Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 04:00

Alors Jésus dit ces paroles : Je vous rends gloire, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre !

de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, vous les avez révélées aux simples et aux petits.

 

Oui, mon Père ! je vous en rends gloire, parce qu’il vous a plu que cela fût ainsi.

 

Mon Père m’a mis toutes choses entre les mains : et nul ne connaît le Fils que le Père ;

comme nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler.

 

Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et je vous soulagerai.

 

Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur,

et vous trouverez le repos de vos âmes : car mon joug est doux, et mon fardeau est léger.

 

 

ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Madone de la Miséricorde, Michael Erhart, Ravensburg, 1480

Madone de la Miséricorde, Michael Erhart, Ravensburg, 1480

Partager cet article
Repost0
5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 11:00

Un jour, je rencontrai sur les quais. M. Ed. Cuénoud qui était gérant d’immeubles à Montparnasse, et consacrait ses loisirs à la bibliophilie. Il me donna une petite brochure amusante dont il était l’auteur.

 

C’est une plaquette illustrée par Carlègle. Elle est inconnue et par la suite deviendra sans doute célèbre parmi les bibliophiles qui recherchent les catalogues fantaisistes.

 

Je revis plusieurs fois M. Ed. Cuénoud sur les quais. Il est mort récemment et quand je passe devant les boîtes des bouquinistes près de l’Institut j’évoque la silhouette singulière de ce gérant qui pour la bibliographie facétieuse rivalisait avec Rabelais et celle de Remy de Gourmont, qui ne manquait jamais avant la tombée de la nuit d’aller faire son tour le long des quais.

 

N’est-ce point la plus délicieuse promenade qui se puisse faire à Paris ? Ce n’est pas trop, lorsqu’on a le temps, de consacrer un après-midi à aller de la gare d’Orsay au pont Saint-Michel. Et sans doute n’est-il pas de plus belle promenade au monde, ni de plus agréable.

 

 

Guillaume APOLLINAIRE, Le Flâneur des deux rives

 

Un bouquiniste du quai Voltaire

Un bouquiniste du quai Voltaire

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 23:42

Avec lui, la parole s'étalait, les silences avaient droit de cité. Passeur un peu rêveur, Alain Veinstein, menait depuis 1985 sur France Culture un entretien quotidien avec un romancier ou essayiste. Son émission Du jour au lendemain (du lundi au vendredi à minuit) ne sera pas reconduite à la rentrée. « L'an dernier, on avait déjà essayé de me faire partir, en mettant en avant mon âge, précise le producteur, âgé de 71 ans. Cette fois, on argue de la nécessité de faire des économies, de l'impossibilité de diffuser des émissions «fraîches» passé minuit. J'ai tenté de faire un peu de résistance, en vain. Si la direction de la chaîne avait conscience de l'intérêt de Du jour au lendemain, elle lui aurait trouvé un autre horaire...»

http://www.telerama.fr/radio/alain-veinstein-remercie-par-france-culture,114322.php
 

 

Je n'aime pas les discours préfabriqués, la promo. Certains viennent pour parler de leur livre et en ven­dre le plus grand nombre. Ils arrivent avec des réponses toutes préparées et n'écoutent pas mes questions. Je préfère les gens qui laissent venir l'imprévu, ou les ignorants comme moi. J'ai une prédilection pour les maladroits, qui ont des difficultés à parler, laissent les blancs s'installer – des blancs que je ne souhaite surtout pas combler. Quand on cherche ses mots, c'est qu'on va trouver quelque chose, et pas réciter sa leçon.

http://www.telerama.fr/radio/alain-veinstein-le-confesseur-de-minuit,99130.php

 

Alain Veinstein

Alain Veinstein

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 11:00

C'était le beau temps des conférences, plus attirantes alors que ne le seront jamais les plus célèbres matches de tennis, des premières communions sensationnelles, des mariages qui donnaient le vertige à des faubourgs entiers.Le moindre évènement prenait de l'importance, et nous sentions que Paris était bien à l'extrême bord de la civilisation, qu'il terminait le monde moderne comme un bouquet termine quelque feu d'artifice, qu'il vibrait « au point doré de périr », eût dit Paul Valéry.

