Louis-Marie Joseph Delaporte est né à Loches, en Touraine. Issu d’un milieu conservateur, il reçut une éducation classique. Son intérêt précoce pour les voyages s’exprime lorsqu’il choisit de faire ses études à l’École navale de Brest, le Borda. Peu à l’aise dans la vie de poste, comme il l’écrit à son père, il semble éprouver quelques difficultés dans ses rapports avec les autres. Des voyages qu’il accomplira, Louis Delaporte attend surtout surprises et émotions "qui rempliront ma vie et me donneront des souvenirs pour plus tard".
Angkor est un immense choc pour Delaporte, qui y trouve sa véritable vocation : fasciné par la méconnaissance que l’on a de ce patrimoine exceptionnel, il n’aura de cesse de l’étudier, de le décrire et de le faire connaître, à travers ses dessins, aquarelles, photographies, relevés, fragments de sculptures originales ramenés de ses missions et moulages des monuments qu’il réalise ou fait réaliser sur place.
La vue des ces ruines étranges me frappa, moi aussi, d’un vif étonnement : je n’admirais pas moins la conception hardie et grandiose de ces monuments que l’harmonie parfaite de toutes leurs parties. L’art khmer s’écarte, il est vrai, de ces grandes œuvres classiques du bassin de la Méditerranée qui pendant longtemps ont seules captivé notre admiration : ce ne sont plus ces colonnades majestueuses ; ce sont au contraire des formes laborieuses, complexes, tourmentées : superpositions, retraits multiples, labyrinthes, galeries basses à jour, tours dentelées, pyramides à étages et à flèches innombrables ; une profusion extrême d’ornements et de sculptures qui enrichissent les ensemble sans en altérer la majesté ; c’est en un mot, une autre forme du beau.
Louis Delaporte
- extrait de la présentation de l'exposition sur le site du musée Guimet :