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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 08:00

Les clochers de Laon et de Reims sont frères ou sœurs.

Quels perpétuels rappels de l’une l’autre, et quelle variété entre les Cathédrales ! Qu’elle est nombreuse, la Cathédrale, et qu’elle est unique ! — Variété dans l’unité, il ne faut pas se lasser de répéter ces mots. Le jour où ils seraient tout à fait oubliés, plus rien dans le monde français ne serait à sa place.

C’est l’analogie qui relie les choses et leur assigne leurs rangs. Cette tour de Reims est un psaume, — cette tour : elle pouvait s’interrompre, continuer, qu’importe, puisque la beauté est dans le modelé ?

 

Le Portail.

Ces figures d’évêques, vraiment capables de lancer la foudre ; ces serviteurs, humbles, qui tiennent le Livre ; cette grande figure majestueuse de femme : la Loi.

L’admirable saint Denis du portail nord : il porte sa tête dans sa main, et deux anges, à la place de la tête, soutiennent une couronne. — Y puis-je voir un symbole ? Celui-ci : les idées, coupées, interrompues dans leur essor, se rejoindront, règneront, plus tard, tout un jour qui n’aura pas de fin…

La Vierge du trumeau, à la figure illuminée, c’est la vraie femme française, la femme de province, la belle plante de notre jardin.

Sculpture parfaite, aux savantes oppositions. Les grands plis du manteau d’apparat laissent dans la lumière la poitrine et la tête délicieuses.

Le trumeau est orné de petites figures saillantes. Si les détails ne sont pas grecs, les plans le sont, et déterminent, et soutiennent la beauté générale de la composition.

 

Tapisseries de Reims.

Ces admirables dessins, ces couleurs, réservées comme celles des fresques, cette touchante histoire de la Vierge, est-ce que tout cela ne met pas l’âme en fleur ? Et n’est-ce pas cet effet que l’artiste a voulu exprimer ? Tous les fonds et les intervalles sont remplis de fleurettes qui, sur la tapisserie, ne se rattachent à rien, — qu’à notre âme.

Ces tapisseries sont des œuvres d’un art suprême.

Et c’est à nous ! Les Égyptiens, les Grecs — du moins, je le crois — n’ont pas eu cela. Ce sont, tissés, des grains multicolores de poussière, la poussière de notre passé ! Et ce sont des fresques de primitifs, et des estampes japonaises, et des vases de Chine : tout y est pressenti.

Quel luxe ! et quelle sagesse dans le luxe !

Gris-argent rehaussé de bleu, de rouge, la tapisserie s’assortit pourtant à la pierre ; elle a la couleur de l’encens.

On n’a pas besoin de savoir quel est le sujet de la composition pour se rendre compte de sa beauté. Ici la Mesure règne ; c’est son empire, c’est son trône. — Mais les sujets aussi, par eux-mêmes, apportent un élément de beauté, dont le brodeur sait tirer admirablement parti :

C’est la présentation de Jésus à Siméon : les admirables draperies de la Vierge ! C’est l’adoration des Mages : quel relief, expressif de la majesté, dans ces figures royales ! C’est la fuite en Égypte, où la Vierge sur l’âne est accompagnée d’anges, gracieux tout autant que ceux d’un Botticelli. C’est le massacre des Innocents. Et ces compositions se divisent et se répartissent selon l’ordre d’une architecture pompéienne. On a le sentiment de feuilleter un livre d’heures, d’une splendeur incomparable. Des portraits en pied, parfaits, complètent ces Stanze d’un autre Vatican. Je revois le portrait du prophète, parlant aux foules : il affirme, il évangélise.

Un gris suave harmonise toutes ces tapisseries. À leur long séjour dans cette Cathédrale, qu’elles illuminent, elles doivent la teinte des siècles. Ce fil a l’âge de cette pierre. Et ce sont des collaborateurs au même ouvrage, ceux qui ont mis ici pierre sur pierre et point d’aiguille sur point d’aiguille. Le tissu et le minéral se rejoignent, s’unissent, se prolongent, amoureux l’un de l’autre.

Feuille morte, relevée de ton ; poussière de diamant ; nielles incrustées, d’un beau rouge cerise : ces tons adorables ont vécu ensemble, se sont fondus et leur union constitue aujourd’hui je ne sais quoi, d’une richesse, d’une splendeur inouïe.

