Si la parole de l'Église peut légitimement trouver place dans les hymnes et les oraisons, en vertu de quel principe l'exclura-t-on des antiennes et des répons ? Voilà le grand problème qu'on n'a jamais résolu qu'en disant : La chose doit être ainsi, parce qu'elle doit être ainsi.
La lettre pastorale parle ensuite du soin avec lequel les leçons des saints Pères ont été choisies et les légendes des saints rédigées. Nous en dirons bientôt quelque chose. On a retenu les collectes des bréviaires précédents, et même plusieurs hymnes anciennes. Mais voici quelque chose de capital :
" Pour nous conformer au pieux désir d'un grand nombre de personnes, nous avons, d'après l'exemple donné déjà par plusieurs églises, divisé le Psautier, afin de pouvoir assigner des psaumes propres à chaque jour de la semaine et même à chaque heure du jour, en coupant ceux qui étaient trop longs. Par ce partage, nous avons fait disparaître l'inégalité des offices et fait en sorte de moins fatiguer l'esprit et l'attention de ceux qui chantent l'office. Saint Basile assure avoir supporté lui-même avec peine les inconvénients de cette trop grande prolixité. C'était afin de diminuer cette fatigue qu'un concile de Narbonne avait statué, dans l'antiquité, que les psaumes plus longs seraient divisés en plusieurs doxologies ; c'est ce que prescrit aussi la Règle de saint Benoît. On récitera les psaumes de la férié à toutes les fêtes, à l'exception de ceux qui sont consacrés aux mystères, ou à la sainte Vierge. Il résultera de là que le Psautier sera presque toujours lu en entier dans l'espace d'une semaine."
C'était là une grande mesure et qui devait faire taire bien des répugnances. Foinard avait promis, en tête de son projet, que le bréviaire futur serait très court ; le grand moyen d'abréviation, admis aussi par Grancolas, était de faire disparaître l'inégalité des offices. La lettre pastorale adopte le même système. On n'y dit pas, il est vrai, comme ces docteurs, que le but est de faire qu'on ait plus de plaisir à réciter l'office de la férié que celui des saints; mais ce sera pourtant le résultat inévitable, surtout s'il s'agit des saints dont l'office sera resté à neuf leçons.
La psalmodie que saint Basile trouvait excessive, était bien autre que celle du Psautier romain ; on en peut voir le détail dans les vies des Pères des déserts d'Orient ; et si saint Benoît divise les Psaumes en plusieurs sections, il fallait dire aussi que les matines de son office se composent de douze psaumes, trois cantiques, douze leçons, douze répons, l'évangile du jour tout entier, etc. Certes, c'est un avantage réel de pouvoir parcourir le psautier chaque semaine ; mais, encore une fois, le Bréviaire de Paris n'aurait pas obtenu un si brillant succès, si cette division des psaumes ne l'eût en même temps rendu le plus court de tous.
" On a conservé au dimanche sa prérogative d'exclure toutes sortes de fêtes, si ce n'est celles qui ont dans l'Église le premier degré de solennité".
Nous sommes ici encore à la remorque des docteurs Foinard et Grancolas, qui avaient suivi eux-mêmes dom de Vert et Le Tourneux, dans leur Bréviaire de Cluny. Le but avoué de cette rubrique est de diminuer le culte des saints, sous le prétexte de défendre les intérêts de Dieu, auquel seul appartient le dimanche, trop souvent occupé par la commémoration de quelqu'un de ses serviteurs : il est juste de leur faire céder la place à leur Maître.
" Afin d'assigner à l'office de chaque jour un but, et aussi pour les distinguer les uns des autres, le dimanche, qui est le jour de la création de la lumière, de la résurrection de Jésus-Christ et de la promulgation de la Loi nouvelle, on excite dans le cœur des fidèles l'amour de Dieu et de la loi divine. Le lundi, on célèbre la charité de Dieu et sa munificence envers les hommes. Les trois jours suivants, on recommande l'amour du prochain, l'espérance et la foi. Le vendredi, qui est le jour de la Passion de Jésus-Christ, l'office a rapport à la patience que l'on doit avoir dans les labeurs et les tribulations de cette vie. Enfin, le samedi, on rend grâces à Dieu pour les bonnes œuvres accomplies par les fidèles et pour la récompense qui leur est assignée".
