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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


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SALVE REGINA

13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 04:00

Ce jour-là Jésus étant sorti de la maison, s’assit auprès de la mer. Et il assembla autour de lui une grande foule de peuple ; c’est pourquoi il monta dans une barque où il s’assit, tout le peuple se tenant sur le rivage ; et il leur dit beaucoup de choses en paraboles, leur parlant de cette sorte :

 

Celui qui sème, s’en alla semer ; et pendant qu’il semait, quelque partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux du ciel étant venus la mangèrent.

 

Une autre tomba dans des lieux pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre ; et elle leva aussitôt, parce que la terre où elle était n’avait pas de profondeur. Mais le soleil s’étant levé ensuite, elle en fut brûlée ; et comme elle n’avait point de racine, elle sécha.

 

Une autre tomba dans des épines ; et les épines venant à croître l’étouffèrent.

 

Une autre enfin tomba dans de bonne terre ; et elle porta du fruit, quelques grains rendant cent pour un, d’autres soixante, et d’autres trente.

 

Que celui-là l’entende, qui a des oreilles pour entendre.

 

 

ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU

 

 

La Sainte Bible traduite par Lemaistre de Sacy

 

Le moine au bord de la mer, Caspar David Friedrich

Le moine au bord de la mer, Caspar David Friedrich

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 11:00

Dans ce temps-là, on n’avait guère de respect pour les besoins de la navigation, qui cependant était plus considérable qu’aujourd’hui, car le pont était à peine achevé qu’on élevait sur la seconde arche une pompe qu’on appela la Samaritaine, et qui avait son gouverneur comme un château royal ; elle était fort aimée des badauds parisiens qui en venaient écouter le carillon ; après avoir été reconstruite en 1772, elle fut abattue en 1813.

 

Ce n’était pas le seul édifice inutile qui embarrassait le Pont-Neuf ; on se souvient encore des vingt boutiques dessinées par Soufflot qui s’arrondissaient sur le parapet et semblaient prolonger les piles : on y vendait des habits, des chapeaux, des briquets-Fumade ; tout cela a disparu enfin, et au lieu de ces vilaines logettes on a placé des bancs semi-circulaires qui ne gênent pas la vue, n’entravent pas la circulation et servent aux passans fatigués.

 

On peut comprendre l’accroissement extraordinaire que subit Paris pendant le XVIIe siècle en voyant la quantité de ponts qu’on y élève pour mettre les différents quartiers en communication les uns avec les autres, augmenter la facilité de la circulation d’une rive à l’autre de la Seine et supprimer avantageusement les bacs, les batelets, dont les derniers ne disparurent cependant que vers 1820.

 

En 1635, le Pont-Marie est terminé ; le pont de la Tournelle, d’abord bâti en bois en 1620, est refait en pierre en 1656 ; en 1634, on établit le Pont-au-Double, ainsi nommé parce qu’il fallait payer un double denier pour avoir le droit de le traverser. Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, on ne communique des Tuileries à la rive gauche que par un bac dont le souvenir est conservé aujourd’hui encore par la rue qui porte ce nom.

 

Vers 1632, le sieur Barbier, contrôleur-général des forêts de l’Ile-de-France, fit bâtir un pont de bois qui s’appela le Pont-Barbier, le pont Saint-Anne, en l’honneur de la reine, et bien plus communément le Pont-Rouge ; d’après le plan de Gomboust, il aboutissait précisément en face la rue de Beaune et était aussi, comme le Pont-Neuf et le pont Notre-Dame, embarrassé d’une pompe hydraulique. Tant bien que mal il dura une cinquantaine d’années, fort endommagé souvent par les débâcles et exigeant des réparations presque continuelles. Le 20 février 1684, une crue plus haute que de coutume se fit sentir en Seine, et le pont s’en alla avec elle. Louis XIV ordonna de le reconstruire en pierre ; l’arrêt du conseil est du 10 mars 1685 ; quatre ans après, le Pont-Royal était terminé sous la direction de Gabriel, et le procès-verbal de réception du 13 juin 1689 constate qu’il a coûté 742,171 livres 11 sols.