Et les draperies, dans le style de leurs plis, font penser à Holbein.

Le pignon de David a été réparé aussi. On n’y voit plus rien. L’ancien était visible d’en bas ; le moderne ne fait pas cet effet. On sent que l’esprit, usé, n’a pu atteindre à l’effet, et ce David insignifiant est là, à la place de l’original. Il ne rejoint pas le regard qui monte d’en bas.

 

Porte romaine.

La partie restaurée de la porte romaine est abîmée, perdue. Le corps de la porte, malgré ses blessures, garde toute sa jeunesse. À la moulure, quand elle a disparu, suppléent les oves et les raies, profondément entaillés.

 

Statue de la Place Royale.

La statue de Louis XV, à Reims, est un noble exemple du bel arrangement. Il y a des noirs heureux à l’arrivée des figures sur le piédouche, et la statue elle-même est admirable de sagesse, irréprochable en ses plans ; et en dehors de la beauté des figures, le cartouche est si facilement heureux ! Les ignorants et même certains connaisseurs, las de cette somptuosité, ont bafoué cette belle œuvre. C’est la bourgeoisie de Louis-Philippe qui prétend en remontrer aux contemporains de Louis XV…

 

Portail de Saint-Rémi.

Cette figure rongée par les siècles : les siècles n’ont pas atteint ce qu’il y a de plus précieux dans sa beauté ; ils ont respecté les grands volumes. Et, telle que la voilà, cette figure reste l’amie du temps, et de tous les temps.

C’est la sœur de ces beaux tronçons grecs que j’ai vus, plâtres moulés, où la première et la seconde couches de marbres, usées, effacées, détruites, ont été comme enlevées. Vous pensez bien que le plan s’en trouve un peu détérioré. Mais il reste visible à qui sait regarder, puisque, le plan, c’est le volume même. Le temps ne peut rien contre les plans justes. Il ne ronge que les figures mal faites. Elles sont perdues sitôt que touchées ; l’usure, dès la première atteinte, dénonce le mensonge. Mais une figure, sortie admirable des mains de l’artiste, reste admirable toute rongée qu’elle puisse être. L’œuvre des mauvais artistes n’a point de durée, parce qu’elle n’a jamais existé essentiellement.

Ce beau monument montre toute la puissance raisonnée, mesurée, du style.

 

Je reviens toujours à ce mot, « discipline », pour définir cette sobre et forte architecture. Elle me rassure, elle me satisfait. Quelle science absolue des proportions ! Les plans seuls comptent et tout leur est sacrifié. C’est la sagesse même. Ici, je reprends mon âme à quelque chose de solide, qui m’appartient : car je suis un artiste et je suis un plébéien, et la Cathédrale a été faite par les artistes, pour le peuple.

La sensation du style éveille d’une façon particulièrement impérieuse, en moi, cette idée de possession tranquille.

La sensation du style ! Qu’elle va loin ! Par une route obscure la pensée remonte ou redescend jusqu’aux catacombes, jusqu’à la source de ce grand fleuve, l’architecture française.

 

Très longtemps, il a été convenu que l’art du Moyen Âge n’existait pas. C’était — répétons sans nous lasser, pour la confondre, l’injure qu’on ne s’est pas lassé de rabâcher trois siècles durant — «la barbarie». Même aujourd’hui, les esprits les plus hardis, ceux qui se vantent de comprendre l’art gothique, font encore des réserves. — Or, cet art est une des faces majestueuses de la beauté.

Que le mot puissant prenne ici tout son sens : cet art est très puissant ! Je pense à Rome, à Londres ; je pense à Michel-Ange. Cet art donne à la France une figure sévère. Il n’y aura eu que trop de temps perdu à chercher l’accord entre le mièvre et le beau — «l’idéal» d’aujourd’hui !

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre X, REIMS

 

Cathédrale Notre-Dame de Reims, photographie de Édouard Baldus (1813-1889)

Cathédrale Notre-Dame de Reims, photographie de Édouard Baldus (1813-1889)

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 08:00

Je suis plus choqué, peut-être, ici que partout ailleurs par les restaurations. Elles sont du XIXe siècle, et, depuis cinquante ans qu’elles sont faites, elles se patinent, mais ne trompent pas. Ces inepties d’un demi-siècle voudraient prendre rang parmi les chefs-d’œuvre !

