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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 08:00

Ce n’est pas leurs longs doigts et leurs ongles limés
Qui nous arracheront des griffes du destin.
Ce n’est pas les reliefs de leur maigre festin
Qui ravitailleront des soldats décimés.

Ce n’est pas leurs beaux doigts et leurs ongles limés
Qui nous arracheront des griffes du destin.
Ce n’est pas les reliefs de leur maigre festin
Qui nous rassasieront nos ventres abîmés.

Ce n’est pas leurs doigts fins et leur ongles limés
Qui nous arracheront des griffes du destin.
Ce n’est pas les reliefs de leur maigre festin
Qui nous redresseront nos corps inanimés.

Ce n’est pas leur doigt mince et leurs ongles limés
Qui nous arracheront des griffes du destin.
Ce n’est pas les reliefs de leur maigre festin
Qui nous ranimeront nos corps désanimés.


Ce n’est pas leurs moiteurs qui chercheront nos fièvres
Parmi les orangers et les myrtes épais.
Ce n’est pas leur museaux que chercheront nos lèvres
Pour venir y poser notre baiser de paix.

Ce n’est pas leur tiédeur qui chercheront nos fièvres
Parmi les néfliers et les myrtes épais.
Ce n’est pas leurs museaux qui chercheront nos lèvres
Pour venir nous donner notre baiser de paix.

Ce n’est pas leur candeur qui trouveront nos lèpres
À l’ombre des pommiers et du péché mortel.
Ce n’est pas leurs museaux qui chanteront nos vêpres
Dans le dernier jardin sur le dernier autel.

Ce n’est pas leur fadeurs qui trouveront nos fièvres
Parmi les cognassiers et le myrtes épais.
Ce n’est pas leur museaux qui trouveront nos lèvres
Pour y placer enfin notre baiser de paix.

Ce n’est pas ces galants et ces parfaits gandins
Qui viendront nous chercher dans notre pourriture.
Ce n’est pas ces chalands et ces beaux muscadins
Qui viendront nous chercher dans la boue et l’ordure.


Ce n’est pas ces flamants et ces manche à balais
Qui nous balayeront notre vieille demeure.
Et ce ne sera pas ces grotesques valets,
Le jour du dernier terme et de la dernière heure.

Et ce ne sera pas ces maigres échassiers
Qui viendront nous porter notre pauvre besace.
Et ce ne sera pas ces pauvres carnassiers
Qui viendront nous manger notre maigre carcasse.

Et ce ne sera pas ces maigres besaciers
Qui porteront pour nous nos sacs de pénitence.
Et ce ne sera pas ces pauvres grimaciers,
Le jour de la détresse et de l’omnipotence.

Et ce ne sera pas ces pauvres plumassiers
Qui referont le lit de notre inadvertance.
Et ce ne sera pas ces maigres terrassiers,
Le jour de la justice et de la compétence.

Ce n’est pas ces plumeaux et ces manche à balais
Qui nous balayeront le seuil de notre porte.
Ce n’est pas ces grimauds et ces parfaits valets
Qui nous repouilleront notre dépouille morte.


Ce n’est pas ces marmots et ces manche à balais
Qui nous balayeront le devant de notre âme.
Et ces diseurs de mots et ces parfaits valets
Qui nous inclineront aux pieds de Notre Dame.

Et ce ne sera pas ces maîtres de relais
Qui nous feront courir notre dernière poste.
Et ce ne sera pas ces maîtres des délais
Qui feront consumer le dernier holocauste.

Ce n’est pas ces faquins et ces nobles varlets
Qui nous introduiront dans la vieille demeure.
Ce n’est pas ces coquins et ces maîtres de l’heure
Qui nous introduiront dans le dernier palais.

Et ce ne sera pas ces maîtres enquesteurs
Qui viendront nous chercher dans la tombe où nous sommes.
Et ce ne sera pas ces maîtres requesteurs,
Quand nous ne serons plus que de la cendre d’hommes.

Et ce ne sera pas ces nobles terrassiers
Qui viendront nous chercher dans la terre où nous sommes.
Et ce ne sera pas ces nobles poudriers,
Quand nous ne serons plus que de la poudre d’hommes.


Et ce ne sera pas ces maîtres des requêtes
Qui nous requêteront combien nous sommes vils.
Et ce ne sera pas ces maîtres des enquêtes
Qui nous enquêteront dans nos états-civils.

Et ce ne sera pas ces maîtres des requêtes
Qui nous requêteront dans les blés et les vignes.
Et ce ne sera pas ces maîtres des enquêtes
Qui nous remontreront que nous sommes indignes.