 

En 1617, on avait réuni l’île Saint-Louis à la Cité par le pont de Bois, dit aussi le Pont-Rouge, qu’une passerelle remplaça en 1842, et qui, aujourd’hui en bonnes pierres de taille, s’appelle le pont Saint-Louis. Au XVIIIe siècle, un seul pont apparaît, mais c’est le plus beau de Paris ; le pont de la Concorde, commencé en 1787, traînait en longueur, la prise de la Bastille en accéléra la construction en lui apportant les matériaux de la vieille forteresse. Pendant longtemps, nous l’avons vu orné de douze statues colossales qui représentaient quelques-uns des héros de l’histoire de France ; mais elles chargeaient trop les piles sur lesquelles elles étaient placées, on craignait un tassement qui aurait pu avoir de graves conséquences, et en 1837 on transporta ces lourds grands hommes dans la cour d’honneur du château de Versailles.

 

Tels sont les dix ponts que le XIXe siècle a trouvés à Paris et qui alors suffisaient amplement aux besoins de la grande ville. Napoléon, la dynastie de juillet et le second empire ont singulièrement augmenté ce nombre.

 

 

Maxime Du Camp, La Seine à Paris, Revue des Deux Mondes, 1867

 

Le Pont Royal, Antonio de La Gandara, Musée Départemental de l'Oise, Beauvais

Le Pont Royal, Antonio de La Gandara, Musée Départemental de l'Oise, Beauvais

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11 juillet 2014 5 11 /07 /juillet /2014 11:00

Il faut aussi parler des ponts, car ils appartiennent à la Seine, dont ils joignent les deux rives et dont ils ont singulièrement modifié la physionomie.

 

Dans le principe, quand toute la ville était la Cité, il n’y en eut que deux, le Grand et le Petit, défendus chacun à leur entrée par une forteresse : le Grand-Châtelet, le Petit-Châtelet. Ces deux ponts suffirent aux besoins des Parisiens pendant treize ou quatorze siècles. Dès 1141, le Grand-Pont prit le nom de Pont-au-Change à cause des changeurs de monnaies, qui, sur l’ordre de Louis VII, y avaient établi leurs boutiques ; les eaux, les débâcles de glaces l’ont souvent emporté. Les maisons qu’il portait furent démolies en 1786, à l’époque où l’on se décida à supprimer les habitations qui encombraient les ponts et les rendaient souvent dangereux ; Il a été récemment refait de fond en comble pour continuer l’alignement du boulevard Sébastopol. Un manuscrit de la Bibliothèque impériale contient une miniature exécutée en 1345 qui représente le Pont-au-Change ; il ne ressemble guère à ce qu’il est aujourd’hui ; ses arches sont embarrassées par des moulins, et ses bords disparaissent sous les masures qui les couvrent. C’était le pont par excellence à cette époque ; Guillebert de Metz, qui l’a visité, en parle avec admiration : Là demeurent les changeurs d’un costé et les orfèvres d’autre costé. En l’an quatorze cent, et quand la ville estait en sa fleur, passoient tant de gens tout jour sur ce pont que on y rencontroit adez ung blanc moine, adez un blanc cheval.

 

Il appartenait à trois juridictions différentes qui toutes trois y exerçaient la justice avec cette jalousie inquiète que donnent les privilèges seigneuriaux. La chaussée était au roi, les arches de côté au chapitre, de Notre-Dame, qui y faisait moudre, l’arche du milieu au prévôt des marchands. Cette dernière était exclusivement réservée à la navigation ; mais nul bateau ne pouvait la franchir sans payer un droit fixe à l’avaleur de nefs. Que le lecteur ne voie pas dans ce fonctionnaire une sorte de Gargantua engloutissant les bateaux chargés de vivres et de vins ; son nom a une signification moins redoutable : il avalait les nefs, c’est-à-dire qu’il les faisait descendre, les dirigeait en aval de la rivière. Lorsqu’un roi de France faisait son entrée solennelle dans «sa bonne ville de Paris» il passait sur le Pont-au-Change ; au moment où il y mettait le pied, auprès du Grand-Châtelet, les jurés oiseliers avaient le privilège et l’obligation de lâcher des oiseaux captifs, afin de rappeler au souverain la liberté qu’il devait accorder aux prisonniers. Le Petit-Pont est aujourd’hui encore tel qu’il fut rebâti en 1718, après avoir été neuf fois détruit par des incendies et des inondations.

