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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 11:00

Propter quod dico tibi, remittuntur ei peccata multa, quoniam dilexit multum.

C'est pourquoi je vous déclare que beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. (Saint Luc, chap. VII, 47.)

 

C'est ce que le Sauveur du monde répondit au pharisien, en parlant de cette femme pécheresse dont notre évangile nous représente la conversion. Réponse dont je me sers, non pas pour faire l'éloge de cette illustre pénitente, mais l'éloge du divin amour qui la sanctifia. Le désordre de Madeleine fut d'avoir beaucoup aimé, et par un changement visible de la main du Très-Haut, la sainteté de Madeleine consista à aimer beaucoup.

 

Son amour en avait fait une esclave du monde ; et par un effet merveilleux de la grâce, son amour en fit une prédestinée, et une épouse de Jésus-Christ. Ce qui avait été son crime devint sa justification ; et l'amour chaste du Créateur fut le remède salutaire qui la guérit dans un moment de l'amour impur et profane des créatures. Miracle de l'amour de Dieu, dont je prétends faire le sujet de ce discours ; miracle que Dieu, par une providence singulière, a voulu rendre public, afin que les pécheurs du siècle eussent dans cet exemple et un puissant motif de confiance, et un parfait modèle de pénitence. Un puissant motif de confiance, pour ne pas tomber dans le désespoir, quelque éloignés qu'ils puissent être des voies de Dieu : et un parfait modèle de pénitence, pour ne pas donner dans une dangereuse présomption, en comptant sur la miséricorde de Dieu.

 

Car, c'est ici que je pourrais bien dire à une âme mondaine, troublée des remords de sa conscience, ce que saint Ambroise dit à l'empereur Théodose : Qui secutus es errantem, sequere pœnitentem. Ce saint évêque parlait de David; et moi, mon cher auditeur, je parle de Madeleine, et je vous dis : Si vous avez eu le malheur de suivre cette pécheresse dans les égarements de sa vie, rassurez-vous, puisque, toute pécheresse qu'elle était, elle n'a pas laissé de trouver grâce devant Dieu. Mais d'ailleurs tremblez, si, l'ayant suivie dans ses égarements, vous n'avez pas le courage de la suivre dans son retour. Car que doit-on et que peut-on espérer de vous, si vous ne profitez pas d'un exemple si touchant, après qu'il a converti tant d'âmes endurcies, et s'il ne fait pas sur vous les plus fortes impressions ?

 

Madeleine est la seule qui paraisse, dans l'Evangile, s'être adressée à Jésus-Christ sans autre vue que d'obtenir la rémission de ses péchés. Plusieurs, encore charnels, recouraient à lui pour des grâces purement temporelles, pour être guéris de leurs maladies, pour être délivrés du démon qui les tourmentait ; mais Madeleine déjà chrétienne et d'esprit et de cœur, ne cherche, en cherchant ce Sauveur des hommes, que la guérison de son âme; et convaincue que son péché est son unique et souverain mal, elle ne lui demande point d'autre miracle que celui de sa conversion. Voyons par où elle y parvint, et implorons auparavant le secours du ciel par l'intercession de la Mère de Dieu. Ave, Maria.

 

C'est une question qui se présente d'abord, et dont la difficulté, fondée sur l’Évangile même, a besoin d'éclaircissement : savoir, si les péchés de Madeleine lui furent remis parce qu'elle aima beaucoup ; ou si elle aima beaucoup parce que ses péchés lui avaient été remis. A en juger par les paroles de mon texte, la première de ces deux propositions est incontestable, puisque le Sauveur du monde déclare en termes exprès, que parce que cette pénitente a beaucoup aimé, beaucoup de péchés lui sont pardonnes : Remittuntur ei peccata multa, quoniam dilexit multum. La seconde, quoique contraire en apparence, n'est pas moins certaine, puisque c'est une conséquence nécessaire du raisonnement que fait ensuite le Fils de Dieu, et qu'il tire de la comparaison de deux débiteurs, dont l'un à qui l'on remet plus se croit plus obligé d'aimer que l'autre à qui l'on a moins remis. D'où Jésus-Christ prétend conclure que Madeleine aimait donc plus que le pharisien, parce qu'on lui avait plus pardonné de péchés : Quis ergo eum plus diligit ? œstimo quia is cui plus donavit. Il est aisé, Chrétiens, de concilier ces deux propositions ; et pour les réduire à un point de morale où je me renferme, mais qui sera d'une grande instruction, disons avec saint Chrysostome que l'une et l'autre est également vraie : c'est-à-dire qu'il est également vrai, et que Madeleine obtint la rémission de ses péchés parce qu'elle avait beaucoup aimé, et qu'elle aima beaucoup parce qu'elle avait obtenu la rémission de ses péchés ; en sorte que le pardon que Jésus-Christ lui accorda fut tout ensemble et l'effet et le principe de son amour.

 

Pour mieux entendre ma pensée, distinguons un double amour de Dieu ; l'un qui précède la conversion, l'autre qui la suit ; l'un que j'appelle amour pénitent, et l'autre amour reconnaissant ; l'un qui fit rentrer Madeleine en grâce avec Jésus-Christ, et l'autre qui la fit pleinement correspondre à la grâce qu'elle avait reçue de Jésus-Christ. Appliquez-vous.

 

Madeleine encore mondaine et pécheresse, lassée de marcher dans la voie de perdition, se sentit touchée tout à coup de repentir, mais d'un repentir plein de confiance, et c'est ainsi qu'elle plut au Fils de Dieu. Madeleine convertie, et sensible à l'insigne faveur qu'elle venait d'obtenir dans le pardon de ses crimes, fut tout à coup pénétrée de la plus parfaite reconnaissance, et ne pensa plus qu'à se dévouer pour jamais au Fils de Dieu.

