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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

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Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 12:00

Lorsque nous commencions à étudier l’architecture du moyen âge (il y a de cela vingt-cinq ans), il n’existait pas d’ouvrages qui pussent nous montrer la voie à suivre. Il nous souvient qu’alors un grand nombre de maîtres en architecture admettaient à peine l’existence de ces monuments qui couvrent le sol de l’Europe et de la France surtout. À peine permettait-on l’étude de quelques édifices de la renaissance française et italienne ; quant à ceux qui avaient été construits depuis le bas-empire jusqu’au XVe siècle, on n’en parlait guère que pour les citer comme des produits de l’ignorance et de la barbarie. Si nous nous sentions pris d’une sorte d’admiration mystérieuse pour nos églises et nos forteresses françaises du moyen âge, nous n’osions avouer un penchant qui nous semblait une sorte de dépravation du goût, d’inclination peu avouable. Et cependant par instinct nous étions attiré vers ces grands monuments dont les trésors nous paraissaient réservés pour ceux qui voudraient se vouer à leur recherche.

 

Après un séjour de deux ans en Italie nous fûmes plus vivement frappé encore de l’aspect de nos édifices français, de la sagesse et de la science qui ont présidé à leur exécution, de l’unité, de l’harmonie et de la méthode suivies dans leur construction comme dans leur parure.

 

Déjà cependant des esprits distingués avaient ouvert la voie ; éclairés par les travaux et l’admiration de nos voisins les Anglais, ils songeaient à classer les édifices par styles et par époques. On ne s’en tenait plus à des textes la plupart erronés, on admettait un classement archéologique basé sur l’observation des monuments eux-mêmes. Les premiers travaux de M. de Caumont faisaient ressortir des caractères bien tranchés entre les différentes époques de l’architecture française du nord. En 1831, M. Vitet adressait au ministre de l’Intérieur un rapport sur les monuments des départements de l’Oise, de l’Aisne, du Nord, de la Marne et du Pas-de-Calais, dans lequel l’élégant écrivain signalait à l’attention du gouvernement des trésors inconnus, bien qu’ils fussent à nos portes.

 

Plus tard, M. Mérimée poursuivait les recherches si heureusement commencées par M. Vitet, et, parcourant toutes les anciennes provinces de France, sauvait de la ruine quantité d’édifices que personne alors ne songeait à regarder, et qui font aujourd’hui la richesse et l’orgueil des villes qui les possèdent. M. Didron expliquait les poëmes sculptés et peints qui couvrent nos cathédrales, et poursuivait à outrance le vandalisme partout où il voulait tenter quelque œuvre de destruction.

 

Mais, il faut le dire à notre honte, les artistes restaient en arrière, les architectes couraient en Italie ne commençant à ouvrir les yeux qu’à Gênes ou Florence ; ils revenaient leurs portefeuilles remplis d’études faites sans critique et sans ordre, et se mettaient à l’œuvre sans avoir mis les pieds dans un monument de leur pays.

 

 

Eugène VIOLLET-LE-DUC, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Préface-, Bance éditeur, Paris, 1854

 

Eugène Viollet-le-Duc : " Par instinct nous étions attiré vers ces grands monuments dont les trésors nous paraissaient réservés pour ceux qui voudraient se vouer à leur recherche."

Eugène Viollet-le-Duc : " Par instinct nous étions attiré vers ces grands monuments dont les trésors nous paraissaient réservés pour ceux qui voudraient se vouer à leur recherche."

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 08:00

Depuis longtemps, on entendait cheminer des voix lointaines, alternant, enlaçant leurs rythmes ; elles se rapprochent. C’est la procession qui vient, et la voici.

 

D’abord, trois jeunes hommes, gracieux comme des muses. L’un tient la croix, les deux autres des chandeliers ; leurs gestes ont la douceur et la fermeté des gestes qu’on voit sculptés aux tympans. Le costume est ancien aussi, heureusement, et les lents versets marcheurs se répondent dans ses plis.

