Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 12:30

Cependant tous ceux qui étaient demeurés au camp avaient fidèlement persévéré dans leurs efforts, et, continuant à travailler avec le plus grand zèle à la confection de leurs machines, ils avaient poussé leur entreprise fort avant.

 

Le duc de Lorraine et les comtes de Flandre et de Normandie choisirent un homme noble et illustre, le seigneur Gaston de Béarn, et lui confièrent la surveillance générale des travaux, avec mission d'employer tous ses soins à la direction des ouvriers, afin d'éviter toute négligence. Pendant ce temps ils sortaient eux-mêmes très souvent à la tête de forts détachements, conduisant le peuple à leur suite pour faire couper des bois et les faire transporter ensuite au camp pour les divers ouvrages dont on avait besoin. Les uns coupaient et entassaient ensuite des branches d'arbrisseaux ou de petits arbres et des liens d'osier pour faire tresser des claies destinées à servir d'enveloppe extérieure aux machines. Les autres cherchaient les cadavres des animaux tués ou morts par suite de la sécheresse et du défaut de boisson, prenaient tous ceux qu'ils trouvaient, sains ou malades indifféremment, et lès dépouillaient de leur peau pour en revêtir les claies qui devaient-être mises sur les machines, et pour les défendre par ce moyen du danger des feux que l'ennemi pourrait lancer.

 

Tandis que du côté du nord de la ville les travaux se poussaient avec activité par les soins du duc de Lorraine et des deux comtes, d'un autre côté et sur toute la ligne qui s'étendait depuis la tour angulaire jusqu'à la porte occidentale, située sous la citadelle de David, Tancrède et les autres nobles qui avaient dressé leurs tentes avec lui déployaient la même sollicitude et pressaient leurs ouvrages avec une égale ardeur.

 

Au midi, l'armée du comte de Toulouse et, tous ceux qui servaient sous ses ordres ne montraient pas moins d'empressement à suivre l'impulsion générale. Ils étaient même d'autant plus animés au travail que le comte avait plus de richesses que les autres et qu'il avait reçu dernièrement de nouveaux renforts, tant en hommes qu'en approvisionnements de tous les objets dont il pouvait avoir besoin. Les gens arrivés des vaisseaux étaient venus se réunir aux troupes qui formaient son camp et lui avaient apporté tous les matériaux ou les instruments nécessaires pour les constructions qu'il faisait faire. Ils avaient, en effet, des cordes, des marteaux, et beaucoup d'autres outils en fer ; de plus, les excellents ouvriers, qui étaient arrivés aussi, avaient une grande habitude de tous les travaux de constructions et de machines, et ils rendirent de grands services aux Croisés, en leur enseignant des procédés plus prompts. Les Génois qui avaient débarqué à Joppé étaient commandés par un noble, nommé Guillaume, surnommé l'Ivrogne, qui avait beaucoup d'habileté pour tous les travaux d'art.

 

Déjà l'armée entière travaillait depuis quatre semaines avec un zèle infatigable, et les ouvrages étaient terminés dans tout le camp. Les princes tinrent alors conseil et déterminèrent un jour pour livrer l'assaut. Mais comme il s'était élevé de graves querelles entre le comte de Toulouse et le seigneur Tancrède, et quelques autres nobles, à la suite de certains témoignages d'inimitié, les évêques, les princes et le peuple s'accordèrent pour désirer que la paix fût d'abord rétablie entre eux, afin que tous ensemble pussent implorer les secours divins dans toute la sincérité de leurs coeurs.

 

GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica

 

La ville de Jérusalem au Moyen Âge, W. Turner, 1834  

La ville de Jérusalem au Moyen Âge,  W. Turner, 1834

Partager cet article
Repost0
13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 12:30

Tandis que ces choses se passaient à Jérusalem et dans le camp des assiégeants, les princes reçurent un messager qui vint leur annoncer l'arrivée des vaisseaux génois dans le port de Joppé, et leur demander d'y envoyer quelques troupes qui pussent escorter et ramener ceux qui étaient à bord. Solin, dans le trente-neuvième chapitre de son livre De memorabilibus mundi, a parlé dans les termes suivants de la ville de Joppé :

" Joppé est la ville la plus ancienne du monde entier, puisqu'elle fut fondée avant l'inondation générale de la terre. On y voit le rocher qui porte encore la marque des liens par lesquels Andromède était attachée, lorsqu'elle fut exposée à la fureur d'un monstre, ainsi que la nouvelle s'en répandit fort à propos dans le pays. Entre autres choses miraculeuses, je dirai à ce sujet que Marcus Scaurus fit connaître à Rome les ossements de cette bête féroce, et que ce fait a été consigné dans les Annales. On trouve aussi les dimensions de son corps dans des livres reconnus pour véridiques. Les côtes de cet animal avaient plus de quarante pieds de longueur, et il était plus haut qu'un éléphant de l’Inde ; ses vertèbres avaient plus d'un demi-pied de longueur."