Et ce ne sera pas ces maîtres d’éloquence
Qui parleront pour nous dans les derniers tournois.
Et ce ne sera pas ces gens de conséquence
Qui nous harnacheront notre dernier harnois.

Et ce ne sera pas ces maîtres d’éloquence
Qui plaideront pour nous dans un dernier débat.
Et ce ne sera pas ces guerriers en vacance
Qui se battront pour nous dans un dernier combat.

Et ce ne sera pas ces maîtres du barreau
Qui plaideront pour nous dans un dernier procès.
Et ce ne sera pas ces valets de bourreau
Qui viendront nous crever notre dernier abcès.


Ce n’est pas leurs courants et leurs hautes fréquences
Qui nous fera jaillir le sang de nos artères.
Ce n’est pas leur bavette et leur grandiloquence
Qui viendra nous chercher dans nos tacites terres.

Ce n’est pas ces portiers et ces grands-chambellans
Qui nous feront passer par la dernière porte.
Ce n’est pas ces courtiers avec leurs bras ballants
Qui nous ramasseront notre dépouille morte.

Ce n’est pas ces courtauds et ces portiers-consignes
Qui nous feront passer dans nos appartements.
Ce n’est pas ces rustauds et ces gardes-insignes
Qui viendront nous chercher dans les départements.

Ce n’est pas ces badauds et ces messieurs très dignes
Qui viendront nous chercher dans notre pourriture.
Ce n’est pas ces bedeaux et ces porte-bouture
Qui viendront nous chercher dans nos blés et nos vignes.

Et ce ne sera pas ce maîtres des requêtes
Qui nous aligneront dans la dernière ligne.
Et ce ne sera pas ces maîtres des enquêtes,
Sous nos derniers drapeaux et sous un divin signe.


Ce n’est pas ces portiers et ces grands-chambellans
Qui nous feront passer dans la dernière chambre.
Ce n’est pas ces courtiers avec leur bras ballants,
Par la porte de corne et par la porte d’ambre.

Ce n’est pas ces portiers et ces grands-chambellans
Par la porte d’ivoire et la porte de corne.
Ce n’est pas ces courtiers avec leurs bras ballants,
Par la porte de chêne et par la porte d’orne.

Ce n’est pas ces portiers et ces grands-chambellans
Qui nous feront tourner le coin de cette borne.
Ce n’est pas ces courtiers avec leurs bras ballants,
Par la porte de hêtre et la porte d’orne.

Ce n’est pas ces portiers et leurs clefs dans le dos
Qui nous feront sauter la dernière serrure.
Ce n’est pas ces courtiers et ces porte-ferrures
Qui nous ramasseront les cendres de nos os.

Une autre, une autre clef nous ouvrira la porte.
Un autre porte-clefs en a tout un trousseau.
Un autre garde-chef sous le dernier vousseau
Regarde, et pense encore au lac de la Mer Morte.


Une autre, une autre clef, faite d’une autre sorte,
Nous réintégrera dans le premier berceau.
Un vieux avec sa barbe, assis sous un arceau,
Regarde, et pense encore aux bords de la Mer Morte.

Une autre, une autre clef, ouvrant une autre porte,
Nous laissera passer. Un maître de péniche,
Un vieux à barbe blanche assis dans une niche
Regarde, et pense encore au lit de la Mer Morte.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale de Chartres, clôture de chapelle

Cathédrale de Chartres, clôture de chapelle

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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 06:00

Dans le temps même que l'on veut nous faire de la Société moderne un dieu nouveau comment ne pas reconnaître en cette idole nouvelle des tares pires que les tares des dieux anciens ; comment enseigner l'enfance et la jeunesse quand tout le monde ment, quand toutes les grandes personnes mentent, quand tous les États-Majors, de tous les partis, mentent, quand tout le monde politique parlementaire ment, quand les maîtres, qui enseigneraient à ne point mentir, mentent, quand l'aplatissement des consciences aplatit les consciences universitaires mêmes, quand le favoritisme, quand le népotisme, quand l'arrivisme envahit le personnel universitaire même, quand les fils, les neveux, les gendres et les arrière-cousins des grands-maîtres franchissent les degrés de la hiérarchie à une vitesse uniformément accélérée, quand enfin tous les jeunes professeurs éprouvent simultanément le même coup de foudre automatique pour toutes les filles de tous les inspecteurs généraux.

