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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

29 avril 2015 3 29 /04 /avril /2015 11:00

Satan a pénétré dans le paradis terrestre. Au milieu des animaux de la création,

He saw

Two of far nobler aspect erect and tall

Of her daughters, Eve.

" Il aperçoit deux êtres d’une forme plus noble, d’une stature droite et élevée, comme celle des esprits immortels. Dans tout l’honneur primitif de leur naissance, une majestueuse nudité les couvre : on les prendrait pour les souverains de ce nouvel univers, et ils semblent dignes de l’être. A travers leurs regards divins brillent les attributs de leur glorieux Créateur : la vérité, la sagesse, la sainteté rigide et pure, vertu dont émane l’autorité réelle de l’homme. Toutefois ces créatures célestes diffèrent entre elles, ainsi que leurs sexes le déclarent : Il est créé pour la contemplation et la valeur ; Elle est formée pour la mollesse et les grâces : Lui pour Dieu seulement, Elle pour Dieu, en Lui. Le front ouvert, l’œil sublime du premier, annoncent la puissance absolue : ses cheveux d’hyacinthe, se partageant sur son front, pendent noblement en boucles des deux côtés, mais sans flotter au-dessous de ses larges épaules. Sa compagne, au contraire, laisse descendre comme un voile d’or ses longues tresses sur sa ceinture, où elles forment de capricieux anneaux : ainsi la vigne courbe ses tendres ceps autour d’un fragile appui ; symbole de la sujétion où est née notre mère, sujétion à un sceptre bien léger ; obéissance accordée par Elle et reçue par Lui plutôt qu’exigée ; empire cédé volontairement, et pourtant à regret ; cédé avec un modeste orgueil, et je ne sais quels amoureux délais, pleins de craintes et de charmes ! Ni vous non plus, mystérieux ouvrages de la nature, vous n’étiez point cachés alors ; alors toute honte coupable, toute honte criminelle était inconnue. Fille du Péché, Pudeur impudique, combien n’avez-vous point troublé les jours de l’homme par une vaine apparence de pureté ! Ah ! vous avez banni de votre vie ce qui seul est la véritable vie, la simplicité et l’innocence. Ainsi marchent nus ces deux grands époux dans Eden solitaire. Ils n’évitent ni l’œil de Dieu ni les regards des anges, car ils n’ont point la pensée du mal. Ainsi passe, en se tenant par la main, le plus superbe couple qui s’unit jamais dans les embrassements de l’amour : Adam, le meilleur de tous les hommes qui furent sa postérité ; Eve, la plus belle de toutes les femmes entre celles qui naquirent ses filles."

 

Nos premiers pères se retirent sous l’ombrage, au bord d’une fontaine. Ils prennent leur repas du soir, au milieu des animaux de la création, qui se jouent autour de leur roi et de leur reine. Satan, caché sous la forme d’une de ces bêtes, contemple les deux époux, et se sent presque attendri par leur beauté, leur innocence, et par la pensée des maux qu’il va faire succéder à tant de bonheur : trait admirable. Cependant Adam et Eve conversent doucement auprès de la fontaine, et Eve parle ainsi à son époux :

That day ! often remember, when from sleep

her silver mantle threw.

" Je me rappelle souvent ce jour où, sortant du premier sommeil, je me trouvai couchée parmi les fleurs, sous l’ombrage, ne sachant où j’étais, qui j’étais, quand et comment j’avais été amenée en ces lieux. Non loin de là une onde murmurait dans le creux d’une roche. Cette onde, se déployant en nappe humide, fixait bientôt ses flots, purs comme les espaces du firmament.

Je m’avançai vers ce lieu, avec une pensée timide ; je m’assis sur la rive verdoyante pour regarder dans le lac transparent, qui semblait un autre ciel. A l’instant où je m’inclinais sur l’onde, une ombre parut dans la glace humide, se penchant vers moi, comme moi vers elle. Je tressaillis, elle tressaillit ; j’avançai la tête de nouveau, et la douce apparition revint aussi vite, avec des regards de sympathie et d’amour. Mes yeux seraient encore attachés sur cette image, je m’y serais consumée d’un vain désir, si une voix dans le désert : "L’objet que tu vois, belle créature, est toi-même ; avec toi il fuit, il revient. Suis-moi, je te conduirai où une ombre vaine ne trompera point tes embrassements, où tu trouveras celui dont tu es l’image ; à toi il sera pour toujours, tu lui donneras une multitude d’enfants semblables à toi-même, et tu seras appelée la Mère du genre humain."

