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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

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Cathédrale de Cambrai

 

 

 

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Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 16:00

Quoi qu'il en soit, être et paraître converti, être et paraître fidèle, être et paraître ce qu'on doit être, voilà, mes chers auditeurs, la grande morale que nous prêche Jésus-Christ ressuscité.

BOURDALOUE

 

 

Pourquoi Jésus-Christ a-t-il paru ressuscité, ou plutôt à qui a-t-il paru ressuscité ? ceci mérite votre attention. Il a paru ressuscité, dit saint Augustin, aux uns pour les consoler dans leur tristesse, aux autres pour les ramener de leurs égarements, à ceux-là pour vaincre leur incrédulité, à ceux-ci pour leur reprocher l'endurcissement de leur cœur.

 

Madeleine et les autres femmes qui l'avaient suivi, pleurent auprès du sépulcre, pénétrées de la vive douleur que leur cause le souvenir et l'image encore toute récente de sa mort : il leur apparaît, dit l'Evangéliste, pour les remplir d'une sainte joie, et pour faire cesser leurs larmes. Les disciples faibles et lâches l'ont abandonné, et ont pris la fuite, le voyant entre les mains de ses ennemis : il leur apparaît pour les rassembler comme des brebis dispersées, et pour les faire rentrer dans le troupeau. Saint Thomas persiste à être incrédule, et à ne vouloir pas se rendre au témoignage de ceux qui l'ont vu : il lui apparaît pour le convaincre, et pour ranimer sa foi presque éteinte. Les autres, quoique persuadés de la vérité, sont encore froids et indifférents : il leur apparaît pour leur reprocher leur indifférence, et pour réveiller leur zèle. Encore une fois, modèle divin sur quoi nous devons nous former ; car c'est ainsi que nous devons paraître convertis pour la consolation des justes, pour la conversion des pécheurs, pour la conviction des libertins. Reprenons.

 

Pour la consolation des justes. Car, dans l'état de votre péché, mon cher auditeur, vous étiez mort ; et combien d'âmes saintes pleuraient sur vous ! quelle douleur la charité qui les pressait ne leur faisait-elle pas sentir à la vue de vos désordres ! avec quel serrement, ou, si vous voulez, avec quel épanchement de cœur n'en ont-elles pas gémi devant Dieu ! par combien de pénitences secrètes n'ont-elles pas tâché de les expier ! et depuis combien de temps ne peut-on pas dire qu'elles étaient dans la peine, demandant grâce à Dieu pour vous, et soupirant après votre conversion ! Dieu enfin les a exaucés, et, selon leurs vœux, vous voilà spirituellement ressuscité ; mais on vous dit que l'étant, elles ont droit d'exiger que vous leur paraissiez tel, afin qu'elles s'en réjouissent sur la terre comme les anges bienheureux en triomphent dans le ciel ; que c'est une justice que vous leur devez ; que, comme votre péché les a désolées, il faut que votre retour à Dieu les console.

 

Cela seul ne doit-il pas vous engager à leur en donner des preuves, mais des preuves assurées, qui d'une part les comblent de joie, et qui de l'autre mettent comme le sceau à l'œuvre de votre salut ? Pour la conversion des pécheurs. Il y a de vos frères dans le monde qui se perdent, et qui, sortis des voies de Dieu, vivent au gré de leurs passions, et ne suivent plus d'autre voie que celle de l'iniquité. Il est question de les sauver, en les ramenant d'une manière douce, mais efficace, au vrai pasteur de leurs âmes, qui est Jésus-Christ ; et c'est vous, vous, dis-je, pécheur converti, qui devez servir à ce dessein. Pourquoi vous ?

 

Je le répète, parce qu'après vos égarements, vous avez pour y réussir un don particulier que n'ont pas les justes qui se sont toujours maintenus justes. Aussi, remarque Origène, saint Pierre fut-il singulièrement choisi pour ramener au Fils de Dieu les disciples que la tentation avait dissipés : Et tu aliquando convenus, confirma fratres tuos (Luc, XXII, 32.) ; Et vous, Pierre, lui dit le Sauveur du monde, ayez soin d'affermir vos frères quand vous serez une fois converti vous-même. Il ne donna pas cette commission à saint Jean, qui s'était tenu inséparablement attaché à sa personne, ni à Marie, qui l'avait accompagné jusqu'à la croix ; mais à saint Pierre, qui l'avait renoncé. Pourquoi cela ? Adorable conduite de la Providence ! parce qu'il fallait, dit Origène, un disciple pécheur pour attirer d'autres pécheurs, et parce que le plus grand pécheur de tous était le plus propre à les attirer tous. Ah ! Chrétiens, combien de conversions votre exemple seul ne produirait-il pas, si vous vous regardiez, comme saint Pierre, chargés de l'honorable emploi de gagner vos frères a Dieu ! Et tu aliquando conversus, confirma fratres tuos.