Ensuite, des jeunes filles, que conduit une religieuse, magnifique exemplaire d’humanité : sévère, droite, belle comme la cariatide du devoir.

Rien à dire des hommes, des prêtres, aux traits sans distinction, à la physionomie fermée, dont la sympathie se détourne. Je note seulement dans leur groupe deux grands enfants de chœur balançant l’encensoir : gestes heureux, si mesurés, si retenus !

C’est le grand instant : cette foule chante son cœur dans la prière — versets, antiennes, mélopées. Elle est muette, apparemment ; mais elle a délégué sa voix. L’homme d’âge et l’enfant l’adressent au ciel pour tous, en des chants admirables, qui sont comme les véritables hauts-reliefs du sanctuaire, où les saints rangés aux voussures les accueillent.

 

Comme elles aiment la sculpture, ces Cathédrales ! Elles inspirent aux femmes le goût de la belle draperie, leur conseillent de demander à des plis rigides un surcroît de beauté : car la modestie et la chasteté sont les sœurs aînées de la beauté, et les Cathédrales le savent.

Un magnifique éloge de la femme n’est-il pas formulé partout, ici, dans la langue plastique de la prière ? Et si la Vierge y est honorée la première, n’est-ce pas elle qui nous ouvre les portes du printemps ? Par elle ne découvrons-nous pas l’univers ?

 

Ne vous êtes-vous jamais arrêté, l’esprit et le cœur en suspens, interdit d’avoir découvert ce chef-d’œuvre, une femme en prière ? La femme ne perd jamais la ligne, mère de la grâce que Dieu lui a conférée, qui lui prête toujours un caractère surnaturel et qui nous suggère le désir de la couronner. Ah ! ceux qui ont pénétré au fond le plus mystérieux des plus intimes voluptés savent bien qu’elles gardent un au-delà et qu’en cet au-delà la femme nous possède encore ! — Et après avoir aperçu, dans l’église, cette femme qui priait, ne vous êtes-vous pas éloigné, puis rapproché discrètement, sans vous laisser voir, pour jouir de ce bonheur, pour admirer cette attitude en si parfaite harmonie avec la nef tout entière, ample cadre destiné à cet unique portrait ? Et pouvez-vous dire que cette femme et son naturel génie soient inférieurs à n’importe laquelle entre les plus incontestables merveilles de l’art ? N’est-elle pas, elle-même, d’une architecture parfaite ? Les colonnes du temple ne lui font-elles pas cortège, comme feraient les beaux arbres dans un jardin d’amour ?

Dans les Cathédrales, toutes les femmes sont des Polymnies, tous leurs mouvements retournent à la beauté. Cette architecture projette sa gloire sur elles comme un tribut de reconnaissance. Voyez, au tympan, le couronnement de la Vierge : comme l’artiste, qui a mis tant de chaste émotion sur cette belle figure, savait bien que la draperie de l’ombre est nécessaire à l’expression de la divinité des âmes !

 

En sortant, j’ai voulu étudier une fois encore mon grand bas-relief du portail, semblable à un sarcophage sur un haut mur crénelé.

Voilà une hauteur de sept mètres, je pense, sur autant de large ; un mètre de saillie pour le contrefort sur le mur ; un peu plus de profondeur à la porte, le double peut-être.

L’ombre se modèle nettement en noir autour des figures, taillées un peu à l’emporte-pièce ; c’est ce qui lui donne l’aspect bas-relief-haut-relief. Sans excès de grâce, cela n’a pas la sécheresse du byzantin-arabe, parce que les voussures de l’archivolte superposent en biais les saillies et l’ordonnance de l’ombre.

Il n’y en a pas moins, dans ce style, une sévérité dont nous reposera la douceur gothique. La justice, l’austérité, la discipline s’affirment en ces saillies arrêtées, limitées dans leur élan. Élan retenu qui surgira plus tard. L’énergie de croire deviendra la volupté de croire, la discipline se fleurira de joie.