Que pouvais-je faire après ces paroles ? Obéir et marcher invisiblement conduite ! Bientôt je t’entrevis sous un platane. Oh ! que tu me parus grand et beau ! et pourtant je trouvai je ne sais quoi de moins beau, de moins tendre, que le gracieux fantôme enchaîné dans le repli de l’onde. Je voulus fuir ; tu me suivis, et, élevant la voix, tu t’écrias : "Retourne, belle Eve ! sais-tu qui tu fuis ? Tu es la chair et les os de celui que tu évites. Pour te donner l’être, j’ai puisé dans mon flanc la vie la plus près de mon cœur, afin de t’avoir ensuite éternellement à mon côté. Ô moitié de mon âme, je te cherche ! ton autre moitié te réclame." En parlant ainsi, ta douce main saisit la mienne : je cédai ; et depuis ce temps j’ai connu combien la grâce est surpassée par une mâle beauté et par la sagesse, qui seule est véritablement belle.

Ainsi parla la mère des hommes. Avec des regards pleins d’amour, et dans un tendre abandon, elle se penche, embrassant à demi notre premier père. La moitié de son sein, qui se gonfle, vient mystérieusement, sous l’or de ses tresses flottantes, toucher de sa voluptueuse nudité la nudité du sein de son époux. Adam, ravi de sa beauté et de ses grâces soumises, sourit avec un supérieur amour : tel est le sourire que le ciel laisse au printemps tomber sur les nuées, et qui fait couler la vie dans ces nuées grosses de la semence des fleurs. Adam presse ensuite d’un baiser pur les lèvres fécondes de la mère des hommes.

Cependant le soleil était tombé au-dessous des Açores, soit que ce premier orbe du ciel, dans son incroyable vitesse, eût roulé vers ces rivages, soit que la terre, moins rapide, se retirant dans l’orient par un plus court chemin, eût laissé l’astre du jour à la gauche du monde. Il avait déjà revêtu de pourpre et d’or les nuages qui flottent autour de son trône occidental ; le soir s’avançait tranquille, et par degrés un doux crépuscule enveloppait les objets de son ombre uniforme. Les oiseaux du ciel reposaient dans leurs nids, les animaux de la terre sur leur couche ; tout se taisait, hors le rossignol, amant des veilles : il remplissait la nuit de ses plaintes amoureuses, et le Silence était ravi. Bientôt le firmament étincela de vivants saphirs : l’étoile du soir, à la tête de l’armée des astres, se montra longtemps la plus brillante ; mais enfin la reine des nuits, se levant avec majesté à travers les nuages, répandit sa tendre lumière, et jeta son manteau d’argent sur le dos des ombres."

 

Adam et Eve se retirent au berceau nuptial, après avoir offert leur prière à l’Eternel. Ils pénètrent dans l’obscurité du bocage, et se couchent sur un lit de fleurs. Alors le poète, resté comme à la porte du berceau, entonne, à la face du firmament et du pôle chargé d’étoiles, un cantique à l’Hymen. Il commence ce magnifique épithalame sans préparation et par un mouvement inspiré, à la manière antique :

Hail, wedded love, mysterious law, true source

Of human offspring

" Salut, amour conjugal, loi mystérieuse, source de la postérité ! " C’est ainsi que l’armée des Grecs chante tout à coup, après la mort d’Hector : Nous avons remporté une gloire signalée ! nous avons tué le divin Hector ; c’est de même que les Saliens, célébrant la fête d’Hercule, s’écrient brusquement dans Virgile : Tu nubigenas, invicte, bimembres " C’est toi qui domptas les deux centaures, fils d’une nuée."

Cet hymen met le dernier trait au tableau de Milton, et achève la peinture des amours de nos premiers pères.

 

Nous ne craignons pas qu’on nous reproche la longueur de cette citation. " Dans tous les autres poèmes, dit Voltaire, l’amour est regardé comme une faiblesse ; dans Milton seul il est une vertu. Le poète a su lever d’une main chaste le voile qui couvre ailleurs les plaisirs de cette passion. Il transporte le lecteur dans le jardin des délices. Il semble lui faire goûter les voluptés pures dont Adam et Eve sont remplis. Ils ne s’élèvent pas au-dessus de la nature humaine, mais au-dessus de la nature humaine corrompue ; et comme il n’y a pas d’exemple d’un pareil amour, il n’y en a point d’une pareille poésie."