C'est ici le seul endroit des nouvelles Liturgies dans lequel on ait voulu faire du symbolisme ; mais pour faire du symbolisme, il faudrait autre chose que de la bonne volonté. On pourrait dire d'abord qu'il faudrait avoir vécu, il y a dix siècles, surtout s'il s'agit de symbolisme sur une matière aussi fondamentale que la signification des jours de la semaine. Il faudrait, en outre, que le fond prêtât à ce symbolisme ; car il ne suffit pas d'attacher par ordonnance une idée à un fait ; ce fait doit être par lui-même une forme plus ou moins complète de l'idée. Certes, les fidèles du diocèse de Paris ignorent profondément que le lundi soit consacré à la bonté de Dieu, le mardi à la charité fraternelle, le mercredi à l'espérance, etc. On ne s'occupe guère de le leur enseigner, et s'ils veulent eux-mêmes consulter les anciens Liturgistes sur les mystères de la semaine, ils y trouveront tout autre chose. L'Église, comme nous le dirons ailleurs, a attaché aux divers jours de la semaine la commémoration de certains faits, parce qu'elle procède toujours par les faits et jamais par les abstractions. Nous reviendrons sur ce sujet ; continuons la lecture de la lettre pastorale.
" Pour le rite de l'office quadragésimal, nous avons jugé équitable de rappeler l'ancienne coutume de l'Église, qui ne jugeait pas que la solennité joyeuse des fêtes s'accordât assez avec le jeûne et la salutaire tristesse de la pénitence. Beaucoup de diocèses nous avaient déjà précédé en cette voie ; c'est à leur exemple que nous avons ôté du carême toutes les fêtes, à l'exception de celles dans lesquelles on s'abstient d'oeuvres serviles".
Ici, nous ne ferons qu'une réflexion. Ou le Bréviaire de Paris a atteint par cette mesure le véritable esprit de l'Église dans la célébration du carême, ou ses rédacteurs se sont trompés sur cette grave matière. Dans le premier cas, l'Église romaine, qui jusqu'ici avait la mission de corriger les autres églises, reçoit ici la leçon sur une matière importante, les convenances quadragésimales,de sa fille l'Église de Paris. Dans le second cas, y a-t-il donc si grand mal à supposer que Vigier et Mésenguy, bien qu'appuyés de Foinard et de Grancolas, enfin de Le Tourneux et D. de Vert, aient failli quelque peu dans une occasion où ils avaient contre eux l'autorité de la Liturgie romaine ? Quoi qu'il en soit, Paris s'est déjà relâché quelque peu de cette sévérité, et Rome, de son côté, a jugé à propos, depuis 1736, d'ajouter encore de nouveaux saints dans la partie de son calendrier qui correspond au carême.
Rendons grâces toutefois aux rédacteurs du Bréviaire de Paris de n'avoir pas suivi en tout l'idée de Foinard ; ce docteur voulait transférer l'Annonciation au mois de décembre, et, franchement, c'est un peu loin du jour auquel ce grand mystère s'est accompli. Il n'est pas besoin, sans doute, de remarquer ici combien la suppression des fêtes qui tombent dans le cours du carême dut changer la physionomie de ce temps de l'année, et quelle froide monotonie en est résultée. On sait bien qu'il en était ainsi dans les premiers siècles ; mais si Dieu, dans les siècles suivants, a donné de nouveaux saints à son Église, ce n'est pas, sans doute, pour que nous allions systématiquement fixer la fête à un jour autre que celui de leur mort, dans le but étrange de maintenir libres les fériés qui étaient vacantes au calendrier avant qu'ils vinssent au monde.
La lettre pastorale parle ensuite des canons insérés dans l'office de prime ; mesure louable, mais que le jansénisme, comme nous allons le voir, avait trouvé moyen de faire servir à ses fins. Elle dit ensuite un mot du calendrier et des rubriques, après quoi, elle proclame l'obligation absolue pour toutes les églises, monastères, collèges, communautés, ordres, et généralement tous les clercs qui sont tenus à l'office divin, d'user de ce nouveau bréviaire, à l'exclusion de tout autre, tant en public qu'en particulier. C'est la clause que François de Harlay avait mise en tête de son bréviaire et qui se trouve répétée, presque mot pour mot, dans toutes les lettres pastorales qu'on lit dans tous les bréviaires français depuis cette époque. Nous ne connaissons qu'une seule exception ; elle se trouve dans la lettre pastorale de l'évêque Poncet de la Rivière, en tête du Bréviaire d'Angers de 1716. On y remarque ces paroles qui se trouvent aussi dans le Missel du même Prélat, excepto romano Breviario ou Missali, pro reverentia primœ Sedi debita. C'eût été bien le moins, cependant, après avoir expulsé des livres liturgiques tout l'élément romain, de laisser aux clercs, que le désir d'un bréviaire plus court ne séduisait pas autant, la liberté de répéter encore ces vénérables prières, auxquelles personne ne saurait enlever le caractère sacré que leur donnent l'antiquité, l'universalité ; ces prières que l'Assemblée du Clergé de 1605 regardait encore comme la Liturgie de la France.