 

Jérôme, dans son épitaphe de Sainte-Paule, parle de Joppé en ces termes : " Elle vit aussi Joppé, port où Jonas prit la fuite et qui, pour dire un mot des fables des poètes, fut aussi témoin de la captivité d'Andromède, liée sur l'un de ses rochers."

 

Après que les princes eurent tenu conseil pour délibérer sur la demande des Génois, le comte de Toulouse, qui était le plus riche de tous, fit partir aussitôt un noble de sa suite, nommé Galdemar, surnommé Carpinelle, à la tête de trente cavaliers et de cinquante hommes à pied. Mais, lorsqu'ils se furent mis en route, les princes reconnurent qu'ils ne pourraient suffire à remplir une telle mission, et demandèrent au comte d'expédier un nouveau renfort. Il se rendit à leurs voeux, et chargea deux hommes illustres, Raimond Pelet et Guillaume de Sabran, de prendre avec eux cinquante cavaliers et d'aller se réunir à ceux qui marchaient en avant.

 

Galdemar, qui était parti le premier, arriva dans la plaine située entre Lydda et Ramla, et y rencontra un corps d'ennemis fort de six cents hommes. Ceux-ci s'élancèrent aussitôt sur lui et lui tuèrent quatre cavaliers et un plus grand nombre de fantassins. Tandis que ces derniers cherchaient à faire bonne résistance et s'encourageaient les uns les autres à combattre vaillamment, quoiqu'ils fussent fort inférieurs en nombre, les deux nobles, qui avaient marché sur leurs traces le plus rapidement possible, arrivèrent sur le lieu du combat avant que les rangs fussent rompus et prirent part à la mêlée ; tous se réunirent avec ardeur, et, animés d'un courage tout divin, ils chargèrent l'ennemi, lui tuèrent deux cents hommes, et mirent tout le reste en fuite. Cette affaire coûta la vie à deux nobles, Gilbert de Trèves et Achard de Montmerle; leur mort causa de grands regrets dans le camp des Croisés.

 

Après avoir obtenu de Dieu cette victoire, les deux détachements poursuivirent leur marche vers Joppé, et y arrivèrent sains et saufs : les matelots les accueillirent avec de vives démonstrations de joie, et tous se divertirent à l'envi par des témoignages réciproques d'affection et par d'agréables entretiens. Comme ils s'arrêtèrent un peu pour attendre que ceux qui étaient arrivés sur les vaisseaux eussent disposé leurs bagages et tout préparé pour leur départ, la flotte des Égyptiens, qui se tenait cachée à Ascalon pour attendre une occasion favorable de les attaquer, arriva subitement devant Joppé au milieu de la nuit. Aussitôt que les nôtres en furent informés, ils se rendirent sur le bord de la mer, pour essayer de protéger les navires contre les ennemis ; mais ils reconnurent bientôt qu'il serait impossible de résister à leur nombre, et, après avoir enlevé les voiles, les cordes, tous les objets d'armement, les ustensiles et les approvisionnements, ils se retirèrent dans la citadelle de la place. L'un de ces vaisseaux, qui était parti pour faire quelque prise, revint auprès de Joppé chargé de dépouilles, mais l'équipage ayant appris que la flotte ennemie avait occupé le port, profita d'un vent favorable et alla mouiller à Laodicée. A cette époque, la ville de Joppé avait été abandonnée par ses habitants et se trouvait déserte. Peu de temps avant l'arrivée des Croisés, les citoyens qui n'avaient pas beaucoup de confiance en la solidité de leurs remparts avaient pris le parti de se retirer : cependant nos troupes n'occupèrent que la citadelle.

 

Lorsque tout fut disposé pour le départ, les soldats d'escorte marchèrent en avant, conformément à leur mission, et tout le convoi se mit en route pour Jérusalem. Les légions qui étaient demeurées dans le camp les reçurent avec des transports de joie, et leur arrivée fut en effet pour tous un grand sujet de consolation. Ceux qui composaient cette expédition étaient des hommes sages et qui avaient, comme tous les marins, une grande connaissance de l'art des constructions ; ils étaient fort habiles à couper le bois, à l'aplanir, à assembler les poutres, et à dresser les machines. Ils apportèrent en outre des moyens de secours de diverses espèces, qui devaient être fort utiles aux assiégeants, en sorte qu'avec leur aide on put faire désormais et très facilement toutes sortes d'ouvrages dans lesquels on avait presque désespéré de réussir avant leur arrivée, ou qui du moins auraient présenté de grandes difficultés.