 

Si l’on compare les amours d’Ulysse et de Pénélope à celles d’Adam et d’Eve, on trouve que la simplicité d’Homère est plus ingénue, celle de Milton plus magnifique. Ulysse, bien que roi et héros, a toutefois quelque chose de rustique ; ses ruses, ses attitudes, ses paroles ont un caractère agreste et naïf. Adam, quoiqu’à peine né et sans expérience, est déjà le parfait modèle de l’homme : on sent qu’il n’est point sorti des entrailles infirmes d’une femme, mais des mains vivantes de Dieu. Il est noble, majestueux, et tout à la fois plein d’innocence et de génie ; il est tel que le peignent les livres saints, digne d’être respecté par les anges et de se promener dans la solitude avec son Créateur.

 

Quant aux deux épouses, si Pénélope est plus réservée et ensuite plus tendre que notre première mère, c’est qu’elle a été éprouvée par le malheur, et que le malheur rend défiant et sensible. Eve, au contraire, s’abandonne ; elle est communicative et séduisante ; elle a même un léger degré de coquetterie. Et pourquoi serait-elle sérieuse et prudente comme Pénélope ? Tout ne lui sourit-il pas ? Si le chagrin ferme l’âme, la félicité la dilate : dans le premier cas, on n’a pas assez de déserts où cacher ses peines ; dans le second pas assez de cœurs à qui raconter ses plaisirs. Cependant Milton n’a pas voulu peindre son Eve parfaite ; il l’a représentée irrésistible par les charmes, mais un peu indiscrète et amante de paroles, afin qu’on prévît le malheur où ce défaut va l’entraîner. Au reste, les amours de Pénélope et d’Ulysse sont pures et sévères comme doivent l’être celles de deux époux.

 

C’est ici le lieu de remarquer que, dans la peinture des voluptés, la plupart des poètes antiques ont à la fois une nudité et une chasteté qui étonnent. Rien de plus pudique que leur pensée, rien de plus libre que leur expression : nous, au contraire, nous bouleversons les sens en ménageant les yeux et les oreilles. D’où naît cette magie des anciens, et pourquoi une Vénus de Praxitèle toute nue charme-t-elle plus notre esprit que nos regards ? C’est qu’il y a un beau idéal qui touche plus à l’âme qu’à la matière. Alors le génie seul, et non le corps, devient amoureux ; c’est lui qui brûle de s’unir étroitement au chef-d’œuvre. Toute ardeur terrestre s’éteint et est remplacée par une tendresse divine : l’âme échauffée se replie autour de l’objet aimé, et spiritualise jusqu’aux termes grossiers dont elle est obligée de se servir pour exprimer sa flamme.

 

Mais ni l’amour de Pénélope et d’Ulysse, ni celui de Didon pour Enée, ni celui d’Alceste pour Admète, ne peut être comparé au sentiment qu’éprouvent l’un pour l’autre les deux nobles personnages de Milton : la vraie religion a pu seule donner le caractère d’une tendresse aussi sainte, aussi sublime. Quelle association d’idées ! l’univers naissant, les mers s’épouvantant pour ainsi dire de leur propre immensité, les soleils hésitant comme effrayés dans leurs nouvelles carrières, les anges attirés par ces merveilles, Dieu regardant encore son récent ouvrage, et deux Êtres, moitié esprit, moitié argile, étonnés de leur corps, plus étonnés de leur âme, faisant à la fois l’essai de leurs premières pensées et l’essai de leurs premières amours.

 

Pour rendre le tableau parfait, Milton a eu l’art d’y placer l’esprit de ténèbres, comme une grande ombre. L’ange rebelle épie les deux époux : il apprend de leur bouche le fatal secret ; il se réjouit de leur malheur à venir, et toute cette peinture de la félicité de nos pères n’est réellement que le premier pas vers d’affreuses calamités. Pénélope et Ulysse rappellent un malheur passé : Eve et Adam annoncent des maux près d’éclore. Tout drame pèche essentiellement par la base s’il offre des joies sans mélange de chagrins inouïs ou de chagrins à naître. Un bonheur absolu nous ennuie, un malheur absolu nous repousse ; le premier est dépouillé de souvenirs et de pleurs, le second d’espérances et de sourires. Si vous remontez de la douleur au plaisir, comme dans la scène d’Homère, vous serez plus touchant, plus mélancolique, parce que l’âme ne fait que rêver au passé et se repose dans le présent ; si vous descendez, au contraire, de la prospérité aux larmes, comme dans la peinture de Milton, vous serez plus triste, plus poignant, parce que le cœur s’arrête à peine dans le présent, et anticipe les maux qui le menacent. Il faut donc toujours, dans nos tableaux, unir le bonheur à l’infortune et faire la somme des maux un peu plus forte que celle des biens, comme dans la nature.