 

Or, voilà par où je résous la difficulté que j'ai d'abord proposée. Car je dis que ce fut l'amour pénitent de Madeleine qui la réconcilia avec Jésus-Christ; et j'ajoute qu'une si prompte réconciliation avec Jésus-Christ excita dans son cœur l'amour reconnaissant qui l'attacha pour toujours à cet adorable et aimable maître. En deux mots, ses péchés lui furent remis parce qu'elle aima beaucoup de cet amour qu'inspire la vraie pénitence ; ce sera la première partie : et elle aima beaucoup de cet amour qu'inspire la reconnaissance, parce que ses péchés lui avaient été remis; ce sera la seconde. L'une justifiera la miséricorde du Sauveur envers Madeleine ; l'autre vous apprendra comment Madeleine s'acquitta de ce qu'elle devait à la miséricorde du Sauveur, et c'est tout mon dessein.

 

BOURDALOUE, SUR LA CONVERSION DE MADELEINE

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Madeleine pénitente, Angelo Caroselli

Madeleine pénitente, Angelo Caroselli

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 04:00

Jésus s’en alla sur la montagne des Oliviers. Mais dès la pointe du jour il retourna au temple, où tout le peuple s’amassa autour de lui ; et s’étant assis, il commença à les instruire.

 

Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme qui avait été surprise en adultère ; et la faisant tenir debout au milieu du peuple, ils dirent à Jésus : Maître ! cette femme vient d’être surprise en adultère. Or Moïse nous a ordonné dans la loi, de lapider les adultères. Quel est donc sur cela votre sentiment ?

 

Ils disaient ceci en le tentant, afin d’avoir de quoi l’accuser.

Mais Jésus se baissant, écrivait avec son doigt sur la terre.

 

Comme donc ils continuaient à l’interroger, il se leva, et leur dit : Que celui d’entre vous qui est sans péché, lui jette le premier la pierre.

 

Puis se baissant de nouveau, il continua d’écrire sur la terre.

 

Mais pour eux, l’ayant entendu parler de la sorte, ils se retirèrent l’un après l’autre, les vieillards sortant les premiers : et ainsi Jésus demeura seul avec la femme, qui était au milieu de la place.

 

Alors Jésus se relevant, lui dit : Femme, où sont vos accusateurs ? Personne ne vous a-t-il condamnée ?

 

Elle lui dit : Non, Seigneur !

Jésus lui répondit : Je ne vous condamnerai pas non plus. Allez-vous-en, et à l’avenir ne péchez plus.

 

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Le Christ et la femme adultère, Emile Signol, Musée du Louvre

Le Christ et la femme adultère, Emile Signol, Musée du Louvre

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 04:00

Il y avait un homme malade, nommé Lazare, qui était du bourg de Béthanie, où demeuraient Marie, et Marthe, sa sœur. Cette Marie était celle qui répandit sur le Seigneur une huile de parfum, et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et Lazare, qui était alors malade, était son frère.

 

Ses sœurs envoyèrent donc dire à Jésus : Seigneur ! celui que vous aimez est malade. Ce que Jésus ayant entendu, il dit : Cette maladie ne va point à la mort ; mais elle n'est que pour la gloire de Dieu, et afin que le Fils de Dieu en soit glorifié.

 

Or Jésus aimait Marthe, et Marie, sa sœur, et Lazare.

 

Ayant donc entendu dire qu’il était malade, il demeura encore deux jours au lieu où il était ; et il dit ensuite à ses disciples : Retournons en Judée. Ses disciples lui dirent : Maître ! il n’y a qu’un moment que les Juifs voulaient vous lapider, et vous parlez déjà de retourner parmi eux ? Jésus leur répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Celui qui marche durant le jour, ne se heurte point, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche la nuit, se heurte, parce qu’il n’a point de lumière.

 

Il leur parla de la sorte, et ensuite il leur dit : Notre ami Lazare dort ; mais je m’en vais le réveiller.

Ses disciples lui répondirent : Seigneur ! s’il dort, il sera guéri.

Mais Jésus entendait parler de sa mort ; au lieu qu’ils crurent qu’il leur parlait du sommeil ordinaire.

 

Jésus leur dit donc alors clairement : Lazare est mort ; et je me réjouis pour vous de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez. Mais allons à lui.

 

Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons aussi nous autres, afin de mourir avec lui.

 

Jésus étant arrivé, trouva qu’il y avait déjà quatre jours que Lazare était dans le tombeau. Et comme Béthanie n’était éloignée de Jérusalem que d’environ quinze stades, il y avait quantité de Juifs qui étaient venus voir Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.

 

Marthe ayant donc appris que Jésus venait, alla au-devant de lui, et Marie demeura dans la maison.

 

Alors Marthe dit à Jésus : Seigneur ! si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort : mais je sais que présentement même Dieu vous accordera tout ce que vous lui demanderez.

Jésus lui répondit : Votre frère ressuscitera.

Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection qui se fera au dernier jour.

Jésus lui répartit : Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, quand il serait mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point à jamais. Croyez-vous cela ?

Elle lui répondit : Oui, Seigneur ! je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu dans ce monde.

 

Lorsqu’elle eut ainsi parlé, elle s’en alla, et appela secrètement Marie, sa sœur, en lui disant : Le Maître est venu, et il vous demande. Ce qu’elle n’eut pas plutôt entendu, qu’elle se leva, et vint le trouver. Car Jésus n’était pas encore entré dans le bourg ; mais il était au même lieu où Marthe l’avait rencontré.

 

Cependant les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison, et qui la consolaient, ayant vu qu’elle s’était levée si promptement, et qu’elle était sortie, la suivirent, en disant : Elle s’en va au sépulcre, pour y pleurer.

 

Lorsque Marie fut venue au lieu où était Jésus, l’ayant vu, elle se jeta à ses pieds, et lui dit : Seigneur ! si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. Jésus voyant qu’elle pleurait, et que les Juifs qui étaient venus avec elle pleuraient aussi, frémit en son esprit, et se troubla lui-même ; et il leur dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur ! venez et voyez.

 

Alors Jésus pleura.

 

Et les Juifs dirent entre eux : Voyez comme il l’aimait.

 

Mais il y en eut aussi quelques-uns qui dirent : Ne pouvait-il pas empêcher qu’il ne mourût, lui qui a ouvert les yeux à un aveugle-né ?

