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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

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SALVE REGINA

30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 04:00

Lorsque Jésus passait, il vit un homme qui était aveugle dès sa naissance ; et ses disciples lui firent cette demande : Maître ! est-ce le péché de cet homme, ou le péché de ceux qui l’ont mis au monde, qui est cause qu’il est né aveugle ?

 

Jésus leur répondit : Ce n’est point qu’il ait péché, ni ceux qui l’ont mis au monde ; mais c’est afin que les œuvres de la puissance de Dieu éclatent en lui. Il faut que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il est jour : la nuit vient, dans laquelle personne ne peut agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.

 

Après avoir dit cela, il cracha à terre, et ayant fait de la boue avec sa salive, il oignit de cette boue les yeux de l’aveugle, et lui dit : Allez vous laver dans la piscine de Siloé (qui signifie Envoyé). Il y alla donc, il s’y lava, et il en revint voyant clair.

 

Ses voisins, et ceux qui l’avaient vu auparavant demander l’aumône, disaient : N’est-ce pas là celui qui était assis, et qui demandait l’aumône ? Les uns répondaient : c’est lui. D’autres disaient : Non, c’en est un qui lui ressemble. Mais il leur disait : c’est moi-même.

 

Ils lui dirent donc : Comment vos yeux se sont-ils ouverts ? Il leur répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus, a fait de la boue, et en a oint mes yeux, et il m’a dit : Allez à la piscine de Siloé, et vous y lavez. J’y ai été, je m’y suis lavé, et je vois.

 

Ils lui dirent : Où est-il ? Il leur répondit : Je ne sais. Alors ils amenèrent aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle. Or c’était le jour du sabbat que Jésus avait fait cette boue, et lui avait ouvert les yeux. Les pharisiens l’interrogèrent donc aussi eux-mêmes, pour savoir comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux ; je me suis lavé, et je vois.

 

Sur quoi quelques-uns des pharisiens dirent : Cet homme n’est point envoyé de Dieu, puisqu’il ne garde point le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un méchant homme pourrait-il faire de tels prodiges ? Et il y avait sur cela de la division entre eux.

 

Ils dirent donc de nouveau à l’aveugle : Et toi, que dis-tu de cet homme qui t’a ouvert les yeux ? Il répondit : Je dis que c’est un prophète.

 

Mais les pharisiens ne crurent point que cet homme eût été aveugle, et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir son père et sa mère, qu’ils interrogèrent, en leur disant : Est-ce là votre fils que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ? Le père et la mère leur répondirent : Nous savons que c’est là notre fils, et qu’il est né aveugle : mais nous ne savons comment il voit maintenant, et nous ne savons pas non plus qui lui a ouvert les yeux. Interrogez-le, il a de l’âge ; qu’il réponde pour lui-même. Son père et sa mère parlaient de la sorte parce qu’ils craignaient les pharisiens : car les pharisiens avaient déjà résolu ensemble, que quiconque reconnaîtrait Jésus pour être le Christ, serait chassé de la synagogue. Ce fut ce qui obligea le père et la mère de répondre : Il a de l’âge, interrogez-le lui-même.

 

Il appelèrent donc une seconde fois cet homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rends gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un pécheur. Il leur répondit : Si c’est un pécheur, je n’en sais rien : tout ce que je sais, c’est que j’étais aveugle, et que je vois maintenant. Ils lui dirent encore : Que t’a-t-il fait ? et comment t’a-t-il ouvert les yeux ? Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous l’avez entendu : pourquoi voulez-vous l’entendre encore une fois ? Est-ce que vous voulez devenir aussi ses disciples ? Sur quoi ils le chargèrent d’injures, et lui dirent : Sois toi-même son disciple ; pour nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais pour celui-ci, nous ne savons d’où il est.

 

Cet homme leur répondit : C’est ce qui est étonnant, que vous ne sachiez d’où il est, et qu’il m’ait ouvert les yeux. Or nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs ; mais si quelqu’un l'honore, et qu’il fasse sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. Depuis que le monde est, on n’a jamais entendu dire que personne ait ouvert les yeux à un aveugle-né. Si cet homme n’était point envoyé de Dieu, il ne pourrait rien faire de tout ce qu'il fait..

 

Ils lui répondirent : Tu n’es que péché dès le ventre de ta mère, et tu veux nous enseigner ! Et ils le chassèrent.

 

Jésus apprit qu’ils l’avaient ainsi chassé ; et l’ayant rencontré, il lui dit : Croyez-vous au Fils de Dieu ?

Il lui répondit : Qui est-il, Seigneur ! afin que je croie en lui ?

Jésus lui dit : Vous l’avez vu, et c’est celui-là même qui vous parle.

Il lui répondit : Je crois, Seigneur ! Et se prosternant, il l’adora.

Et Jésus ajouta : Je suis venu dans ce monde pour exercer un jugement, afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.

 

Quelques pharisiens qui étaient avec lui, entendirent ces paroles, et lui dirent : Sommes-nous donc aussi des aveugles ?

 

Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez point de péché : mais maintenant vous dites que vous voyez ; et c'est pour cela que votre péché demeure en vous.

 

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Jésus qui guérit un aveugle, Eustache Le Sueur, Château de Sans-Souci, Potsdam

Jésus qui guérit un aveugle, Eustache Le Sueur, Château de Sans-Souci, Potsdam

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 12:00

Si Dieu veut écouter nos prières, c'est à certaines conditions nécessaires et essentielles : mais de quelque manière, Chrétiens, que Dieu en use avec nous, et qu'il ait plu à sa providence de disposer les choses, ce serait une erreur, et une grossière erreur, de se persuader que les conditions de la prière fussent un obstacle à l'accomplissement de nos vœux, et un prétexte dont Dieu se servît pour avoir droit de nous refuser ses dons.