 

Deux liqueurs sont mêlées dans la coupe de la vie, l’une douce et l’autre amère : mais, outre l’amertume de la seconde, il y a encore la lie que les deux liqueurs déposent également au fond du vase.

 

 

CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme ; Deuxième Partie - Poétique du Christianisme ; Livre 2 - Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères  ; Chapitre III - Suite des Epoux. — Adam et Eve

 

Satan Watching the Caresses of Adam and Eve, illustration to Milton's Paradise Lost, William Blake (1757 - 1827, London)

Satan Watching the Caresses of Adam and Eve, illustration to Milton's Paradise Lost, William Blake (1757 - 1827, London)

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 16:00

Ithaque de Nikos Papacostas, interprété par Maria Soultatou au Megaron d'Athènes

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 11:00

Les princes ayant été tués par Ulysse, Euryclée va réveiller Pénélope, qui refuse longtemps de croire les merveilles que sa nourrice lui raconte. Cependant elle se lève, et, descendant les degrés, elle franchit le seuil de pierre, et va s’asseoir à la lueur du feu en face d’Ulysse, qui était lui-même assis au pied d’une colonne, les yeux baissés, attendant ce que lui dirait son épouse. Mais elle demeurait muette et l’étonnement avait saisi son cœur.

 

Télémaque accuse sa mère de froideur ; Ulysse sourit, et excuse Pénélope. La princesse doute encore et, pour éprouver son époux, elle ordonne de préparer la couche d’Ulysse hors de la chambre nuptiale. Aussitôt le héros s’écrie :

" Qui donc a déplacé ma couche ? N’est-elle plus attachée au tronc de l’olivier autour duquel j’avais moi-même bâti une salle dans ma cour.

Il dit, et soudain le cœur et les genoux de Pénélope lui manquent à la fois ; elle reconnaît Ulysse à cette marque certaine. Bientôt, courant à lui tout en larmes, elle suspend ses bras au cou de son époux ; elle baise sa tête sacrée ; elle s’écrie :

Ne sois point irrité, toi qui fus toujours le plus prudent des hommes !

Ne sois point irrité, ne t’indigne point, si j’ai hésité à me jeter dans tes bras. Mon cœur frémissait de crainte qu’un étranger ne vînt surprendre ma foi par des paroles trompeuses.

Mais à présent j’ai une preuve manifeste de toi-même, par ce que tu viens de dire de notre couche : aucun autre homme que toi ne l’a visitée : elle n’est connue que de nous deux et d’une seule esclave, Actoris, que mon père me donna lorsque je vins en Ithaque, et qui garde les portes de notre chambre nuptiale. Tu rends la confiance à ce cœur devenu défiant par le chagrin.

Elle dit ; et Ulysse, pressé du besoin de verser des larmes, pleure sur cette chaste et prudente épouse, en la serrant contre son cœur. Comme des matelots contemplent la terre désirée, lorsque Neptune a brisé leur rapide vaisseau, jouet des vents et des vagues immenses, un petit nombre, flottant sur l’antique mer, gagne la terre à la nage, et, tout couvert d’une écume salée, aborde, plein de joie, sur les grèves, en échappant à la mort : ainsi Pénélope attache ses regards charmés sur Ulysse ; elle ne peut arracher ses beaux bras du cou du héros ; et l’Aurore aux doigts de rose aurait vu les larmes de ces époux si Minerve n’eût retenu le soleil dans la mer.

Cependant Eurynome, un flambeau à la main, précédant les pas d’Ulysse et de Pénélope, les conduit à la chambre nuptiale.

Les deux époux, après s’être livrés aux premiers transports de leur tendresse, s’enchantèrent par le récit mutuel de leurs peines.

Ulysse achevait à peine les derniers mots de son histoire, qu’un sommeil bienfaisant se glissa dans ses membres fatigués, et vint suspendre les soucis de son âme."

