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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

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SALVE REGINA

3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 04:00

Alors le Seigneur parla à Moïse sur la montagne du Sinaï, et lui dit :

Allez, descendez ; car votre peuple que vous avez tiré de l’Egypte a péché.

Ils se sont retirés bientôt de la voie que vous leur aviez montrée : ils se sont fait un veau jeté en fonte, ils l’ont adoré ; et lui immolant des hosties, ils ont dit : Ce sont là vos dieux, Israël, qui vous ont tiré de l’Egypte.

 

Le Seigneur dit encore à Moïse : Je vois que ce peuple a la tête dure. Laissez-moi faire, afin que la fureur de mon indignation s’allume contre eux, et que je les extermine ; et je vous rendrai le chef d’un grand peuple.

 

Mais Moïse conjurait le Seigneur, son Dieu, en disant : Seigneur ! pourquoi votre fureur s’allume-t-elle contre votre peuple, que vous avez fait sortir de l’Egypte, avec une grande force et une main puissante ? Ne permettez-pas, je vous prie, que les Egyptiens disent : Il les a tirés d'Egypte avec adresse pour les tuer sur les montagnes, et pour les exterminer de la terre. Que votre colère s’apaise, et laissez-vous fléchir pour pardonner à l’iniquité de votre peuple. Souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, vos serviteurs, auxquels vous avez juré par vous-même, en disant : Je multiplierai votre race comme les étoiles du ciel, et je donnerai à votre postérité toute cette terre dont je vous ai parlé, et vous la posséderez pour jamais.

 

Alors le Seigneur s’apaisa ; et il résolut de ne point faire à son peuple le mal dont il venait de parler.

 

EXODE

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Moïse , Carlo Dolci

Moïse , Carlo Dolci

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 11:00

Car négliger cette lumière, beaucoup plus, la craindre et la fuir, c'est dire à Dieu que nous ne voulons pas qu'il nous prévienne de son amour, que nous ne voulons pas qu'il nous imprime la crainte de ses jugements, que nous ne voulons pas même qu'il nous donne de la confiance en lui, que nous ne voulons pas qu'il touche notre cœur, et qu'il en fasse un cœur pénitent et contrit : comment cela ? parce que, dans la doctrine de saint Augustin, la crainte de Dieu, l'amour de Dieu, la confiance en Dieu, la haine du péché, sont autant de grâces d'inspiration et d'affection, qui supposent essentiellement les grâces de lumière et de connaissance.

 

Du moment donc que nous renonçons par un aveuglement volontaire à cette grâce de connaissance , nous nous rendons incapables de tous les autres dons de Dieu, et de tous les sentiments qui pouvaient nous ramener à Dieu. Or, je vous demande si l'on peut rien concevoir de plus directement opposé au salut ? Prenez garde s'il vous plaît : tandis que nous avons ces connaissances qui nous règlent par rapport au salut, quelque pécheur du reste que nous soyons, Dieu agit encore dans nous ; et malgré la corruption de nos mœurs nous sommes toujours en quelque manière sous l'empire de sa grâce. D'où vient que le Sauveur disait : Marchez pendant que vous avez la lumière : Ambultate dum lucem habetis. Mais dès que cette lumière nous manque, toutes les opérations de la grâce cessent, et nous pouvons dire que nous cessons d'être nous-mêmes dans la voie du salut. Je dis plus : car non seulement ce péché d'un aveuglement volontaire nous ôte la lumière, mais il nous ôte même le désir d'avoir la lumière ; non seulement il nous fait sortir de la voie du salut, mais il nous fait perdre en quelque façon l'espérance d'y rentrer, puisqu'il est certain que le premier pas pour rentrer dans la voie du salut est de la chercher, de l'étudier, de vouloir l'apprendre.

 

Or, c'est à quoi ce péché a une essentielle opposition. Saint Chrysostome nous en donne la figure et la preuve dans l'exemple de l'aveugle de Jéricho. Cet aveugle eût-il jamais été guéri par le Fils de Dieu, s'il ne l'avait ardemment désiré ? non ; mais il cria, mais il pressa, mais il importuna, mais il témoigna une envie extrême de voir : Domine, ut videam : et c'est pour cela que Jésus-Christ lui rendit la vue. Nous ne faisons rien de semblable ; c'est-à-dire, nous n'avons pas même ce désir que Dieu nous éclaire, et nous ne pensons pas à l'exciter ni à le demander. Nous sommes donc dans le dernier éloignement où nous puissions être du royaume de Dieu. Je me trompe, il y a encore quelque chose de plus affreux dans ce péché; et quoi ? c'est que souvent, bien loin d'avoir cette volonté sincère d'être éclairés de Dieu, nous en avons une toute contraire ; et qu'au lieu de dire à Dieu : Seigneur, que je voie; nous nous disons secrètement à nous-mêmes, par un attachement opiniâtre à notre désordre : Que je ne voie jamais ce qui me gène, et ce qui ne servirait qu'à me troubler. Péché que je n'appelle plus simple péché, mais, si j'ose le dire, une fureur pareille à celle de l'aspic, qui, selon la comparaison du Saint-Esprit, se bouche les oreilles pour n'entendre pas la voix de l'enchanteur : Furor illis secundum similitudinem serpentis : sicut aspidis surdœ , et obturantis aures suas. Avec cette différence, dit saint Bernard, que quand l'aspic bouche ses oreilles, c'est pour conserver sa vie, au lieu que quand nous fermons les yeux à la vérité, c'est pour notre ruine et pour notre mort.