 

Douce et lointaine actualité des quais, à cette époque où les bouquinistes savaient tout, et que l'Académie Française dominait de sa majesté dorée. Déjà, tout autour de l'illustre demeure, et comme un défi jeté aux boîtes où l'on trouvait des « originales » de Balzac, de Daudet, des grands papiers de Gide, de Barrès, alors pas trop connus, l'affiche-réclame donnait à la Capitale cette physionomie qui n'a guère changé. Déjà nous étions possédés par les redresseurs magiques pour mauvaises attitudes, les voyantes ultrasensibles, les talons tournants, les rénovateurs dûs à des cures, des philtres et des procédés inouïs contre les poils superflus. Stern, jockey français, gagnait le Derby d'Epsom avec Sunstar. Un nommé Orphée enlevait la course à pied Lyon-Troye-Paris en 75 heures 8 minutes. On prenait des porto-flips et des whisky-cocktails dans des décors qui feraient rire Bobino. La comtesse de Kersaint ou le baron de Coubertin faisaient, d'une kermesse du Palais-Royal, quelque chose de plus osé et de plus excentrique que l'Exposition actuelle. Laguillermie, Hélène Picard, Gabriel Trarieux, Paul Gasq ou Miguel Zamacoïs enlevaient, qui des prix littéraires, qui des médailles d'honneur. Ces événements arrivaient jusqu'aux quais, lesquels m'ont toujours fait songer à quelque forum où se seraient disputés les mérites respectifs des maîtres de l'heure artistique ou littéraire.

 

L'Académie française, qu'illustrèrent à l'époque Loti et France plus que l'ensemble de leurs collègues, puis Rostand, dont ce fut un numéro que d'en être, et l'ambassade d'Allemagne, située tout contre les quais et lui tournant le dos, sont les deux bâtiments essentiels de ce quartier en longueur qu'ornent des livres et des images. Je me place bien entendu ici sur le plan purement pittoresque et ne puis tenir compte de la gare d'Orsay ou de la Chambre dont la poésie est toute différente. Peu de messieurs sortis des pièces de Lavedan eussent confié à leurs maîtresses ou à leurs invités qu'ils venaient de flâner dans les couloirs de la Chambre ou le hall de la gare d'Orsay. En revanche, il était piquant de risquer entre deux compliments : « Je viens de bavarder avec Bourget, toujours jeune, toujours troublé par les femmes ; nous avons cheminé jusqu'à l'Institut, et, ma foi, je m'y suis faufilé par une petite porte. J'ai eu le temps de dire un court bonsoir à ce précieux Hervieu, que nous verrons à dîner demain, et j'ai même pu serrer la main de Francis Charmes. » …

 

Il n'était pas interdit non plus de prendre une dame dans un coin et de lui souffler à l'oreille : « Ma chère amie, il vient de m'arriver une bien curieuse aventure. Vous connaissez cette petite Zozy qui veut bien parfois m'accompagner à Longchamp ? Et bien, figurez-vous qu'elle a les meilleures relations du monde. Tel que vous me voyez, je reviens d'un thé à l'ambassade d'Allemagne, où j'ai eu l'honneur d'être interrogé par ce sacré Radolinsky de Radolin, et par la comtesse Kessler. Il paraît que l'Europe va mal…etc. »

 

Inutile d'ajouter que les quais ont, de tout temps, servi d'excuse aux Parisiens que leurs petite amie retenait trop longtemps auprès d'elle, et qui rentraient à la maison portant sous le bras quelque Spinoza de belle apparence, quelque Marmontel introuvable, ou quelqu'un de ces tomes de la Comédie humaine, ceux qui sont recherchés par les meilleurs amateurs de Paris.

 

J'ai même connu un bouquiniste qui avait en réserve toute une série de Romantiques à l'intention d'un client qui arrivait en courant, payait et s'en retournait au galop chez lui. Quand on voulait lui acheter un Gautier ou un Hugo, à ce brave marchand, il répondait : - Impossible, c'est pour le comte, qui doit passer à cinq heures et qui est censé fouiller dans mes boîtes depuis trois heures de l'après-midi…

 

 

Léon-Paul FARGUE, Le piéton de Paris; Gallimard, 1939

 

Sur les quais devant les bouquinistes, 1936, André Kertész

Sur les quais devant les bouquinistes, 1936, André Kertész

Partager cet article
Repost0
3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 11:00

Les quais ont toujours été pour les Parisiens de bonne race un endroit de prédilection. Tout le long de la Seine, maintenue dans une atmosphère de haute distinction par le voisinage des bâtiments augustes qui la font royale, et pourtant bohémienne par la présence des bouquinistes, le passage des chalands et les brusques apparitions de sombres poètes au bord des boîtes, la flânerie s'est toujours sentie là chez elle.