 

Ah ! mes Frères, disait saint Augustin, à Dieu ne plaise que nous entrions jamais dans ce sentiment, puisqu'il n'est rien de plus opposé à la conduite de notre Dieu ! Lui qui, selon l’Écriture, ne peut arrêter le cours de ses miséricordes, lors même que nous irritons sa colère : Numquid continebit in ira sua misericordias suas ? lui qui n'attend pas qu'on le prie, mais qui, dans la pensée du Prophète royal, se plaît à exaucer les simples désirs : Desiderium pauperimi exaudivit Dominus ; lui dont l'oreille est si délicate, qu'il entend jusqu'à la préparation des cœurs : Prœparationem cordis eorum audivit auris tua ; il n'a garde, si j'ose parler ainsi, d'être de si difficile composition quand on l'invoque de bonne foi ; et bien loin qu'il se prévale de sa grandeur, dans le commerce qu'il nous permet d'avoir avec lui par la prière, on pourrait plutôt douter s'il ne s'y relâche point trop de ce qui lui est dû, et s'il ne supporte point avec trop de condescendance nos faiblesses et nos imperfections. J'avoue que la prière, pour être efficace, doit être revêtue de certaines qualités : mais en cela je soutiens qu'on ne peut accuser Dieu, ni de restreindre ses promesses, ni d'enchérir ses grâces. Pourquoi ? parce qu'à bien examiner ses qualités, il n'y en a aucune qui ne soit aisée dans la pratique, aucune dont la raison ne nous justifie la nécessité, aucune que les hommes même n'exigent par proportion les uns des autres ; et ce que je vous ai déjà fait remarquer, aucune dont cette femme de notre évangile ne nous ait donné l'exemple, et dont elle ne soit pour nous le plus sensible modèle.

 

Car enfin, demande saint Chrysostome, dans l'excellente homélie qu'il a composée sur ce sujet, quelles conditions exige notre Dieu pour l'infaillibilité de la prière ? l'humilité, la confiance, la persévérance, l'attention de l'esprit, l'affection du cœur. Or y a-t-il rien là, je ne dis pas d'impraticable et d'impossible, mais de pénible et d'onéreux ? Prier dans la disposition d'un esprit humble, quoi de plus raisonnable et même de plus naturel ? Peut-on avoir une juste idée de la prière, et oublier en priant cette règle fondamentale ? Prie-t-on autrement les princes et les monarques de la terre ? Se fait-on une peine de leur rendre des hommages et des respects, lorsqu'on a des requêtes à leur présenter ? et si, par ces respects et par ces hommages, on vient à bout de ses prétentions, se plaint-on qu'il en ait trop coûté ? Dit-on qu'ils fassent acheter trop cher leurs grâces, quand ils les refusent à un téméraire qui les demande avec hauteur ? et pourquoi le dirait-on de Dieu, devant qui il est d'ailleurs bien plus raisonnable et par conséquent bien plus facile de s'humilier que devant les hommes ?

 

La Chananéenne dont parle saint Matthieu fit-elle difficulté de se prosterner en la présence de Jésus-Christ, et de l'adorer ? Fut-ce un grand effort pour elle de confesser à ses pieds son indignité, et compta-t-elle pour beaucoup d'essuyer les rebuts auxquels elle se vit d'abord exposée ? Non, non, lui dit le Sauveur du monde, il ne faut pas donner le pain des enfants aux chiens : Non est bonum numere panem filiorum, et mittere canibus. Est-il une comparaison plus humiliante ? mais tout humiliante qu'elle pût être, cette Chananéenne en parut-elle touchée et contrastée ? que dis-je ? ne reconnut-elle pas elle-même la vérité de ces paroles, en se les appliquant ? Il est vrai, Seigneur : Etiam, Domine. Ce fut ainsi qu'elle pria.

 

Mais comment prions-nous ? Elle était païenne, et cette païenne s'humilie ; nous sommes chrétiens, et nous apportons à la prière un esprit d'orgueil dont nous ne pouvons nous défaire, lors même que nous sommes forcés à reconnaître nos misères et nos besoins; et parce que cet esprit nous domine, nous prions avec présomption, comme si Dieu devait avoir des égards pour nous, comme s'il devait nous distinguer, comme s'il devait nous tenir compte de nos prières. Sans parler de ce faste extérieur qui souvent accompagne nos sacrifices, et qui, bien loin d'engager Dieu à nous écouter, l'engage à nous punir ; sans parler de ce luxe que nous portons jusque dans le sanctuaire, de cet air de grandeur et de suffisance que nous y retenons, de ces postures vaines et négligées que nous y affectons ; états bien contraires à l'action d'un suppliant, et qui, selon l'Ecriture, rendent nos prières abominables devant Dieu, puisque Dieu ne hait rien davantage qu'un pauvre orgueilleux : Pauperem superbum ; sans en venir à ce détail, nous demandons à Dieu des grâces, mais comment ? non point comme des grâces, mais comme des dettes, prêts à nous élever et à nous enfler s'il nous les accorde, prêts à murmurer et à nous plaindre s'il ne nous les accorde pas. Nous les demandons, pour oublier, après les avoir reçues, que nous les tenons de lui ; pour les posséder et en user sans les rapporter à lui. Or, devons-nous être surpris alors que Dieu nous ferme son sein ? voulons-nous qu'il nous exauce aux dépens de sa propre gloire ? et ne serait-ce pas prodiguer ses biens que de les répandre indifféremment et sur les superbes et sur les humbles ?

 

Prier dans le sentiment d'une vive confiance, quoi de plus juste ? C'est notre souverain et notre Dieu qui, par un effet de sa miséricorde, non seulement veut être prié de la sorte, mais se tient même honoré de cette confiance, qui, dans mille endroits de l’Écriture, lui attribue plutôt qu'à sa miséricorde (ne vous offensez pas de ma proposition, elle est saine et orthodoxe), qui, dis-je, en mille endroits de l’Écriture, attribue à cette confiance, plutôt qu'à sa miséricorde même, la vertu miraculeuse de la prière ; ne disant pas à ceux qui ont recours à lui et qui le réclament : C'est ma bonté et ma puissance, mais c'est votre foi et votre confiance qui vous a sauvés : Fides tua te salvam fecit. Pouvait-il nous proposer un parti plus avantageux ? Tout infidèle qu'était la Chananéenne, n'est-ce pas celui qu'elle embrassa d'abord ? Cette ouverture de cœur qu'elle marqua à Jésus-Christ, en lui portant elle-même la parole : Seigneur, ayez pitié de moi : Miserere mei, Domine ; ce motif tendre et affectueux par où elle l'intéressa, en l'appelant fils de David : Filii David ; ces cris qu'elle redoubla à mesure que les apôtres la reprenaient et lui ordonnaient de se taire : Dimitte eam, quia clamat post nos ; cette assurance qu'elle eut de renoncer volontiers au pain de la table, pourvu qu'on lui donnât seulement les miettes qui en tombaient ; c'est-à-dire, selon l'explication de saint Jérôme, de se contenter des moindres efforts de la puissance du Sauveur, convaincue que ce serait assez pour opérer le miracle qu'elle demandait : Nam et catelli edunt de micis quœ cadunt de mensa dominorum suorum.