Toutes les restaurations sont des copies ; c’est pourquoi elles sont d’avance condamnées. Car il ne faut copier, — laissez-moi le répéter ! — avec la passion de la fidélité, que la nature : la copie des œuvres d’art est interdite par le principe même de l’art.

Et les restaurations — sur ce point aussi je veux insister encore — sont toujours molles et dures en même temps ; vous les reconnaîtrez à ce signe. C’est que la science ne suffit pas à produire la beauté ; il faut la conscience.

 

En outre, les restaurations entraînent la confusion, parce qu’elles introduisent l’anarchie dans les effets. Les vrais effets se dérobent au procédé ; pour les obtenir, il faut beaucoup d’expérience, un grand recul, la science des siècles…

 

Voyez, par exemple, au fronton de Reims, le pignon de droite. Il n’a pas été retouché. De cet amas puissant sortent des fragments de torse, des draperies, des chefs-d’œuvre massifs. Un simple, sans même bien comprendre, peut, s’il est sensible, connaître ici le frisson de l’enthousiasme. Ces morceaux, cassés par places comme ceux du British Museum, sont comme eux admirables en tout. — Mais regardez l’autre pignon, qu’on a restauré, refait : il est déshonoré. Les plans n’existent plus. C’est lourd, fait de face, sans profils, sans équilibre de volumes. Pour l’église, penchée en avant, c’est un poids énorme sans contrepoids. — Ô ce Christ en croix, restauration du XIXe ! — L’iconoclaste qui a cru briser le pignon de droite ne lui a pas fait grand mal. Mais l’ignorant qui restaure !… — Voyez encore ces crochets rampants qui ne savent plus ramper : lourde restauration. C’est l’équilibre changé.

 

Réparer ces figures et ces ornements brutalisés par les siècles, comme si c’était possible ! Une telle idée ne pouvait naître que dans des esprits étrangers à la nature et à l’art, et à toute vérité.

Que ne choisissez-vous de deux maux le moindre ? Il était moins dispendieux de laisser ces sculptures comme elles étaient. Tous les bons sculpteurs vous diront qu’ils trouvent en elles de très beaux modèles. Car il n’est pas nécessaire de s’arrêter à la lettre : c’est l’esprit qui importe, et il se voit clairement dans ces figures cassées. Employez ailleurs vos désœuvrés ; ils y trouveront aussi bien leur compte, puisque ce n’est pas le travail qu’ils cherchent, mais seulement le profit.

Ils se sont cruellement acharnés sur Reims. Quand je suis entré dans l’église, tout de suite mes yeux ont été blessés par les vitraux de la nef. Inutile de dire qu’ils sont neufs. Plats effets !

 

Et ces chapiteaux, refaits aussi, qui représentent des branches et des feuilles : la couleur est uniforme, plate, nulle, parce que les ouvriers ont employé l’outil de face, à angle droit contre le plan de la pierre. Par ce procédé on n’obtient que des effets durs, identiques : autant dire pas d’effets. Le secret des anciens, sur ce point du moins, n’est pourtant pas bien compliqué, et il serait facile d’y revenir. Ils maniaient l’outil de biais, seul moyen d’atteindre à des effets modelés, d’avoir des plans en biais qui accentuent et varient le relief.

 

Mais nos contemporains n’ont aucun souci de la variété. Ils ne la sentent pas. Dans ces chapiteaux composés de quatre rangs de feuillages, chaque rang est aussi marqué que chacun des trois autres ! Cela ressemble à quelque vulgaire panier d’osier.

À qui fera-t-on croire que nous sommes en progrès ? Il y a des époques où le goût règne, et il y a… le temps présent.

 

Pour ce qui est d’un goût général, d’une belle vulgarisation du pur instinct, je crains que ce ne soit un attribut de la jeunesse des races. Avec l’âge, leur sensibilité s’émousse, l’intelligence fléchit. Comment expliquer autrement que par un affaiblissement de l’intelligence le cas de ces prétendus artistes — architectes, sculpteurs, verriers — qui font ces restaurations alors qu’ils ont sous les yeux les merveilles dont les Cathédrales sont pleines ? Leurs vitraux sont en linoléum : des vitraux-tapis, sans profondeur.