 

Le pont Saint-Michel fut le troisième pont que vit Paris ; il fut commencé en 1378 par ordre de Charles V et terminé seulement en 1387. Les vieillards peuvent se rappeler l’avoir vu chargé de maisons, car ces dernières ne furent enlevées qu’en 1808 ; il vient d’être repris en sous-œuvre et mis en rapport avec le boulevard Saint-Michel, qu’il réunit au boulevard Sébastopol. En 1413, pendant une des époques les plus troublées de notre histoire, au moment de cette folie de Charles VI qu’on appelait «l’occupation de notre seigneur le roi de France» on compléta la communication de la Cité avec la terre ferme en construisant le pont Notre-Dame, qui ne fut achevé qu’en 1421 et ne dura pas longtemps, car, grâce aux mauvais matériaux de son appareil, il s’écroula en 1449 ; on le rebâtit, et nous l’avons vu encore embarrassé d’une haute construction soutenue sur pilotis, énorme pompe hydraulique élevée en 1670, refaite en 1708, qui chaque jour distribuait deux millions de litres d’eau aux quartiers environnans. C’était un lieu de repêche des cadavres ; tous les noyés de la Haute-Seine, entraînés par la force extraordinaire du courant, venaient s’arrêter dans l’assemblage des poutres qui servaient de fondation à cette vaste machine et étaient recueillis par le gardien, qui les faisait porter à la morgue et retirait quelques bénéfices de cette étrange industrie. La pompe avec son enchevêtrement de poutres et de madriers a été enlevée en 1858 ; cette suppression a rendu la navigation plus facile, mais néanmoins elle est dangereuse sous le pont Notre-Dame, et l’arche du Diable n’a que trop mérité son nom ; elle a vu sombrer bien des bateaux chargés de pierres et se briser les coupons de bien des trains de bois. Grâce à la canalisation du petit bras de la Seine parisienne et au barrage écluse de la Monnaie, une route meilleure est ouverte aux mariniers, et le pont Notre-Dame est presque complètement délaissé aujourd’hui.

 

Il était couvert de maisons comme les autres. Mercier raconte dans son Tableau de Paris que le 2 janvier 1782 une débâcle imprévue entraîna l’énorme patache qui servait de bureau aux douaniers de la Seine ; emportée, elle brisa sur son passage tous les chalands qu’elle rencontra. Les débris se précipitèrent vers le pont Notre-Dame ; «on ordonna de déménager sur l’heure» une subite reprise de gelée sauva le pont et ses habitans. Mercier réclama le déblayage immédiat de tous les ponts. «Quand toutes les cheminées avec les entre-sols seront dans la rivière, dit-il, il faudra bien d’autres travaux pour décombrer le lit de la Seine». Il avait raison, et, fait rare, il fut entendu, car on prit enfin la grande mesure réclamée depuis si longtemps, et l’on commença à rendre le passage des ponts sérieusement praticable.

 

En mai 1578, dit Pierre de l’Estoile, «à la faveur des eaux, qui lors commencèrent et jusques à la Saint-Martin continuèrent d’être fort basses, fut commencé le Pont-Neuf de pierre de taille, qui conduit de Nesle à l’École Saint-Germain, sous l’ordonnance du jeune du Cerceau, architecte du roy». C’est Henri IV qui devait le voir terminer en 1602. A peine fut-il achevé que les bouquinistes s’en emparèrent pour y mettre leurs échoppes et leurs étalages ; il ne fallut rien moins qu’un arrêt du parlement pour les en déloger en 1649 ; ils se sont réfugiés sur les quais, et depuis lors ils les occupent en maîtres.