 

GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica 

 

JAFFA (ANCIENT JAPHO OR JOPPA) 

JAFFA - ancient JAPHO or JOPPA

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 12:30

Tandis que tous ceux qui faisaient partie de l'armée chrétienne travaillaient avec ardeur à construire des machines, à tresser des claies, à fabriquer des échelles de cordes, et s'adonnaient ainsi sans relâche à leurs diverses occupations, de leur côté, les habitants de Jérusalem ne déployaient pas moins d'activité pour repousser l'adresse par l'adresse, et cherchaient, avec une égale ardeur, tous les moyens imaginables de résister avec succès.

 

Comme ils possédaient une grande quantité de bois et de beaux arbres, qu'ils avaient fait couper et transporter, par précaution, dans la ville avant l'arrivée des Chrétiens, ils faisaient construire aussi des machines pareilles à celles des nôtres, et faites même avec de meilleurs matériaux. Ils mettaient tous leurs soins à ne demeurer en arrière de leurs ennemis dans les travaux de ce genre, ni pour l'art, ni pour la solidité des constructions.

 

Des hommes placés par eux sur les tours et sur les remparts y demeuraient constamment comme en sentinelles et observaient avec la plus grande attention tout ce qui se faisait dans le camp des Chrétiens, principalement ce qui se rapportait aux diverses espèces de construction, puis ils allaient en rendre compte aux principaux habitants de la ville, afin de pouvoir répondre à toutes les entreprises de l'ennemi par des travaux du même genre, et se montrer de dignes rivaux, habiles à tout imiter. Il ne leur était pas difficile de réussir. Ils avaient dans la ville beaucoup plus d'ouvriers, d'instruments de fabrication, de fer, d'acier, de cordes, et enfin de tous les autres approvisionnements nécessaires que n'en possédaient les assiégeants, et non seulement les citoyens étaient obligés, en vertu d'un édit, à s'employer à tous ces travaux mais en outre, les fidèles, qui habitaient avec eux et se trouvent réduits à une condition tout à fait servile et déplorable, étaient aussi soumis en ces circonstances à des corvées extraordinaires, et l'on en exigeait toutes sortes de services fâcheux. Non seulement on les exténuait en leur imposant des travaux extrêmement forcés, mais, de plus, on les chargeait de fers, on les jetait dans les prisons, dans la crainte qu'ils ne voulussent favoriser les entreprises des Croisés et leur faire connaître l'état et les secrets de la ville ; aussi nul fidèle n'osait monter sur les murailles ni paraître en public ; si ce n'est, cependant, lorsqu'on les tirait comme des bêtes de somme, chargés des objets qu'il fallait transporter d'un lieu à l'autre, car c'était là le travail auquel on les employait habituellement ; en même temps, tous ceux qui avaient quelques connaissances pratiques d'un métier étaient contraints à l'exercer pour les besoins publics.

 

Sur la moindre calomnie d'un délateur, on envoyait les fidèles au supplice. On les forçait aussi à donner l'hospitalité aux étrangers accourus de tous les bourgs et de toutes les villes des environs pour chercher un refuge à Jérusalem, et à leur fournir ce dont ils avaient besoin ; et, tandis que le peu qu'ils possédaient ne suffisait pas pour entretenir misérablement eux et les gens de leur maison et de leur famille, on leur imposait encore de force l'obligation de partager avec des hommes venus du dehors, en sorte qu'eux-mêmes devenaient bientôt les plus indigents. Aussitôt qu'on avait besoin de quelque chose pour les travaux publics, on commençait par aller visiter les maisons des fidèles, on enfonçait les portes, et, si l'on y trouvait ce qui était nécessaire, on l'enlevait de vive force à celui qui y demeurait. Si un accident quelconque empêchait ceux que l'on avait convoqués sur un lieu ou en un moment déterminé, de nuit ou de jour, de se rendre sans retard et sur le premier avertissement, on allait les enlever ignominieusement chez eux, on les traînait en dehors par la barbe ou par les cheveux ; enfin leur condition était tellement misérable qu'elle eût dû arracher des larmes à leurs plus grands ennemis, et ces malheurs de tout genre, ces fatigues et ces travaux excessifs n'avaient ni trêve ni fin. Excédés de tant de souffrances, ils étaient parvenus au comble de leurs maux, en sorte qu'ils souhaitaient ardemment de mourir dans le sein du Seigneur, plutôt que de vivre en ce monde d'une telle vie. Leur misérable existence ne différait que trop du calme de la mort, car on ne leur donnait pas même, une fois le jour, le loisir convenable pour réparer leurs forces par la nourriture, et souvent encore, dans la nuit, on ne leur accordait qu'un temps insuffisant pour le repos.

