Un pharisien ayant prié Jésus de manger chez lui, il entra en son logis, et se mit à table.
En même temps une femme de la ville, qui était de mauvaise vie, ayant su qu’il était à table chez ce pharisien, y vint avec un vase d’albâtre, plein d’huile de parfum ; et se tenant derrière lui à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux, les baisait, et y répandait ce parfum.
Ce que voyant le pharisien qui l’avait invité, se dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait qui est celle qui le touche, et que c’est une femme de mauvaise vie.
Alors Jésus prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à vous dire.
Il répondit : Maître ! dites.
Un créancier avait deux débiteurs : l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante ; mais comme ils n’avaient pas de quoi les lui rendre, il leur remit à tous deux leur dette : lequel des deux l’aimera donc davantage ?
Simon répondit : Je crois que ce sera celui auquel il a plus remis.
Jésus lui dit : Vous avez fort bien jugé.
Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Voyez-vous cette femme ? Je suis entré dans votre maison : vous ne m’avez point donné d’eau pour me laver les pieds ; et elle, au contraire, a arrosé mes pieds de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux.
Vous ne m’avez point donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a cessé de baiser mes pieds.
Vous n’avez point répandu d’huile sur ma tête ; et elle a répandu ses parfums sur mes pieds.
C’est pourquoi je vous déclare, que beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé : mais celui à qui on remet moins, aime moins.
Alors il dit à cette femme : Vos péchés vous sont remis.
Et ceux qui étaient à table avec lui, commencèrent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci, qui remet même les péchés ?
Et Jésus dit encore à cette femme : Votre foi vous a sauvée ; allez en paix.
ÉVANGILE DE SAINT LUC
La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy
Sainte Marie-Madeleine aux pieds de Jésus, d'après Philippe de Champaigne, copie réalisée au XIXe siècle, église Sainte-Madeleine, Besançon