 

Jésus frémissant donc de nouveau en lui-même, vint au sépulcre (c’était une grotte, et on avait mis une pierre par-dessus).

 

Jésus leur dit : Ôtez la pierre.

Marthe, qui était sœur du mort, lui dit : Seigneur ! il sent déjà mauvais : car il y a quatre jours qu’il est là.

Jésus lui répondit : Ne vous ai-je pas dit, que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ?

 

Ils ôtèrent donc la pierre ; et Jésus levant les yeux en haut, dit ces paroles :

Mon Père ! je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. Pour moi, je savais que vous m’exaucez toujours ; mais je dis ceci pour ce peuple qui m’environne, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé.

 

Ayant dit ces mots, il cria d’une voix forte : Lazare, sortez dehors.

 

Et à l’heure même le mort sortit, ayant les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge.

Alors Jésus leur dit : Déliez-le, et le laissez aller.

 

Plusieurs donc d’entre les Juifs, qui étaient venus voir Marie et Marthe, et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

 

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

La résurrection de Lazare, Luca Giordano

La résurrection de Lazare, Luca Giordano

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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 04:00

Cependant plusieurs d’entre le peuple écoutant ces paroles, disaient : Cet homme est assurément un prophète. D’autres disaient : C’est le Christ. Mais quelques autres disaient : Le Christ viendra-t-il de Galilée ? L’Écriture ne dit-elle pas, que le Christ viendra de la race de David, et de la petite ville de Bethléhem, d’où était David ? Le peuple était ainsi divisé sur son sujet ; et quelques-uns d’entre eux avaient envie de le prendre ; mais néanmoins personne ne mit la main sur lui.

 

Les archers retournèrent donc vers les princes des prêtres et les pharisiens, qui leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?

Les archers leur répondirent : Jamais homme n’a parlé comme cet homme-là.

Les pharisiens leur répliquèrent : Êtes-vous donc aussi vous-mêmes séduits ? Y a-t-il quelqu’un des sénateurs, ou des pharisiens, qui ait cru en lui ? Car pour cette populace qui ne sait ce que c’est que la loi, ce sont des gens maudits de Dieu.

 

Sur cela Nicodème, l’un d’entre eux, et le même qui était venu trouver Jésus la nuit, leur dit : Notre loi permet-elle de condamner personne sans l’avoir auparavant entendu, et sans s’être informé de ses actions ?

 

Ils lui répondirent : Est-ce que vous êtes aussi Galiléen ? Lisez avec soin les Écritures, et apprenez qu’il ne sort point de prophète de Galilée.

 

Et chacun s’en retourna en sa maison.

 

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Vierge Marie, Christ bénissant, et Saint Jean Baptiste, Jan Gossart

Vierge Marie, Christ bénissant, et Saint Jean Baptiste, Jan Gossart

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 11:00

C'est une vérité incontestable, que Dieu aveugle quelquefois les hommes ; et quand l'aveuglement des hommes entre dans l'ordre des divins décrets, il est de la foi que c'est un effet du péché, parce que c'est une des peines dont Dieu punit le péché. Ainsi le prophète Isaïe le faisait-il entendre, lorsqu'il disait, en parlant des Juifs infidèles : Excœcavit Deus oculos eorum ; C'est Dieu qui les a aveuglés : ce Dieu, le centre des lumières : ce Dieu, dans qui il n'y a point de ténèbres : ce Dieu qui éclaire tout homme venant au monde, c'est lui néanmoins qui les a précipités dans l'aveuglement où ils sont ; et leur aveuglement est tel, qu'ayant des yeux, ils ne voient plus, et qu'ayant des cœurs, ils ne comprennent rien ni ne sont touchés de rien : Ut non videant oculis, et non intelligant corde. Or, il est évident qu'Isaïe s'expliquant ainsi, considérait cet aveuglement comme un mystère de la justice de Dieu, comme un effet de sa colère, comme une vengeance du ciel. Il est donc vrai que non seulement Dieu aveugle les pécheurs, mais qu'il ne les aveugle qu'en conséquence et en haine de leur péché ; d'où il s'ensuit que l'aveuglement est alors l'effet du péché.

 

De savoir, Chrétiens, de quelle manière s'accomplit une punition en apparence si contraire à la sainteté de Dieu, et comment Dieu, qui est la lumière même, peut aveugler une créature raisonnable et intelligente, c'est un des secrets de la prédestination, ou, si vous voulez, de la réprobation des hommes, que nous devons révérer, mais qu'il ne nous appartient pas de pénétrer. A prendre les termes dans toute leur rigueur, on dirait que Dieu, par une action réelle et positive, opère lui-même cet aveuglement intérieur ; et je conviens de bonne foi qu'il y a sur ce point, dans le texte sacré, des expressions très fortes, et qui demandent du discernement et de la précision, pour ne s'y pas laisser surprendre. Car, quand saint Paul dit, par exemple, que Dieu enverra à ceux qui périssent, c'est-à-dire aux réprouvés, un esprit d'erreur pour croire au mensonge : Ideo mittet illis Deus operationem erroris, ut credant mendacio ; qui ne conclurait de là que Dieu agit en effet dans une âme criminelle, pour lui inspirer le mensonge, comme il agit dans une âme juste, pour y répandre la lumière de sa grâce ? Et quand nous lisons dans le livre des Rois, que Dieu, par un dessein formé, suscita un démon pour séduire Achab, qu'il lui en donna la commission expresse, et qu'au même temps il mit un esprit de mensonge dans la bouche des prophètes en qui cet infortuné monarque avait plus de confiance : Nunc igitur dedit Deus spiritum mendacii in ore omnium prophetarum ; prenant la chose à la lettre, ne dirait on pas que Dieu, par une providence à lui seul connue, est la cause immédiate qui produit l'aveuglement du pécheur ?