Les belles choses voisines coûtèrent moins de mal aux bons compagnons d’il y a six cents ans. Voyez ce bouquet de fleurs, de qualité si française !

 

Oh ! je vous en supplie, au nom de nos ancêtres et dans l’intérêt de nos enfants, ne cassez et ne restaurez plus ! Passants, qui êtes indifférents, mais qui comprendrez et vous passionnerez peut-être un jour, ne vous privez pas d’avance, à jamais, de l’occasion de joie, de l’élément de développement qui vous attendait dans ce chef-d’œuvre ; n’en privez pas vos enfants ! Songez que des générations d’artistes, des siècles d’amour et de pensée aboutissent là, s’expriment là, que ces pierres signifient toute l’âme de notre nation, que vous ne saurez rien de cette âme si vous détruisez ces pierres, qu’elle sera morte, tuée par vous, et que vous aurez du même coup dilapidé la fortune de la patrie, — car les voilà, les vraies pierres précieuses !

 

Je ne serai pas écouté, je le sais trop. On continuera à casser et on continuera à réparer. Rien n’interrompra-t-il cet abominable dialogue où l’hypocrisie donne la réplique à la violence, celle-là achevant de détruire le chef d’œuvre mutilé par celle-ci, tout en protestant qu’elle va le remplacer par une copie, une répétition exacte ? On ne remplace rien, entendez-vous ? on ne répare rien ! Les modernes ne sont pas plus capables de donner un double à la moindre merveille gothique qu’à celles de la nature. Encore quelques années de ce traitement du passé malade par le présent meurtrier, et notre deuil sera complet et irrémédiable.

 

Ne voit-on pas assez, par nos créations aussi bien que par nos restaurations, où nous en sommes ? Les styles anciens, nous les comprenions, naguère encore, et ils sont dans nos Tuileries, dans notre Louvre. Nous nous entêtons à les imiter, aujourd’hui même, mais comment !…

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre X, REIMS

 

Intérieur de Cathédrale, Georges-Antoine Rochegrosse, 1915, Musée des Beaux-Arts, Reims

Intérieur de Cathédrale, Georges-Antoine Rochegrosse, 1915, Musée des Beaux-Arts, Reims

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16 juin 2014 1 16 /06 /juin /2014 08:00

Elle est là, immobile, muette ; je ne la vois pas : nuit noire.

Mes yeux s’habituent, je distingue un peu, et c’est le grand squelette de toute la France du Moyen Âge qui m’apparaît.

Et c’est une conscience. Nous ne pouvons pas lui échapper. C’est la voix du passé.

 

Les artistes qui ont fait cela ont jeté dans le monde un reflet de la divinité ; ils ont ajouté leur âme à nos âmes, pour nous grandir, et leur âme est à nous, elle est notre âme en tout ce qu’elle a de meilleur.

 

Et voici qu’on nous amoindrit en laissant périr l’œuvre de ces maîtres anciens. — L’artiste, témoin de ce crime, se sent lui-même effleuré d’un remords.

Mais ce qui subsiste encore intact garde toute la vie de l’œuvre entière, et nous garde notre âme. C’est dans ces débris que nous avons notre dernier asile. — Ainsi le Parthénon a défendu la Grèce mieux que les plus savants politiques n’ont su faire. Il reste encore l’âme vivante d’un peuple évanoui, et le moindre de ses morceaux est tout le Parthénon.

 

Vue de trois-quarts, la Cathédrale de Reims évoque une grande figure de femme agenouillée, en prière. C’est le sens que donne la forme de la console.

Du même point de vue, j’observe que la Cathédrale monte comme des flammes…

 

Et la richesse des profils fait que le spectacle varie sans cesse.

À étudier une Cathédrale, on a toutes les surprises, toutes les joies d’un beau voyage. Elles sont infinies.