 

J'ai dit que ce péché seul mettait Dieu dans une espèce d'impuissance de nous sauver, et l'obligeait à nous dire, quoique dans un autre sens, ce que Jésus-Christ dit à l'aveugle dont je viens de vous proposer l'exemple : Quid tibi vis faciam ? A quoi m'obliges-tu, pécheur ? et dans l'état malheureux où je te vois, que veux-tu que je te fasse ? que je te sauve sans grâce ? cela n'est pas dans mon pouvoir. Que je te donne des grâces sans lumières ? il n'y en eut jamais de la sorte. Que par des lumières forcées je te sanctifie malgré toi ? ce n'est point l'ordre de ma providence. Que par un miracle spécial je change pour toi les lois de cette providence ? ma justice s'y oppose, et ma miséricorde même ne l'exige pas. Il faut donc, en m'accommodant à tes dispositions, que je te laisse périr, et parce que tu veux t'aveugler, que j'arrête le cours de mes grâces, puisqu'il n'y en a aucune qui te puisse convertir, tandis que tu persisteras à ne vouloir pas connaître les vérités du salut.

 

Je sais, Chrétiens, que Dieu peut, indépendamment de nous , pénétrer nos esprits de ses lumières. Je sais qu'il est de leur essence, en tant que ce sont des grâces, d'être produites dans nous sans nous-mêmes : In nobis , sine nobis, dit saint Augustin. Je sais qu'il ne nous est pas libre de les recevoir ou de ne les pas recevoir quoiqu'il nous soit libre, après les avoir reçues, d'en bien ou d'en mal user. Mais il est toujours vrai que, quand nous haïssons, quand nous fuyons ces lumières, nous formons tout l'obstacle à notre salut qu'une créature de sa paix y peut former ; et que, pour surmonter cet obstacle, il faudrait que Dieu employât des grâces extraordinaires, et qu'il fît un miracle de sa toute-puissance. Or, cela me suffit pour avoir droit de dire que cette espèce d'aveuglement est donc de tous les péchés le plus opposé à la conversion et au salut de l'homme.

 

Péché, mes chers auditeurs, où nous devons tous craindre de tomber, mais encore plus ceux qui, dominés par leurs passions, se laissent emporter au torrent du monde. Et voilà pourquoi je voudrais que tous ceux qui m'écoutent se proposassent aujourd'hui de faire tous les jours à Dieu cette prière que faisait si souvent David, et qui marquait si bien la droiture de son cœur : Revela oculos meos : Seigneur, éclairez-moi, et ouvrez-moi les yeux. Illumina tenebras meas : Seigneur, dissipez les ténèbres de mon esprit. Illustra faciem tuam super servum tuum : Faites rejaillir l'éclat de votre visage sur votre serviteur. Détrompez-moi des erreurs et des fausses maximes du siècle. Je suis aveugle, il est vrai ; mais au moins par votre miséricorde, ô mon Dieu, je ne me plais pas dans mon aveuglement, puisqu'au contraire je le déplore et que je l'ai en horreur. Je marche dans l'obscurité d'une foi languissante et imparfaite ; mais au moins je désire vos saintes lumières, je vous les demande, je suis dans l'impatience de les obtenir, je les préfère à toute la sagesse mondaine, je veux me disposer à les recevoir. Et parce que je sais que ce n'est point dans le bruit et le tumulte du monde que vous les répandez, et qu'au contraire c'est là qu'elles s'évanouissent, je veux désormais me séparer du monde ; je veux régler mes occupations et mes conversations, et en retrancher le superflu ; je veux m'occuper de vous et de moi-même, afin que dans le silence d'une vie tranquille et intérieure je puisse entendre votre voix, et profiter de vos divines instructions. Ah ! mon Dieu, changez donc et purifiez mon cœur : Cor mundum crea in me, Deus. Et comme il ne peut être réglé que par les connaissances de l'esprit, renouvelez le mien : Et spiritum rectum innova in visceribus meis. Donnez-moi cette intelligence qui fait les prédestinés et les saints : Da mihi intellectum, ut sciam justificationes tuas.