 

Tout cela n'était-il pas d'une âme bien sûre du Dieu qu'elle invoquait ? Qu'eût-elle fait, si déjà chrétienne, elle eût connu Jésus-Christ aussi parfaitement que nous ; si, comme nous, au lieu de le connaître pour fils de David, elle l'eût connu pour Fils du Dieu vivant ? Et n'est-il pas néanmoins vrai qu'avec toutes les idées que notre religion nous donne de cet Homme-Dieu, nous ne le prions presque jamais de cette manière simple, mais héroïque, qui nous est marquée par l'Apôtre, je veux dire avec foi et sans aucun doute ? Postulet autem in fide, nihil hœsitans. Quoique Jésus-Christ ait pu faire pour nous y aider, et quoique, pour vaincre notre incrédulité et notre défiance, il se soit engagé à nous par le serment le plus solennel, et qu'il en ait juré par lui-même, lui, comme dit saint Paul, qui n'avait point de plus grand que lui-même par qui il pût jurer, notre défiance et notre incrédulité l'emportent. Nous croyons un homme sur sa parole, et nous ne croyons pas un Dieu ; nous prions, mais en même temps nous nous troublons, nous nous entretenons dans de vaines inquiétudes, nous nous abandonnons à de secrets désespoirs ; nous avons recours à Dieu, mais toujours dans l'extrémité, et quand tout le reste nous manque ; nous comptons moins sur Dieu que sur nous-mêmes, et nous faisons plus de fond sur notre prudence que sur nos prières. Aveuglement que déplorait saint Ambroise, et qui justifie bien la conduite de Dieu quand il raccourcit son bras à notre égard, et qu'il ne daigne pas l'étendre pour nous secourir.

 

Prier avec persévérance, quoi de plus convenable ? Dieu, maître de ses dons, et à qui seul il appartient d'en disposer, ne peut-il pas les mettre à tel prix qu'il lui plaît ; et ses grâces ne sont-elles pas en effet assez précieuses pour les demander souvent et longtemps ? Quand Jésus-Christ, par son silence, éprouva cette mère de l'Evangile, et qu'il ne lui répondit pas même une parole : Et non respondit ei verbum ; quand il sembla vouloir l'éloigner par un refus sévère et mortifiant, et que devant elle il déclara aux apôtres qu'il n'était point envoyé pour elle : Non sum missus, nisi ad oves quœ perierunt domus Israël, cessa-t-elle pour cela de prier, de solliciter, de presser ? Non, Chrétiens ; la résistance de Jésus-Christ augmenta sa persévérance, et sa persévérance triompha de la résistance de Jésus-Christ. Elle comprit d'abord le mystère et les inclinations de ce Dieu Sauveur ; et dans l'engagement où elle se trouva d'entrer, pour ainsi dire, en lice avec lui, opposant à une dureté apparente les empressements véritables d'une sainte opiniâtreté, elle força en quelque sorte les lois de la Providence ; elle mérita, quoique étrangère, d'être traitée en Israélite : elle obtint le double miracle, et de la délivrance de sa fille, et de sa propre conversion.

 

Ô charité de mon Dieu, s'écrie un Père, que vous êtes adorable dans vos dissimulations, et dans les stratagèmes dont vous usez pour combattre en apparence contre ceux mêmes pour qui vous combattez en effet! O dissimulatrix clementia, quœ duritiem te simulas, quanta pietate pugnas adversus eos pro quibus pugnas ! Ne désespérez donc point, ajoutait-il, ô âme chrétienne, vous qui avez commencé dans la prière à lutter avec votre Dieu ! car il aime que vous lui fassiez violence ; il se plaît à être désarmé par vous : Noli igitur desperare, o anima, quœ cum Leo luctari cœpisti ; amat utique vim abs te pati, desiderat a te superari. Et ne craignons pas, mes Frères, conclut-il, que ce Dieu de miséricorde puisse, être fort et invincible contre nous, lui qui, par le plus étonnant prodige, a voulu jusques à la mort être faible pour nous : Et absit, Fratres, ut fortis sit adversum nos, qui pro nobis usque ad mortem infirmatus est.

 

Ainsi le concevaient les Saints : mais nous, vous le savez, prévenus d'une erreur toute contraire, et emportés par un esprit volage et léger, nous cédons à Dieu malgré lui-même ; nous lui cédons lorsqu'il voudrait lui-même nous céder ; nous nous ennuyons de lui dire que nous sommes pauvres et que nous attendons son secours, et il veut être importuné. Cette assiduité nous fatigue, nous gêne, nous cause des dégoûts et des impatiences. Nous voudrions en être quittes, pour nous être une fois présentés à la porte ; et nous oublions la grande maxime du Sage, qui nous avertit de supporter les lenteurs de Dieu : Sustine sustentationes Dei. Nous ne pouvons nous accommoder de cette parole d'Isaïe : Expecta, attendez ; Reexpecta, attendez encore. Le moindre délai nous rebute ; et souvent sur le point même de voir nos vœux remplis, nous en perdons tout le mérite et tout le profit. A qui nous en devons-nous prendre ? Est-ce à Dieu ? ou n'est-ce pas à nous-mêmes ?

 

Enfin, prier avec attention, avec affection, je dis avec attention de l'esprit, avec affection du cœur, quoi de plus nécessaire et de plus essentiel à la prière? Je finis par ce point, le plus important de tous.