 

 

Maxime Du Camp, La Seine à Paris, Revue des Deux Mondes, 1867

 

Le Pont-Neuf et l'île de la Cité, photographie de Jean-Baptiste Leroux, Grand Palais

Le Pont-Neuf et l'île de la Cité, photographie de Jean-Baptiste Leroux, Grand Palais

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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 11:00

La topographie de la Seine a souvent changé ; je ne parle pas seulement de ses berges, où les quais, commencés en 1312 par Philippe le Bel, n’ont été achevés que de nos jours.

 

La vallée de la Misère est devenue la place du Châtelet, la promenade plantée de saules et chère aux Parisiens est aujourd’hui le quai des Grands-Augustins, l’Écorcherie s’appelle le quai de Gèvres ; en passant devant le quai d’Orsay, bâti en 1802, Néel, à la fin du siècle dernier, pouvait écrire dans son burlesque Voyage à Saint-Cloud par terre et par mer : «J’estimai que ce que je voyais était ce que nos géographes de Paris appellent la Grenouillère, parce que j’entendis effectivement le coassement des grenouilles».

 

Les peaussiers, les mégissiers, qui, habitant les bords de la Seine, avaient baptisé le quai de la Mégisserie, sont relégués avec les tanneurs dans le faubourg Saint-Marceau, à côté de la Bièvre ; les bouchers ont vu leurs abattoirs, qui jadis ensanglantaient les environs de l’Hôtel-de-Ville, repoussés vers les quartiers excentriques. Lentement, mais incessamment la Seine s’est épurée, elle a rejeté loin de ses rives tous les corps d’état malfairans qui les encombraient : elle est aujourd’hui exclusivement réservée à la navigation, à la batellerie et aux industries spéciales qui s’y rattachent et vivent forcément sur l’eau ; mais ce ne sont pas seulement les rivages de la Seine qui ont subi des modifications : ses îles non plus n’ont pas été épargnées ; au gré des besoins successifs, on les a reliées entre elles ou rattachées à la terre ferme.

 

Dans tout le cours de la Seine parisienne, on n’en compte plus que deux à cette heure, l’île de la Cité, l’île-mère, celle d’où la vieille Lutèce est sortie du fond des marécages, et l’île Saint-Louis ; les autres méritent qu’on rappelle ce qu’elles étaient et qu’on dise ce qu’elles sont devenues. Jadis on en comptait dix : c’était d’abord l’île aux Javiaux ; en 1468, elle prit le nom de Nicolas Louviers, prévôt des marchands, qui la possédait. Au commencement du XVIIIe siècle, elle fut acquise par l’administration municipale sans but déterminé ; elle était louée à des marchands de bois, qui y créèrent des chantiers importants, sorte de docks des bois flottés. C’est ainsi que nous l’avons encore connue, réunie au quai des Célestins par le petit pont de Grammont et n’ayant pour toute maison qu’un poste occupé par des gardes municipaux ; l’étroit bras de la Seine qui la séparait de la ville a été comblé en 1843. Elle resta inhabitée, et en 1848 on y établit des baraquemens pour quelques-uns des régiments de l’armée rassemblée à Paris à la suite de l’insurrection de juin. Aujourd’hui l’ancienne île Louviers est bordée d’un côté par le boulevard Morland, de l’autre par le quai Henri IV, et l’on ne se douterait guère, à la voir, qu’elle était, il y a vingt ans à peine, entourée d’eau de tous côtés.

 

L’île Saint-Louis, qui de nos jours encore a conservé une physionomie toute spéciale (et qui offre une honorable particularité que Parent-Duchâtelet fait ressortir avec soin), est formée de l’île Notre-Dame et de l’île aux Vaches ; en examinant un plan de Paris au XVIe siècle, on voit que ces deux îles étaient séparées par un petit canal étroit qui ne pouvait recevoir aucun bateau, et qui passait sur l’emplacement actuel de l’église Saint-Louis. Par contrat signé le 19 avril 1614 et enregistré le 6 mai de la même année, elles furent concédées à Christophe-Marie, entrepreneur général des ponts de France, et à Le Regratier, trésorier des Cent-Suisses, à la condition qu’ils réuniraient les deux îles ensemble et les joindraient à la terre ferme par un pont. Grâce aux difficultés élevées par le chapitre de Notre-Dame, qui avait un vieux droit de possession sur ces terrains, les constructions ne furent terminées qu’en 1647 ; la rue Le Regratier et le pont Marie ont consacré le nom des fondateurs de l’île Saint-Louis.