 

Le grand souci des Gothiques fut, à la différence des Romans, de demander au conflit calculé de l’ombre et de la lumière la souplesse du détail. — Ce bas-relief est plutôt roman ; le noir y est ciselé. Mais que cela est majestueux de barbarie naïve et de force !

Gothiques ou romanes, d’ailleurs, nos Cathédrales sont toujours sublimes par cette sagesse des proportions, qui est, à la fois, la vertu avant toutes essentielle et la splendeur de la nature et de l’art.

Voyez, dans cette église d’Étampes, comme les grands murs, par le silence de leurs surfaces, préparent l’effet éloquent du portail et l’effet chanteur du clocher, si compact et pourtant si ajouré !

Adorable génie de l’homme, qui livre pour des siècles aux baisers des astres tout son amour, toute sa foi, tout son travail, en un seul motif de gloire !

 

Les Cathédrales sont mes fées merveilleuses ; elles m’instruisent en me charmant.

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre IV, ÉTAMPES

 

Notre-Dame d'Etampes, Portail latéral sud

Notre-Dame d'Etampes, Portail latéral sud

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 08:00

Logé pour quelques jours non loin de la Cathédrale, je m’endors et je m’éveille dans sa pensée. Avec la sonnerie de l’Angélus commence ma vie de voyage. Tout à l’heure, jusqu’au soir, je serai repris par l’enchantement devant cet unique joyau d’une ville, pour tout le reste, déshonorée par la barbarie municipale.

 

Un homme qui vécut il y a dix siècles s’est ranimé en moi. — Y a-t-il donc des noblesses de l’esprit qui traversent les siècles comme la noblesse du sang ?… Mais ne suis-je pas trop présomptueux ? Non. Je dois à l’art tout mon développement.

 

La coquette église n’est pas grande. Mais quel clocher ! Quelle grâce il avait, hier, au clair de lune !

C’est le clocher en fer de lance. Les renflements sont donnés par de petites tourelles ajourées de colonnettes. Un grand mur, un grand repos très large : c’est la façade de côté. Ce mur est repris en richesse par le portail, noir, bas-relief - haut-relief. Ce portail, très différent des portails gothiques, rappelle un peu, par ses saillies, les sarcophages antiques. Car j’ai oublié de vous dire que cette petite église est romane. Ses saints et ses docteurs, très allongés, se dressent à la porte et au tympan de la porte. Impossible de ne pas reconnaître en eux les vraies colonnes de l’Église. La netteté si ordonnée du plissé de leurs tuniques, leurs gestes mesurés disent leur certitude et la force de leur esprit, comme les petits ornements écrasés sous leurs pieds proclament leur victoire sur les passions et les vices. L’arcade du tympan s’élève au-dessus d’eux, et les saints y apparaissent espacés comme des planètes dans la demi-circonférence de trois ciels.

Ils sont encore à nous ! Puissent-ils ne jamais entrer dans les « collections » ! Puissent-ils ne jamais être arrachés de cette porte et vendus pour laisser passer l’aveugle Progrès !

Mais il faut tout craindre, puisque ces merveilles, qui ont fait la gloire de tant de siècles, sont pour nos contemporains comme si elles n’étaient pas. Et comment, ici même, éviter la pensée de la violence ? Elle a mis là beaucoup de son empreinte injurieuse. Quelques saillies sont striées, quelques chapiteaux sont cassés, les supports des statues de saints, leurs draperies, mutilés.

Les iconoclastes sont revenus, avec les princes des prêtres et les architectes, les restaurateurs, et les conseillers municipaux…

 

Je suis entré de nouveau dans l’église ; j’ai recherché et retrouvé la joie que me prodigue toujours ce doux combat des ténèbres et des clartés mystiques. — Je veux revivre cet instant…

… Ma pensée, caressée par les chants, s’agite et se déroule comme le serpent charmé, et s’étonne, d’abord, de l’ombre. La porte franchie, une seule impression me domine : le sentiment du grandiose, dans la nuit savamment organisée et approfondie.