 

Tout ce qui arrivait de fâcheux dans la ville leur était constamment imputé ; ils ne pouvaient sortir de leur propre maison, se montrer en public, ni rentrer chez eux sans exciter les soupçons, et les calomnies d'un individu quelconque suffisaient pour leur attirer des accusations.

 

GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica 

 

Church of the Holy Sepulchre' 

LE SAINT SEPULCRE (1847)

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 12:30

Cependant l'armée commençait à souffrir horriblement de la soif. J'ai déjà dit que les environs de Jérusalem sont arides et dépourvus d'eau, et qu'on ne trouve qu'à une assez grande distance quelques ruisseaux, fontaines ou puits contenant des eaux vives. Ces sources même avaient été comblées par les ennemis, peu de temps avant l'arrivée de nos troupes, afin qu'elles pussent tenir moins longtemps à faire le siège de la place ; ils y avaient jeté de la terre ou les avaient bouchées par divers autres moyens ; ils avaient aussi ouvert les citernes et les autres réservoirs des eaux pluviales, qui, par ce procédé, ne pouvaient plus les retenir ; ou bien encore ils les avaient malicieusement cachées, afin que les pauvres malheureux, tourmentés de la soif, ne pussent venir y chercher quelque soulagement.

 

Les habitants de Bethléem et les fidèles qui demeuraient à Thécua, la ville des prophètes, se rendaient souvent à l'armée et conduisaient ensuite les Croisés vers les fontaines qui se trouvaient situées à quatre ou cinq milles de leur camp. Là s'élevaient de nouvelles difficultés ; les arrivants se poussaient les uns les autres et s'empressaient réciproquement de puiser de l'eau; souvent même ils en venaient à de vives altercations, et enfin, après de longs retards, ils remplissaient des outres d'une eau toute bourbeuse, qu'ils vendaient ensuite fort cher, la distribuant cependant en si petite quantité qu'un homme altéré en avait à peine de quoi satisfaire au premier besoin.

 

La fontaine de Siloé, située tout prés de la ville, et dont j'ai déjà donné la description, était loin de pouvoir suffire à tant de monde, d'autant plus qu'elle ne coulait pas toujours, et que ses eaux étaient d'ailleurs fort insipides. La chaleur ardente du mois de juin accroissait encore l'incommodité de la soif et rendait plus pénible à chacun cet état continuel de suffocation, sans parler même de l'excès du travail et de l'abondance de la poussière, qui ne laissaient pas aussi de dessécher le palais et la poitrine.

 

Les Croisés sortaient du camp en secret et se dispersaient dans les environs pour chercher de l'eau de tous les côtés avec le plus grand soin ; ils marchaient par petits détachements, et, au moment où ils croyaient avoir trouvé quelque filet caché, ils se voyaient aussitôt entourés par une immense multitude de gens occupés aux mêmes recherches ; quelquefois, lorsqu'ils avaient découvert quelque source, il s'élevait entre eux de vives querelles ; ils cherchaient à se repousser les uns les autres, et souvent on en venait à se battre. Ceux qui étaient à pied usaient d'économie lorsqu'ils avaient trouvé un peu d'eau, et parvenaient, de manière ou d'autre, à se donner quelque soulagement; mais les hommes qui avaient un grand nombre de chevaux se voyaient souvent obligés de les conduire à trois ou quatre milles loin du camp, et ne parvenaient souvent à les faire abreuver qu'à travers mille difficultés. Ceux de ces animaux que l'on négligeait, et que leurs maîtres ne pouvaient suffisamment soigner, erraient dans la campagne, à pas lents et perdant toutes leurs forces; on voyait les chevaux, les mulets, les ânes, les bestiaux de toute espèce, consumés par la soif et par la chaleur, tomber de dessèchement et mourir enfin, ayant tout l'intérieur du corps entièrement brûlé ; leurs cadavres répandaient ensuite dans le camp une odeur fétide et pestilentielle, et l'air s'imprégnait d'exhalaisons empoisonnées.