Aussi je ne prétends pas vous décrire toutes les beautés de la Cathédrale de Reims. Qui donc oserait se vanter de les avoir toutes vues ? — Quelques notes seulement…

 

Mon but, ne l’oubliez pas, est de vous persuader de prendre à votre tour ce chemin glorieux : Reims, Laon, Soissons, Beauvais…

 

Par ma fenêtre ouverte m’arrive la grande voix des cloches. J’écoute attentivement cette musique, monotone comme le vent, son ami, qui me l’apporte. Il me semble y percevoir à la fois des échos du passé, de ma jeunesse, et des réponses à toutes les questions que sans cesse je me pose, que, toute ma vie, j’ai cherché à résoudre.

 

La voix des cloches suit et dessine le mouvement des nuées ; elle meurt et renaît tour à tour, s’affaiblit, se ranime, et, dans son immense effet, les bruits de la rue, grincements des chariots, cris du matin, se perdent. La grande voix maternelle domine la ville et se fait l’âme vibrante de sa vie. Je n’écoutais plus, j’entendais encore et, rappelé soudain, je prête de nouveau l’oreille ; mais c’est par-delà, c’est à la foule de par là-bas que maintenant les cloches parlent ; on dirait un prophète, en plein air, qui se tourne et se détourne tour à tour, vers la droite et vers la gauche. Le vent a changé.

 

Mais ce sont des siècles, ce ne sont pas des heures que sonnent les cloches de nos grandes Cathédrales.

 

Il est vrai, ce sont aussi des fêtes, des fêtes religieuses… Quelle est donc celle d’aujourd’hui ? Comme cette simple question creuse une fosse profonde entre la Cathédrale même et le questionneur ! S’imagine-t-on un homme du XIIIe siècle demandant : Quelle fête les cloches annoncent-elles aujourd’hui ? — Interrompez-vous, appels aériens, ou ne tombez plus jusqu’à nous ; envolez-vous dans l’azur…

 

— Quel tas de saletés ! entends-je soudain.

C’est un petit garçon qui passe, avec sa mère, tout près de la Cathédrale, en montrant de vieux morceaux de pierres, mal rangés, de vieux morceaux de vieilles pierres que les architectes ont laissés là, dans le chantier, et qui sont des chefs-d’œuvre.

La jeune femme est fine, fraîche, pareille aux statues qui décorent la Cathédrale. Elle n’a pas réprimandé l’enfant…

 

D’où je suis, je vois le chevet de l’abside. Je ne le vois qu’à travers un rideau de vieux arbres dénudés par l’hiver. Les arcs-boutants et les arbres se mêlent, font une harmonie. Ils sont habitués à vivre ensemble. Mais le printemps ranimera-t-il les pierres comme les arbres ?

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre X, REIMS

 

La Cathédrale Notre-Dame de Reims avant le bombardement, Agence Rol, 1914

La Cathédrale Notre-Dame de Reims avant le bombardement, Agence Rol, 1914

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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 08:00

Cette fois, je me suis seulement approché de la Cathédrale… De loin on voit l’Être se ramasser et se redresser dans son unité épanouie.

Ce chef-d’œuvre, qui brille sur la cité indifférente, emprunte à l’air dans lequel il vibre une nouveauté, une renaissance perpétuelle. Toutes les heures du jour l’habillent, le parent, le glorifient.

 

Quelle source intarissable de merveilles que le génie français ! J’y reconnais la douce obstination du génie paysan de notre race. Avec ce génie le climat collabore. L’âme française et le climat français travaillent selon les mêmes principes. Tous deux enveloppent le grand monument d’un léger voile : c’est cette puissante méthode qui ne permet pas aux détails de troubler en les compliquant les lignes essentielles, et c’est ce joli brouillard quotidien, qui s’élève le matin, qui revient le soir, qui persiste parfois tout le jour.

 

Des deux tours de Chartres, l’une est romane, l’autre est gothique. Dans le bas de la tour ornée, les contreforts n’ont qu’une saillie, tandis que ceux de la tour simple sont puissants et hardis.

 

L’ornement est d’argent, mais le nu est d’or.

 

… Mon œil perçoit des entre-croisements d’arbres de pierre, qui se réunissent par en haut, comme des nervures de forêts enchantées, comme des mains qui croisent leurs doigts pour protéger un tabernacle…

 

Chartres pourrait-elle périr ? Je ne veux pas le croire. Elle attend d’autres générations, dignes de la comprendre.

