux à jamais !

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

La Descente de l'Esprit-Saint par Le Titien

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 15:00

Le don de Force dont nous avons reconnu la nécessité dans l'œuvre de la sanctification du chrétien, ne suffirait pas pour assurer ce grand résultat, si le divin Esprit n'avait pris soin de l'unir à un autre don qui vient à la suite et prévient tout danger. Ce nouveau bienfait consiste dans le Don de Conseil.

 

La Force ne saurait être laissée à elle seule : il lui faut un élément qui la dirige. Le don de Science ne pourrait être cet élément, parce que s'il éclaire l'âme sur sa fin, sur les règles générales de la conduite qu'elle doit tenir, il n'apporte pas une lumière suffisante sur les applications spéciales de la loi de Dieu et sur le gouvernement de la vie. Dans les diverses situations où nous pouvons être placés, dans les résolutions que nous pouvons avoir à prendre, il est nécessaire que nous entendions la voix de l'Esprit-Saint, et c'est par le don de Conseil que cette voix divine arrive jusqu'à nous. C'est elle qui nous dit, si nous voulons l'écouter, ce que nous devons faire et ce que nous devons éviter, ce que nous devons dire et ce que nous devons taire, ce que nous pouvons conserver et ce à quoi nous devons renoncer. Par le don de Conseil, l'Esprit-Saint agit sur notre intelligence, de même qu'il agit sur notre volonté par le don de Force.

 

 Ce don précieux s'applique à la vie entière ; car il nous faut sans cesse nous déterminer pour un parti ou pour l'autre, et ce nous est un grand sujet de reconnaissance envers l'Esprit divin, de penser qu'il ne nous laisse jamais à nous-mêmes, tant que nous sommes disposés à suivre la direction qu'il nous imprime. Que de pièges il peut nous faire éviter ! que d'illusions il peut détruire en nous ! que de réalités il nous découvre ! Mais pour ne pas perdre ses inspirations, il nous faut nous garder de l'entraînement naturel qui nous détermine trop souvent peut-être, de la témérité qui nous emporte au gré de la passion, de la précipitation qui nous sollicite de juger et d'agir, lors même que nous n'avons vu encore qu'un côté des choses, de l'insouciance enfin qui fait que nous nous décidons au hasard, dans la crainte de nous fatiguer par la recherche de ce qui serait le meilleur.

 

 Le Saint-Esprit, par le don de Conseil, arrache l'homme à tous ces inconvénients. Il réforme la nature si souvent excessive, quand elle n'est pas apathique. Il tient l'âme attentive à ce qui est vrai, à ce qui est bon, à ce qui lui est vraiment avantageux. Il lui insinue cette vertu qui est le complément et comme l'assaisonnement de toutes les autres, nous voulons dire la discrétion dont il a le secret, et par laquelle les vertus se conservent, s'harmonisent et ne dégénèrent pas en défauts. Sous la direction du don de Conseil, le chrétien n'a rien à craindre ; l'Esprit-Saint prend sur lui la responsabilité de tout.

 

Qu'importe donc que le monde blâme ou critique, qu'il s'étonne ou se scandalise ! le monde se croit sage ; mais il n'a pas le don de Conseil. De là vient que souvent les résolutions prises sous son inspiration aboutissent à un but tout autre que celui qu'il s'était proposé. Et il en devait être ainsi ; car c'est à lui que le Seigneur a dit : "Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes voies ne sont pas vos voies". Appelons donc de toute l'ardeur de nos désirs le don divin qui nous préservera du danger de nous gouverner nous-mêmes ; mais comprenons que ce don n'habite que dans ceux qui l'estiment assez pour se renoncer en sa présence.

 

Si l'Esprit-Saint nous trouve détachés des idées humaines, convaincus de notre fragilité, il daignera être notre Conseil ; de même que si nous étions sages à nos propres yeux, il retirerait sa lumière et nous laisserait à nous-mêmes.

 

 Nous ne voulons pas qu'il en arrive ainsi pour nous, ô divin Esprit ! Nous savons trop par notre expérience qu'il ne nous est pas avantageux de courir les hasards de la prudence humaine, et nous abdiquons sincèrement devant vous les prétentions de notre esprit si prompt à s'éblouir et à se faire illusion.

 

Conservez en nous et daignez y développer en toute liberté ce don ineffable que vous nous avez octroyé dans le Baptême : soyez pour toujours notre Conseil. "Faites-nous connaître vos voies, et enseignez-nous vos sentiers. Dirigez-nous dans la vérité et instruisez-nous ; car c'est de vous que nous viendra le salut, et c'est pour cela que nous nous attachons à votre conduite". Nous savons que nous serons jugés sur toutes nos œuvres et sur tous nos desseins ; mais nous savons aussi que nous n'avons rien à craindre tant que nous sommes fidèles à votre conduite.

 

Nous serons donc attentifs "à écouter ce que dit en nous le Seigneur notre Dieu", l'Esprit de Conseil, soit qu'il nous parle directement, soit qu'il nous renvoie à l'organe qu'il a voulu choisir pour nous.

 

Soit donc béni Jésus qui nous a envoyé son Esprit pour être notre conducteur, et soit béni ce divin Esprit qui daigne nous assister toujours, et que nos résistances passées n'ont pas éloigné de nous !

   

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
  

 

Le Roi David en Prière

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