 

Mais, mes Frères, dit saint Augustin, il n'en va pas ainsi. Dieu, l'éternelle et l'essentielle vérité, ne peut jamais être l'auteur du mensonge ; et, tout Dieu qu'il est, il ne peut jamais nous tromper, parce qu'il ne peut jamais cesser d'être un Dieu fidèle. S'il nous aveugle, c'est par voie de privation, et non d'action ; c'est en retirant ses lumières, et non en nous imprimant l'erreur ; c'est en nous abandonnant à nos propres vues et aux suggestions des méchants, et non en nous donnant lui-même des vues fausses. Car, de quelques termes que l'Ecriture se soit servie, la foi nous oblige à les interpréter de la sorte. Il y a plus, et j'ajoute que suivant le sentiment du même saint Augustin, dont le concile de Trente nous a proposé, sur ce point, la doctrine pour règle, on doit conclure que Dieu n'aveugle jamais tellement les hommes en cette vie, qu'il les laisse dans une privation entière et absolue des lumières de sa grâce. Pourquoi ? parce que les hommes tomberaient par là dans une impuissance absolue et entière de garder sa loi, et qu'elle leur deviendrait impraticable. Or, c'est une maxime de religion d'autant plus sûre, qu'elle est nécessaire pour réprimer le libertinage, que Dieu, souverainement juste, souverainement sage, souverainement bon, ne nous demande jamais rien d'impossible : Impossibilia non jubet (ce sont les paroles de saint Augustin citées par le concile), sed jubendo monet, et facere quod possis, et petere quod non possis, et adjuvat ut possis. Il nous laisse donc toujours des lumières suffisantes, sinon pour marcher dans la voie du salut, au moins pour la chercher; sinon pour agir, au moins pour prier ; sinon pour savoir, au moins pour douter. Or, il n'en faut pas davantage, Seigneur, pour être en pouvoir d'accomplir votre loi, et pour faire que dans vos plus sévères jugements vous soyez irréprochable si nous ne l'accomplissons pas : Ut justificeris in sermonibus tuis, et vincas cum judicaris.

 

Que fait donc Dieu pour nous aveugler et pour nous punir ? rien autre chose, Chrétiens, que de s'éloigner de nous, et de nous livrer à nous-mêmes. C'est-à-dire que Dieu, en punition de nos infidélités et de nos désordres, ne nous donne plus certaines lumières qu'il nous donnait autrefois : lumières vives et pénétrantes, lumières de faveur et de choix ; lumières qui nous détacheraient du monde et qui nous en découvriraient sensiblement la vanité, qui nous feraient goûter Dieu et nous rendraient son joug aimable ; qui, dans la pénitence la plus austère, nous feraient trouver de saintes délices, et, dans les croix les plus dures, des sources de consolation ; lumières qui cent fois ont produit des miracles de pénitence dans les pécheurs les plus opiniâtres ; en tel et en tel, mon cher auditeur, dont vous avez connu les égarements, et que vous avez vu ensuite, touché de ces victorieuses lumières, prendre hautement le parti de la piété ; lumières dont nous avons nous-mêmes senti la vertu, tandis que nous vivions dans l'ordre, et qui ne se sont éclipsées que parce que le péché nous a séparés de Dieu. Ce sont là, Chrétiens, les lumières dont Dieu nous prive quand nous l'irritons, et c'est la perte de ces lumières qui fait notre aveuglement.

 

Or, je prétends, et voici la dernière pensée avec laquelle je vous renvoie, je prétends que cet aveuglement, ainsi expliqué est l'effet le plus redoutable de la justice de Dieu vindicative, le châtiment le plus rigoureux que Dieu puisse exercer sur les pécheurs, celui qui approche davantage de la réprobation, et que l'on peut dire être déjà une réprobation anticipée. C'est pourquoi, remarque saint Chrysostome, quand Isaïe, brûlé de zèle pour les intérêts de Dieu, semblait vouloir engager Dieu à punir les impiétés de son peuple, il se contentait de lui dire : Excœca cor populi hujus : Aveuglez, mon Dieu, le cœur de ce peuple. Car il savait que Dieu, dans les trésors de sa justice, n'a point de vengeance plus terrible que cet aveuglement du cœur. Vous me demandez en quoi elle surpasse toutes les autres ? En voici la raison, Chrétiens, que vous n'avez peut-être jamais comprise, et qui néanmoins est une des plus solides vérités de votre religion. C'est que l'aveuglement où Dieu permet que nous tombions, en conséquence de nos crimes, est un mal tout pur, sans aucun mélange de bien. Ecoutez-moi. Tous les autres maux de la vie sont, il est vrai, des châtiments du péché, mais ils ne laissent pas d'être, si nous le voulons, des moyens de salut ; et il n'y en a point, si nous en savons bien user, que nous ne puissions mettre au nombre des grâces, parce qu'au même temps que Dieu nous en fait porter la peine par sa justice, il nous les rend utiles par sa bonté.

 

Ce sont des maux, dit saint Chrysostome, qui nous purifient en nous affligeant qui nous corrigent, qui nous servent d'épreuves, qui nous aident à rentrer dans nous-mêmes, qui nous détachent des objets créés, et nous forcent de retourner à Dieu. Mais l'aveuglement est un mal stérile, dont nous ne pouvons tirer aucun profit. Il y a, disent les théologiens, des peines médicinales ; il y en a de satisfactoires ; il y en a de méritoires. De médicinales, pour nous préserver du péché ; de satisfactoires, pour l'expier ; de méritoires, pour nous sanctifier : mais dans l'aveuglement, ni précaution, ni satisfaction, ni sanctification. Quand Dieu m'envoie des adversités, une maladie, une humiliation, j'ai toujours de quoi me consoler. Car dans ma peine, je lui dis : Seigneur, soyez béni ; vous me châtiez en père : cette maladie, dans l'ordre de votre providence, est pour moi un purgatoire et un exercice de patience. Trop heureux si j'en fais un tel usage ! j'abusais de ma santé pour mener une vie mondaine et dissipée ; en me l'ôtant, vous m'avez, malgré moi, séparé du monde : peine médicinale. J'avais horreur de la pénitence ; vous me la faites faire par nécessité : peine satisfactoire. J'étais lâche dans votre service, et négligent dans les devoirs du christianisme ; mais si je ne vous honore pas en agissant, vous me donnez de quoi vous honorer en souffrant : peine méritoire. Voilà ce qui adoucit mes maux. Mais quand je tombe dans l'aveuglement, je ne puis rien penser de tout cela ; pourquoi ? c'est que, par ce genre de peine, je ne satisfais point à Dieu, je ne mérite rien devant Dieu, je ne deviens pas meilleur selon Dieu : Dieu me punit, et rien de plus.