 

Comment enseigner l'enfance et la jeunesse quant tout ce qui n'est plus enfant et ce qui n'est plus jeune ment ; quelques années plus tôt, dans le temps de mon apprentissage et des expériences inévitables, j'eusse écrit, comme tout le monde, que le monde moderne se cherche ; aujourd'hui dans le désarroi des consciences, nous sommes malheureusement en mesure d'écrire que le monde moderne s'est trouvé, et qu'il s'est trouvé mauvais ; les conséquences des mensonges politiques parlementaires ne retombent pas toujours sur les auteurs qui sont comptables et responsables de ces mensonges ; elles retombent toujours sur la même humanité ; comment enseigner quand toute la société est pourrie de mensonge.

 

Charles PÉGUY, Pour la rentrée, 1904

Œuvres complètes, Gallimard, 1944

Quand tout le monde ment
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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 08:00

Et ce ne sera pas ces chefs du protocole
Qui nous introduiront dans un siècle plus beau.
Ce n’est pas ces barbons et ces maîtres d’école
Qui nous aligneront au sortir du tombeau.

Ce n’est pas ces huissiers et ces introducteurs
Qui nous introduiront dans un siècle plus beau.
Ce n’est pas ces massiers et ces ordonnateurs
Qui nous aligneront au sortir du tombeaux.

Ce n’est pas ces boursiers et ces grands amateurs
Qui nous introduiront dans un monde nouveau.
Ce n’est pas ces peaussiers et ces profanateurs
Qui nous aligneront dans un dernier caveau.

Ce n’est pas ces glaciers et ces amateurs d’art
Qui nous introduiront dans un siècle plus beau.
Ce n’est pas ces placiers et ces vendeurs de lard
Qui prendront notre graisse au sortir du tombeau.


Ce n’est pas ces merciers et ces vendeurs de nard
Qui nous embaumeront notre vieille carcasse.
Ce n’est pas ces taupiers et ces vendeurs de fard
Qui nous ravaleront la peau de notre face.

Ce n’est pas ces sorciers et ces appariteurs
Qui nous feront entrer par la centrale porte.
Ce n’est pas ces sourciers et ces solliciteurs
Qui nous ranimeront notre carcasse morte.

Et ce ne sera pas ces maîtres corroyeurs
Qui feront un tapis des laines du troupeau.
Ce n’est pas ces brossiers et ces maîtres tanneurs
Qui sauront nous tanner le cuir avec la peau.

Et ce ne sera pas ces maigres donateurs
Qui seront à genoux dans le coin du tableau.
Et ce ne sera pas ces pauvres armateurs
Qui lanceront la barque errante au fil de l’eau.

Ce n’est pas ces lanciers et ces parfaits notables
Qui veilleront sur nous le jour de cette veille.
Ce n’est pas ces caissiers et ces parfaits comptables
Qui payeront pour nous le jour de cette paye.


Et nous sommes tombés dans le filet de Pierre
Parce que c’est Jésus qui nous l’avait lancé.
Et nous n’avons pas pu garder ce cœur de pierre
Parce que Jésus-Christ nous l’avait dépensé.

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale de Chartres, porche central dit du Jugement Dernier

Cathédrale de Chartres, porche central dit du Jugement Dernier

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 08:00

Et nous ne nous fierons qu’aux grâces de prière
Parce qu’elle est du maître et du seigneur Jésus.
Et nous ne nous fierons qu’aux grâces de misère
Parce qu’elle est du Père et du Fils absolus.


Et ce n’est pas les voix des professeurs d’histoires,
(Il ne s’agira plus de voter, mes enfants),
Et ce n’est pas les voix des professeurs de gloires
Que nous alléguerons dans nos accablements.

Et ce n’est pas les voix des maîtres de mémoires
Qui classeront les purs avec les triomphants.
Et ce n’est pas les poids des maîtres de grimoires
Que nous invoquerons dans ces évènements.

 

Et ce n’est pas les voix des professeurs d’histoires
Qui classeront le juste avec les triomphants.
Et ce n’est pas les poids des maîtres de grimoires
Que nous invoquerons pour nos avènements.

Et nous ne fierons rien qu’aux voiles éternelles
Parce que c’est Jésus qui nous les a tendues.
Et nous ne fierons rien qu’aux attaches charnelles
Parce que Jésus-Christ nous les a détendues.

Et nous ne nous fierons qu’aux vergues éternelles
Parce que c’est Jésus qui noues les a pendues.
Et nous ne fierons rien aux manœuvres charnelles
Parce que Jésus-Christ nous les a dépendues.


Et nous sommes tombés dans les filets de Pierre
Parce que c’est Jésus qui nous l’avait tendu.
Et nous avons gardé d’avoir un cœur de pierre
Parce que c’est Jésus qui nous l’a défendu.