 

Cette reconnaissance d’Ulysse et de Pénélope est peut-être une des plus belles compositions du génie antique. Pénélope assise en silence, Ulysse immobile au pied d’une colonne, la scène éclairée à la flamme du foyer : voilà d’abord un tableau tout fait pour un peintre, et où la grandeur égale la simplicité du dessin. Et comment se fera la reconnaissance ? Par une circonstance rappelée du lit nuptial ! C’est encore une autre merveille que ce lit fait de la main d’un roi sur le tronc d’un olivier, arbre de paix et de sagesse, digne d’être le fondement de cette couche qu’aucun autre homme qu’Ulysse n’a visitée. Les transports qui suivent la reconnaissance des deux époux ; cette comparaison si touchante d’une veuve qui retrouve son époux à un matelot qui découvre la terre au moment du naufrage ; le couple conduit au flambeau dans son appartement ; les plaisirs de l’amour suivis des joies de la douleur ou de la confidence des peines passées ; la double volupté du bonheur présent et du malheur en souvenir ; le sommeil qui vient par degrés fermer les yeux et la bouche d’Ulysse tandis qu’il raconte ses aventures à Pénélope attentive, ce sont autant de traits du grand maître ; on ne les saurait trop admirer.

 

Il y aurait une étude intéressante à faire : ce serait de tâcher de découvrir comment un auteur moderne aurait rendu tel morceau des ouvrages d’un auteur ancien. Dans le tableau précédent, par exemple, on peut soupçonner que la scène, au lieu de se passer en action entre Ulysse et Pénélope, eût été racontée par le poète. Il n’aurait pas manqué de semer son récit de réflexions philosophiques, de vers frappants, de mots heureux. Au lieu de cette manière brillante et laborieuse, Homère vous présente deux époux qui se retrouvent après vingt ans d’absence, et qui, sans jeter de grands cris, ont l’air de s’être à peine quittés de la veille. Où est donc la beauté de la peinture ? Dans la vérité.

 

Les modernes sont en général plus savants, plus délicats, plus déliés, souvent même plus intéressants dans leurs compositions que les anciens ; mais ceux-ci sont plus simples, plus augustes, plus tragiques, plus abondants et surtout plus vrais que les modernes. Ils ont un goût plus sûr, une imagination plus noble : ils ne savent travailler que l’ensemble, et négligent les ornements ; un berger qui se plaint, un vieillard qui raconte, un héros qui combat, voilà pour eux tout un poème ; et l’on ne sait comment il arrive que ce poème, où il n’y a rien, est cependant mieux rempli que nos romans chargés d’incidents et de personnages. L’art d’écrire semble avoir suivi l’art de la peinture : la palette du poète moderne se couvre d’une variété infinie de teintes et de nuances : le poète antique compose ses tableaux avec les trois couleurs de Polygnote. Les Latins, placés entre la Grèce et nous, tiennent à la fois des deux manières : à la Grèce, par la simplicité des fonds, à nous par l’art des détails. C’est peut-être cette heureuse harmonie des deux goûts qui fait la perfection de Virgile.

 

Voyons maintenant le tableau des amours de nos premiers pères : Eve et Adam, par l’aveugle d’Albion, feront un assez beau pendant à Ulysse et Pénélope, par l’aveugle de Smyrne.

 

 

CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme ; Deuxième Partie - Poétique du Christianisme ; Livre 2 - Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères  ; Chapitre II - Des Epoux. — Ulysse et Pénélope

 

Homère, par Rembrandt

Homère, par Rembrandt

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 16:00

Requiem Mediterraneo de Nikos Papacostas, interprété par Vetta Kalliopi au Megaron d'Athènes

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 11:00

Passons de cette revue générale des épopées aux détails des compositions poétiques. Avant d’examiner les caractères sociaux, tels que ceux du prêtre et du guerrier, considérons les caractères naturels, tels que ceux de l’époux, du père, de la mère, etc., et partons d’abord d’un principe incontestable.

 

Le christianisme est une religion pour ainsi dire double : s’il s’occupe de la nature de l’être intellectuel, il s’occupe aussi de notre propre nature ; il fait marcher de front les mystères de la Divinité et les mystères du cœur humain : en dévoilant le véritable Dieu, il dévoile le véritable homme.

 

Une telle religion doit être plus favorable à la peinture des caractères qu’un culte qui n’entre point dans le secret des passions. La plus belle moitié de la poésie, la moitié dramatique, ne recevait aucun secours du polythéisme ; la morale était séparée de la mythologie. Un dieu montait sur son char, un prêtre offrait un sacrifice ; mais ni le dieu ni le prêtre n’enseignaient ce que c’est que l’homme, d’où il vient, où il va, quels sont ses penchants, ses vices, ses fins dans cette vie, ses fins dans l’autre.