 

Cet horrible fléau de la soif exerçait dans le camp des Croisés autant de ravages que celui de la famine en avait causé quelque temps auparavant sous les murs d'Antioche. De même que devant cette ville, les Croisés sortaient aussi de leur camp et allaient dans les campagnes environnantes chercher des vivres et des fourrages pour leurs chevaux, ils marchaient sans précaution et parcouraient imprudemment les contrées ; les habitants de Jérusalem, lorsqu'ils furent informés de ces fréquentes excursions, prirent aussi l'habitude de sortir de la ville par l'un des côtés qui n'était pas investi ; ils se présentaient de temps en temps, à l'improviste, devant les Chrétiens, leur tuaient souvent beaucoup d'hommes, emmenaient plus souvent encore leurs chevaux, tandis que quelques autres plus heureux, mais presque toujours blessés, trouvaient cependant moyen de leur échapper par la fuite. Aussi l'armée des Croisés diminuait de jour en jour et perdait chaque jour une portion de ce qu'elle avait cru posséder la veille ; les nombreux accidents auxquelles est assujettie l'infirmité humaine enlevaient d'heure en heure plus ou moins d'hommes, et malheureusement il n'en venait pas d'autres pour prendre la place et remplir les vides que laissaient ceux qui succombaient.

 

Dans le même temps, au contraire, les forces de l'ennemi s'accroissaient journellement ; de nouveaux auxiliaires lui arrivaient de toutes parts, ils pénétraient librement et sans peine dans la ville, par les côtés qu'on n'avait pu investir, et augmentaient le nombre des assiégés au détriment des assiégeants.

 

GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica

 

Fountain of Job, David Robert, 1841 

Jérusalem, Fontaine de Job, David Robert, 1841

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 12:30

Lorsque les Croisés eurent établi leur camp ainsi que je viens de le dire, la portion de la ville qui n'était point assiégée s'étendait depuis la porte du septentrion, vulgairement appelée porte de Saint-Étienne, jusqu'à la tour angulaire, qui domine la vallée de Josaphat, depuis cette tour jusqu'à l'autre angle de la ville du même côté, dont la vue porte sur le revers qui tombe dans la même vallée au midi, et depuis cet angle jusqu'à la porte du midi, appelée maintenant porte de la montagne de Sion ; en sorte qu'il y avait à peu près une moitié de la circonférence de la ville qui n'était pas du tout investie.

 

Le cinquième jour après que notre armée fut arrivée sous les murs de Jérusalem, les chefs firent publier dans tout le camp, par leurs hérauts, que chacun, depuis le plus grand jusqu'au plus petit, eût à préparer ses armes pour commencer les travaux du siège, et ces ordres furent aussitôt exécutés. Tous se levèrent donc à l'envi et s'élancèrent avec la plus grande vigueur sur tous les points qu'ils pouvaient attaquer ; l'assaut fut dirigé avec beaucoup de zèle et une grande bravoure ; les ouvrages avancés furent détruits, et les assiégés, contraints de se replier derrière leurs remparts, furent saisis de frayeur et parurent désespérer de l'efficacité de leur résistance. Il est même hors de doute que, si ce jour-là les Croisés eussent eu des échelles ou des machines qui leur eussent facilité l'occupation des remparts, ils seraient parvenus, dans l'ardeur extraordinaire qui les transportait, à s'emparer entièrement de la ville. Après avoir fait tous leurs efforts depuis le premier crépuscule jusqu'à la septième heure du jour, voyant qu'il leur serait impossible de réussir dans leur entreprise sans le secours de machines, ils suspendirent leurs travaux, dans l'espoir de les reprendre plus heureusement, avec l'aide du Seigneur, dès qu'ils auraient fait construire les instruments nécessaires.

 

Les princes recherchèrent alors avec la plus vive sollicitude les lieux où il leur serait possible de trouver les bois dont ils avaient besoin, car il n'y avait aucun moyen d'avoir les matériaux convenables dans toute la contrée environnante. Un fidèle, habitant du pays, et Syrien d'origine, conduisit heureusement quelques uns des princes dans des vallons enfoncés, situés à six ou sept milles de la ville, et l'on y trouva des arbres qui n'étaient pas complètement propres à l'usage qu'on voulait en faire, mais parmi lesquels cependant on en voyait un assez bon nombre de grande et belle venue. On fit appeler aussitôt des ouvriers et des bûcherons, autant qu'on jugea devoir en commander pour ce travail, et les arbres abattus furent chargés sur des chariots, et transportés au camp par des chameaux. On rassembla alors des artisans et tous ceux qui avaient quelque connaissance de ces sortes de métiers, et tous se mirent à l'ouvrage avec un zèle infatigable ; ils employèrent la hache, la cognée et beaucoup d'autres instruments propres à façonner le bois, et construisirent successivement des tours mobiles, des balistes, des pierriers, des béliers et d'autres machines pour servir à miner sous les murailles. Les ouvriers qui n'avaient pas par eux-mêmes assez de ressources pour travailler gratis, recevaient une paie qu'on prélevait sur les offrandes que faisait le peuple dans sa dévotion. Aucun des princes, en effet, n'avait plus assez de richesses pour fournir des salaires à ceux qu'il fallait employer, si ce n'est cependant le comte de Toulouse, qui était toujours plus abondamment pourvu que tous les autres. Aussi faisait-il acquitter sur son propre trésor toutes les dépenses des hommes qu'il occupait, sans avoir besoin de recourir au peuple ; et il y avait en outre beaucoup de nobles qui, après avoir perdu tous leurs approvisionnements de voyage, recevaient de lui une solde.