 

Elle attend, fièrement élancée de la certitude à la certitude, nous attestant que, dans certaines grandes heures, l’esprit humain se ranime, retourne à l’ordre serein, tranquille, et crée alors du Beau pour toujours.

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre XII, CHARTRES

 

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, photographie de Noël Le Boyer (1883 - 1967)

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, photographie de Noël Le Boyer (1883 - 1967)

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13 juin 2014 5 13 /06 /juin /2014 08:00

Quelle est cette ligne archaïque ?

— L’Ange ! L’Ange de Chartres !

Je tourne autour de lui, je l’étudie, et ce n’est pas la première fois, et comme toujours c’est avec insistance.

Je veux comprendre !

… Et les heures ont passé. Je pars, épuisé de mes efforts, inquiet…

 

Mais le soir, je reviens. J’admire, et il me semble que je pourrai mieux préciser les motifs de mon admiration, maintenant qu’il n’y a plus de soleil sur l’Ange. Je suis dispos comme un bon ouvrier ; ma tâche est de comprendre, et je rassemble dans ce but toutes mes forces. Je contemple.

Et toujours le miracle m’éblouit. Cette fierté ! Cette noblesse ! L’Ange de Chartres est comme un oiseau perché sur l’angle de quelque haut promontoire ; comme un astre vivant dans une solitude, rayonnant sur ces grandes assises de pierre. L’opposition est vive entre ce Solitaire et les foules assemblées sous le portail, où tout est comblé de figures sculptées et mouvantes.

 

Je me rapproche encore, puis je recule, vers la gauche, tâchant de mettre au point la beauté de cet être adorable… Par intervalles, je comprends.

Sa tête paraît comme une sphère ailée. Ses draperies sont admirables de souplesse, surplissées sur des tuniques.

Quel cadre lui font les puissants repos des contreforts !

Du haut de sa solitude il regarde avec joie la ville dans une attitude d’annonciateur.

Il porte l’heure sur sa poitrine, et s’offre de profil, le corps effacé, glissé comme une feuille d’acanthe.

 

Que ce corps est chaste ! Ce n’est pas la Samothrace, qui, voluptueuse, se montre nue sous le voile plaqué, collé, des draperies. Ici, la modestie règne. Le vêtement commente austèrement les formes, sans toutefois les priver de leur grâce ; mais il faut un grave motif pour qu’une jambe, un bras avance et fasse saillie.

 

L’Ange est un point dans cet immense soubassement, comme une étoile dans le firmament encore obscur. Il a un profil pieux, plein de sagesse. Il apporte la Somme de toutes les philosophies. L’heure se marque sur lui comme une sentence sur un livre. Avec quel recueillement il tient et nous montre cette heure, qui blesse et qui tue !

 

Profonde signification de ce geste ; bienfaisante, vigilante intention du sculpteur qui l’a trouvé, voulu. Le cadran solaire, c’est le régulateur : Dieu nous dirige ainsi, intervient ainsi sans cesse dans notre vie par l’intermédiaire du soleil. Cet Ange porte donc sur sa poitrine la loi et la mesure qui procèdent de l’astre, et de Dieu. Le travail journalier de l’homme se divinise, à se régler selon les vibrations de cette lumière divine.

Ou bien, cet Ange serait-il un sphinx ? Nous demande-t-il la signification de l’heure ? Non ! il protège la ville. Sa beauté impose le sentiment de l’équilibre à mon âme qui s’élève vers lui.

 

Cet annonciateur surgit du fond des temps anciens pour venir à nous, avec quelle autorité ! Il est plus moderne que nous, il a plus de vie, de fraicheur, d’énergie.

 

Dans sa posture d’envoyé, il s’incline un peu, et ce mouvement évoque celui de l’épervier qui s’élance. À ce détail on reconnait une inflexion chère à l’art gothique, ce mouvement de révérence que donne le crochet. — Le profil changera, au temps de la Renaissance, pour exprimer le désir et la volupté. D’ascétique, il deviendra, avec Michel-Ange, riche, abondant…

 

Le Gothique lui laisse la grandiose simplicité de l’ordre tranquille, cette admirable lenteur, ces charmes réunis de la danse et de l’architecture. La modestie confère une majesté, un sens profond à tous les gestes de la figure, à tous les détails de la composition. Ange vraiment céleste, astre lui-même, il tient le cadran comme un astre. On pense, en le regardant, que l’heure est la résultante de la procession silencieuse des astres dans le ciel.