 

Or en cela, Chrétiens, le châtiment dont je parle ressemble encore à celui des réprouvés. Car quel est pour les réprouvés le comble de la misère ? c'est que jamais Dieu ne sera satisfait de leurs souffrances ; et que plus ils souffrent, plus ils sont obstinés dans leur malice. De même, l'aveuglement, bien loin d'effacer nos péchés, les augmente ; bien loin de soumettre nos cœurs, les révolte ; bien loin d'apaiser Dieu, le courrouce : il a tout le mal de la peine, sans en avoir aucun effet salutaire. Peine éternelle, ajoute saint Chrysostome, aussi bien que celle des réprouvés. Tous les autres maux, quelque grands qu'ils soient, ont un tenue ; l'aveuglement n'en a point : la mort, qui finit tout le reste, au lieu de le faire cesser, lui donne, pour ainsi parler, un caractère de perpétuité ; et comme un saint en mourant passe, selon l'expression de saint Paul, de lumière en lumière et de clarté en clarté, c'est-à-dire de la lumière de la foi à la lumière de la gloire, et de la clarté des justes à celle des bienheureux : A claritate in claritatem ; aussi la mort fait-elle passer un mondain que Dieu réprouve, de ténèbres en ténèbres et d'aveuglement en aveuglement, je veux dire de l'aveuglement temporel à l'aveuglement éternel, et des ténèbres du péché aux ténèbres de l'enfer.

 

Après cela, conclut admirablement saint Augustin, dites que Dieu dès cette vie ne punit pas spécialement les pécheurs et les libertins. Dites qu'il n'a point pour eux de châtiment qui dès cette vie les distingue de ses élus, et qu'en toutes choses il les confond avec les gens de bien. Vous vous trompez, mes Frères, reprend ce saint docteur : Dieu juge les mondains dès cette vie, et dès cette vie il met entre eux et ses élus une terrible différence, par la différente manière dont il les châtie : Utique est Deus judicans eos in terra. Il n'attend pas jusqu'à la fin des siècles pour séparer le bon grain d'avec la paille ; mais il a dès maintenant une espèce de peine qui lui suffit pour ce triage, et c'est l'aveuglement dans le péché. Si nous ne l'appréhendons pas, si nous n'en avons pas autant d'horreur que de l'enfer même, malheur à nous ! Ah ! Seigneur, s'écriait le même Père, que vous êtes adorable et impénétrable dans vos jugements ! mais que vous l'êtes surtout dans cette loi fatale qui vous fait répandre de si affreuses ténèbres sur les hommes, pour punir les désirs injustes et déréglés de leurs coeurs ! Quam secretus es, habitans in excelsis, in silentio : Deus solus et Deus magnus, lege infatigabili spargens pœnales cœcitates super illicitas cupiditates !

 

Si ce Dieu vengeur n'a pas encore exercé sur vous, mes Frères, cette rigoureuse justice; s'il n'a pas encore permis que vous soyez tombés dans ce triste état, ce n'est pas peut-être que vous ne l'ayez déjà bien mérité : mais c'est qu'il a usé envers vous d'une plus grande miséricorde qu'à l'égard de tant d'autres. Cependant, prenez garde que cette bonté ne se lasse enfin, et craignez la patience même d'un Dieu, qui frappe d'autant plus rudement qu'il a plus longtemps arrêté ses coups. Qui sait s'il a résolu d'attendre davantage ? Qui sait si ce ne sera pas après le premier péché que vous allez commettre, qu'il éteindra pour vous ses lumières et qu'il vous aveuglera ? Qui ne doit pas être saisi de frayeur, en pensant qu'il y a un péché que Dieu a marqué comme le dernier terme de sa grâce ? je dis de cette grâce puissante sans laquelle nous ne nous sauverons jamais. Quel est-il ce péché ? je ne le puis connaître. Après quel nombre de péchés viendra-t-il ? c'est ce que j'ignore. De quelle nature, de quelle espèce est-il ? autre mystère pour moi. Est-ce un péché particulier et extraordinaire ? est-ce un péché ordinaire et commun ? abîme où je ne découvre rien.

 

Tout ce que je sais, ô mon Dieu ! c'est que je ne dois rien oublier, rien ménager pour prévenir le malheur dont vous me menacez. Heureux que vous m'ayez fait voir le danger, non moins heureux, que vous vouliez encore m'aider à en sortir ! Souverainement heureux, si je marche désormais à la faveur de vos divines lumières, jusqu'à ce que j'arrive à la gloire éternelle.

 

BOURDALOUE, SUR L'AVEUGLEMENT SPIRITUEL

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/

 

Le Christ et les vierges sages, Cathédrale de Strasbourg

Le Christ et les vierges sages, Cathédrale de Strasbourg

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 04:00

La fête des Juifs, appelée des Tabernacles, était proche.

 

Lorsque ses frères furent partis, il alla aussi lui-même à la fête, non pas publiquement, mais comme s’il eût voulu se cacher.

 

Or, vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple, où il se mit à enseigner.

 

Alors quelques personnes de Jérusalem commencèrent à dire : N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent pour le faire mourir ? Et néanmoins le voilà qui parle devant tout le monde, sans qu’ils lui disent rien. Est-ce donc qu’en effet les sénateurs ont reconnu qu’il est véritablement le Christ ? Mais nous savons cependant d’où est celui-ci ; au lieu que quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est.