 

Si je vous la demande, Seigneur, ce n'est point pour me rendre plus habile dans les affaires du monde, ce n'est point pour avoir l'estime et l'approbation du monde, ce n'est point pour me distinguer et pour m'élever dans le monde : je serai toujours assez distingué, Seigneur, quand je serai devant vous et auprès de vous ; je serai toujours assez grand, quand je vous craindrai. Mais donnez la-moi pour n'ignorer rien dans ma condition de tous mes devoirs, pour savoir toutes vos volontés, et pour les accomplir. Je puis me passer de tout le reste, et je renonce même absolument à tout le reste, s'il me conduit là : Ut sciam justificationes tuas.

 

C'est ainsi, Chrétiens, que vous vous préserverez de ce premier aveuglement, qui de lui-même est péché. Parlons maintenant du second, qui est la cause du péché. C'est la seconde partie.


 

BOURDALOUE, SUR L'AVEUGLEMENT SPIRITUEL

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Frankish Psalter, 1279, Cathedral Library of Esztergom, Hungary

Frankish Psalter, 1279, Cathedral Library of Esztergom, Hungary

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 04:00

Voici ce que dit le Seigneur : Je vous ai exaucé au temps favorable ; je vous ai assisté au jour du salut ; je vous ai conservé, et je vous ai établi pour être le réconciliateur du peuple, pour réparer la terre, pour posséder les héritages dissipés ; pour dire à ceux qui étaient dans les chaînes, Sortez de prison ; et à ceux qui étaient dans les ténèbres, Voyez la lumière. Ils paîtront dans les chemins, et toutes les plaines leur serviront de pâturages.

 

Ils n’auront plus ni faim ni soif ; la chaleur et le soleil ne les brûleront plus ; parce que celui qui est plein de miséricorde pour eux les conduira, et les mènera boire aux sources des eaux.

 

Alors je changerai toutes mes montagnes en un chemin aplani, et mes sentiers seront rehaussés.

 

Je vois venir de bien loin, les uns du septentrion, les autres du couchant, et les autres de la terre du midi.

 

Cieux, louez le Seigneur ; terre, soyez dans l’allégresse ; montagnes, faites retentir ses louanges : parce que le Seigneur consolera son peuple, et qu’il aura compassion de ses pauvres.

 

Cependant Sion a dit : Le Seigneur m’a abandonnée ; le Seigneur m’a oubliée.

 

Une mère peut-elle oublier son enfant, et n’avoir point compassion du fils qu’elle a porté dans ses entrailles ? Mais quand même elle l’oublierait, pour moi je ne vous oublierai jamais.

 

ISAÏE

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

River Bank with Herdsmen, Jan Asselyn

River Bank with Herdsmen, Jan Asselyn

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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 11:00

Soit que nous consultions la foi, soit que nous en jugions par les principes de la droite raison, il est certain qu'il y a un aveuglement qui de lui-même est criminel, parce qu'il est volontaire et même affecté.

 

C'est-à-dire qu'il y a un aveuglement que nous entretenons dans nous, d'où nous ne voulons pas sortir, et que nous préférons secrètement à toutes les lumières de la vérité. Un aveuglement qui fait que le pécheur craint de trop voir, et qu'il évite de connaître, ou le mal qu'il fait, ou le bien qu'il ne fait plus, et qu'il est intérieurement déterminé à ne pas faire. Comme s'il disait : Je ne veux pas être plus éclairé que je suis ; j'ignore mes obligations, mais je veux bien les ignorer, ou du moins ne les pas approfondir ; mon aveuglement me plaît, il m'est commode ; et, bien loin d'en être en peine et de vouloir le corriger, je m'en fais un fonds de tranquillité et de paix, dont dépend toute la douceur et tout le bonheur de ma vie. Telle est la nature de ce péché.

 

Mais se trouve-t-il dans le monde des âmes assez insensées pour en venir jusque-là ? Oui, mes chers auditeurs, le monde en est plein ; et ce qui marque encore bien plus la corruption du monde, c'est que l'on en vient jusque-là sans passer pour insensé. Car si ce péché était, dans l'opinion des hommes, généralement décrié et reconnu pour folie, il serait plus rare et moins contagieux; mais aujourd'hui c'est un désordre commun que l'esprit perverti du monde a su même, en quelque façon, autoriser par le nombre et la qualité de ceux qui y sont engagés.