Et nous avons brûlé la bûche de Noël
Parce que c’est Jésus qui nous l’avait fendue.
Et nous avons aimé ce peuple d’Israël
Parce qu’Anne et Marie en était descendue.

Et nous sommes tombés dans le filet de Pierre
Parce que c’est Jésus qui nous l’avait tendu.
Et nous n’avons pas pu garder un cœur de pierre
Parce que c’est Jésus qui nous l’avait fondu.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale de Chartres, vue d'ensemble de la façade occidentale

Cathédrale de Chartres, vue d'ensemble de la façade occidentale

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 05:00

Advocata nostra, ce que nous chercherons,
C’est le recouvrement d’un illustre manteau.
Et spes nostra, salve, ce que nous trouverons,
C’est la porte et l’accès d’un illustre château.

Ce n’est pas dans leur tente et leurs lits d’ambulance
Que nous nous coucherons pour notre éternité.
Ce n’est pas dans leur poudre et leur pulvérulence
Que nous retournerons dans notre inanité.


Ce n’est pas leurs délais et leurs atermoiements
Qui nous ajournerons le jour du dernier jour.
Ce n’est pas les relais de leurs apitoiements
Le jour du dernier terme et du dernier amour.

Et ce n’est pas leurs drogues de pharmaciens
Qui guériront le mal dont nous sommes perclus.
Et ce n’est pas leurs morgues de praticiens
Qui fermeront le seuil dont nous sommes exclus.

Un autre écartera des sept degrés du trône
L’âpre adjuration des bras les plus tendus.
Un autre effacera de l’écorce de l’aune
Jusqu’au tracé des noms que nous avons perdus.

Ce n’est pas dans leur tente et leurs lits d’ambulances
Qu’on recoudra les bords d’une affreuse morsure.
Ce n’est pas leur chloral coupé de somnolence
Qui nous endormira cette affreuse blessure.

Ce n’est pas dans leur tente et leurs lits d’ambulance
Le jour du dernier jour, que nous serons laissés.
Ce n’est point par leur drogue et dans leur somnolence
Que nous achèverons nos rêves de blessés.


Ce n’est pas des degrés de leur amphithéâtre
Que descendra le verbe et la péroraison.
La pièce se jouera pour un autre théâtre.
Le rideau tombera pour une autre saison.

Ce n’est pas des degrés de leur amphithéâtre
Que montera l’hommage et la triple oraison.
La pièce se jouera pour un autre théâtre.
Le rideau tombera sur une autre maison.

Ce n’est pas dans leur tente et leurs lits d’ambulance
Et dans leur appareil que nous serons pansés.
Ce n’est pas par leurs soins que seront dispensés
Les sceaux du dernier jour et du dernier silence.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, le portail nord

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, le portail nord

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20 mai 2014 2 20 /05 /mai /2014 11:00

Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d’une mort solennelle.

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,
Parmi tout l’appareil des grandes funérailles.

Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.

Car elles sont l’image et le commencement
Et le corps et l’essai de la maison de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet embrassement,
Dans l’étreinte d’honneur et le terrestre aveu.

Car cet aveu d’honneur est le commencement
Et le premier essai d’un éternel aveu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet écrasement,
Dans l’accomplissement de ce terrestre vœu.


Car ce vœu de la terre est le commencement
Et le premier essai d’une fidélité.
Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement
Et cette obéissance et cette humilité.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.
Heureux les épis murs et les blés moissonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et l’argile plastique.
Heureux ceux qui sont morts dans une guerre antique.
Heureux les vases purs, et les rois couronnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et dans la discipline.
Ils sont redevenus la pauvre figuline.
Ils sont redevenus des vases façonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans leur première forme et fidèle figure.
Ils sont redevenus ces objets de nature
Que le pouce d’un Dieu lui-même a façonnés.


Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et la première argile.
Ils se sont remoulés dans le moule fragile
D’où le pouce d’un Dieu les avait démoulés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et le premier limon.
Ils sont redescendus dans le premier sillon
D’où le pouce de Dieu les avait défournés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce même limon d’où Dieu les réveilla.
Ils se sont rendormis dans cet alléluia
Qu’ils avaient désappris devant que d’être nés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont revenus
Dans la demeure antique et la vieille maison.
Ils sont redescendus dans la jeune saison
D’où Dieu les suscita misérables et nus.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans cette grasse argile où Dieu les modela,
Et dans ce réservoir d’où Dieu les appela.
Heureux les grands vaincus, les rois découronnés.


Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce premier terroir d’où Dieu les révoqua,
Et dans ce reposoir d’où Dieu les convoqua.
Heureux les grands vaincus, les rois dépossédés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans cette grasse terre où Dieu les façonna.
Ils se sont recouchés dedans ce hosanna
Qu’ils avaient désappris devant que d’être nés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce premier terreau nourri de leur dépouille,
Dans ce premier caveau, dans la tourbe et la houille.
Heureux les grands vaincus, les rois désabusés.

Heureux les grands vainqueurs. Paix aux hommes de guerre.
Qu’ils soient ensevelis dans un dernier silence.
Que Dieu mette avec eux dans la juste balance
Un peu de ce terreau d’ordure et de poussière.

Que Dieu mette avec eux dans le juste plateau
Ce qu’ils ont tant aimé, quelques grammes de terre.
Un peu de cette vigne, un peu de ce coteau,
Un peu de ce ravin sauvage et solitaire.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale de Chartres, Autel et Tabernacle du déambulatoire

Cathédrale de Chartres, Autel et Tabernacle du déambulatoire

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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 06:00

Seule vous le savez, nos contemplations
Sont troubles du dedans, ô mon âme, ô ma mère.
Nous n’apportons jamais dans un temple éphémère
Que des cœurs et des vœux et des dévotions.


Seule vous le savez, nos contemplations
Ne contemple jamais qu’un ciel dépossédé.
Nous n’apportons jamais dans nos libations
Qu’une lèvre contrainte et un cœur obsédé.

Seule vous le savez, nos contemplations
Sont lourdes du dedans, ô mon âme, ô ma mère.
Nous n’apportons jamais sur un autel sommaire
Que des vœux pleins d’ordure et d’explications.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne s’élèvent jamais devers le roi du ciel.
Nous n’apportons jamais au roi des nations
Que des cœurs plein d’écume et des cœurs pleins de fiel.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne s’élèvent jamais que vers le temporel.
Nous n’apportons jamais qu’au temple corporel
Notre cœur et nos vœux et nos donations.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne s’élèvent jamais que vers les rois charnels.
Nous n’apportons jamais aux temples éternels
Notre cœur et nos vœux et nos vocations.


Seule vous le savez, nos déclamations
Et nos tours de rhéteur sont la honte du verbe.
Et la haute éloquence et toute sa superbe
Ne sont pleins que de creux et de vibrations.

Seule vous le savez, nos réclamations
Ne réclament jamais que des biens temporels.
Nous ne réclamons pas ces biens surnaturels,
De pauvreté, de peine et de privations.

Seule vous le savez, nos réclamations
Ne réclament jamais pour le pauvre et le juste.
Nous n’apportons jamais sur une table auguste
Que des cœurs et des vœux creusés d’ambitions.

Seule vous le savez, nos réclamations
Ne réclament jamais que pour des biens charnels.
Nous ne réclamons pas ces objets éternels,
D’humilité, d’amour et de contritions.

Seule vous le savez, nos réclamations
Ne réclament jamais que des biens périssables.
Nous n’apportons jamais dans des temples de sables
Que des cœurs et de vœux pleins de déceptions.


Seule vous le savez, nos proclamations
Ne proclament élus que les rois de la chair.
Nous ne portons que là notre bien le plus cher,
Nos cœurs pourris d’orgueil et de prétentions.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne s’élèvent jamais vers le chef de l’armée.
Nous n’apportons jamais au roi des nations
Que des morceaux restant d’une amour entamée.

Seule vous le savez, nos exclamations
Ne soulignent jamais que des feux d’artifice.
Nous n’apportons jamais aux barres de justice
Que le faux témoignage et les inventions.

Seule vous le savez, nos acclamations
Ne déferlent jamais vers le chef de l’armée.
Nous n’apportons jamais au roi des nations
Que le dernier morceau d’une amour entamée.

Seule vous le savez, nos exclamations
Ne soulignent jamais que des tours d’acrobate.
Nous n’apportons jamais au roi des nations
Que les retournements d’une âme renégate.


Seule vous le savez, nos acclamations
Ne déferlent jamais aux pieds du roi des rois.
Nous n’apportons jamais au roi des nations
Que des cœurs de faïence et des sabres de bois.

Seule vous le savez, que nos sommations
Ne s’adressent jamais qu’à des places rendues.
Nous n’emportons d’assaut que des ville vendues.
Voilà notre courage et nos profusions.

Seule vous le savez, les consommations
Des siècles passeront plus brèves qu’un matin.
Et les jours quitteront leur manteau de satin
Pour l’appareil de deuil et de contritions.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale de Chartres, Portail nord, 1851, photographie de Charles Nègre (1820-1886)

Cathédrale de Chartres, Portail nord, 1851, photographie de Charles Nègre (1820-1886)

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