 

Lorsque j'étais jeune, et que les romans à bon compte m'intéressaient, nous nous donnions rendez-vous, quelques amis et moi, sur la margelle du quai Malaquais, pour regarder Anatole France, prince des chercheurs et vieil ami des marchands, Jules Lemaître, qui promenait son lorgnon, Faguet, qui n'achetait jamais rien, le jeune et magnifiquement olivâtre Barrès, qui méprisait la poussière mais adorait l'air léger de ce quartier, Albert Besnard, Rostand, qui ressemblait à un ténor de salons, Forain, Barthou, Bourget ou Capus, qu'encadraient des salonnardes charmantes, menteuses et trompeuses comme toutes les autres, et particulièrement cette marquise de Sauve, héroïne de Cruelle Énigme, qui faisait alors courir un frisson dans les départements français.

 

Mais à côté de ces illustres personnages dont le profil se médaillait déjà dans l'histoire littéraire ou artistique de la nation, nous prenions souvent en filature de vieux Parisiens sans importance, tout pimpants de guêtres et de pantalons gris, le favori délicatement peigné, le tube impeccable, la canne sous le bras, une forte cravate voyante ou diaphane sous un col de belles proportions, la fleur à la boutonnière, un sourire installé sur des lèvres heureuses. Vieux messieurs rentés, soignés, gâtés, qui cheminaient voluptueusement le long des cartes du ciel, des timbres postes, des gravures pornographiques et des éditions originales, en attendant l'heure d'aller retrouver au Bois, dans quelque thé, dans quelque boudoir aussi, quelque petite femme généralement dressée par un dompteur ou par un montreur de puces.

 

Ils le savaient bien, les bougres, qu'ils étaient trompés et surtrompés par de jeunes gaillards aux cuisses tendues et aux fines moustaches, mais ils avaient une sagesse solide et ne demandaient à l'amour que ce qu'il pouvait leur donner. Nombreux étaient ceux qui croyaient encore dérober des plaisirs à la jeunesse confiante et versatile. Ce type d'homme, immanquablement généreux, et spirituel, on le retrouve non pas seulement dans les pièces de l'époque, qu'elles soient de Tristan, de Flers, d'Hervieu, de Feydeau, de Courteline ou d'Hermant, mais dans les dessins de Fabiano, de Guillaume, de Bac, de Gerbault. Il apparaît aussi dans les textes de Sarcey, de Lemaître, de Donnay, d'Allais, de Franc-Nohain, de Vaucaire, de Willy, qui rima, à ce propos, des vers demeurés célèbres :

Deux grammairiens se disputaient pour Lise.

Mais un juge, plus preste, ou plus tendre, l'a prise

Et la loge en garni près de la gare de l'Est.

Morale :

Grammatici certant, sub judice Lise est.

 

Gracieuse époque. Les quais traduisaient pour nous, qui n'avions pas encore droit aux salons, aux cabinets particuliers, aux « boudoirs confidentiels », cette sorte d'animation heureuse qui tremblotait dans Paris, et Paris se réduisait alors pour nous à une synthèse où nous voyions une jolie femme, un fiacre, un trottin, un vieux général, une bouquetière ou un jeune officier à cheval. La rue de Paris n'était pas autre chose. Sur les quais, aux abords de l'Académie, c'était une rumeur de jupes et de murmures qui donnait à l'avenir un goût violent et nous faisait grogner contre notre jeune âge. C'est de loin que nous avons participé aux réceptions de Barrès, de Rostand, de Lemaître ou de France. Il se faisait devant nous une féerie de vapeurs et de chuchotements, un doux fracas d'essieux qui se confondaient dans le parfum des dames et que notre imagination prolongeait jusqu'à des rêves infinis.

 

Puis nous allions coller nos yeux devant chez Goupy ou chez Champion pour voir passer les érudits, des messieurs très graves qui craignaient, selon le conseil d'Anatole France, « les femmes et les livres, pour la mollesse et l'orgueil qu'on y prend ». Ainsi, les érudits préféraient bavarder avec les marchands, les libraires, et s'en retourner à leur cahiers poussiéreux et sans danger. On faisait crédit, dans ce temps-là, et je me demande combien de bouquins emportèrent Pierre Louys et Marcel Schwob, avec la promesse de les régler plus tard. Ces vitrines bien fournies et ravissantes, combien de fois ne virent-elles pas le visage de Charcot, alors hôte illustre de l'hôtel de Chimay, celui de Doumic, ceux de Goyau, d'Hermant, de Poincaré ou d'Hanotaux, de Lockroy ou de Frédéric Masson !