 

En effet, Chrétiens, prenez garde à cette induction qui va vous développer ma pensée, et qui me servira d'abord de preuve.

 

Je dis que cet aveuglement volontaire et affecté est le péché des libertins et des prétendus athées , qui, dans eux-mêmes et par les seules vues naturelles, ont des lumières plus que suffisantes pour connaître Dieu, et qui par conséquent ne peuvent l'effacer de leur esprit, ni cesser de croire en lui, que parce qu'ils ne veulent pas s'assujettir à lui, et qu'à force de l'offenser, ils parviennent enfin à l'oublier et ensuite à le méconnaître. Excellente idée que Tertullien donnait autrefois de l'athéisme, lorsque, après avoir démontré que Dieu en qualité de premier être est le plus connu de tous les êtres, il concluait que le désordre des impies était de ne vouloir pas reconnaître celui qu'ils ne pouvaient jamais absolument ignorer : Et hœc est summa delicti nolentium recognoscere quem ignorare non possunt. Où vous remarquerez que ce grand homme, bien éloigné de donner dans les vaines subtilités,de certains théologiens modernes, ni de raisonner comme eux, en faisant de dangereuses suppositions sur ce qui regarde l'existence et la foi d'un Dieu, n'admettait point d'ignorance de Dieu qui selon lui ne fût un crime monstrueux ; et cela fondé sur la parole expresse de saint Paul, lequel a toujours traité d'inexcusables ceux qu'une téméraire présomption aveugle jusqu'à douter de la Divinité : Invisibilia ejus per ea quœ facta sunt, intellecta conspiciuntur, ita ut sint inexcusabiles. L'insensé, dit le Saint-Esprit, a balancé entre sa raison et son cœur : sa raison lui a dit qu'il y avait un Dieu, et son cœur rebelle lui a dit qu'il n'y en avait point ; et parce que son cœur a malheureusement prévalu sur sa raison, malgré les vues de sa raison il a suivi le mouvement de son cœur, jusqu'à conclure, conformément à ses désirs, qu'il n'y a point de Dieu dans l'univers : Dixit insipiensin corde suo : Non est Deus. Aveuglement volontaire et affecté, qui dans la société des hommes fait les libertins de créance et de religion.

 

Je dis que c'est le péché de certains hérétiques de mauvaise foi, qui ne sont tels que parce qu'ils sont déterminés à l'être. Car il y en a dont la prévention va jusqu'à ne vouloir pas même s'instruire, jusqu'à rejeter indifféremment et sans choix tout ce qui serait capable de les convaincre, jusqu'à concevoir une secrète aversion pour la vérité, jusqu'à se faire un point de conduite et un principe de ne revenir jamais de leurs erreurs. Prévention que saint Augustin condamnait dans les manichéens, quand il leur reprochait qu'ils avaient moins de docilité pour les sacrés oracles de l’Écriture et pour la parole de Dieu, que pour les traditions humaines et pour les livres des profanes. Aveuglement volontaire et affecté, qui fait les schismatiques et les hérétiques.

 

Je dis que c'est le péché des sensuels et des voluptueux, qui, pour goûter avec moins de trouble leurs infâmes plaisirs, ne veulent pas même entendre parler des vérités éternelles, et ont l'audace de dire à Dieu ce que le saint homme Job leur mettait dans la bouche, pour exprimer le malheur ou plutôt le dérèglement de leur conduite : Et dixerunt Deo : Recede a nobis, scientiam viarum tuarum nolumus ; Ils ont dit à Dieu : Retirez-vous de nous, Seigneur, et cessez de répandre dans nos esprits cette science, quoique divine, qui nous découvre malgré nous les voies de salut. C'est une science importune ; et, dans la possession où nous sommes de vivre au gré de nos passions et de satisfaire nos sens, elle ne ferait que nous inquiéter et que nous alarmer. Réservez pour d'autres ces vives lumières qui sont les dons précieux de votre grâce : nous ne sommes pas encore disposés à les recevoir, il en coûte trop pour les suivre, et même il en coûterait trop, si nous les avions, pour ne les pas suivre : il vaut mieux pour notre repos que nous en soyons privés. Il est vrai que la science de vos commandements et de votre loi est la science des saints ; mais elle engage à des choses trop pénibles et trop contraires à toutes nos inclinations, pour souhaiter même que vous nous l'accordiez. Ce renoncement à soi-même, ce crucifiement de la chair, cette nécessité indispensable de la pénitence, tout cela, si nous y pensions, nous désolerait ; et la vue que nous en aurions empoisonnerait ce qu'il y a pour nous dans le monde de plus agréable et de plus doux. Nous aimons mieux passer nos jours dans une ignorance profonde, et être moins instruits, Seigneur, de ce que vous nous commandez, afin de pouvoir jouir sans remords des plaisirs que vous nous défendez. Car c'est ainsi que ces partisans du monde, esclaves de la passion et dominés par la sensualité, s'en expliquent, ou du moins c'est ainsi qu'ils le pensent. Aveuglement volontaire et affecté, qui fait les charnels et les impudiques.