 

Bel être, sans sexe, sirène, Ange, tu es adorable de grâce, tu possèdes la ligne de souplesse, la ligne oblique balancée, presque de danse, équilibre que l’œil adore avec mélancolie, qui parle d’enlacement et d’instabilité !

Tu as été conçu par des cerveaux héroïques, tu es le dernier vestige d’un siècle sublime.

 

— Lecteurs, allez voir l’Ange de Chartres.

Il est encore là ; pour combien de jours ?

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre XII, CHARTRES

 

L''Ange au cadran, anciennement placé sur la façade du clocher, actuellement à la crypte

L''Ange au cadran, anciennement placé sur la façade du clocher, actuellement à la crypte

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 08:00

Je suis toujours étonné de la présence, à Chartres, de ces pilastres Renaissance, avec ces jolis ornements symétriques qui, du haut en bas, dessinent des arabesques si gracieuses.

 

Des rubans qui se déroulent, des brûle-parfums ; des oiseaux dont le col s’allonge démesurément et se penche pour picorer des feuilles, des fruits ; d’autres, qui font penser au phénix, boivent des flammes dans des cornes d’abondance. Des feuillages tombent en fil à plomb pour marquer la ligne qui rattache cette frêle arabesque à la composition entière, du haut en bas. Dans tous les centres, des tablettes chargées d’inscriptions. Sur les côtés, des lézards et l’oiseau symbolique qu’on revoit partout depuis le Roman. Sur les côtés encore, des rinceaux. Et des satyres s’échappent des vases, qui entourent de leurs bras des femmes, des enfants. Et des sirènes adorables, enveloppées de feuilles jusqu’aux cuisses. Et des anges qui s’amusent à fesser de petits satyres. Et ces deux autres satyres, les faces dressées haut, qui portent à bras tendus un candélabre. Et cet autre satyre encore qui tient tout un service sur sa tête…

Les auteurs de ces petites merveilles sont les élèves de Rabelais, ou ses émules.

 

La musique religieuse, sœur jumelle de cette architecture, achève d’épanouir mon âme et mon intelligence. Puis elle se tait ; mais longtemps encore elle vibre en moi, m’aidant à pénétrer dans la vie profonde de toute cette beauté qui ne cesse de se renouveler, qui se transforme selon les points d’où on la contemple : déplacez-vous d’un mètre ou deux, tout change ; pourtant, l’ordre général persiste, comme l’unité variée d’un beau jour. — Les antiennes et les répons grégoriens ont aussi ce caractère de grandeur unique et diverse ; ils modulent le silence comme l’art gothique modèle l’ombre.

 

Quelle formidable et douce magnificence !

 

Jamais je n’ai senti aussi nettement la grandeur du génie de l’homme. Je me sens grandir moi-même sous l’afflux de l’admiration. Ainsi renaîtrait un peuple qui prendrait la peine de regarder, qui chercherait à comprendre. Et, sans répit, je crie aux miens : Il n’y a rien d’aussi beau à voir, rien d’aussi utile à étudier que nos Cathédrales françaises, et entre toutes celle-ci ! Pourquoi êtes-vous devenus aveugles, héritiers des voyants qui accomplirent le chef-d’œuvre ?…

 

Maintenant, la musique, confusément entendue tout à l’heure, se précise et se règle. La joie de tant d’âmes, par elle charmées d’âge en âge, sourd de cette Cathédrale, qui est elle-même une musique, et ce sont comme deux harmonies qui se poursuivent, se rejoignent, se fondent amoureusement. La vie s’élance de l’ombre et monte au faite en spirales lumineuses, mélodieuses. Je perçois des voix d’anges…

 

Quels mots pourraient rendre le bonheur qui m’investit de toutes parts, cet étonnement ravi d’une âme qui soudain se sent ailée, parmi l’ombre nuancée qui chante ?

 

Cette poussière de lumière, ce scintillement de l’ombre que Rembrandt nous a fait admirer, ne vous les a-t-il pas empruntés, Cathédrales ? Lui seul, du moins, a su, par un autre art, exprimer, définir en le transposant, le miracle, l’inépuisable richesse de ces modelés de l’ombre.