Mais voici qu’au fond les fenêtres trouent le mur de clartés. Je commence à voir.

 

Là-bas des flambeaux font comme une ardente couronne de fleurs intellectuelles, qui brûlent sans mouvement.

Les colonnes viennent de m’apparaître en leur calme ordonnance ; elles se tranquillisent encore en s’approchant de moi. Elles s’éloignent, quand j’ai passé, s’irisent en traversant le fond, et reviennent de l’autre côté, pareilles et jamais identiques, puisque je les vois à des distances différentes. Je crois contempler les vierges blanches d’une procession, qui passent tout près, suivent leur chemin, s’effacent et réapparaissent, après avoir accompli le rite. — Tout a une vie à la fois humaine et sacrée dans cet art miraculeux. Et comme des effets composés y sont rendus par des procédés simples !

 

Mes yeux s’habituent. L’ordre réel des choses s’est révélé. Mais à la réalité la poésie n’a rien perdu.

 

Au fond de l’abside, les vitraux sont comme des astres calmes dans le firmament. — Les vitraux font aussi penser aux fleurs, aux vraies fleurs, quand ils sont de vrais vitraux.

Que l’ombre est douce ! Il semble qu’elle berce les chants du fond du chœur. Et la distance transforme les vitraux en fresques, un peu effacées.

Quelle harmonie ! Comme on voudrait l’emporter avec soi pour se défendre contre l’hostile incohérence du monde !

 

Des lumières immobiles enflamment l’espace et je distingue la foule des fidèles.

Une femme arrive, frémissante de jeunesse sous ses longs voiles noirs ; ses lignes ondulent, variées par les draperies. Une autre, distraite et charmante, remue les lèvres ; je ne suis pas sûr qu’elle prie. Par moments, les courants de la foule s’entre-croisent, traversés par des femmes au pas rapide, qui sont comme des flèches lancées par la grâce.

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre IV, ÉTAMPES

 

Notre-Dame d'Étampes

Notre-Dame d'Étampes

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 13:00

Je reviens aux petites chapelles, que j’aime tant, — ces petites chapelles Renaissance et variées, qui entourent toute la Cathédrale à l’intérieur.

J’y respire un esprit subtil, l’arôme de cette fleur de pierre. Leur beauté, si différente, soutient la comparaison avec les plus belles œuvres grecques. Quelles compositions délicieuses !

C’était peut-être un concours entre vous, compagnons ? Et comment vous nommiez-vous ? Brunelleschi, ou Donatello, ou Ghiberti ? Du moins, vous ne leur étiez pas inférieurs. Je vous trouve même, quant à moi, plus intenses, moins froids que les grands Italiens. — Et Dieu sait, pourtant, si je les aime !

 

Que je voudrais pouvoir appeler ici mes amis — et tout le monde ! — pour partager avec tous la joie que j’éprouve ! Mais personne n’en veut. C’est pour moi, pour moi seul absolument — me semble-t-il… — que ces chefs-d’œuvre pleurent leur ruine, préparée et assurée par les maîtres criminels de notre prétendue civilisation.

 

Ô France, terre pourtant divine où Apollon s’était réfugié, se peut-il que tu sois tombée dans cette barbarie éprise de la mort ? — Elle se plaît à détruire le beau ou à le dépraver, à discuter, à remettre en question le génie de l’homme et ses œuvres, ces trésors des générations, et la splendeur de la nature, et la splendeur aussi de son interprétation humaine !