 

 

Léon-Paul FARGUE, Le piéton de Paris; Gallimard, 1939

 

Les bouquinistes sur le quai Malaquais, (carte postale Yvon sans date)

Les bouquinistes sur le quai Malaquais, (carte postale Yvon sans date)

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 11:00

J'ai demandé à un marchand qui paraissait sérieux et renseigné si le commerce des livres à ciel ouvert était lucratif, et j'appris que la plupart des vieux bouquinistes arrivent assez facilement à posséder un peu de bien, une cinq-chevaux Citron, parfois même une maison. Et le plus surprenant est qu'aucun d'eux n'ait d'autre métier. Où trouveraient-ils, d'ailleurs, le temps d'être chauffeurs ou détectives privés ? Un bouquiniste tenu de connaître son Histoire, ses textes, ses dates, ses éditeurs, aussi bien sinon mieux qu'un libraire, n'a pas trop de toute sa journée pour bien faire ce qu'il fait.

 

Les quais aux livres sont divisés comme un catalogue. Il y a le parapet des livres classiques et celui des livres étrangers. Les boîtes sont assez bien fournies d'une façon générale, et il est devenu commun de se demander où se fournissent ces commerçants avisés. Selon une vieille habitude, le bouquiniste n'achète pas volontiers ce qu'on lui propose. Il aime mieux se rendre lui-même à l'Hôtel des Ventes, marchander à sa guise, se rendre à domicile chez des personnes « recommandées », ou encore voyager en France, à Perpignan, au Puy, à Lille, où il est toujours sûr de faire bonne chasse. Pourtant son ravitaillement, si bien conçu, demeure assez mystérieux. « N'est-ce-pas, tout le secret est là ! » me disait l'un d'eux.

 

Sur le plan littéraire pur, le quai joue le rôle d'un baromètre et remet les réputations en place. On aura beau lire et relire des courriers littéraires, examiner à la loupe les feuilletons de la critique, les tartines de publicité rédactionnelles, interviewer des mandarins ou des experts, il faudra toujours revenir aux quais pour obtenir une parcelle de la vérité. Car la question, comme pour le sucre ou le papier à cigarettes, demeure la même : « Qu'est-ce qui se vend, qu'est-ce qui ne se vend pas ? » Énigme que M. Roberet Ganzo, bouquiniste sur les quais et libraire rue Mazarine, débrouille devant vous avec science et brio : « Je n'ose énumérer les noms de mes confrères dont les bouquins ne trouvent pas acheteur, malgré le tapage, les coups de sifflet du snobisme, ou l'influence des corps constitués. Je préfère annoncer à mes amis Paul Valéry, Valery Larbaud, Claudel, Gide, entre autres, et, par-dessus les nuées et les ombres, au cher Proust, qu'ils se vendent admirablement. Que cette indication permette à quelques invendables de se reconnaître. »

 

Il faut avoir une santé de vieux chêne pour vendre des livres sur les quais, car il n'est pas un élément qui ne s'occupe de vous agacer : le vent, la chaleur, le gel, le bruit, le marchandage des clients, étant entendu qu'on n'achète jamais un livre sans marchander. C'est pourquoi j'admire la résistance et la belle nature des bouquinistes et, entre toutes, l'humeur divine du poète inconnu des quais qui trouve encore le moyen d'écrire des vers…

 

 

Léon-Paul FARGUE, Le piéton de Paris; Gallimard, 1939

 

Les bouquinistes sur les quais, photographie de François Kollar (1904-1979)

Les bouquinistes sur les quais, photographie de François Kollar (1904-1979)

Partager cet article
Repost0
1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 11:00

Les quais sont hantés par une double population. Je ne parle ni des touristes, ni des curieux, ni des voyageurs en transit, mais des êtres qui naissent, rêvent et meurent dans l'atmosphère séquane : ceux des berges et ceux des quais proprement dits, les couche-dehors et les bouquinistes, ceux d'en bas et ceux d'en haut. La population des berges s'étend d'Auteuil à Charenton, les jambes à l'air, le visage caché sous le melon de la poubelle, le mégot à portée de la main, pour la première cigarette du matin, la meilleure.