 

Jésus cependant continuait à les instruire, et disait à haute voix dans le temple :

Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis : et je ne suis pas venu de moi-même ;

mais Celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne Le connaissez point.

Pour moi, je Le connais ; parce que je suis né de Lui, et qu’Il m’a envoyé.

 

 

Ils cherchaient donc les moyens de le prendre ; et néanmoins personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

 

ÉVANGILE DE SAINT JEAN

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Santa Croce, Florence

Santa Croce, Florence

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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 11:00

J'appelle aveuglement cause du péché, quand l'homme ne pèche que parce qu'il est aveugle, et que, dans la disposition où il se trouve, il ne pécherait pas s'il avait certaines vues qu'il n'a pas en effet, mais qu'il pourrait, et par conséquent qu'il devrait avoir. Car il est vrai de dire alors que son aveuglement ou que son ignorance est la cause de son désordre, puisque son ignorance venant à cesser, son désordre cesserait de même.

 

En fut-il jamais un exemple plus authentique, et tout ensemble plus terrible, que le crime des pharisiens commis dans la personne du Sauveur du monde ? Un Dieu livré à la cruauté des hommes ; un Dieu moqué, outragé, condamné, crucifié ; voilà sans doute un péché dont la seule idée fait horreur, et cependant un péché dont l'ignorance a été le principe. Les pharisiens avaient entrepris de perdre Jésus-Christ, mais ils ne savaient pas que Jésus-Christ était le Messie et le Fils unique de Dieu. Oui, mes Frères, leur dit saint Pierre, prêchant dans leur synagogue, je sais que vous avez agi en cela, aussi bien que vos magistrats, par ignorance : Sed et nunc scio quia per ignorantiam fecistis, sicut et principes vestri. Vous avez opprimé le Juste, vous avez donné la mort à l'Auteur même de la vie, vous lui avez préféré un voleur public ; mais vous l'avez fait, parce que vous étiez dans l'erreur. Jésus-Christ ne le témoigna-t-il pas lui-même, lorsque sur la croix il dit à son Père : Pardonnez-leur, mon Père, parce qu'ils ne savent ce qu'ils font : Ignosce illis, nesciunt enim quid faciunt. Cependant ils commettaient le plus abominable de tous les crimes : mais, encore une fois, d'où procédait ce crime si abominable ? de l'aveuglement où la passion et la haine les avait plongés.

 

Rien de plus commun dans le christianisme que ces ignorances qui font tomber les hommes dans le péché, ou que ces péchés causés par l'ignorance des hommes. Combien d'injustices dans le commerce, combien d'usures, de prêts où la conscience est blessée, faute de savoir ce que la loi de Dieu permet et ce qu'elle défend ? Si j'en avais été instruit, dit-on, je n'aurais eu garde de m'engager dans cette affaire ; car à Dieu ne plaise que, pour nul intérêt du monde, je risque jamais mon salut ! Vous le pensez de la sorte, mon cher auditeur, et je le veux croire ; mais cependant vous avez fait ce que le Seigneur condamne hautement dans l'Ecriture : d'un argent qui devait être le secours des pauvres et la matière de votre charité, vous avez retiré un profit injuste, et cette usure déguisée, palliée tant qu'il vous plaira, a été la suite de votre ignorance. De même, combien d'aversions, de haines secrètes, d'inimitiés même déclarées, qui n'ont point d'autre fondement que la prévention et l'erreur ? Voilà, disait Tertullien, faisant l'apologie des premiers fidèles, d'où viennent toutes les violences qu'exercent contre nous les païens. Ce qui les porte à ces extrémités, c'est la haine qu'ils ont conçue pour la religion chrétienne. Haine fondée sur l'ignorance. Car ils ne haïssent les chrétiens que parce qu'ils ne les connaissent pas ; et du moment qu'ils les connaissent ils commencent à les aimer : Haec causa iniquitatis illorum erga christianos : ubi desinunt ignorare, cessant odisse.

 

Or, de chrétien à chrétien, c'est ce qui arrive encore tous les jours. Car combien, par exemple, de péchés contre la charité, combien de discours injurieux et de médisances, combien même de calomnies dont l'ignorance est la source ? Si l'on s'était bien instruit de la vérité des choses, on aurait parlé sagement, équitablement, charitablement ; et, rendant justice au prochain, on aurait par là conservé la paix. Mais parce qu'on s'est prévenu, parce qu'on ne s'est pas mis en peine de démêler le vrai d'avec le faux ; parce que, sur un léger soupçon, ou sur un rapport infidèle, on a cru ce qui n'était pas ; en un mot, parce qu'on a ignoré la vérité, on a condamné l'innocence, on a blessé l'honneur et détruit la réputation de son frère, on s'est piqué, on s'est aigri, on s'est emporté ; et de là tous les désordres que l'animosité et la vengeance ont coutume de produire.

 

On vous l'a dit cent fois, femmes chrétiennes, et l'on ne peut trop vous le redire : en matière d'impureté, notre religion condamne mille libertés comme criminelles, qui, dans l'estime commune, passent pour de simples vanités, et pour des légèretés dont on ne peut croire que Dieu se tienne si grièvement offensé. Si l'on était bien persuadé que ce sont des péchés et souvent des péchés mortels, est-il croyable que tant de personnes élevées dans la piété fussent néanmoins là-dessus si peu régulières, et qu'elles voulussent exposer ainsi leur salut ? Non : mais parce que le monde, ou pour mieux dire, parce que le libertinage du monde s'est mis en possession de qualifier tout cela comme il lui plaît, sans consulter d'autre règle on se le permet sans scrupule, et ce sont ces erreurs du monde qui entretiennent dans les âmes le règne de l'esprit impur. Laissons ce détail qui serait infini, et venons au point important que j'ai présentement à développer.