 

Je dis que c'est le péché de certains esprits pleins d'eux-mêmes, qui, par un effet pitoyable de leur orgueil, ne peuvent supporter la Vérité, du moment que la vérité les humilie ; qui dès là s'opiniâtrent à la fuir, au lieu qu'ils devraient pour cela même la chercher ; qui, comme dit saint Augustin, aiment cette vérité quand elle leur est favorable, mais qui l'abaissent, qui la rejettent quand ils en craignent la censure : Amant lucentem, oderunt redarguentem. Le péché de ceux qui, possédés de leur amour-propre, ne veulent pas voir leurs défauts, quoique grossiers, et ne peuvent souffrir d'en être repris ; qui prennent pour offenses les plus charitables avis qu'on leur donne, et les plus salutaires remontrances qu'on leur fait ; qui, bien loin de les recevoir comme de bons offices, s'en font des sujets de ressentiment et d'aigreur, et ne se tiennent obligés qu'à ceux qui, par une fausse amitié ou par une lâche complaisance, ont soin de leur cacher tout ce qui les blesse, de leur dissimuler tout ce qui les mortifie, quelque vrai qu'il puisse être d'ailleurs, et quoiqu'il fût si utile et si nécessaire pour eux de le connaître. Le péché de ceux qui veulent même qu'on leur applaudisse jusque dans leurs faiblesses, et qu'on les loue, comme parle l’Écriture, jusque dans les désirs de leurs âmes, c'est-à-dire jusque dans leurs passions les plus violentes et dans leurs entreprises les plus injustes, qui mettent tout leur bonheur à être flattés et trompés ; qui comptent le mensonge pour un bienfait, et l'adulation pour une marque de respect : Hi nimirum ( ce sont les termes de saint Jérôme dans la belle peinture qu'il nous en a tracée) gaudent ad circumventionem suam, et illusionem pro beneficio ponunt. Aveuglement volontaire et affecté, qui fait les incorrigibles.

 

Enfin, je dis que c'est le péché d'une infinité de chrétiens qui, par une autre erreur encore plus damnable, ne veulent pas s'éclaircir sur certains faits, sur certains doutes, sur certains troubles de conscience, parce qu'ils sentent bien, pour peu qu'ils se sondent eux-mêmes, qu'ils ne sont pas dans la disposition d'accomplir des devoirs à quoi cet éclaircissement leur ferait voir qu'ils sont obligés. Et voilà ceux que le Prophète avait en vue dans le psaume trente-cinquième, et dont il disait : Noluit intelligere ut bene ageret : Le pécheur n'a pas voulu savoir le bien, parce qu'il ne l'a pas voulu faire. Ainsi un homme, auparavant obscur et inconnu, s'est poussé par ses intrigues dans ces emplois où, sans un miracle de la grâce, il est presque aussi impossible de se sauver qu'il est facile de s'enrichir en très peu d'années. On l'a vu s'élever de l'extrême indigence ou d'un état médiocre, à une prospérité qui scandalise le public. Chargé de l'administration du bien d'autrui, dans le maniement qu'il en a fait, il n'a eu ni l'exactitude, ni peut-être la bonne foi nécessaire pour ne pas confondre les intérêts du prochain avec les siens propres. Celui-ci, dans les fonctions de la magistrature, a cent fois montré, aux dépens du faible et du pauvre, ce qu'il pouvait en faveur de ses amis. Celui-là, pourvu dans l’Église de bénéfices, en a joui et en a dissipé les revenus, sans avoir égard aux obligations onéreuses qui y étaient attachées. Si, dans chacun de ces états, l'on venait, après quelque temps, à entrer dans la discussion des choses, et à peser tout dans la balance du sanctuaire, il est évident qu'on y trouverait bien des comptes à rendre, bien des injustices à réparer, bien des restitutions à faire. Or, tout cela embarrasserait et réduirait à des extrémités fâcheuses. Que fait-on ? Pour s'en ôter l'inquiétude et le scrupule, on s'en ôte la connaissance. On s'étourdit là-dessus, on prend le parti de n'y point penser. Faut-il cependant s'acquitter d'un devoir de religion ; faut-il, pour satisfaire au précepte de l’Église, approcher du tribunal de la pénitence, on cherche un confesseur commode, c'est-à-dire un confesseur peu habile ou peu zélé, qui, content de voir à ses pieds l'iniquité couverte des apparences de l'humilité, délie sur la terre ce que Dieu dans le ciel ne déliera jamais ; et, sans rien exiger davantage qu'une confession légère et superficielle, bénit encore Dieu d'une prétendue conversion, sur laquelle les anges de la paix et les vrais ministres du Seigneur ne peuvent assez amèrement pleurer. Aveuglement qui fait les insensibles et les endurcis.