 

Attention de l'esprit, affection du cœur, c'est ce que j'appelle, après saint Thomas, l'âme de la prière, et sans quoi elle ne peut pas plus subsister qu'un corps sans l'esprit qui le vivifie et qui l'anime. Car qu'est-ce que la prière ? ne consultons point ici la théologie, mais le seul bon sens, et l'idée commune que nous avons de ce saint exercice ; qu'est-ce, encore une fois, que la prière ? un entretien avec Dieu, où l'âme admise, pour m'exprimer de la sorte, et introduite dans le sanctuaire, expose à Dieu ses besoins, lui représente ses faiblesses, lui découvre ses tentations, lui demande grâce pour ses infidélités. Or, tout cela ne suppose-t-il pas un recueillement et un sentiment intérieur ? Si donc il arrive qu'au moment que je traite avec Dieu, mon esprit s'égare jusques à perdre absolument et volontairement cette attention intérieure et cette dévotion, quoi que je fasse du reste, ce n'est plus une prière. Quand je chanterais les louanges du Seigneur, quand j'emploierais les nuits entières au pied des autels ; quand mon corps, selon l'expression et l'exemple de David, demeurerait comme attaché et collé à la terre ; dès que je cesse de m'appliquer, je cesse de prier. Et de là, Chrétiens, le Docteur angélique tirait trois grandes conséquences auxquelles je n'ajouterai rien, mais que je vous prie de bien méditer pour votre édification ; conséquences terribles, et qui vous feront pleinement connaître pourquoi nos prières ont si peu d'efficace auprès de Dieu.

 

Première conséquence. Puisqu'il est vrai que l'attention est de l'essence de la prière, on peut dire avec sujet, mais encore avec plus de douleur, que l'exercice de la prière est comme anéanti dans le christianisme ; pourquoi ? parce que si l'on y prie encore quelquefois, c'est sans réflexion. A quoi se réduit toute notre piété ? à quelques prières que nous récitons, mais du reste avec un esprit dissipé et presque toujours distrait. Nous remuons les lèvres, non pas comme cette mère de Samuel, dont le grand-prêtre Héli jugea témérairement ; mais comme les pharisiens, à qui Dieu reprochait que leur cœur était bien loin de lui, tandis qu'ils le glorifiaient de bouche. Ainsi nos prières ne sont plus communément qu'hypocrisie ; et Jésus-Christ pourrait bien nous redire ce qu'il disait aux pharisiens : Hypocrites, bene prophetavit de vobis Isaias : Populus hic labiis me honorat, cor autem eorum longe est a me.

 

Ce n'est pas seulement le peuple qui tombe dans ce désordre, et qui, par une fatale grossièreté, prie tous les jours sans prier, c'est-à-dire sans penser à qui il parle, ni à ce qu'il demande. Ce n'est pas seulement le sexe dévot, qui, plus adonné à la prière, fait son capital de dire beaucoup, mais sans fixer sa légèreté naturelle, et en l’appliquant très peu. Ce sont même les hommes les plus éclairés et les mieux instruits ; ce sont les personnes mêmes consacrées à Dieu, les ministres mêmes de Dieu, qui, par le plus déplorable renversement, à force de prier ne prient point du tout ; et au lieu de perfectionner une si sainte pratique par l'habitude, la corrompent et la détruisent.

 

Seconde conséquence. Puisque la prière renferme essentiellement l'attention, il s'ensuit que, dans les prières qui nous sont commandées, l'attention est elle-même de précepte, en sorte qu'il ne suffit point alors de prononcer, mais qu'une distraction notable et volontaire doit être considérée comme une offense griève et mortelle. Or, je dis surtout ceci, mes Frères, et pour vous et pour moi, parce que c'est en cela que consiste un des premiers engagements de votre profession et de la mienne, et que la prière vocale est comme le sacré tribut que l’Église chaque jour exige de nous. Car il serait bien étrange que cette action, si sainte d'elle-même, et qui doit nous-mêmes nous sanctifier, ne servît qu'à nous condamner ; et que ce qui doit être pour nous la source des grâces, devînt une des sources de notre réprobation. Souvenons-nous qu'en nous obligeant à l'office divin, nous nous sommes obligés à un acte de religion ; qu'un acte de religion n'est point une pratique purement extérieure ; et que, comme l’Église, en nous commandant la confession, nous commande la contrition du cœur, aussi nous commande-t-elle l'attention de l'esprit, en nous commandant la prière. Soit que cette obligation naisse immédiatement et directement du précepte de l’Église même, comme l'estiment de très habiles théologiens ; soit qu'elle vienne du précepte naturel qui accompagne celui de l’Église, en vertu duquel Dieu nous ordonne de faire saintement et dignement ce qui nous est prescrit, comme veulent quelques autres : quoi qu'il en soit, cette différence de sentiments n'est qu'une subtilité de l'école ; et dans l'une et l'autre opinion, l'on pèche toujours également.

 

Ah ! mes Frères, n'attirons pas sur nous cette malédiction dont le Prophète, dans l'excès de son zèle, menaçait le pécheur, quand il disait : Que sa prière devienne un péché pour lui : Oratio ejus fiat in peccatum. Or, à combien de ministres, ou de combien de ministres n'est-il pas à craindre qu'on en puisse dire autant ? Si saint Augustin s'accusait sur cela de négligence, nous avons bien encore plus lieu de nous en accuser nous-mêmes.

 

Troisième et dernière conséquence. Ce n'est donc pas sans raisons que Dieu rejette nos prières, puisque ce ne sont rien moins que des prières, et que, bien loin de l'honorer, nous l'offensons et l'irritons contre nous. Car quelle injustice, mon cher auditeur ? Vous voulez que Dieu s'applique à vous quand il vous plaît de le prier, et vous ne voulez pas, en le priant, vous appliquer vous-même à Dieu. Vous dites à Dieu comme le Prophète : Seigneur, prêtez l'oreille à mes paroles : Verba mea auribus percipe ; Seigneur, écoulez mes cris : Intellige clamorem meam ; Seigneur, soyez attentif à mes vœux : Intende voci orationis meœ ; mais au même temps vous portez votre esprit ailleurs. Vous demandez que Dieu vous parle, et vous ne lui parlez pas ; vous demandez que Dieu vous écoute, et vous ne l'écoutez pas, vous ne vous écoutez pas vous-même, vous ne vous comprenez pas.

 

Réformons-nous, Chrétiens, sur ce seul article, et nous réformerons toute notre vie ; car on sait bien vivre, dit saint Augustin, quand on sait bien prier : Recte novit vivere, qui novit orare. Pourquoi sommes-nous sujets à tant de désordres ? c'est parce que nous ne prions point, ou que nous prions mal ; et par un retour trop ordinaire, pourquoi ne prions-nous point, ou pourquoi prions-nous mal ? c'est parce que nous ne voulons pas sortir de nos désordres, et que nous craignons de guérir. Demandons à Dieu des choses dignes de lui et dignes de nous. Demandons-les d'une manière digne de lui et digne de nous. En deux mots, demandons-lui ses grâces, et demandons-les bien ; nous les obtiendrons : mais entre les autres grâces, demandons-lui surtout le don de la prière. Disons-lui comme les apôtres : Domine, doce nos orare.