 

Car le mensonge, pire que la mort, a travaillé ici, auprès d’elle. Et le silence du sanctuaire a perdu sa signification réelle, maintenant que les vitraux du sanctuaire sont remplacés. Ces colonnes ne sont plus que banales maçonneries : elles ne portent plus rien, que des blessures. Ces blessures ont leur beauté encore, elles racontent une histoire douloureuse, héroïque. Mais les nouveaux barbares ne voient pas ces stigmates ; ils ne les comprendraient pas s’ils s’avisaient de les regarder. Ils crient, ils frappent, ils détruisent — ou ils effacent, ils changent, ils trahissent. La foule laisse faire.

 

Et la prière n’est plus chez elle, parmi ces pierres profanées.

 

Comme la voix humaine roule en profondes harmonies dans cette église ! Deux ouvriers, dans un coin, causent de leurs travaux : c’est grand comme des paroles mises en valeur.

 

Le fronton de Laon, le bas-relief de la Vierge. Admirable composition sculpturale.

Les anges viennent chercher la Vierge. On a l’impression d’une pureté neigeuse. Ils la réveillent. Deux d’entre eux ont des encensoirs. C’est la résurrection sensible.

 

Le Jugement Dernier.

Les Apôtres sont assis à la droite et à la gauche du Christ, qui fait clef de voûte.

Quelle ouverture a cette voûte ! Le saint Sébastien lève le bras au point où elle s’arrête.

Les voussures sont des ailes d’oiseau.

Je regarde cette voûte depuis longtemps, et je ne sens plus la fatigue. Il me semble que j’ai, moi aussi, des ailes.

 

Quelle joie, dans ma petite chambre d’hôtel, de me sentir à deux pas de la merveille, ce colosse muet, protecteur de la ville !

De tels monuments sont les grands arbres de la forêt humaine. Les siècles les ont consolidés… Mais la hache humaine aussi est à leur base, comme à celle des autres arbres qui engendrent les beaux paysages…

Oh ! j’ai la fièvre de revoir. Mon esprit pourrait oublier, j’ai besoin de resavoir

 

La Cathédrale de Laon est plus qu’à demi morte.

Pourtant, ce qu’on en voit encore passe les forces de l’admiration. Quelle décision dans la variété ! Quel sens, extraordinairement précis, de l’effet !

 

Rabelais, du Bellay, Ronsard (je pense aux petites chapelles Renaissance), est-ce vous qui avez fourni les plans de ces chapelles ? Ou l’architecte était-il votre frère ? — (Je dis Ronsard, ici, je ne dis pas Racine.)

Ô merveilles, je vous pleure déjà… Pourtant vous existez encore ! Qui sait ? Peut-être vous ranimerez-vous.

Tout se rétablit ou revient, se reconstitue, au cours du temps. Il faudra bien qu’une heure sonne où des artistes se donneront la grande tâche de rendre à l’Esprit le domaine dont on l’a dépouillé. Mais il fallait que quelqu’un prît l’initiative de leur indiquer ce devoir…

 

Je suis le précurseur. Oui, je comprends : un autre viendra !

O bonheur ! — Mais qui ? Et que ne puis-je dénouer les cordons de ses souliers ! N’est-il pas temps ? Car ces pierres achèvent de mourir !

Hâtons-nous de sauver en nous-mêmes leur âme ! Artistes, n’est-ce pas notre devoir ? N’est-ce pas notre intérêt, et le seul moyen de nous défendre contre la barbarie ?

 

Aimons, admirons ! Faisons qu’autour de nous on aime et on admire. Si l’œuvre des géants qui ont élevé ces édifices vénérables doit disparaître, hâtons-nous d’écouter la leçon de ces grands maîtres, de la lire dans cette œuvre, et tâchons de comprendre : afin de n’être pas réduits au désespoir — nous, ou ceux-là que nous aimons mieux que nous : nos enfants — quand cette œuvre, en effet, ne sera plus. La divine nature lui survivra, et elle continuera à parler le grand langage que ces maîtres ont entendu, et qu’ils ont traduit, ici, pour nous, magnifiquement. Épargnons-nous la douleur et la honte de penser, trop tard, que nous L’entendrions, à notre tour, si nous Les avions écoutés.