 

Dans l’origine, l’île de la Cité s’arrêtait à l’endroit où l’on a tracé la rue Harlay-du-Palais ; au-dessous d’elle, vers l’ouest, s’étendait l’île aux Juifs, l’île aux Treilles, où furent brûlés le grand-maître Jacques Molay et Guy, commandeur de Normandie ; au-delà, c’était l’îlot de la Gourdaine ou l’île au Moulin-Buci. En 1578, Henri III réunit les trois îles en une seule au moment où il faisait commencer la construction du Pont-Neuf. Henri IV donna tout cet emplacement au chancelier de Harlay à la charge de le couvrir de maisons bâties sur un plan indiqué par Sully ; l’île aux Juifs est maintenant la place Dauphine et l’île de la Gourdaine est le terre-plein sur lequel s’élève la statue d’Henri IV. L’île du Louvre était un simple banc de sable qui a été détruit vers la fin du XVIIe siècle, lorsqu’on construisit le port Saint-Nicolas ; l’île de Seine était séparée de la Grenouillère moins par un bras de rivière que par un marécage peuplé de batraciens ; elle avait une quinzaine d’arpents de longueur et contenait des oseraies ; en 1645, à l’aide d’un barrage en amont, on dessécha le fossé boueux, et l’île disparut.

 

L’île des Cygnes, où s’élèvent aujourd’hui la manufacture des tabacs et le Garde-Meuble, n’a été jointe à la rive gauche que depuis 1820. Son premier nom était fort irrévérencieux ; elle doit le second aux cygnes que Louis XIV avait fait mettre sur la Seine en 1676, et qui allaient chercher un refuge et déposer leurs couvées dans les roseaux dont l’île était entourée ; elle servit de point de mire à bien des faiseurs de projets, et en 1785 un architecte nommé Poyet proposa d’y bâtir un nouvel Hôtel-Dieu qui aurait eu exactement la forme du Colisée de Rome. Son mémoire, accompagné de plans, est extrêmement curieux à parcourir et montre un homme qui avait des idées aussi grandioses que pratiques.

 

L’annexion de la banlieue a fait entrer une île nouvelle dans Paris ; est-ce bien une île ? A la voir, on en pourrait douter : elle ressemble à une étroite jetée qui prolonge la pile médiane du pont de Grenelle ; on la nomme l’allée des Cygnes : elle ne porte aucune habitation ; mais elle est le paradis des pêcheurs à la ligne. Sur ses berges verdoyantes, ils se réunissent attentifs et silencieux ; c’est le petit bras de la Seine où ne passent pas les bateaux à vapeur qui est le théâtre de leurs exploits ; l’ablette abonde, le goujon donne, et parfois même on a la chance d’enlever un barbillon, à la grande jalousie des concurrents voisins.

 

 

Maxime Du Camp, La Seine à Paris, Revue des Deux Mondes, 1867

 

La pointe de l'île Notre-Dame, artiste anonyme, Bibliothèque Nationale de France

La pointe de l'île Notre-Dame, artiste anonyme, Bibliothèque Nationale de France

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 11:00

Si Paris était une circonférence, la Seine en serait l’axe, car elle le traverse dans sa plus grande largeur sur une étendue de 11 kilomètres et demi ; la vitesse moyenne de son cours entre les quais qui la pressent et accélèrent sa marche est de 0m,65 par seconde, ce qui donne 2,340 mètres à l’heure, un peu plus d’une demi-lieue ; une épave abandonnée au fil de l’eau mettrait donc environ cinq heures pour franchir Paris depuis le pont Napoléon jusqu’au pont du Point-du-Jour.

 

A son entrée à Paris, la Seine est large de 165 mètres et de 136 à sa sortie. Vers le pont Saint-Michel, resserrée dans son bras le plus étroit, elle n’a que 49 mètres ; mais au-dessous du Pont-Neuf elle obtient toute son amplitude, et parvient à 263 mètres de largeur. Quant à sa limpidité, elle est aussi variable que le temps ; un spécialiste qui fait autorité dans la matière, M. Poggiale a calculé que la Seine était en moyenne trouble pendant 179 jours de l’année.