 

Ah ! Seigneur, notre faiblesse est telle, que nous ne pouvons pas même, sans vous, vous bien exposer nos besoins, ni bien implorer votre secours. C'est à vous à nous faire sentir efficacement nos misères ; c'est à vous à nous attirer au pied de votre autel pour vous les représenter ; c'est à vous à nous inspirer ce que nous devons vous dire pour vous toucher.

 

Donnez-nous donc vous-même, ô mon Dieu, cette science si nécessaire, et par une grâce où sont en quelque sorte renfermées, comme dans leur source, toutes les autres grâces, apprenez-nous à nous servir de la prière pour faire descendre sur nous des grâces de conversion, des grâces de sanctification, des grâces de salut, qui nous conduisent à la gloire éternelle.

 

 

BOURDALOUE, SUR LA PRIÈRE

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Vierge à L'Enfant entourée d'Anges et de Saints (détail), Domenico Ghirlandaio

Vierge à L'Enfant entourée d'Anges et de Saints (détail), Domenico Ghirlandaio

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 05:00

Jésus dit aussi cette parabole à quelques-uns qui mettaient leur confiance en eux-mêmes comme étant justes, et qui méprisaient les autres :

 

Deux hommes montèrent au temple pour prier : l’un était pharisien, et l’autre publicain. Le pharisien se tenant debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu ! je vous rends grâces de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères ; ni même comme ce publicain. Je jeûne deux fois la semaine ; je donne la dîme de tout ce que je possède.

 

Le publicain, au contraire, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant :

Mon Dieu ! ayez pitié de moi qui suis un pécheur.

 

Je vous déclare que celui-ci s’en retourna chez lui justifié, et non pas l’autre : car quiconque s’élève, sera abaissé ; et quiconque s’abaisse, sera élevé.

 

SAINT LUC

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Sainte Vierge en Gloire, Domenico Ghirlandaio

Sainte Vierge en Gloire, Domenico Ghirlandaio

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 12:00

Allons à la source ; et pour connaître plus à fond sur quoi l'importante vérité que je vous prêche est établie, comprenez ce principe de saint Cyprien, que nos prières n'ont de vertu qu'autant qu'elles sont unies aux prières de Jésus-Christ.

 

Car il n'y a que Jésus-Christ de qui l'on puisse dire avec saint Paul, qu'il a été exaucé pour le respect dû à sa personne : Exauditus est pro sua reverentia. Quand Dieu nous exauce, ce n'est point en vue, ni de ce que nous sommes, ni de ce que nous méritons, puisque par nous-mêmes nous ne sommes rien, et que par nous-mêmes nous ne méritons rien ; mais il nous exauce en vue de son Fils, et parce que son Fils a prié pour nous avant que nous fussions en état de prier nous-mêmes. Cela supposé, comment Dieu pourrait-il agréer des prières où, par préférence au salut, nous lui demandons des biens temporels, puisqu'elles n'ont alors nulle conformité, nulle liaison avec les prières de cet Homme-Dieu qui s'est fait notre médiateur ? Qu'a-t-il demandé pour nous ? vous le savez : que nous soyons unis par le lien de la charité : Rogo, Pater, ut sint unum ; que sans ostentation, sans déguisement, nous soyons saints en esprit et en vérité : Pater, sanctifica eos in veritate ; que vivant au milieu du monde, selon notre vocation et notre état, nous soyons assez attentifs sur nous-mêmes, et assez heureux pour nous préserver de son iniquité : Non rogo ut tollas eos de mundo, sedut serves eos a malo.

 

Mais que faisons-nous ? nous demandons à Dieu des richesses, des honneurs, une vaine réputation, une vie commode ; et sans les demander après le salut et par rapport au salut, nous ne les demandons, ces richesses, que pour être dans l'abondance ; ces honneurs, que pour être dans l'éclat ; cette réputation, que pour être connus et distingués ; cette vie commode, que pour en jouir : c'est-à-dire que nous demandons ce que Jésus-Christ n'a jamais demandé pour nous. Et pourquoi ne l'a-t-il jamais demandé ? appliquez-vous à ceci : parce qu'il n'a pu prier, ajoute saint Cyprien, que conformément à la fin pour laquelle il était envoyé. Or il était envoyé en qualité de Sauveur, et la mission qu'il avait reçue ne regardait que le salut de l'homme. C'est donc uniquement pour le salut de l'homme qu'il a dû travailler, qu'il a dû souffrir, qu'il a dû mériter ; et par une conséquence nécessaire, c'est uniquement pour le salut de l'homme et pour tout ce qui se rapporte au salut de l'homme, qu'il a dû prier.

 

De là, Chrétiens, vous demandez, mais vous n'obtenez rien, parce que vous ne demandez pas avec Jésus-Christ ; et que vous pourriez dire, si vos prières, indépendamment de cette union, étaient efficaces, que vous avez reçu des biens sans en être redevables à ce Dieu Sauveur : ce qui, dans les maximes de la religion que nous professons, est un blasphème. Et voilà sur quoi s'appuie saint Augustin, quand il prouve si solidement que l'espérance chrétienne n'a point pour objet les biens de cette vie. Non, disait ce saint docteur, ne vous y trompez pas, et que personne de vous ne se promette une félicité temporelle, parce qu'il a l'honneur d'appartenir à Jésus-Christ : Nemo sibi promittat felicitatem hujus mundi, quia christianus est. Ce n'est point pour cela que Jésus-Christ nous a choisis, ni à cette condition qu'il nous a appelés. Il peut, sans manquer à sa parole, nous laisser dans la pauvreté, dans l'abaissement, dans la souffrance. Il s'est engagé à présenter lui-même vos prières devant le trône de Dieu ; mais il a supposé que vous prieriez en chrétiens, et pour le ciel, où il a placé votre héritage. Excellente raison dont se servait encore le même Père contre les railleries des païens. Vous nous reprochez, leur répondait-il, que malgré nos prières nous vivons dans la disette et dans l'abandon de tontes choses. Mais pour nous justifier pleinement de ce reproche aussi bien que notre Dieu, il suffit de vous dire que quand nous le prions, ce n'est point précisément pour les biens de la terre, mais pour les biens de l'éternité. Si donc nous sommes pauvres en ce monde, non seulement cet état pauvre où nous vivons n'est point une preuve de l'inutilité de nos prières, mais c'est une assurance que le fruit nous en est réservé ailleurs, et dans une vie immortelle.