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre XI, LAON

 

Cathédrale Notre-Dame de Laon

Cathédrale Notre-Dame de Laon

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 08:00

J’ai préludé à ce joli voyage par une visite au Louvre.

 

Une fois de plus, j’ai constaté jusqu’à l’évidence combien les Grecs cherchaient la couleur en même temps que la forme. Il est, du reste, certain que la forme, bien faite, donne la couleur, et vice versa.

Ainsi, la palmette antique, que je vois à côté de ces vasques et de cette victoire, procède du même principe que celles-ci. Les grands sculpteurs, non contents de s’exprimer puissamment par les plans, reçoivent de leur goût infaillible le conseil d’attirer l’attention où il faut, par un accent foncé, une ombre noire, un coup de force, opportunément.

Mais quelle modération dans cette force !

À notre époque, on prodigue tellement les effets qu’il n’y a plus d’effet qui gouverne harmoniquement l’ensemble. Ce ne sont que des violences vaines. Elles avouent la faiblesse.

Cette vertu grecque, la mesure, qui signifie la force consciente, est perdue.

Or, c’était aussi et par excellence la vertu française, aux beaux temps romans, gothiques, Renaissance et suivants, jusqu’au Louis XVI.

 

Admiration profonde devant le porche. Je me sens environné de gloire.

Les trois tours de Laon, vues à distance, sont comme des étendards qui portent au loin le juste orgueil de l’homme.

 

Dès l’entrée dans l’église, quelle préparation ! Les premières communiantes, dans leurs robes et leurs voiles blancs, s’engagent sous le porche… Que de choses à admirer à la fois ! La beauté variée de toutes ces jeunes filles et la sublime ordonnance de l’église…

Déjà la cérémonie commence. Mon regard errait dans les petites chapelles, mais il est distrait par l’agitation rhythmée, gracieuse, harmonieuse, des officiants aux riches costumes et de ce peuple blanc des petites fidèles.

 

Âme française, je te retrouve ! Le sentiment de la mesure juste, je l’ai ici, dans sa libre expansion vivante, comme je l’avais au Louvre dans l’immobilité des antiques.

 

Ces femmes, quels objets sacrés ! Comme elles font à cette forêt de pierres une décoration naturelle ! Comme tout en elles, types, attitudes, vêtements, s’adapte au style de l’édifice, entre avec aisance et se tient dans cette atmosphère !

Oui, les Grecs avaient raison de dire que la beauté est vertu, — cette beauté calme, ennemie de toute violence, grave, retenue, qu’ils aimaient et qu’ils nous ont transmise, la beauté qui dérobe sa force sous le voile délicat de la grâce.

Cette grâce, la leur et la nôtre, c’est le geste souple, agile, facile, de la vigueur, de l’énergie. Cette grâce anime, jusqu’à cette heure, chez nous tout ce qui n’est pas encore irrémédiablement fatigué, vaincu. — Ces jeunes filles, ces jeunes femmes qui m’entourent ne savent pas qu’elles sont de parfaits modèles de grâce.

 

Ô ce charme sacré de la vraie femme, que la grande ville ignore !…

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre XI, LAON

 

Cathédrale Notre-Dame de Laon

Cathédrale Notre-Dame de Laon

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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 08:00

Les grilles d’Amiens font avec ce monument gothique une parfaite harmonie. Comme toutes les belles choses sont toujours d’accord entre elles ! Ces grilles Louis XIV sont superbes d’élégance simple et noble. Elles rampent somptueusement au pied des colonnes.

 

Si naïve que des pédants l’aient jugée, l’analogie entre l’église gothique et les forêts du Nord — ces forêts qui n’étaient jamais très éloignées de cette église et qui lui ont fourni tant de matériaux — s’impose à mon esprit. Que la forêt ait inspiré l’architecte, j’en suis, comme Chateaubriand, absolument convaincu. Le constructeur a entendu la voix de la nature, il a compris son enseignement, son exemple, il a su en déduire des conséquences d’utilité profonde et générale. L’arbre et son ombrage sont la matière et le modèle de la maison. L’assemblée des arbres, avec l’ordre, les groupements variés, les divisions et les directions que la nature lui assigne, c’est l’église.