 

C'est encore sur les quais, c'est-à-dire un peu en dessous de la surface parisienne, dans une partie obscure et honteuse au sens que Shakespeare donnait à ces mots, que l'on peut faire connaissance avec les derniers petits métiers poétiques dont s'inspiraient naguère chansonniers, caricaturistes et poètes : le tondeur de chiens, le coupeur de chats, le glaneur de charbon, le ramasseur de petits objets, tels que lames de rasoir usagées, fermetures de canettes de bière, boucles de ceinturon, épingles de sûreté, crochets à bottines et fragments de pipes en terre, le ramasseur qu'on voit longer les ruisseaux en baissant la tête, à la fin de la journée. Cour des miracles dotée d'une plage, ce monde des berges, jouit d'un des plus grands bonheur que connaisse notre époque : l'ignorance totale du journal quotidien. Certains, parfois parcourent des journaux de Courses oubliés là, sans doute, par quelque suicidé, mais le journal des Courses fait un peu partie de la légende.

 

M'étant hasardé une nuit parmi ces longs gaillards si bien portants, si hardiment barbus que je les compare volontiers aux hommes des cavernes, j'eus l'occasion d'entendre la voix même du rêve se manifester soudain par la bouche d'une de ces ombres. Après avoir enjambé quelques « chiens de fusil », quelques thorax librement offerts, je m'installai, à mon tour, sur une borne, pour fumer une cigarette au fil de l'eau. Énormes et patients, de noirs chalands glissaient, pareils à des bêtes, sur le fleuve de crêpe. J'avais vaguement l'impression de déranger une secte. Je ne me trompais pas. Une voix s'éleva tout à coup derrière moi : « Veux-tu fermer ta porte! » me criait-on. J'avais visiblement affaire au Crocheteur Borgne de Voltaire…

 

Tout autre est la population périphérique. Ce sont des savants. Je tiens les bouquinistes pour les êtres les plus délicieux que l'on puisse rencontrer, et, sans doute, participent-ils avec élégance et discrétion à ce renom d'intelligence dont se peut glorifier Paris. Le pays du livre d'occasion a ses frontières aussi. Il va du quai d'Orsay au Jardin des Plantes, sur la rive gauche, et de la Samar, comme on dit, au Châtelet, sur la rive droite.

 

Les boîtes en sont, en principe, accordées par la Ville aux mutilés de la guerre et aux pères d'une famille nombreuse, à raison de soixante-cinq francs par an, sur huit mètres de long. Quand un bouquiniste atteint l'âge respectable de soixante-dix ans ou qu'il tombe malade, il peut sous-louer son commerce à un remplaçant et se faire ainsi doubler jusqu'à sa mort. Mais il ne peut céder sa charge, comme ferait un agent de change. Une fois le dernier soupir poussé, la Ville intervient. La gent bouquiniste est la seule qui ne soit ni organisée ni syndiquée, qui ne donne aucun bal, aucun banquet annuel. Elle vit de rumeurs intellectuelles, de poussières d'idéal et d'indifférence. Elle eut pourtant un doyen, tout récemment, et que l'on honorait sincèrement dans la profession, un doyen qui n'était autre que M. Dodeman, Charles Dodeman, auteur bien connu. Elle est encore rattachée au passé parisien par Mlle Poulaillon, bouquiniste établie non loin de l'École des Beaux Arts, et qui évoque avec nostalgie le temps où les marchands de livres étaient tenus de remporter chaque soir leurs boîtes chez eux…

 

Mais, sur les quais comme partout, le vent de la modernité a soufflé en tempête. Il y a aujourd'hui des bouquinistes jeunes, actifs, très au courant des fluctuations des marchés. La raideur un peu professorale d'autrefois s'est perdue. L'été, quand il fait très chaud, les bouquinistes femmes n'hésitent pas à plonger dans la Seine. Quelqu'un flâne sur le quai pour ses livres, et, souvent aussi, pour voir sortir de l'eau en maillot la sirène ruisselante. Et il crie : « Hé, la petite dame, combien le Taine ? » En quelques brasses, la petite dame, atteint la berge, ramasse son peignoir, remonte vers les bibliothèques en séchant ses mains sur ses hanches, cède le Taine, le Flaubert ou le Jean Lorrain au client, et retourne dans l'eau fraîche…

 

 

Léon-Paul FARGUE, Le piéton de Paris; Gallimard, 1939

 

Les bouquinistes des quais de Seine, 1925, photographie de Georges Louis Arlaud (1869-1944)

Les bouquinistes des quais de Seine, 1925, photographie de Georges Louis Arlaud (1869-1944)

Partager cet article
Repost0