Tel était donc le plan du nouveau bréviaire expliqué par l'archevêque de Vintimille. L'exécution ne démentait pas les promesses que nous venons de lire. Tout, ou presque tout était nouveau.
Mais la nouveauté seule ne faisait pas le caractère de cette Liturgie. Elle donnait prise aux plus légitimes réclamations, et se montrait véritablement digne de ses auteurs. D'abord, toutes les hardiesses que nous avons signalées dans le Bréviaire de Harlay s'y retrouvaient fidèlement ; puis, on avait enchéri sur l'œuvre de la commission de 1680. Si les auteurs de la correction du Bréviaire de Harlay s'étaient proposé de diminuer le culte et la vénération des saints, de restreindre principalement la dévotion envers la sainte Vierge, d'affaiblir l'autorité du Pontife romain, ce plan avait été fidèlement continué dans le Bréviaire de 1736 ; mais, de plus, on avait cherché à infiltrer les erreurs du temps sur les matières de la grâce et autres questions attenantes à celles-ci. Nous avons dit que le Bréviaire de François de Harlay avait, du moins, sur ce point, résisté à l'envahissement des nouveautés, et fortifié même, en plusieurs endroits, les dogmes de l'Église attaqués à cette époque.
1° Sur les questions soulevées par Baïus, Jansénius et Quesnel, et dirimées par l'Église, le Bréviaire de 1736 insinuait souvent, en paroles couvertes, la doctrine de Vigier, de Mésenguy et de Coffin. De nombreux retranchements avaient eu également lieu dans le but de se débarrasser d'autorités importunes.
Ainsi, pour infirmer le dogme de la mort de Jésus-Christ pour tous les hommes, on avait retranché de l'office du vendredi saint l'antienne tirée de saint Paul : Proprio filio suo non pepercit Deus, sed pro nobis omnibus tradidit illum. On avait fait disparaître d'une leçon du lundi de la Passion ces paroles : Magnum enim facinus erat cujus consideratio illos faceret desperare, sed non debebant desperare pro quibus in Cruce pendens Dominus est dignatus orare.
Pour favoriser le damnable système qui prétend que les commandements ne sont pas toujours possibles, et que l'on ne résiste jamais à la grâce intérieure, on avait fait disparaître de l'office de saint Jacques le Majeur une homélie de saint Jean Chrysostome, parce qu'elle contenait ces paroles : Christus ita locutus est ut indicaret non ipsius esse solius dare, sed eorum qui decertant accipere. Nam si solius esset ipsius, omnes hommes salvi fierent, et ad agnitionem veritatis venirent.
A la fête de sainte Agathe, une autre homélie du même saint docteur avait pareillement disparu, parce qu'on y lisait ces mots : Quod ideo dixit, ut ostenderet superiore nobis auxilio opus esse (quod quidem omnibus illud petentibus paratum est) si volumus in hac luctatione superiores evadere.
On avait retranché pareillement la deuxième leçon du lundi de la Pentecôte, qui renfermait ces paroles : Ergo quantum in medico est sanare venit œgrotum (Christus). Ipse se interimit qui prœcepta medici servare non vult. Salvari non vis ab ipso : ex te judicaberis.
Dans la deuxième leçon de l'office de saint Léon, des paroles de ce saint docteur, qui semblaient mises là tout exprès pour commander l'acceptation du formulaire et la soumission à la Bulle, avaient été effacées. Mais aussi combien elles étaient expressives ! Damnent (hœretici) apertis professionibus sui superbi erroris auctores, et quidquid in doctrina eorum universalis Ecclesia exhorruit detestentur; omniaque decreta synodalia quœ ad excisionem hujns haereseos Apostolicœ Sedis confirmavit auctoritas, amplecti se et in omnibus approbare, plenis et apertis ac propria manu subscriptis protestationibus eloquantur.