N’avons-nous pas trouvé la vie de la sculpture en rêvant dans les bois ? Pourquoi l’architecte aurait-il été moins favorisé que le sculpteur ?

Et la forêt continue à me produire une impression voisine de celle que je reçois de la Cathédrale. L’une me renvoie à l’autre.

Toutes deux réveillent ma jeunesse…

 

Devant cette église, voici qu’irrésistiblement je me souviens d’une forêt, et je la revois…

La forêt où rêva ma jeunesse est sévère. Elle n’a pas d’oiseaux. L’horizon est presque partout fermé, limité par la muraille des arbres. Mais l’atmosphère humide avive les couleurs. Des lumières vertes sur les côtés…

C’est l’empire du silence dans le jour, de la terreur dans la nuit.

Paysage puissant et mélancolique ! Ces bigarrures de lumières… ces nervures, ces colonnettes… Ces carrefours de Cathédrales défoncés dans cette solitude… La boue nous cache les feuilles mortes, n’en laisse découvertes quelques-unes que pour faire avec elles un vif contraste. Petites plaques de soleil ; fûts d’arbres tranchés, dans leur plan, par un rayon qui glisse.

Le soleil est malade ; soleil d’automne aux feux intermittents. Ses rayons se déroulent en banderoles qui semblent chercher un appui sur les arbres, sur les terrains. Il précise et nuance le charme triste de cette fin d’après-midi ; sans lui, cette tristesse serait monotone.

Quand l’horizon s’ouvre, on distingue dans les arbres un crépuscule solennel, qui paraît n’avoir pas eu de commencement, ne devoir jamais finir…

Un petit chien hésite à nous suivre ; nous lui faisons peur. Mais il a peur aussi de la boue du chemin. — Notre vanité est-elle flattée qu’un plus petit nous craigne ? — Je ne le crois pas. C’est pourtant, vis-à-vis de nous-mêmes, ce sentiment-là que nous prêtons à Dieu.

Dans les profondeurs, il y a des vitraux verts…

Un arbre abattu, un autre… Ces bons géants étendus, couleur de peaux corroyées…

Le sentier s’éloigne. Quel est ce mur de briques ? Ce n’est pas un mur, ce sont des feuilles sur une montée de terrain.

À droite, à gauche, s’ouvrent de hautes nefs bercelées, que décorent d’éclatantes verrières…

 

Mes souvenirs s’élèvent, comme ces arbres, et se confondent avec eux…

Cette forêt sévère, c’est l’antique forêt de Soignes, où j’ai connu quelques-unes des années rêveuses, laborieuses et parfois douloureuses, de ma jeunesse. Cette forêt me rappelle mon passé. La forêt rappelle l’humanité à ses origines ; elle retrouve en elle les Principes.

 

La chaire est Louis XVI ; blanc et or. Et voici, blanc et or aussi, une chapelle Louis XVI encore. Salon très noble, avec de la majesté, marqué d’un temps où les boudoirs avaient de la noblesse.

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre VII, Amiens

 

Cathédrale Notre-Dame d'Amiens, Chœur

Cathédrale Notre-Dame d'Amiens, Chœur

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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 08:00

C’est une femme adorable, cette Cathédrale, c’est une Vierge.

Quelle joie, quel repos, pour l’artiste, de la retrouver si belle ! Chaque fois, plus belle ! Entre elle et lui quel intime accord !

Point de confusion vaine, ici, point d’exagération ni d’enflure. C’est l’empire absolu de l’élégance suprême.

Dire qu’on attribue ce monument à des temps barbares !