 

Tandis que les plus considérables parmi les chefs étaient ainsi occupés des choses les plus importantes, d'autres nobles et des hommes distingués sortaient du camp, la bannière déployée, et conduisaient le peuple dans les lieux cachés, dans les taillis que les gens du pays leur indiquaient ; ils faisaient ramasser des broussailles et de l'osier, que les chevaux, les ânes et d'autres bêtes de somme transportaient ensuite dans le camp et dont on se servait pour tresser des claies et pour concourir à de plus grands travaux.

 

De toutes parts on se livrait à ces divers ouvrages avec un zèle extrême ; on ne voyait pas dans le camp un seul homme inoccupé, ou qui se permît de s'engourdir dans l'oisiveté ; chacun faisait quelque chose, et nul ne cherchait à établir une distinction sur les divers genres de travaux qui pouvaient convenir à des conditions diverses. Tout ce qui pouvait être de quelque utilité faisait, à qui que ce fut, une occupation honorable. Le riche et le pauvre mettaient également la main à l'œuvre, on ne connaissait plus aucune inégalité de rang, et partout on trouvait le même zèle, la même assiduité au travail. Celui qui avait plus de mérite montrait plus d'ardeur et produisait plus de choses ; celui qui en avait moins ne laissait pas d'être admis et employé à un ouvrage quelconque. Tous enfin regardaient comme nulles les souffrances qu'ils avaient endurées pendant leur voyage s'il leur était permis de recueillir le fruit de tant de travaux et d'entrer dans cette ville pour laquelle ils avaient supporté tant de maux ; tout ce qu'on pouvait leur demander, dans ce but, leur paraissait léger et facile, pourvu qu'ils pussent croire que c'était un moyen de concourir à l'accomplissement de leurs voeux.

 

GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica 

 

Forteresse de Sion, Salzmann 1856 

Forteresse de Sion, photographie de Salzmann, 1856

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 12:30

Les légions des Croisés dressèrent leur camp en face de Jérusalem le sept juin de l'an de grâce mille quatre-vingt-dix-neuf. On dit qu'il y arriva environ quarante mille personnes des deux sexes, ainsi que d'âge et de condition divers, dont tout au plus vingt mille hommes de pied, bien équipés, et quinze cents chevaliers, le reste étant composé de gens du peuple dénués d'armes, de malades, ou d'autres individus faibles et incapables de service. Dans le même temps, il y avait dans la ville, à ce qu'on disait, quarante mille hommes vigoureux et très bien armés. Une multitude immense était accourue des bourgs et lieux circonvoisins, tant pour éviter l'approche de l'armée chrétienne et pourvoir à sa propre sûreté, que pour défendre la cité royale des périls qui la menaçaient, et pour la renforcer en hommes de guerre et en approvisionnements de toute espèce.

 

Aussitôt que les princes furent arrivés, ils consultèrent tous ceux qui avaient une connaissance exacte des localités, pour reconnaître les moyens les plus sûrs et les plus faciles de s'emparer de la ville. Ils furent bientôt convaincus qu'il n'y avait rien à faire du côté de l'orient et de celui du midi, à cause de la profondeur des vallées environnantes, et se déterminèrent à entreprendre le siège par le côté du nord. Ils formèrent donc leur camp depuis la porte dite aujourd’hui porte de Saint-Etienne, qui fait face au nord-est, jusqu'à l'autre porte située au dessous de la tour de David, qui est appelée du même nom et se trouve à l'occident. Le duc de Lorraine s'établit le premier ; après lui et en suivant cette direction venait Robert, comte de Flandre ; ensuite Robert comte de Normandie; la quatrième position fut occupée par Tancrède, qui s'établit avec quelques autres nobles tout autour d'une tour angulaire, à laquelle il a depuis donné son nom. Enfin le comte de Toulouse et les gens de sa suite s'emparèrent du terrain qui s'étend depuis cette tour jusqu'à la porte de l'occident.