Un passage de la troisième leçon de saint Martin, pape et martyr, avait également disparu. On en devinait sans peine la raison, quand on se rappelait qu'il y était parlé de l'édit de l'empereur Constant, qui prescrivait le silence sur les questions de la foi, et de la résistance du saint pape à une mesure qui compromettait si gravement les intérêts de l'orthodoxie. Les partisans du Silence respectueux avaient donc retranché les paroles suivantes : Interim Constans ut suo Typo ab omnibus subscriberetur, silentiumque in eo de quœstione Catholicos inter et Mono-thelitas agitata indictum observaretur, primum Olympium Exarchum Ravennatem Romain misit; tum Calliopam Olympii successorem, a quo Martinus cum edicto impio juxta Lateranense concilium resisteret, Roma vi abductus est, etc.
C'était dans le même esprit que l'on avait supprimé, au 26 novembre, l'office de sainte Geneviève du Miracle des Ardents, à cause de certaines leçons tirées de saint Irénée, et dans lesquelles étaient données les règles pour discerner les miracles des hérétiques d'avec ceux de l'Eglise catholique ; ce qui devenait par trop embarrassant, si on en voulait faire l'application aux prodiges du Bienheureux Diacre.
Les additions et insertions faites au nouveau Bréviaire parisien, dans un but janséniste, étaient nombreuses : mais, en général, elles étaient prudentes, et les précautions avaient été prises, au moins d'une certaine façon, contre les réclamations des catholiques. C'est le propre de l'hérésie de procéder par équivoques, de se retrancher dans les sinuosités d'un langage captieux. Languet, dans sa discussion avec l'évêque de Troyes, a trop bien démasqué les artifices liturgiques du jansénisme pour que nous ayons besoin de faire ici autre chose que citer des exemples tirés du Bréviaire de Vigier et Mésenguy.
On sait que durant la première moitié du XVIIIe siècle, les jansénistes, déconcertés de leur petit nombre comparativement au reste de l'Église qui avait accepté la Bulle, imaginèrent de se faire un mérite de ce petit nombre, prétendant que la visibilité de l'Église s'était obscurcie, que la Vérité, c'est le nom consacré par lequel ils désignaient tout leur système, ne triompherait qu'à l'arrivée d'Élie qui était prochaine, et qui devait amener la conversion des Juifs et la régénération de l'Église, par ce renfort considérable. Les plus habiles de la secte entreprirent même de grands travaux sur l'Écriture sainte, pour appuyer ce système. Le nouveau bréviaire avait consacré tout le corps des répons du VIIe Dimanche après la Pentecôte, à célébrer de si belles espérances. Comme toutes les paroles de ces répons étaient tirées de l'Écriture sainte, on se sentait inexpugnable. Voici cette composition :
1er R/. Surrexit Elias Propheta quasi ignis, et verbum ejus quasi facula ardebat : * Verbo Dei continitit ccelum. V/. Elias honto eral similis nobis, passibilis : et oravit nt non plueret, et nonpluit; et rursumoravit,et ccelum dedit pluviam. * Verbo Dei, etc.
Ce répons est le debut de l'oeuvre tout entiere : il n'y faut pas chercher d'autre intention.
Voici maintenant la mission du prophete vers une veuve desolee :
2e R/. Factus est sermo Domini ad Eliam, dicens : Surge et vade in Sarepta Sidoniorum, et manebis ibi; praecepi enim ibi mulieri viduae, ut pascat te : * Surrexit et abiit in Sarepla. V/. Multae viduae erant in diebus Elice in lsrael, cum facta esset fames magna in omni terra; et ad nullam illarum missus est Elias, nisi in Sarepta Sidoniae, ad mulierem viduam. * Surrexit.
Cette grande famine qui ravageait toute la terre, est cette famine spirituelle dont la secte prétendait que l’Eglise était travaillée.
Aussi le prophète s'adressant au peuple, lui reproche-t-il de balancer entre la vraie et la fausse doctrine :
3e R/. Accedens Eliasad omnem populum, ait :Usquequo claudicatis in duas partes? * Si Dominus est Deus, sequimini eum. f. Nemo potest duobus dominis servire. * Si.
Apres ce prélude, viennent les répons du second nocturne, dans lesquels le but des rédacteurs, toujours cachés derrière le prophète, devient de plus en plus manifeste. C’est Israël même qui a rompu le pacte avec Dieu ; Elie se plaint d'être seul reste fidèle, et encore ses jours sont menacés.
4e R/. Ecce vox Domini ad Eliam; et ille respondit: Zelo zelatus sum pro Domino Deo exercituum, quia dereliquerunt pactum tuum filii Israel : * Prophetas tuos occiderunt gladio, derelictus sum ego solus, et quaerunt animam meam ut auferant eam. V/. An nescitis in Elia quid dicit Scriptura, quemadmodum interpellat Deum adversum Israel? * Prophetas.