 

Cette Vierge s’est levée ici, à une époque de sincérité, pour allumer et pour entretenir dans le cœur des hommes l’amour de la beauté. Sous son manteau, elle apportait aux sculpteurs d’innombrables modèles. Non, ce ne sont pas ou ce ne sont pas seulement des saints et des martyrs que je vois ici : ce sont bien des modèles pour nous. Les artistes d’alors ont dû penser que, dans la suite des temps, l’art aurait besoin d’être ramené à la vérité…

 

Ces modèles, je n’ai pas l’intention de les énumérer tous. Quelques-uns m’ont très particulièrement retenu.

— Cet ange, qui lève la tête pour nous montrer le ciel.

— Ces deux personnages en prière.

— Cet évêque colorié, sali, patiné ; sa tête admirable !… Il y a un petit chien, sûrement le chien de l’artiste…

— Tout près, un homme prie, intérieurement, sans parler ; le geste de la prière gouverne de beaux plis dans les draperies, noires seulement vers le bas. — L’évêque, couché sur son tombeau, parle encore, lui ; un précepte très doux est sur ses lèvres. — Deux chefs-d’œuvre ; ce bas-relief est parmi les plus belles choses qui soient ; il a la sagesse d’un Parthénon.

— Une vierge pose le pied sur un caméléon à face humaine, glissant, visqueux : superbe.

— Un saint visite un anachorète : beau comme une stèle grecque de la grande époque.

— L’ange apparait aux Trois Rois. Sur le grand plan ces figures prennent naturellement une extrême majesté.

— Une Vierge qui fait penser à une Cérès…

— Jésus parle, et les hommes qui l’écoutent sont fins et réfléchis comme des Ulysses. Ils discutent. L’un tient le hibou (Sagesse), l’autre, un livre (le texte, la Loi).

— Un ange oblige doucement un homme à lever la tête pour admirer le ciel.

— Deux personnages en prière : ils ont l’air, bien qu’agenouillés, de voler.

— Saint Jean prêche dans un petit bois. Comme dans le Christ qui parle au peuple, quelle vérité dramatique du geste ! Les acteurs devraient venir étudier ces modèles, ils en recevraient de précieuses leçons.

— Et cette belle Vierge, avec sa robe aux plis droits, n’est-ce pas la réduction symbolique de la Cathédrale tout entière ? Ces plis répétés sont des colonnettes.

— Dans une Annonciation, la Vierge, de grande stature, a une ineffable expression de condescendance.

— Jésus regarde la ville de Jérusalem, il la prend en pitié, puis il se détourne, menaçant. Superbe bas-relief ! On dirait l’avers agrandi d’une médaille romaine. Le geste de la pitié et celui de l’anathème se confondent, presque, dans une expression étrangement complexe et profondément une.

— Les Pharisiens : ils ont sur la poitrine de larges bandes d’étoffe couvertes d’inscriptions ; sur la poitrine, pas dans le cœur.

 

Quel dialogue, grave et tendre, pathétique, s’échange entre ces figures deux fois saintes de vérité et de beauté ! Ou plutôt quel concert ! Pas une note dissonante et pas deux notes identiques. C’est la plus une et la plus variée des symphonies.

Et les détails dont ces bas-reliefs sont pleins, quelles délices ! C’est tantôt l’imitation de la nature, comme dans ces feuilles de trèfle si franchement dessinées, et tantôt c’est l’imagination de l’artiste, procédant toujours de la nature, sans doute, mais n’imitant d’elle guère plus que ses méthodes de création.

 

L’originalité, tout le monde le sait, — et ne l’ai-je pas déjà dit ? — n’est pas dans le sujet, quoi qu’il en semble. Ce qui est original partout, ici, c’est la mise en œuvre partout proportionnée d’un principe général de sagesse.

 

 

Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Librairie Armand Colin, 1914, Paris

Chapitre VII, Amiens

 

Cathédrale Notre-Dame d'Amiens, 1886

Cathédrale Notre-Dame d'Amiens, 1886

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