 

Plus tard, tant pour éviter la tour qui dominait son camp et protégeait complètement cette porte, que pour franchir la vallée qui le séparait de la ville, et pour quitter une position dans laquelle il avait reconnu qu'il lui serait impossible de concourir utilement au siège, le comte de Toulouse, après avoir pris l'avis de quelques hommes sages et qui connaissaient bien les localités, transporta une partie de son camp sur la montagne même où la ville est bâtie, s'établit entre les maisons et l'église dite de Sion, éloignée de celle-ci de la distance que le trait d'un arc ne franchirait que difficilement, un peu au nord de cette église, et laissa le reste de ses troupes dans sa première position. On dit qu'en faisant ce mouvement, son intention fut de faciliter à ses soldats les moyens d'attaquer la ville de plus près, et en même temps de défendre l'église de Sion contre toute insulte des ennemis.

 

C'est dans ce lieu que le Sauveur avait soupé avec ses disciples et leur avait lavé les pieds ; c'est là aussi que son Saint-Esprit était descendu sur les disciples en langues de feu, le saint jour de la Pentecôte ; les anciennes traditions rapportaient encore qu'en ce même lieu la pieuse mère du Seigneur avait acquitté sa dette envers les morts ; enfin on montre encore sur ce point le sépulcre consacré à Étienne, le premier martyr.

 

GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica 

 

Cenacle 

Le Cénacle à Sion

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 16:00

Le pays où est situé la cité servante de Dieu est appelé Judée et aussi première Palestine. Le premier de ces noms lui fut donné après que les dix tribus se firent séparées de Roboam, fils de Salomon, pour suivre Jéroboam, fils de Nabath. Les deux tribus de Benjamin et de Juda restèrent seules fidèles à Roboam, et le pays qui formait le territoire de ces deux tribus fut appelé Judée, du nom de l'une d'elles. Aussi lit-on dans l'Évangile : Retourne dans la terre de Juda. Dès lors Roboam et ses successeurs furent nommés rois de Juda, tandis qu'on désignait sous le titre de rois d'Israël ou de Samarie, les rois qui gouvernaient les dix autres tribus.

 

On dit que le nom de Palestine est dérivé de celui de Philistine, ou pays des Philistins. On dit encore qu'il y a trois Palestine : la première qui est la Judée proprement dite, avec Jérusalem pour métropole ; la seconde a pour métropole Césarée, ville maritime ; la troisième avait d'abord pour métropole Bethséan ou Scythopolis, mais cette dignité a été maintenant transférée à l'église de Nazareth. Quoi qu’il en soit de l'origine réelle ou imaginaire de ces dénominations, il est certain que la Judée fait partie de la Terre-Promise et de la Syrie, ainsi qu'on le trouve attesté par cette homélie, dans laquelle il est dit : "Il est d'usage chez les Syriens, et principalement dans le pays de Palestine, qui fait partie de la Syrie, et où le Seigneur daigna apparaitre aux hommes en chair et en os, de mêler des paraboles dans presque tous les discours."

 

La Judée est située comme au centre de la Terre-Promise, conformément à la délimitation que Josué en a tracée, en disant : Vos limites seront depuis le désert et le Liban jusqu'au grand fleuve d'Euphrate ; tout le pays des Hethéens jusqu'à la grande mer qui regarde le soleil couchant.

 

Le lieu sur lequel est bâtie la ville de Jérusalem est aride et dépourvu d'eau ; on n'y trouve ni ruisseaux, ni fontaines, ni rivières, et les habitants en sont réduits à ne se servir que des eaux pluviales. Pendant les mois d'hiver, ils rassemblent les eaux du ciel dans des citernes qui sont en très grand nombre dans la ville, et les conservent ensuite pour s'en servir pendant tout le cours de l'année. Aussi j'ai lieu d'être fort étonné que Solin ait dit que la Judée était fort célèbre par ses eaux. On trouve dans son Polyhistor : "La Judée est célèbre par ses eaux, mais elles ne sont pas de la meme nature que les autres". Je ne puis même m'expliquer cette assertion qu'en pensant ou que cet écrivain n'a pas dit la vérité, ou que ce sol antique a changé complètement de face depuis cette époque.