Cependant Elie n'est pas seul, Israel renferme encore sept mille hommes fidèles. Le nombre n'est pas considérable, mais aujourd'hui encore, ne voit-on pas que l’élection gratuite opère dans la même proportion, jusqu'a ce que vienne la prédication d'Elie ?
5e R/. Quid dicit Eliae divinum responsum? Reliqui mihi septem millia virorum qui non curvaverunt genua ante Baal. * Sic ergo et in hoc Qempore reliquice secundum electionem gratice salvce factce sunt. V/. Antequam veniat diesDomini magnus, convertet Elias cor patrum adfilios, et cor filiorum ad patres eorum * Sic ergo.
Maintenant, que fera Elie ? II restituera les tribus de Jacob ; il rétablira toutes choses, et ces merveilles auront lieu bientôt, car le prophète est sur le point de paraître.
6e R/. Elia, quis potest similiter sic gloriari tibi? Qui receptus es in turbine ignis,in curru equorum igneorum: qui scriptus es injudiciis temporum * Lenire iracundiam Domini, conciliare cor patris ad filium, et restituere tribus Jacob. V/. Elias quidem venturus est et restituet omnia : dico autemvobis, quia Elias jam venit. * Lenire.
Le langage devient plus expressif, au troisième nocturne. On y dénonce les faux prophètes. Ce sont d'abord les docteurs qui enseignent de faux dogmes : ceux qu'on cherche à flétrir du nom de Molinistes.
7e R/. Attendite a falsis prophetis, qui * Veniunt ad vos in vestimentis ovium, intrinsecus autem sunt lupi rapaces. V/. Non misi eos, et ipsi prophetant in nomine meo mendaciter, ut pereatis. * Veniunt.
En second lieu, ces faux prophetes sont les docteurs de la morale relâchée ; le lecteur sait quelle école on désigne ainsi dans le parti.
8e R/. Prophetant de corde suo: * Consuunt pulvillos sub omni cubito manus, et faciunt cervicalia sub capite ad capiendas animas. V/. A fructibus eorum cognoscetis eos. * Consuunt.
En troisième lieu, ces faux prophètes sont des hommes vertueux à l'extérieur, témoin celui que les Molinistes appellent saint Vincent de Paul et que la secte persiste à vouloir toujours nommer Monsieur Vincent. Il importe donc de se prémunir contre cette troisième classe de séducteurs.
9e R/. Non omnis qui dicit mihi, Domine, Domine, intrabit in.regnum cœlorum; sed * Qui facit voluntatem Patris met, ipse intrabit in regnum cœlorum. V/. Qui custodit mandatum, custodit animant suam. * Qui.
Voilà un échantillon du savoir-faire de nos liturgistes.
Que si quelques-uns de nos lecteurs trouvaient nos défiances exagérées ou injustes, nous leur conseillerons de lire les livres du parti, les ouvrages de Duguet, par exemple, les Nouvelles ecclésiastiques, etc., ils ne tarderont pas à devenir familiers à ce langage biblique de la secte. A force de rencontrer, dans les diatribes du parti contre le Pape, les évêques constitutionnaires, les jésuites, etc., les textes que nous venons de citer, ils les reconnaîtront aisément dans les répons du VIIe Dimanche après la Pentecôte, et dans plusieurs autres endroits du bréviaire.
Certes, nous ne nous donnerons pas la peine et nous ne causerons pas au lecteur l'ennui d'une complète énumération des passages scabreux du Bréviaire de Vintimille : cependant nous en signalerons encore quelques-uns.
DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XIX : SUITE DE L'HISTOIRE DE LA LITURGIE, DURANT LA PREMIERE MOITIÉ DU XVIIIe SIÈCLE. — PROJETS DE BREVIAIRE A PRIORI. — GRANCOLAS, FOINARD. — BREVIAIRES DE SENS, AUXERRE, ROUEN, ORLÉANS, LYON, ETC. — BRÉVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DU CARDINAL DE NOAILLES. — BREVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DE L'ARCHEVÊQUE VINTIMILLE. — AUTEURS DE CETTE LITURGIE. VIGIER. MÉSENGUY. COFFIN. — SYSTEME SUIVI DANS LES LIVRES DE VINTIMILLE. — RÉCLAMATIONS DU CLERGÉ. — VIOLENCES DU PARLEMENT DE PARIS. — TRIOMPHE DE LA LITURGIE DE VINTIMILLE.
Bréviaire parisien, dit de Vintimille, édité sous l'épiscopat de Monseigneur de Vintimille