 

Telle était la réponse de saint Augustin, qu'il concluait par la pensée la plus touchante. Car c'est en cela, poursuivait-il, que nous devons admirer la libéralité de notre Dieu. Il ne borne pas ses faveurs à des biens temporels, parce que ce sont des biens au-dessous de nous, parce que ce sont des biens incapables de nous satisfaire, parce que ce sont des biens trop peu proportionnés, et à la noblesse de notre être, et à la valeur de nos prières. Il ne veut pas nous traiter comme des enfants, que l'on amuse par des bagatelles : il ne veut pas nous traiter comme les idolâtres, dont il récompense dans cette vie les vertus morales par un bonheur apparent. Mais il veut être lui-même tout notre bonheur, lui-même toute notre récompense. Ah ! mes Frères, ne prenons donc pas le change dans le choix des biens que nous demandons. Tenons-nous-en à la parole de notre Dieu, qui nous a promis de se donner à nous ; et pour l'engager à s'y tenir lui-même, nous ne lui demandons que lui-même. Il y en a plusieurs qui espèrent en Dieu, mais qui, sans nul égard à Dieu, espèrent tout autre chose que Dieu : Multi de Deo sperant, sed non Deum. Gardons-nous de faire une séparation si désavantageuse pour nous; et comme nous n'espérons rien que de Dieu, n'espérons rien aussi que Dieu, ou que par rapport à Dieu : A Deo mihi petunt prœter Deum; tu ipsum Deum pete.

 

Mais ce ne sont point en effet des grâces temporelles que je demande à Dieu : ce sont des grâces surnaturelles, des grâces de salut : et cependant je ne les ai pas. Non, mon cher auditeur, vous ne les avez pas, parce que sur cela même vous faites un troisième abus de la prière, dont vous ne vous apercevez pas peut-être, et que je vais vous découvrir.

 

C'est qu'au lieu d'envisager la prière comme l'instrument que Dieu nous a mis en main pour faire descendre sur nous les véritables grâces du salut, c'est-à-dire les grâces réelles et possibles, les grâces solides et nécessaires, les grâces réglées et mesurées selon l'ordre des décrets divins ; nous nous en servons pour demander des grâces chimériques, des grâces superflues, des grâces selon notre goût et selon nos fausses idées. Je m'explique.

 

Nous prions, et nous prions, à ce qu'il nous semble, dans un vrai désir de parvenir au salut : mais, par une confiance aveugle, nous faisons fond sur la prière, comme si la prière suffisait sans les œuvres, comme si tout le salut roulait sur la prière ; comme si Jésus-Christ en nous disant : Priez, ne nous avait pas dit au même temps : Veillez et agissez ; comme s'il y avait des grâces qui pussent et qui dussent nous sauver sans nous. Nous prions et nous demandons la grâce d'une bonne mort, persuadés que c'est assez de la demander sans se mettre en peine de la mériter, et sans s'y préparer par une bonne vie.

 

Nous prions et nous demandons des grâces de pénitence, des grâces de sanctification : mais des grâces pour l'avenir, et non pour le présent ; mais des grâces qui lèvent toutes les difficultés, et non qui nous laissent des efforts a faire et des obstacles à vaincre ; mais des grâces miraculeuses qui nous entraînent comme saint Paul, et non des grâces qui nous disposent peu à peu, et avec lesquelles nous soyons obligés de marcher ; mais des grâces qui nous suivent partout, qui nous soient assurées partout, qui nous permettent de nous exposer partout, et non des grâces que nous ayons soin de ménager : c'est-à-dire que nous demandons des grâces qui changent tout l'ordre de la Providence, et qui renversent toute l'économie de notre salut.

 

Concluons, Chrétiens, cette première partie, par la prière du Prophète : Unam petit a Domino : je ne demande plus proprement au Seigneur qu'une seule chose : Hanc requiram ; c'est ce que je dois uniquement rechercher. Et quoi ? Ut inhabitem in domo Domini : de demeurer dans sa sainte maison, et de le posséder éternellement dans sa gloire. Car, je le reconnais, ô mon Dieu ! ajoute saint Augustin ; et je vois bien maintenant pourquoi vous avez si souvent rejeté les prières de votre serviteur. C'est que pour répondre aux desseins de votre miséricorde, je devais vous demander des choses qui ne me fussent pas communes avec les païens et les impies : Ea quippe a te desiderare debui, quœ mihi cum impiis non essent communia.

 

Vous vouliez que mes prières me distinguassent des ennemis de votre nom ; cependant je trouve qu'entre leurs prières et les miennes il n'y a presque point eu jusqu'à présent de différence, sinon qu'ayant demandé comme eux des faveurs temporelles, ils les ont communément obtenues, et que vous me les avez ordinairement refusées, ou parce qu'elles étaient par elles-mêmes contraires à mon salut, ou parce que je ne les demandais pas pour mon salut. Mais en cela, Seigneur, je confesse encore que vous m'avez fait grâce, parce que ces faveurs temporelles que je vous demandais auraient achevé de me pervertir, au lieu que les fléaux de votre justice ont servi à me corriger.

 

En devenant heureux dans le monde, je vous aurais plus aisément oublié. J'aurais imité l'exemple des autres, si mes vœux eussent été suivis de la même prospérité. Ainsi, mon Dieu, bien loin de me plaindre de vos refus, je vous en bénis, et je compte pour un bienfait de ne m'avoir pas exaucé selon mes désirs, mais selon l'ordre de votre sagesse et pour mon salut : Et gaudeo quodnon exaudieris ad voluntatem, ut exaudires ad salutem. Mais maintenant, mon Dieu, vous écouterez mes demandes, parce que je ne veux plus vous demander que les biens éternels, parce que si je vous en demande d'autres, je ne veux plus vous les demander que par subordination, et par rapport aux biens éternels ; parce qu'entre les grâces du salut que je vous demanderai, je ne veux plus vous demander que celles qui me doivent être utiles, que celles qui peuvent plus sûrement, plus directement me conduire aux biens éternels.

