Je fis, un autre jour, le tour entier des murailles de Jérusalem ; elles sont peu endommagées, et garnies de tours de distance en distance. Je sortis par la porte de Jaffa, Bah-el-Khalil et je rentrai par cette même porte, après avoir parcouru le circuit entier, en une heure cinq minutes d'un pas ordinaire. J'avais longé les murs au plus près possible, passant la porte de David, puis celle des Maugrébins et la porte Dorée, murée aujourd'hui. J'avais traversé les tombes musulmanes accumulées sous cette partie des remparts qui regarde le torrent de Cédron et borne la grande mosquée ; puis, après la porte Sitti Mariam, j'étais arrivé à la grotte et à la prison de Jérémie. C'était là une de mes stations favorites ; je ne pouvais me lasser d'y relire les touchantes Lamentations, en face de cette ville pleine de peuple, aujourd'hui si solitaire ; de cette ville accablée d'amertume, dont les vierges sont tristes, abattues, et les prêtres gémissants.
J'ai lu Homère à Troie, Sophocle à Colone, Horace à Tivoli, Virgile à Naples ; mais quelle poésie peut égaler les sublimes chants de douleur de Jérémie à Jérusalem ...
Vicomte de Marcellus, Souvenirs de l'Orient, 1839
La Porte Dorée à Jérusalem, côté Nord-Est, photographie de James Graham, 1857