 

Dans le christianisme, au contraire, la religion et la morale sont une seule et même chose. L’Ecriture nous apprend notre origine, nous instruit de notre nature ; les mystères chrétiens nous regardent : c’est nous qu’on voit de toutes parts ; c’est pour nous que le Fils de Dieu s’est immolé. Depuis Moïse jusqu’à Jésus-Christ, depuis les Apôtres jusqu’aux derniers Pères de l’Église, tout offre le tableau de l’homme intérieur, tout tend à dissiper la nuit qui le couvre ; et c’est un des caractères distinctifs du christianisme d’avoir toujours mêlé l’homme à Dieu, tandis que les fausses religions ont séparé le Créateur de la créature.

 

Voilà donc un avantage incalculable, que les poètes auraient du remarquer dans la religion chrétienne, au lieu de s’obstiner à la décrier. Car si elle est aussi belle que le polythéisme dans le merveilleux ou dans les rapports des choses surnaturelles, comme nous essayerons de le montrer dans la suite, elle a de plus une partie dramatique et morale que le polythéisme n’avait pas.

 

Appuyons cette vérité sur des exemples ; faisons des rapprochements qui servent à nous attacher à la religion de nos pères par les charmes du plus divin de tous les arts.

 

Nous commencerons l’étude des caractères naturels par celui des époux, et nous opposerons à l’amour conjugal d’Eve et d’Adam l’amour conjugal d’Ulysse et de Pénélope. On ne nous accusera pas de choisir exprès des sujets médiocres dans l’antiquité pour faire briller les sujets chrétiens.

 

 

CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme ; Deuxième Partie - Poétique du Christianisme ; Livre 2 - Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères ; Chapitre I - Caractères naturels

 

Ulysse et Pénélope, Le Primatice (Francesco Primaticcio, 1504, Bologne - 1570, Paris), ancienne galerie d’Ulysse du château de Fontainebleau

Ulysse et Pénélope, Le Primatice (Francesco Primaticcio, 1504, Bologne - 1570, Paris), ancienne galerie d’Ulysse du château de Fontainebleau

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 17:30

Hymne à la Mère de Dieu, de Saint Nectaire d'Egine : Agni Parthene, Ô Vierge Pure - Monastère de Valaam, Sainte Russie

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 04:00

Jésus dit encore : Je suis le bon Pasteur.

Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.

 

Mais le mercenaire, et celui qui n’est point pasteur, et à qui les brebis n’appartiennent pas, voyant venir le loup, abandonne les brebis, et s’enfuit ; et le loup les ravit, et disperse le troupeau. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met point en peine des brebis.

 

Pour moi, je suis le bon Pasteur : je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent ;

comme mon Père me connaît, et que je connais mon Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.

J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène.

Elles écouteront ma voix ; et il n’y aura qu’un troupeau, et qu’un Pasteur.

 

C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je quitte ma vie pour la reprendre.

Personne ne me la ravit ; mais c’est moi qui la quitte de moi-même : j’ai le pouvoir de la quitter, et j’ai le pouvoir de la reprendre.

C’est le commandement que j’ai reçu de mon Père.

 

 

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Le Bon Pasteur, Martin van Cleve

Le Bon Pasteur, Martin van Cleve

Ego sum pastor bonus.

Bonus pastor animam suam dat pro ovibus suis.

 

Mercenarius autem, et qui non est pastor, cujus non sunt oves propriæ, videt lupum venientem, et dimittit oves, et fugit : et lupus rapit, et dispergit oves ; mercenarius autem fugit, quia mercenarius est, et non pertinet ad eum de ovibus.

 

Ego sum pastor bonus : et cognosco meas, et cognoscunt me meæ.

Sicut novit me Pater, et ego agnosco Patrem : et animam meam pono pro ovibus meis.

Et alias oves habeo, quæ non sunt ex hoc ovili, et illas oportet me adducere,

et vocem meam audient, et fiet unum ovile et unus pastor.

 

Propterea me diligit Pater : quia ego pono animam meam, ut iterum sumam eam.

Nemo tollit eam a me : sed ego pono eam a meipso, et potestatem habeo ponendi eam, et potestatem habeo iterum sumendi eam.

Hoc mandatum accepi a Patre meo.

 

 

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

 

La Vulgate de Saint Jérôme (éd. 1598)

 

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