 

L’eau de la Seine est-elle bonne à boire ? Grave question sur laquelle on a écrit des volumes ; la chimie s’est chargée de répondre, et voici ce qu’elle dit : Dans les temps de pluie et de fonte de neige, le résidu limoneux des eaux de la Seine s’élève à 1 et 2 grammes par litre, de plus elle contient environ 2 ou 3 pour 100 de matières organiques ; en général, dans la saison normale, l’eau prise au centre de Paris renferme par litre 16 centigrammes de carbonate de chaux, 2 de carbonate de magnésie, 2 de sulfate de chaux et quelques milligrammes de chlorurés alcalins et de nitrates. — Certes une telle boisson est potable ; mais est-ce bien l’eau de la Seine qui abreuve Paris ? Les Parisiens de la rive gauche boivent l’eau de la Seine, les Parisiens de la rive droite boivent l’eau de la Marne.

 

Des expériences sérieuses et concluantes ne laissent aucun doute à cet égard. Les deux rivières se côtoient sans se mêler pendant qu’elles traversent Paris entre les mêmes bords, sur le même lit ; c’est en vain qu’elles se heurtent entre les piles des ponts, qu’elles sont agitées par les bateaux à vapeur : elles se conservent presque pures malgré leur contact forcé. Il faut qu’elles soient attirées et comme barattées dans le grand coude que la Seine fait en face de Meudon pour perdre leurs qualités distinctes et devenir réellement une. A Sèvres seulement, le mélange est complet, et l’eau est enfin absolument uniforme.

 

 

Maxime Du Camp, La Seine à Paris, Revue des Deux Mondes, 1867

 

La Seine et Notre-Dame de Paris, Johan Barthold Jongkind, Musée d'Orsay

La Seine et Notre-Dame de Paris, Johan Barthold Jongkind, Musée d'Orsay

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8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 11:00

La Seine a connu toutes nos discordes civiles, et, si je puis dire, elle y a pris part. Les Normands l’ont envahie sur leurs barques d’osier recouvertes de peau ; elle a vu brûler les templiers sur l’îlot où s’élève aujourd’hui la place Dauphine ; elle a reçu le corps de Louis de Bourbon, l’amant d’Isabeau de Bavière : «laissez passer la justice du roi !» Elle s’est refermée sur les cadavres des d’Armagnacs, lors du grand massacre de 1418, que commandait Capeluche ; à la Saint-Barthélémy pendant que Charles IX

Ce roy, non juste roy, mais juste arquebusier
Giboyoit aux passans trop tardifs à noyer

elle a charrié dix-huit cents huguenots vers le quai des Bonshommes ; de nos jours, elle a porté jusqu’à la mer les livres, les manuscrits, les vêtemens sacerdotaux, les vases de l’archevêché, et pendant cette fratricide insurrection de juin elle a roulé le corps de plus d’un combattant.

 

Les inondations de la Seine ont été jadis fréquentes et souvent terribles. La plus considérable dont l’histoire ait gardé le souvenir est celle de 1176 ; elle emporta tout, les deux ponts qui la traversaient alors, les moulins, les barques, les berges, les piles de bois et les maisons ; elle noya les troupeaux qui paissaient dans les îles. La population consternée se tourna vers le ciel, et l’évêque de Paris, suivi de tout son clergé, de tous les moines, du roi Louis VII accompagné de sa cour, vint solennellement sur la grève étendre les mains au-dessus de la rivière rebelle et lui montrer un clou qui avait percé les mains du Christ ; puis il lui dit : «Que ce signe de la sainte passion fasse rentrer tes eaux dans leur lit et protège ce misérable peuple !» La crue s’arrêta, et la ville fut sauvée.

 

Plus récemment, en 1740, à Noël, Paris fut littéralement inondé. La place du Palais-Royal, la place Maubert, la place Vendôme, les Champs-Elysées, étaient sous l’eau. Des maisons furent renversées, une entre autres rue Saint-Dominique. Pour porter remède à tant de désastres, on découvrit la châsse de sainte Geneviève.