 

Ainsi, Chrétiens, la parole de Jésus-Christ s'accomplira-t-elle à notre égard : nous demanderons, et nous recevrons. Au lieu que nous ne recevons pas, ou parce que nous ne demandons pas ce qu'il faut, ç’a été la première partie, ou parce que nous ne demandons pas comme il faut, c'est la seconde.

 

 

BOURDALOUE, SUR LA PRIÈRE

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Santa Maria Novella, Florence

Santa Maria Novella, Florence

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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 05:00

Alors un des scribes, qui avait entendu cette dispute, voyant que Jésus avait si bien répondu aux saducéens, s’approcha de lui, et lui demanda : Quel est le premier de tous les commandements ?

 

Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est celui-ci : Écoutez, Israël : Le Seigneur, votre Dieu, est le seul Dieu. Vous aimerez le Seigneur, votre Dieu, de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit et de toutes vos forces. C’est là le premier commandement.

 

Et voici le second, qui est semblable au premier : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Il n’y a point d’autre commandement plus grand que ceux-là.

 

Le scribe lui répondit : Maître ! ce que vous avez dit est très véritable, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui ; et que de l’aimer de tout son cœur, de tout son esprit, de toute son âme et de toutes ses forces, et son prochain comme soi-même, est quelque chose de plus grand que tous les holocaustes et que tous les sacrifices.

 

Jésus voyant qu’il avait répondu sagement, lui dit : Vous n’êtes pas loin du royaume de Dieu.

 

Et depuis ce temps-là personne n’osait plus lui faire de questions.

 

ÉVANGILE DE SAINT MARC

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Chapelle Tornabuoni, Basilique Santa Maria Novella, Florence

Chapelle Tornabuoni, Basilique Santa Maria Novella, Florence

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 22:10
Mayra Beltran/AP The flames completely engulfed the apartment complex, which was under construction when the fire started.

Mayra Beltran/AP The flames completely engulfed the apartment complex, which was under construction when the fire started.

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 12:00

Si l'on ne demande pas toujours à Dieu des choses préjudiciables, et dans des vues directement contraires au salut, au moins lui demande-t-on des biens purement temporels, et inutiles au salut.

 

Je ne veux pas dire que les biens temporels ne soient pas des dons de Dieu, ni qu'ils soient absolument contraires au salut : mais quand le sont-ils, et pourquoi Dieu les refuse-t-il alors ? quand nous ne les demandons, ni selon l'ordre qu'il a établi, ni par rapport à la fin qu'il a marquée.

 

Car, premièrement, on ne lui demande que les grâces temporelles, qui toutes se terminent aux besoins de cette vie ; et à peine pense-t-on aux spirituelles, à quoi le salut est attaché : les avantages de la fortune, la prospérité, le repos ; voilà ce que nous désirons et ce que nous recherchons, et ce que désirent, ce que recherchent aussi bien que nous les infidèles : Hœc enim omnia gentes inquirunt. Ce sont des biens, je l'avoue : mais ce sont des biens périssables, des biens d'un ordre inférieur à l'homme, et surtout à l'homme chrétien ; des biens dangereux, et sujets à se convertir en de vrais maux. Pour les biens solides et incorruptibles, c'est-à-dire la pureté des mœurs, la bonne conscience, l'humilité, la foi, l'amour du prochain, tout ce qui sert à sanctifier l'âme et qui en fait la perfection, disons-le, et confondons-nous en le disant, c'est à quoi nous sommes peu sensibles, et ce qui rarement nous attire au pied des autels.

 

Qui de vous a jamais eu recours à Dieu pour devenir plus modéré dans ses passions et plus réglé dans sa conduite ? On visite les tombeaux des martyrs ; mais pourquoi ? pour être guéri d'une maladie, et non point pour être délivré d'une tentation. On invoque les saints ; mais pourquoi ? pour être plus heureux et plus opulent, et non point pour être plus humble et plus ennemi des plaisirs. Ah ! mes Frères, s'écriait Salvien, si nous sommes affligés de calamités publiques, si nous sommes menacés d'une famine ou d'une contagion, s'il règne une mortalité parmi nous, nous courons en foule au temple du Dieu vivant ; tout retentit de nos gémissements et de nos prières : mais s'agit-il d'un libertinage qui déshonore le christianisme et qui désole l’Église, on nous voit tranquilles et sans inquiétude ; et, au lieu d'engager le ciel à faire cesser de scandaleuses impiétés, nous vivons en paix et dans la plus affreuse indolence. Ainsi nous prions comme ce malheureux Antiochus, dont la prière intéressée ne put trouver grâce devant Dieu : Orabat scelestus Dominun a quo non erat misericordiam consecuturus. Il priait, Orabat; et l'on ne peut douter qu'il ne priât avec toute l'ardeur possible : mais il priait en mondain, Orabat scelestus ; car il ne demandait à Dieu ni l'esprit de pénitence, ni le don de piété, ni le respect des choses saintes qu'il avait profanées, mais une santé qu'il préférait à tout le reste, et dont il était idolâtre : Orabat scelestus Dominum ; et c'est pour cela que le sein de la miséricorde lui était fermé : A quo non erat misericordiam consecuturus. Voilà comment nous prions ; mais en vain, puisque le Fils de Dieu n'a jamais prétendu se faire garant de telles prières, Pourquoi ? Consultons l'Evangile, il va nous l'apprendre.

 