 

Or, j'ai ajouté et je soutiens que, de tous les péchés dont l'homme est capable, il n'y en a point de plus contraire au salut. Pourquoi ? En voici la raison, qui est sans réplique : parce que cet aveuglement volontaire exclut la première de toutes les grâces, qui est la lumière divine ; et par l'exclusion de cette première grâce, nous met dans une espèce d'impossibilité de parvenir à aucune autre grâce. C'est la pensée de saint Augustin : d'où il s'ensuit que ce péché ferme, pour ainsi dire, à Dieu la porte de notre cœur, et réduit Dieu, tout Dieu qu'il est, à moins qu'il n'use de son souverain empire et qu'il ne fasse un dernier effort de sa miséricorde , comme dans l'impuissance de nous sauver. Ecoutez-moi, et vous en allez convenir. Point de péché plus contraire au salut que celui-là. Car, dans tous les principes de la théologie, la première grâce du salut, c'est la lumière qui nous découvre les voies de Dieu, et qui nous fait connaître nos devoirs : lumière absolument nécessaire, puisque dans l'ordre de la grâce aussi bien que dans l'ordre de la nature, pour agir librement il faut connaître, et pour connaître il faut être éclairé de Dieu.

 

Que faisons-nous donc quand nous rejetons cette lumière ? nous détruisons dans nous-mêmes le fondement du salut ; et par l'obstacle que nous apportons à cette seule grâce, nous renonçons, autant qu'il est en nous, à toutes les autres grâces que Dieu tenait en réserve dans les trésors de sa miséricorde, et par où il voulait nous convertir et nous attacher à Lui.

 

BOURDALOUE, SUR L'AVEUGLEMENT SPIRITUEL

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Les pèlerins d'Emmaüs, Rembrandt, Musée Jacquemart-André, Paris

Les pèlerins d'Emmaüs, Rembrandt, Musée Jacquemart-André, Paris

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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 04:00

Ce jour-là même la main du Seigneur fut sur moi, et il me mena en esprit à Jérusalem : L’homme qui me conduisait me fit revenir vers la porte de la maison du Seigneur : et je vis des eaux qui sortaient de dessous la porte vers l’orient : car la face de la maison regardait vers l’orient. Or les eaux descendaient au côté droit du temple, vers le midi de l’autel. Et il me fit sortir par la porte du septentrion, et me fit tourner par le chemin de dehors la porte, vers le chemin qui regarde à l’orient : et je vis que les eaux venaient en abondance du côté droit.

 

L’homme qui me conduisait, sortant donc vers l’orient, et ayant un cordeau à la main, mesura un espace de mille coudées, qu’il me fit passer dans l’eau, dont j’avais jusqu’à la cheville des pieds.

Il mesura un autre espace de mille coudées, qu’il me fit aussi passer dans l’eau ; et j’en avais jusqu’aux genoux.

Il mesura un troisième espace de mille coudées, qu’il me fit encore passer dans l’eau ; et j’en avais jusqu’aux reins.

Enfin il mesura un quatrième espace de mille coudées ; et je trouvai que c’était alors comme un torrent que je ne pus passer, parce que les eaux s’étaient tellement enflées, et le fleuve était devenu si profond qu’on ne pouvait le passer à gué.

 

Alors il me dit : Certes vous l’avez bien vu, fils de l’homme. Et il me fit aussitôt sortir en me menant au bord du torrent. M’étant ainsi tourné, j’aperçus une très grande quantité d’arbres des deux côtés sur le bord de ce torrent.

 

Et il me dit : Ces eaux qui en sortant amassent des monceaux de sable vers l’orient, et qui descendent dans la plaine du désert, entreront dans la mer et en sortiront, et les eaux de la mer seront adoucies.

Et tout animal vivant qui rampe, vivra partout où viendra le torrent ; et il y aura une grande quantité de poissons où ces eaux viendront se rendre ; et tout ce qui sera abreuvé de l’eau de ce torrent, sera guéri et vivra.

Les pêcheurs se tiendront sur ces eaux ; et depuis Engaddi jusqu’à Engallim on séchera des filets. Il y aura beaucoup d’espèces différentes de poissons, et en très grande abondance, comme il y en a dans la Grande mer.