 

On a maintenant des moyens plus certains pour resserrer la Seine et l’empêcher de courir la prétantaine à travers Paris. Nos ingénieurs des ponts et chaussées n’emploient guère de reliques ; mais il faut croire que leurs procédés ne sont pas mauvais, car, malgré les déboisements imprudents qui ont dénudé les montagnes voisines de ses rives, la Seine est assez paisible maintenant et ne franchit plus le rempart de ses quais, ce qui ne l’empêche pas du reste d’être sévèrement surveillée : chaque jour, sa hauteur est relevée, enregistrée, et tous les mois le tableau de ses variations est envoyé à l’Académie des Sciences, à l’Observatoire, à la préfecture de police et à l’Hôtel-de-Ville.

 

Il y a deux étiages à Paris, celui du pont de la Tournelle et celui du Pont-Royal. Chacun sait qu’un étiage est le niveau de la rivière pris à ses plus basses eaux ; ce sont celles de 1719 qui ont servi de point de départ. Pour avoir la hauteur exacte de la rivière depuis le fond jusqu’à la superficie, il faut ajouter pour le pont de la Tournelle 0m,45 et 0m,85 pour le Pont-Royal ; le zéro de l’échelle du premier est donc marqué à 0m,45 au-dessus du sol même de la rivière ; le zéro de l’échelle du second à 0m,85. Ce calcul n’est pas d’une certitude absolument rigoureuse, car le lit de la Seine subit parfois des tassements et des ensablements qui peuvent modifier son niveau. Les eaux les plus basses qu’on y ait jamais observées se montrèrent le 29 septembre 1865 et laissèrent apercevoir le sol même de la rivière : «On sait à quel état les sécheresses de 1865 avaient réduit la Seine. La rivière avait pris l’aspect d’un véritable égout, dont les eaux bourbeuses excitaient une vive répugnance» (Robinet, Sur une application de l’hydrotimétrie). En effet, le 29 septembre, les observations portent que la Seine descendit à 1 mètre au-dessous de zéro de l’étiage du Pont-Royal ; il faut admettre dans ce cas que les fanges du lit de la rivière s’étaient affaissées de 20 centimètres au moins.

 

En 1866, précisément à la même date, les eaux, gagnant pour cette année-là leur maximum d’élévation, arrivèrent à 5m,50, et par extraordinaire c’est le 1er janvier que les eaux atteignirent leur niveau le plus faible, 0m,20 au-dessus de zéro. Ce fait, qui au premier abord nous paraît étrange, d’un abaissement anormal de la rivière pendant les mois rigoureux n’est pas aussi rare qu’on pourrait le croire, et a déjà été remarqué autrefois. En effet, je lis dans les mémoires de l’Estoile : «Le jeudi 3 janvier 1591, qui estoit le jour Sainte-Geneviève, la rivière de Seine, qui estoit si basse en ceste saison que l’on pouvoit quasi aller à pied sec du quai des Augustins en l’isle du Palais (ce qui n’avait été vu de mémoire d’homme), vint à croistre ce jour sans aucune cause apparente».

 

 

Maxime Du Camp, La Seine à Paris, Revue des Deux Mondes, 1867

 

Paris, janvier 1910, rue de Seine - photographie de presse de l'agence Rol

Paris, janvier 1910, rue de Seine - photographie de presse de l'agence Rol

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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 11:00

Le Parisien qui traverse les ponts et passe sur les quais est depuis son enfance tellement accoutumé au spectacle qui se déroule sous ses yeux qu’il ne pense guère à s’en rendre compte. Il sait vaguement qu’il y a des navires au port Saint-Nicolas, que pendant l’été on peut prendre des bains de rivière ; parfois il lit dans son journal qu’un train de bois s’est brisé contre une des piles du Pont-au-Change ; par curiosité il entre à la Morgue, et souvent il regarde les pêcheurs à la ligne assis dans les bachots amarrés à la berge. La Seine ne lui offre rien de particulier ; elle a pourtant une importance majeure, car elle est une des grandes voies d’approvisionnement de la capitale, et de plus elle a une existence spéciale, représentée par les industries qui vivent sur elle et par elle.