Le Fils de Dieu dit à ses disciples : Si vous demandez quelque chose à mon Père, et que ce soit en mon nom que vous le demandiez, il vous l'accordera : Si quid petieritis Patrem in nomine meo, dabit vobis . Mais remarquez, c'est la réflexion de saint Augustin, remarquez bien cette parole : Si quid, par où Jésus-Christ nous fait entendre que ce que nous demandons en son nom doit être quelque chose, et quelque chose digne de lui, parce qu'autrement il ne lui conviendrait pas de s'employer pour nous. Or, tous les biens de la terre, séparés du salut éternel, ne sont rien devant Dieu. Les demander donc précisément à Dieu, c'est ne rien demander ; et quoique la promesse du Sauveur du monde soit générale ou semble l'être, ils n'y sont point par eux-mêmes compris. Pour vous en convaincre, écoutez ce qu'il ajoute à ses apôtres : Usque modo non petistis quidquam in nomine meo : Jusques à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Mais comment est-ce, reprend saint Augustin,que le Fils de Dieu leur pouvait tenir ce langage, puisqu'il est évident que les apôtres lui avaient déjà demandé plusieurs grâces ? saint Pierre, de demeurer sur le Thabor ; les enfants de Zébédée, d'être élevés aux deux premières places de son royaume. Ah ! répond ce saint docteur, il est vrai qu'ils lui avaient demandé ces sortes de grâces ; mais parce que ces grâces n'étaient que des avantages humains, et que dans l'idée du Sauveur, tous les avantages humains ne méritaient nulle estime, il croyait avoir droit de compter pour rien tout ce qu'ils lui avaient demandé : Usque modo non petistis quidquam. En effet, demeurer avec lui sur le Thabor, ce n'était qu'une douceur sensible que saint Pierre eût voulu goûter : occuper les premières places de son royaume, ce n'était dans l'intention des deux disciples qu'un vain honneur dont se repaissait leur ambition, parce qu'ils ne le concevaient pas tel qu'il est : mais le zèle des âmes, mais la constance dans les persécutions, mais le renoncement à eux-mêmes, c'étaient les grâces essentielles dont ils avaient besoin, et qui devaient les soutenir, les animer, les perfectionner dans leur ministère apostolique ; et c'est ce qu'ils n'avaient jamais demandé à leur Maître : Usque modo non petistis quidquam. Or, à combien de chrétiens ne pourrais-je pas faire aujourd'hui la même plainte ; et à combien même de ceux qui m'écoutent n'aurais-je pas lieu de dire, par la même raison : Mondain, vous n'avez rien demandé jusques à présent à votre Dieu, parce que vous ne lui avez encore jamais demandé le détachement et le mépris du monde : pécheur, vous ne lui avez rien demandé, parce que dans l'état de votre péché, vous ne lui avez encore jamais demandé voire conversion, jamais un cœur contrit et humilié, jamais la grâce de vous surmonter vous-même et de renoncer à vos habitudes : c'étaient là néanmoins les grâces, mais les grâces par excellence, que vous deviez désirer et rechercher.

 

De plus, quand le Sauveur du monde nous assure, dans l’Évangile, que tout ce que nous demanderons en son nom nous sera donné, il entend que nous demanderons selon la règle qu'il nous a lui-même prescrite. Car, comme remarque Tertullien, c'est lui-même qui, réduit la prière et l'animant de son esprit, lui a communiqué le pouvoir spécial et le privilège qu'elle a de monter au plus haut des cieux, et de toucher le cœur de Dieu, en lui exposant les misères des hommes : Ab ipso enim ordinata, et de ipsius spiritu animata jam tunc oratio,suo quasi privilegio ascendit in cœlum, commendans Patri quœ Filius docuit.

 

Or, quelle est cette règle divine selon laquelle le Fils de Dieu nous a ordonné de prier ? La voici : Cherchez, nous dit-il, avant toutes choses le royaume de Dieu et sa justice, et rien ne vous manquera. Demandez au Père céleste la sanctification de son nom, l'avènement de son règne, l'accomplissement de sa volonté, sans lui demander d'abord ce pain matériel qui vous doit servir d'aliment, et alors je vous seconderai. Mais si vous renversez cet ordre ; si, par un attachement au monde, indigne de votre profession, vous demandez le pain matériel avant le royaume de Dieu, ne vous appuyez plus sur mes mérites, tout infinis qu'ils sont, puisque votre prière, toute fervente qu'elle peut être, n'est plus selon le plan que j'ai tracé : Quœrite primum regnum Dei et justitiam ejus.

 

Ce n'est donc pas, Chrétiens, qu'on ne puisse absolument demander à Dieu les biens temporels, l'Eglise les demande elle-même pour nous : mais demandons-les comme l'Eglise, demandons-les après avoir demandé d'abord et sur toute chose les biens spirituels : demandons la bénédiction de Jacob, et non point celle d'Esaü. Belle figure, que l'exemple de ces deux frères. Écoutez l'application que j'en fais à mon sujet, et prenez garde : ils eurent tous deux dans leur partage la rosée du ciel, et tous deux ils eurent pareillement la graisse de la terre. En quoi furent-ils différents, et quelle marque l’Écriture donne-t-elle de l'élection de Jacob et de la réprobation d'Esaü ? Ah ! Chrétiens, c'est que dans la bénédiction de Jacob, la rosée du ciel fut exprimée avant la graisse de la terre : De rore cœli et de pinguedine terrœ sit benedictio tua ; au lieu que dans la bénédiction d'Esaü, il est parlé de la graisse de la terre avant la rosée du ciel : Det tibi de pinquedine terrœ et de rore cœli. Voilà ce qui se passe encore parmi nous, et ce qui discerne les prières chrétiennes de celles qui ne le sont pas.

 

Un juste et un homme du monde prient dans le même temple et au même autel ; mais l'un prie en juste et l'autre en mondain. Comment cela ? Est-ce que l'un ne demande à Dieu que les biens de la grâce, et l'autre que les biens de la terre ? Non ; car il se peut faire que le juste, avec les biens de la grâce, demande encore quelquefois les biens de la fortune, comme le mondain, et que le mondain, avec les biens de la fortune, demande aussi les biens de la grâce, comme le juste. Mais le mondain, conduit par l'esprit du monde, place les biens de la fortune devant les biens de la grâce : De pinguedine terrœ et de rore cœli ; et le juste, conduit par l'Esprit de Dieu, donne la préférence aux biens de la grâce sur les biens de la fortune : De rore cœli et de pinguedine terrœ. Il dit à Dieu : Seigneur, sanctifiez-moi, rendez-moi chaste, charitable, miséricordieux, patient : De rore cœli ; et puis, donnez-moi des biens de la terre ce qui peut m'être utile pour mon salut : Et de pinquedine terrœ. Mais l'homme du monde dit : Seigneur, faites-moi riche, grand, puissant : De pinguedine terrœ ; et ne me refusez pas aussi les grâces nécessaires pour bien vivre dans le monde : Et de rore cœli.

 

Prière de réprouvé. Quand nous prions de la sorte, faut-il s'étonner si Dieu ne nous écoute pas ?

 

 

BOURDALOUE, SUR LA PRIÈRE

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Chapelle, Santa Maria Novella, Florence, Domenico Ghirlandaio

Chapelle, Santa Maria Novella, Florence, Domenico Ghirlandaio

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