 

Il est juste cependant de dire qu'Ézéchias, roi de Juda, cet ami fidèle du Seigneur, lorsqu'il apprit la prochaine arrivée de Sennachérib, fils de Salmanazar, roi des Assyriens, fit boucher les fontaines qui étaient hors de la ville. On lit à ce sujet dans le second livre des Paralipomènes : Ézéchias voyant que Sennachérib s'avançait ; et que tout l'effort de la guerre allait tomber sur Jérusalem, il tint conseil avec les principaux de la cour et les plus braves officiers, s'il ne fallait point boucher les sources des fontaines qui étaient hors de la ville, et tous en ayant été d'avis, il assembla beaucoup de monde, et ils bouchèrent toutes les sources et le ruisseau qui coulait au milieu du pays, afin, disaient-ils, que, si les rois des Assyriens viennent, ils ne trouvent pas beaucoup d'eau. La principale de ces sources était celle qu'on appelait la source de Gion, dont il est fait mention en ces termes dans le même endroit : C'est ce même roi Ézéchias qui boucha la haute fontaine des eaux de Gion, et les fit couler sous terre, à l'occident de la ville de David. Gion était situé au midi, dans la vallée d'Ennom, et au milieu même de Jérusalem, sur le lieu où est maintenant une église construite en l'honneur du bienheureux Procope le martyr. Ce fut là, à ce qu’on rapporte, que Salomon fut oint en qualité de roi, ainsi qu'on le trouve raconté dans le troisième livre des Rois : Prenez avec vous les serviteurs de votre maître ; faites monter sur ma mule Salomon, mon fils, et menez-le à Gion, et que Sadoch, grand-prêtre, et Nathan, prophète, le sacrent vers ce lieu pour être roi d'Israël; et vous sonnerez aussi de la trompette, et vous crierez : vive le roi Salomon ! Il est cependant certain que les choses furent telles avant le temps où vécut Solin ; et il est également sûr que cet écrivain exista après que Titus, empereur des Romains, eut renversé la ville de Jérusalem, et avant le règne d'Ælius Adrien qui la fit relever ; ainsi qu'on peut s'en convaincre d'après ce que dit cet auteur dans le quarante-troisième chapitre de son Polyhistor : "Jérusalem fut la capitale de la Judée; mais elle a été détruite et remplacée par Hiéricho (Jéricho), et celle-ci a aussi cessé d'être la capitale lorsqu'elle a été conquise dans la guerre d'Artaxerce."

 

En dehors de la ville et à deux ou trois milles de distance, il y a quelques fontaines; mais elles sont peu nombreuses, et ne fournissent d'ailleurs qu'une très petite quantité d'eau. Cependant vers la porte méridionale, au point où se réunissent les deux vallées dont j'ai déjà parlé, et à un mille tout au plus de la ville, il y a une fontaine très fameuse, dite Siloé. Le Seigneur y envoya un homme qui était aveugle dés sa naissance, afin qu'il se lavât et recouvrât la vue. La source est peu abondante, et jaillit dans le fond de la vallée ; elle donne des eaux qui n'ont point de goût et ne coulent pas toujours ; on assure que c'est une fontaine intermittente, et qui ne donne de l'eau que de trois en trois jours.

 

Les habitants de Jérusalem, dès qu'ils avaient été informés de l'approche de notre armée, avaient fait boucher les fontaines et les citernes qui étaient en dehors et jusqu'à cinq ou six milles de distance de la ville, afin que notre peuple ne pût résister à la soif, et se trouvât forcé par là de lever le siège. Aussi les Croisés éprouvèrent-ils de cruelles souffrances durant tout le cours du siège, comme on le verra par la suite de ce récit.

 

Les assiégés, pendant ce temps, indépendamment des eaux pluviales qu'ils avaient en grande abondance, recevaient encore du dehors les eaux des sources qu'ils faisaient arriver par des conduits et des aqueducs, et qui se jetaient dans deux piscines très vastes, situées auprès de l'enceinte du temple, â l'extérieur par rapport â celle-ci, et â l'intérieur par rapport aux murailles de la ville d'une de ces piscines, appelée encore aujourd'hui piscine probatique, était employée autrefois pour laver les victimes qu'on devait immoler. Jean-l'Évangéliste dit qu'il y avait cinq galeries, qu'un ange y descendait et agitait l’eau, et que lorsqu'elle était ainsi troublée, celui qui entrait le premier dans la piscine était guéri de ses maux. Le Seigneur y trouva un paralytique, auquel il ordonna de se lever et d'emporter son lit.

 

GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica 

 

1804 Holy Land Ottoman Empire aquatint Fountain Siloam

La Fontaine de Siloé, Luigi Mayer (1804)

Partager cet article
Repost0