" Quand vous aurez élevé en haut le Fils de l’Homme, alors vous connaîtrez ce que je suis :
car je ne fais rien de moi-même ; mais je ne dis que ce que mon Père m’a enseigné.
Et Celui qui m’a envoyé, est avec moi, et ne m’a point laissé seul ; parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. "
Sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en lui.
ÉVANGILE DE SAINT JEAN
mardi de la cinquième semaine
Ce n'est pas sans raison que Jésus-Christ expliquant lui-même le précepte de l'amour de Dieu, en réduit toute la substance à ces deux paroles : Diliges ex toto corde tuo, et ex omni mente tua (Luc, X, 27.) ; Vous aimerez votre Dieu de tout votre cœur et de tout votre esprit ; puisque selon la belle remarque de saint Augustin, l'un sert à déterminer l'obligation de l'autre, et que le culte de l'esprit doit être ici la juste mesure de celui du cœur.
En effet, à quoi m'engage précisément cette sainte et adorable loi : Diliges ? tâchez à en bien comprendre toute la force. Elle m'engage, répond le docteur angélique, saint Thomas, à avoir pour Dieu un amour de distinction, un amour de singularité, un amour qui ne puisse convenir qu'à Dieu ; c'est-à-dire, en vertu duquel je préfère Dieu à toute créature.
Et voilà le tribut essentiel par où Dieu veut que je rende hommage à la souveraineté de son être : Diliges Dominum. Il ne me commande pas absolument de l'aimer d'un amour tendre et sensible ; cette sensibilité n'est pas toujours en mon pouvoir : beaucoup moins, d'un amour contraint et forcé ; il ne lui serait pas honorable d'être aimé de la sorte: ni même d'un amour fervent jusqu'à certain degré ; ce degré de ferveur ne m'est point connu, et Dieu, par condescendance à ma faiblesse, n'a pas voulu me le prescrire. Mais il exige de moi, sous peine d'une éternelle réprobation, que je l'aime comme Dieu, par préférence à tout ce qui n'est pas Dieu.
BOURDALOUE, SUR L'AMOUR DE DIEU