 

L’écrivain qui raconterait l’histoire de la Seine pendant les seize premiers siècles de la monarchie française serait bien près d’avoir fait une histoire complète de Paris. Grâce aux routes d’abord et ensuite aux chemins de fer, elle, n’a plus cette utilité redoutable qui en rendait la libre possession si précieuse ; elle n’est plus la clé de la famine ou de l’abondance. Pour apprécier le rôle qu’elle jouait encore dans des temps relativement rapprochés de nous, il faut se rappeler ce que dit Pierre de l’Estoile : Le samedi 7 avril 1590, la ville de Melun fut rendue au roy par composition. La prise de cette ville avec celles de Corbeil, Montereau, Lagny et autres passages de rivières saisis en mesme temps, qui estoient les clés des vivres de Paris, avancèrent fort le dessein du roy, qui estoit de faire faire une diette à ceux de Paris, qui peust tempérer l’ardeur de leurs résolutions et frénaisies.

 

On sait l’épouvantable famine qui suivit cette conquête de la Seine. A ce moment, tous les yeux sont tournés vers la rivière, du haut des clochers on en interroge le cours aussi loin qu’on peut en suivre les méandres ; c’est par elle seule que peuvent arriver les vivres si douloureusement attendus. Aussi quel désespoir lorsque : Le dimanche 28 du présent mois d’avril 1591, la flotte de Meaux et de Château-Thierry, conduisant à Paris jusqu’à quatorze cents muis de bled en cent quinze basteaux, est arrestée et prise par les gens du roy.

 

S’il en était ainsi au temps de Henri IV, qu’était-ce donc sous les rois de la première et de la seconde race ? Ces dures époques sont aujourd’hui passées pour toujours ; mais elles ont laissé des traces profondes qu’on retrouve à chaque page dans les vieux mémoires. Dès que la navigation de la Seine est interdite, Paris s’émeut et se désespère. C’était le fleuve nourricier par excellence, et jusque sur les marchés publics il déposait le blé, le vin, le bois et les fruits. L’interruption du cours de la Seine apportait la famine, la contagion et la mort.

 

D’où vient ce mot : la Seine ? Du celtique, dit-on : squan, serpent ; sin-ane, la lente rivière ; sôgh-ane, la paisible rivière ; les Romains l’ont latinisé, selon leur usage, et en ont fait Sequana. A-t-elle été une divinité ? On pourrait le croire, puisque le Tibre fut un dieu. Ceux qui la possédaient et en avaient la navigation exclusive étaient de grands personnages, les plus riches et les plus considérables de la cité ; il y a longtemps que les nautes ont fait parler d’eux, et le plus ancien monument de Paris leur appartient. Lorsque dans l’année 1711 Louis XIV fit changer le maître-autel de Notre-Dame, dans les fouilles qu’on opéra au milieu du chœur de la vieille basilique, on rencontra les débris d’un autel élevé autrefois par nos pères ; sur une de ses faces, on lisait et on peut lire encore au musée de Cluny : TIB. CÆSARE AUG. JOVI OPTUMO MAXSUMO… M. NAUTÆ PARISIACI PUBLICE POSIERUNT ; sous Tibère César Auguste, à Jupiter très bon, très grand, les navigateurs parisiens publiquement consacrèrent.

 

Ces nautœ, désignés plus tard sous le nom de mercatores aquœ, furent la souche de notre administration municipale ; ils furent la hanse. Leur chef, d’abord prévôt de la marchandise d’eau, devient prévôt des marchands, puis maire de Paris et enfin préfet de la Seine. C’est à cette origine beaucoup plus qu’à la forme problématique de l’île de la Cité, qui jadis était composée de trois îles, qu’il faut attribuer les armes de Paris, le vaisseau et la devise : fluctuat nec mergitur.

 

C’est donc de la Seine qu’est née, la ville qui est encore plus la capitale du monde que celle de la France.

 

 

Maxime Du Camp, La Seine à Paris, Revue des Deux Mondes, 1867

 

La Seine à Paris - C’est de la Seine qu’est née la Ville
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