Mais dans ses rivages et dans les marais qu’elle forme, les eaux ne seront point adoucies, parce qu’elles sont destinées pour les salines.

Il s’élèvera aussi sur les bords et aux deux côtés du torrent toutes sortes d’arbres fruitiers. Leurs feuilles ne tomberont point, et ils ne manqueront jamais de fruits. Ils en porteront de nouveaux tous les mois, parce que les eaux du torrent seront sorties du sanctuaire : leurs fruits serviront pour nourrir les peuples, et leurs feuilles pour les guérir.

 

ÉZÉCHIEL

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Mountainous Landscape, Gerrit van Battem

Mountainous Landscape, Gerrit van Battem

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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 11:00

Prœteriens Jesus, vidit hominem cœcum a nativitate.

Lorsque Jésus passait, il vit un homme qui était aveugle dès sa naissance. (Saint Jean, chap. IX, 1.)

 

Ce fut un prodige bien surprenant que celui qui parut dans le monde, et qui est rapporté dans l'Ecriture au chapitre dixième de l'Exode, quand Moïse, disposant à son gré, ou plutôt selon l'ordre et le gré de Dieu, des ténèbres et de la lumière, partagea tellement l'Egypte, que tout ce qui était habité par les Egyptiens se trouva couvert d'une obscure et profonde nuit, en sorte qu'ils ne se distinguaient pas les uns les autres ; au lieu que les Israélites, dans l'étendue du même pays, jouissaient d'un air pur et serein : Et factœ sunt tenebrœ horribiles in universa terra Aegypti ; ubicumque autem habitabant filii Israël, lux erat .

 

Mais j'ose dire, Chrétiens, que voici encore quelque chose de plus prodigieux dans notre évangile, où le Saint-Esprit nous fait paraître des hommes aveuglés par le même miracle qui sert à ouvrir les yeux aux aveugles mêmes, et à leur rendre l'usage de la vue. En effet, le Sauveur du monde, usant de ce pouvoir absolu qu'il avait reçu de son Père, et qu'il exerçait comme Dieu, guérit un pauvre, aveugle depuis sa naissance ; et ce miracle produit tout à la fois deux effets bien opposés. Il éclaire l'aveugle-né, et il aveugle les pharisiens.

 

Il éclaire l'aveugle-né, en lui faisant connaître, beaucoup plus encore par les yeux de l'esprit que par les yeux du corps, l'auteur de son salut, et en l'engageant à l'adorer et à lui rendre hommage comme à son Dieu : Et procidens, adoravit eum. Et il aveugle les pharisiens, en leur servant d'occasion pour s'obstiner davantage dans leur incrédulité, et pour refuser plus opiniâtrement de se soumettre à la vérité connue. Deux effets en quoi consistait ce jugement adorable, mais redoutable, dont parlait le Fils de Dieu, et pour lequel il avait été envoyé. Car je suis venu dans le monde, disait-il ; et le jugement que j'y dois exercer est que ceux qui ne voient pas verront, et que ceux qui voient cesseront de voir : In judicium ego in hunc mundum veni, ut qui non vident videant, et qui vident cœci fiant. C'est-à-dire : Je suis venu pour guérir l'aveuglement intérieur des âmes humbles et dociles, qui cherchent Dieu de bonne foi, et pour redoubler au contraire, par la soustraction des dons de la grâce, l'aveuglement de ces âmes présomptueuses et superbes que leur orgueil éloigne de Dieu.

 

Or, voici, Chrétiens, ce jugement accompli ; car l'aveugle de notre évangile était un homme simple et ignorant, et les pharisiens étaient les sages et les spirituels du judaïsme. Cependant ces sages demeurent dans une infidélité criminelle, et ce pauvre est rempli des plus pures lumières de la foi. Ces spirituels et ces intelligents deviennent plus aveugles que jamais, et cet aveugle est tout à coup instruit, et pénètre ce qu'il y a de plus saint et de plus divin dans la religion : Ut qui non vident videant, et qui vident cœci fiant. Jugement qui se renouvelle encore tous les jours au milieu de nous. Mais sans m'arrêter à ce qu'il a de favorable pour les uns sur qui Dieu répand toutes les richesses de sa miséricorde, je veux seulement vous le représenter dans ce discours par ce qu'il a de terrible et d'effrayant pour les autres, sur qui Dieu déploie toute la sévérité de sa justice.