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre XII, CHARTRES

 

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, Bénitier

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, Bénitier

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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 08:00

Ce qui m’émeut toujours le plus profondément, dans cette église, c’est le sentiment de sagesse qu’elle m’impose.

Chartres est sage avec une passion intense.

Tour de la force et du travail. Palais de la paix et du silence.

 

La grande voûte pâle d’ombre est soutenue, dans ses points de retombée, par les colonnes ; entre elles se fonce un noir dur, cru, destiné à la préserver en même temps de toute pesanteur et de toute mollesse.

C’est de paix héroïque qu’il s’agit, ici.

Et l’église tout entière est composée avec une telle science de l’harmonie que chacun des éléments de la composition donne à tous les autres un retentissement formidable. — Les contreforts, par exemple, c’est la beauté de l’opposition : contreforts trapus, filets élancés ; repos partout où il est possible pour favoriser l’effet suave de la floraison du haut et de l’agitation des assemblées qui sont aux portes.

Cette agitation elle-même garde une mesure, dictée par l’ordonnance du monument et par sa destination.

 

Ainsi, ce matin, une procession de jeunes filles m’a devancé. Il me semble que je vois respirer et se mouvoir les statues de la cathédrale. Elles sont descendues des murs pour s’agenouiller dans la nef. Quel air de parenté entre elles et ces enfants ! C’est du même sang. Les sculpteurs de Chartres avaient longuement observé les traits et la physionomie de leurs contemporaines, la contenance, l’allure de ces simples et belles créatures, dont les mouvements aisés, modestes, ont tant de style naturel ! Elles passent, discrètes, montrant peu de leur beauté, dans le mystère qu’exigent les rites, sans pouvoir néanmoins la cacher toute à l’artiste. Ces sculpteurs ont su la voir, ils l’ont étudiée, comprise, aimée. La nature qui, dans ses éléments essentiels, n’a pas varié, en dépit des siècles, du XIIIe au nôtre, nous atteste la sincérité de ces grands observateurs. Ils ont copié la douce nature du pays. Ils ont reproduit la grâce que Dieu a répandue à pleines mains sur les visages des femmes de leur temps, comme de celles du nôtre. Les saintes de pierre, qui nous racontent leurs douleurs et leurs espérances anciennes, sont de ce coin de France, et d’aujourd’hui.

 

Ce qui n’est que de maintenant, hélas ! c’est la folie de la restauration. Cette œuvre de pharisiens trouble ma joie ; mes yeux, en train d’admirer, en quête de nouveaux motifs d’admiration, soudain sont blessés.

Ces pharisiens procèdent de la lettre, qui tue, et ils disent : « Voyez, nous opérons selon les meilleures recettes… » Recettes infaillibles, en effet, pour détruire. Elles ont tué quelques-uns des vitraux qui étaient parmi les plus précieux motifs de la gloire de Chartres. Elles ont tué les pilastres, que même en plein été, même en plein jour on ne voit plus, parce que la nature et l’économie de la lumière ont été changées.

 

Comment peut-on ne pas comprendre que les Gothiques, en modelant la lumière et l’ombre comme ils faisaient, savaient ce qu’ils voulaient et comment ils réalisaient leur désir ? qu’ils obéissaient, à la fois, à une science absolue de l’harmonie et à d’inéluctables nécessités ? — Pourquoi faut-il que le mauvais goût actuel ne se contente pas des laideurs qu’il produit ? Pourquoi, en outre, insulte-t-il au passé et nous prive-t-il de la part de bonheur que la Cathédrale nous avait dédiée, pour toujours ? À Chartres, voyez quelle délicieuse entrée nous préparent les histoires merveilleuses racontées par les sculptures et les ornements du portail : ce sont des scènes qui se déroulent et s’enroulent comme les caprices d’un rêve très net et très délicat. Mais des restaurations affreusement bas-relief s’y mêlent ; ce ne sont que des réparations dures et sèches. Car le sens de la ronde-bosse, qui est douce et essentiellement de style, qui est l’âme même de ce style, les auteurs de ces réparations ne l’ont pas ; peut-être est-il perdu…

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre XII, CHARTRES

 

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, Contreforts

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, Contreforts

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