SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE : Francia avait débuté dans son art en 1490, ayant déjà atteint sa quarantième année

Le seizième siècle qui, dans ses dernières années, devait offrir un si glorieux triomphe à Cécile par la nouvelle translation de sa dépouille mortelle, se montra, dès le début, empressé de continuer par les arts le concert d'hommages que lui avait offert le siècle précédent.

 

Francia avait débuté dans son art en 1490, ayant déjà atteint sa quarantième année, et ce coup d'essai le fit inviter immédiatement à peindre une madone pour la chapelle de Jean Bentivoglio dans l'église de Saint-Jacques à Bologne. 

La Madone entourée de Saints par Francia, San Giacomo Maggiore, Bologna

  

C'est dans cette même église qu'il fut chargé plus tard de retracer les divers épisodes de la vie de sainte Cécile,  dont les fresques sont encore si dignes d'admiration, dans l'état où les ont réduites les injures du temps et l'incurie des possesseurs. L'élite des élèves de Francia était réunie autour de lui quand il travaillait à cette grande oeuvre. On cite parmi eux Chiodarolo, Lorenzo Costa et Amico   Aspertini.

 

Le Martyre de Sainte Cécile par Francia, San Giacomo Maggiore, Bologna

Le  principal   compartiment représentait le martyre de la sainte, que la tradition a toujours affirmé avoir été l'oeuvre de prédilection et toute personnelle de Francia.

 

 Le Pérugin, qui ne paraît pas avoir laissé d'oeuvre ayant pour objet spécial sainte Cécile, avait formé un élève appelé à consacrer d'une manière splendide son pinceau à la vierge romaine. Cet élève, destiné à approcher, plus que tout autre homme, de l'idéal dans la peinture, fut Raphaël.

 

Nous n'avons pas ici à décrire la puissance de son génie, ni les chefs-d'oeuvre qu'enfanta sa main ; mais, restant dans notre sujet, nous dirons qu'il fut le peintre de Cécile, à qui cette gloire encore était réservée.

Madone à l'Enfant entourée de Saints par Raphaël

 

L'année suivante, étant à Pérouse, son pinceau produisait entre autres une grande composition où était figurée la sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus qui bénit saint Jean. D'un côté on voyait saint Pierre et saint Paul ; de l'autre sainte Cécile et sainte Catherine.

 

Vasari, qui décrit ce tableau, nous apprend qu'il fut fait pour les religieuses de Saint-Antoine.  Les airs de tête, les expressions et le bel agencement de ces figures furent alors regardés comme quelque chose d'entièrement nouveau.

 

Au-dessus de cette composition, dans un cadre demi-circulaire,  Raphaël peignit le Père éternel. Trois petits sujets de la Passion étaient retracés à la base du tableau : ils en furent détachés plus tard, et M. Quatremère de Quincy nous apprend même qu'ils ont été gravés. Quant au tableau principal,   après  avoir appartenu à  la galerie Colonna à Rome, il est passé à Naples, où il est devenu un des principaux ornements du musée Bourbon. (note : aujourd'hui au Metropolitan Museum of Art de New York)

 

La renommée de ce jeune peintre, que n'éclipsaient à Florence ni Léonard de Vinci ni Michel-Ange, parvint aux oreilles de Jules II, et, dans l'année 1508, Raphaël fut appelé à Rome par le pontife, à qui Bramante l'avait recommandé comme étant de force à peindre les salles du Vatican.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 324 à 325)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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