 

On demande donc, et voici la grande règle d'où dépend, dans la pratique et dans l'usage de la vie, le jugement exact que chacun doit faire de ses actions ; on demande si cet aveuglement, qui est la cause du péché, peut toujours devant Dieu, notre souverain juge, nous tenir lieu d'excuse et nous justifier. Mais si cela était, répond saint Bernard, Dieu, dans l'ancienne loi, aurait-il ordonné des sacrifices pour l'expiation des ignorances de son peuple ? David, dans la ferveur de sa contrition, aurait-il dit à Dieu : Seigneur, oubliez mes ignorances passées : Delicta juventutis meœ , et ignorantias meas ne memineris ? N'aurait-il pas dû dire au contraire : Souvenez-vous de mes ignorances ; car, puisqu'elles me sont favorables, et qu'elles me doivent servir d'excuse auprès de vous, il est de mon intérêt que vous en conserviez la mémoire ? Est-ce ainsi qu'il parle ? Non ; mais il dit à Dieu : Oubliez-les, effacez-les de ce livre redoutable que vous produirez contre moi, quand vous viendrez me juger. Il n'est donc pas vrai que l'ignorance soit toujours une excuse légitime, lorsqu'il est question de péché.

 

Je vais encore plus loin, car je prétends qu'elle ne l'est presque jamais pour la plupart des chrétiens. Ceci vous surprendra, mais je l'avance sans hésiter, et je dis hautement que, dans le siècle où nous vivons, une des excuses les moins soutenables est communément l'ignorance : pourquoi ? parce que, dans le siècle où nous vivons, il y a trop de lumières pour pouvoir s'autoriser de ce prétexte : Si non venissem et non locutus fuissem, peccatum non haberent. Si je n'étais pas venu, disait le Fils de Dieu , et que je ne leur eusse point parlé, leur incrédulité serait excusable ; mais maintenant que je leur ai annoncé le royaume de Dieu, et que je ne leur ai rien caché des vérités éternelles, ils n'ont plus d'excuses dans leur péché : Nunc autem excusationem non habent de peccato suo. Appliquons-nous ce reproche que Jésus-Christ faisait aux Juifs. Si nous vivions au milieu de la barbarie, dans un siècle où la parole de Dieu fût aussi rare qu'elle l'était, selon l'Ecriture, du temps de Samuel ; si l'on nous avait déguisé les vérités de l'Evangile, si l'on ne nous les avait proposées qu'en énigmes et en figures, si l'on n'avait pas eu soin de nous les représenter dans toute leur force, peut-être aurions-nous droit de faire fond sur notre ignorance, et nous serait-elle de quelque usage devant le tribunal de Dieu. Mais dans un royaume aussi chrétien que celui où Dieu nous a fait naître ; mais dans un temps où la parole de Dieu, ce pain d'entendement et de vie, selon l'expression du Sage : Panem vitœ et intellectus, se distribue si amplement et si souvent ; mais dans une cour où ceux qui écoutent cette parole se piquent de tant d'esprit et de pénétration, dire : je n'avais pas assez de lumières, et j'ai péché par ignorance, c'est un abus, Chrétiens. Une telle excuse est vaine, et n'a point d'autre effet que de nous rendre encore plus criminels. C'est ce voile de malice dont saint Pierre nous défend de nous couvrir, en rejetant sur Dieu ce que nous devons avec confusion nous imputer à nous-mêmes.

 

Mais enfin, me direz-vous, malgré cette abondance de lumières, on ignore encore cent choses essentielles au salut, surtout à l'égard de certains devoirs. Ah ! mes chers auditeurs, je l'avoue; mais c'est justement sur quoi je gémis, que dans un aussi grand jour que celui où nous sommes, il y ait encore tant de choses que nous ne voyons pas, et qu'au milieu de tant de clartés qui nous environnent notre aveuglement subsiste : voilà ce qui me surprend, et ce que je condamne. Quand les pharisiens protestèrent qu'ils ne connaissaient pas Jésus-Christ, et qu'ils ne savaient pas même d'où il était : Hunc autem nescimus unde sit ; bien loin que cette raison fermât la bouche à l'aveugle-né, elle ne fit qu'allumer son zèle : C'est ce qui paraît bien étonnant, leur répliqua-t-il, que vous ne sachiez pas d'où il est, et que ce soit pourtant lui qui m'ait ouvert les yeux : In hoc mirabile est, quia vos nescitis unde sit, et aperuit oculos meos. Comme leur disant qu'après un miracle aussi visible que celui-là, ils ne devaient plus chercher d'excuse dans leur ignorance, parce que ce miracle que Jésus-Christ venait de faire l'avait hautement et pleinement réfutée. Je dis le même de vous et de moi. Oui, mes Frères, il est bien étonnant que, sans y penser et sans le savoir, nous péchions tous les jours par ignorance, et que Dieu néanmoins ait si abondamment pourvu à notre instruction, qu'il s'explique à nous par tant de voix, qu'il nous parle par tant d'organes, qu'il ait établi tant de ministres pour nous déclarer ses volontés, tant de docteurs pour nous interpréter ses commandements, tant de guides pour nous diriger et pour nous conduire : In hoc mirabile est ; voilà le prodige, mais le prodige de notre iniquité, dont il serait bien indigne qu'on osât se prévaloir contre Dieu. C'était une erreur du mauvais riche dans l'enfer, de croire que ses frères, qui vivaient encore sur la terre, et qui menaient une vie aussi corrompue que la sienne, pussent s'excuser sur leur ignorance, jusqu'à ce que Lazare ou quelqu'un des morts leur eût été envoyé pour leur parler de la part de Dieu, et pour les instruire du malheureux état où ils se trouvaient engagés. Non, non, lui répondit Abraham, il n'est pas besoin que Lazare, pour cela, sorte du lieu de son repos : ils ont Moïse et les prophètes; qu'ils les écoutent : s'ils ne les écoutent pas, il n'y a plus d'ignorance qui les justifie.