 

C'est donc, mes chers auditeurs, de l'aveuglement spirituel que je prétends vous entretenir ; de cet aveuglement intérieur qui va jusques à l'âme, et qui la tient plongée dans les plus grossières et les plus funestes erreurs ; de cet aveuglement, dont saint Augustin disait en s'adressant ci Dieu : Malheur à ces aveugles qui ne vous voient point, ô mon Dieu, et dont les yeux, couverts d'un nuage épais, ne découvrent point vos divines vérités ! Vœ caliginantibus ocidis qui te non vident ! Je vais vous en faire connaître les différentes espèces, après que nous aurons invoqué le Saint-Esprit par l'intercession de Marie : Ave, Maria.

 

Il n'y a point de matière sur laquelle l'Ecriture se soit expliquée dans des termes plus différents et même en apparence plus contraires, que sur l'aveuglement spirituel ; car tantôt elle l'impute à la malice des hommes : Excœcavit illos malitia eorum ; tantôt à la vengeance de Dieu : Excœca cor populi hujus ; tantôt au démon, qu'elle appelle le dieu du siècle : In quibus deus hujus sœculi excœcavit mentes infidelium. Quelquefois elle déplore cet aveuglement intérieur comme malheureux, et d'autres fois elle le déteste comme criminel ; quelquefois elle en fait un sujet d'excuse : Ignosce illis, nesciunt enim quid faciunt ; et d'autres fois un sujet de reproches : Vœ vobis, duces cœci et duces cœcorum. Or, c'est la diversité, ou, si vous voulez, l'apparente contrariété de ces expressions, qui a fait naître sur cette matière tant d'embarras, et qui l'a rendue si difficile à développer. Cependant, pour l'éclaircir autant qu'il m'est possible, et pour accorder ensemble tous ces textes de l’Écriture, voici le dessein que je nie propose, et que je vous prie de bien comprendre.

 

Je distingue, avec le docteur angélique saint Thomas, trois sortes d'aveuglements : un aveuglement qui de lui-même est péché, un aveuglement qui est la cause du péché, et un aveuglement qui est l'effet du péché. Aveuglement, péché ; c'est celui qui nous est marqué dans ces paroles de la Sagesse : Leur propre malice les a aveuglés : Excœcavit illos malitia eorum. Aveuglement, cause du péché; ce fut celui de saint Paul, qui disait de lui-même : J'ai été un blasphémateur, j'ai été un persécuteur de l’Église ; mais du reste, je l'ai été par ignorance : Ignorans feci. Aveuglement, effet du péché ; c'est celui dont parlait Isaïe, en demandant à Dieu qu'il aveuglât le cœur de son peuple : Excœca cor populi hujus. Vous verrez le rapport qu'ont à ces trois points toutes les questions qui regardent l'aveuglement de l'esprit.

 

Mais, auparavant, je fonde sur ces principes de saint Thomas trois propositions qui me paraissent d'une utilité infinie pour l'édification de vos âmes, et qui vont partager ce discours. Car je dis que l'aveuglement qui de lui-même est péché, est, de tous les péchés, le plus pernicieux et le plus contraire au salut ; c'est la première partie. Je dis que l'aveuglement qui est cause du péché, est communément, pour servir de prétexte au péché, l'excuse la plus frivole et la moins recevable ; c'est la seconde partie. Je dis que l'aveuglement qui est l'effet du péché, est la peine la plus terrible dont Dieu, dans cette vie, puisse punir le pécheur; ce sera la conclusion.

 

Aveuglement, comble du péché, vaine excuse du péché ; et dans cette vie, dernière vengeance du péché, donnez à ces trois points importants toute votre attention.

 

BOURDALOUE, SUR L'AVEUGLEMENT SPIRITUEL

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Ecclesia, Cathédrale de Strasbourg

Ecclesia, Cathédrale de Strasbourg

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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 04:00

Parole du Seigneur : Je vais créer de nouveaux cieux et une terre nouvelle ; et tout ce qui a été auparavant, s’effacera de la mémoire, sans qu’il revienne dans l’esprit.

 

Mais vous vous réjouirez, et vous serez éternellement pénétrés de joie dans les choses que je vais créer ; parce que je vais rendre Jérusalem une ville d’allégresse, et son peuple un peuple de joie.

 

Je prendrai mes délices dans Jérusalem, je trouverai ma joie dans mon peuple, et on n’y entendra plus de voix lamentables ni de tristes cris.

 

On n’y verra point d’enfant qui ne vive que peu de jours, ni de vieillard qui ne remplisse le temps de sa vie ; parce que celui qui sera un enfant, de cent ans mourra, et le pécheur de cent années sera maudit.

 

Ils bâtiront des maisons, et ils les habiteront ; ils planteront des vignes, et ils en mangeront le fruit.

 

ISAÏE

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Mountain Torrent after the Storm, Robert Russ

Mountain Torrent after the Storm, Robert Russ

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