lettre du 28 octobre 1542 à Ignace de Loyola
Nous avons traversé des villages de chrétiens qui s’étaient convertis il y a quelques années. Faute de prêtres, les chrétiens qui y vivent ne savent rien d’autre que dire qu’ils sont chrétiens. Ils n’ont personne pour dire la Messe ; ils n’ont personne pour leur enseigner le Credo, le Pater Noster, l’Ave Maria et les Commandements de Dieu.
Lorsque je suis arrivé dans ces villages, je les ai tous parcourus activement et j’ai baptisé tous les enfants qui ne l’étaient pas encore. C’est pourquoi j’ai fait enfants de Dieu une grande multitude de petits enfants qui, comme on dit, ne savaient pas même distinguer leur droite de leur gauche. Les enfants m’assiégeaient tellement que je ne trouvais le temps ni de dire mon office, ni de manger, ni de prendre du repos ; il fallait absolument que je leur enseigne des prières ; je commençai alors à comprendre que c’est à eux qu’appartient le Royaume des Cieux.
Je ne pouvais refuser sans impiété une si sainte demande. Je commençais leur instruction par la confession du Père, du Fils et du Saint-Esprit, puis par le Credo, le Pater Noster, l’Ave Maria. J’ai reconnu en eux de grandes ressources ; s’ils avaient quelqu’un pour leur enseigner les préceptes du christianisme, je suis sûr qu’ils deviendraient de très bons chrétiens.
François Xavier, sj