 

Voilà, Chrétiens, comment Dieu nous traite, quand notre ignorance nous fait tomber dans le désordre, et que notre infidélité présomptueuse et orgueilleuse nous fait souhaiter d'être instruits par des voies extraordinaires: Habent Moysen et prophetas : Ils ont Moïse et les prophètes, c'est-à-dire, ils ont ma loi d'un côté, et ils ont de l'autre des pasteurs, des prédicateurs, des confesseurs, pour leur en donner l'intelligence ; s'ils ne l'accomplissent pas, leur ignorance n'est plus pour eux une raison : Nunc autem excusationem non habent de peccato suo. Et en effet, quand après cela nous péchons par ignorance, nous sommes non seulement coupables, mais inexcusables ; pourquoi ? observez ceci : parce qu'alors nous agissons ou contre nos propres lumières, ou du moins contre nos doutes. Contre nos propres lumières ; car au milieu des ténèbres de notre ignorance, nous ne laissons pas d'avoir des lumières confuses qui nous suffisent pour éviter le péché, si nous voulions nous en servir, et qui ne nous deviennent inutiles que faute de réflexion. Or, nous est-il pardonnable de faire si peu de réflexion à l'affaire capitale du salut ? S'il s'agissait d'une affaire temporelle, l'esprit ne nous manquerait pas, et nous saurions bien trouver des lumières pour en venir à bout ; mais pour le salut, nous n'en trouvons point, et je dis qu'il n'y a pas d'apparence que Dieu se contente de cela. Contre nos doutes ; car, quand même nous n'aurions pas assez de lumières pour juger des choses, nous en avons souvent assez pour douter. Or, du moment que nous en avons assez pour douter, si nous passons outre, nous en savons assez pour juger. Je doute si cette affaire est selon les règles de la conscience, et néanmoins je m'y embarque : je ne suis pas moins coupable que si je commettais le péché avec une évidence entière du péché. Je doute si ce bien m'est légitimement acquis, et toutefois, sans nulle recherche, je le retiens et j'en dispose ; c'est comme si je l'enlevais par une violence ouverte ; pourquoi ? parce qu'il ne nous est pas permis d'agir sur une conscience douteuse, et qu'un doute que je ne veux pas éclaircir m'empêche d'être dans la bonne foi, sans laquelle il n'y a point d'ignorance qui me puisse disculper. Ainsi raisonnent les théologiens.

 

Ah ! Chrétiens, souvenons-nous que la première de toutes les obligations est de savoir. Souvenons-nous qu'un péché ne peut jamais servir d'excuse à un autre péché, et par conséquent qu'il est inutile de vouloir justifier nos omissions et nos transgressions par nos ignorances, qui sont elles-mêmes de véritables péchés. Souvenons-nous qu'on est souvent plus criminel devant Dieu, ou aussi criminel de dire : Je ne l'ai pas su ; que de dire : Je ne l'ai pas fait. C'est sur ce principe, mes chers auditeurs, que nous devons aujourd'hui nous examiner. Il ne suffit pas de nous l'appliquer personnellement à nous-mêmes ; il faut qu'il s'étende sur tous ceux dont Dieu nous a chargés, et dont il nous demandera compte. Car voici le désordre : permettez-moi de vous le reprocher. Vous avez des enfants à élever, et vous les élevez tous les jours dans une ignorance grossière des points les plus essentiels au salut. Vous leur apprenez tout le reste, hors à connaître Dieu et à le servir. Vous leur donnez des maîtres pour les former selon le monde, et vous ne leur pardonnez pas là-dessus les moindres négligences ; mais s'ils sont bien instruits de leur religion, mais s'ils ont la crainte de Dieu, mais s'ils s'acquittent exactement des exercices ordinaires du christianisme, c'est à quoi vous pensez très peu, et peut-être à quoi vous ne pensez jamais.

 

Vous, Mesdames, vous avez des jeunes filles qui vous doivent la naissance, et à qui vous devez l'éducation : qu'elles pèchent par ignorance contre les règles d'une civilité mondaine, vous les reprenez avec aigreur ; mais qu'elles pèchent par ignorance contre la loi de Dieu, c'est ce que vous leur passez aisément. Vous avez des domestiques : ils sont chrétiens, et à peine savent-ils ce que c'est que d'être chrétien ; ils viennent au tribunal de la pénitence, et à peine savent-ils ce que c'est que pénitence ; ils se présentent à nos sacrements, et ils y commettent des sacrilèges. Leur ignorance les excuse-t-elle ? non ; mais elle vous excuse encore moins qu'eux : car s'ils sont obligés de s'instruire, vous êtes obligées de pourvoir à ce qu'ils le soient, et c'est en partie pour cela que Dieu veut qu'ils dépendent de vous. Vous me demandez à qui vous les adresserez pour leur enseigner les éléments du salut ? Ne vous offensez pas de ce que je vais vous répondre. A qui, dites-vous, les adresser ? mais moi je vous dis : Pourquoi sera-ce à d'autres qu'à vous-mêmes, puisque Dieu vous les a confiés ? croiriez-vous donc vous déshonorer, en faisant auprès d'eux l'office même des apôtres ? Mais encore à qui aurez-vous recours si vous n'en voulez pas prendre le soin ? à tant de ministres zélés, qui se tiendront heureux de s'employer à un si saint ministère. Oserai-je le dire ? à moi-même : oui, à moi, qui me ferai une gloire de cultiver ces âmes rachetées du sang de Jésus-Christ.

 

D'autres s'appliqueront à vous conduire vous-mêmes, et vous en trouverez assez. Mais pour ces pauvres, aussi chers à Dieu que tout ce qu'il y a de grand dans le monde, je les recevrai, je serai leur prédicateur, comme je suis maintenant le vôtre. Je vous laisserai le pouvoir de leur commander, et je me réserverai la charge ou plutôt l'honneur de leur faire entendre les ordres du souverain Maître à qui nous devons tous obéir, et de leur expliquer sa loi. Je les tirerai de cette ignorance, qui, bien loin d'être, et pour vous et pour eux, un titre de justification, vous expose encore à tomber dans un troisième aveuglement, qui est l'effet du péché et le sujet de la dernière partie.

 

BOURDALOUE, SUR L'AVEUGLEMENT SPIRITUEL

 

 

ŒUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

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L'hiver, Houdon, Musée Fabre, Montpellier

L'hiver, Houdon, Musée Fabre, Montpellier

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