 

Cet exemple, épuré de toute ostentation, et soutenu d'un zèle également humble et prudent, quel succès merveilleux n'aurait-il pas, et que pourraient faire en comparaison tous les prédicateurs de l'Evangile ? quel attrait surtout ne serait-ce pas pour certains pécheurs, découragés et tentés de désespoir, lorsqu'ils se diraient à eux-mêmes : Voilà cet homme que nous avons vu dans les mêmes débauches que nous ; le voilà converti et soumis à Dieu ? Y aurait-il un charme plus puissant pour les convertir eux-mêmes ? et quand il ne s'agit pour cela que de paraître ce que vous êtes, ne craignez-vous point, en y manquant, d'encourir la malédiction dont Dieu, par son prophète, vous a menacés ? Sanguinem autem ejus de manu tua requiram (Ezech., III, 18.).

 

Pour la conviction des libertins et des esprits incrédules. L'apôtre saint Thomas, devenu fidèle, eut une grâce spéciale pour répandre le don de la foi ; et s'il n'eût jamais été incrédule (c'est la réflexion de saint Grégoire, pape), sa prédication en eût été moins touchante. Mais la merveille était de voir un homme non seulement croire ce qu'il avait opiniâtrement combattu, mais l'aller publier jusque devant les tribunaux, et ne pas craindre de mourir pour en confirmer la vérité. Voilà ce qui persuadait le monde. Son incrédulité toute seule, dit saint Chrysostome, nous aurait perdus, sa foi toute seule ne nous aurait pas suffi ; mais son infidélité suivie de sa foi, ou plutôt sa foi précédée de son infidélité, c'est ce qui nous a faits ce que nous sommes.

 

J'en dis de même, Chrétiens, en vous appliquant cette pensée : Si vous, à qui je parle, ne vous étiez jamais égarés, peut-être le monde aurait-il du respect pour vous ; mais à peine le monde, dans le libertinage de créance où il est aujourd'hui plongé, tirerait-il de vous une certaine conviction dont il a particulièrement besoin. Ce qui touche les impies, c'est d'entendre un impie comme eux, surtout un impie sage d'ailleurs selon le monde, sans autre intérêt que celui de la vérité qu'il a connue, dire : Je suis persuadé, je ne puis plus résister à la grâce qui me presse ; je veux vivre en chrétien, et je m'y engage. Car cette déclaration est un argument sensible qui ferme la bouche à l'impiété, et dont les âmes les plus libertines ne peuvent se défendre.

 

Enfin, obligation de paraître converti, fondée sur notre intérêt propre. Car cette prudence charnelle qui nous fait trouver tant de prétextes pour ne nous pas déclarer, n'est qu'un artifice, grossier, dont se sert l'ennemi de notre salut pour nous tenir toujours dans ses liens, au moment même que nous nous flattons d'être rentrés dans la liberté des enfants de Dieu. En effet, on ne veut pas qu'il paraisse à l'extérieur qu'on ait changé de conduite ; pourquoi ? parce qu'on sent bien que si ce changement venait une fois à éclater, on serait obligé de le soutenir, qu'on ne pourrait plus s'en dédire; et que l'honneur même venant au secours du devoir et de la religion, on se ferait de la plus difficile vertu, qui est la persévérance, non pas un simple engagement, mais comme une absolue nécessité. Or, en quelque bonne disposition que l'on se trouve, on veut néanmoins se réserver le pouvoir de faire dans la suite ce que l'on voudra. Quoiqu'on renonce actuellement à son péché, on ne veut pas se lier, ni s'interdire pour jamais l'espérance du retour. Cette nécessité de persévérer paraît affreuse, et l'on en craint les conséquences : c'est-à-dire, on ne veut pas être inconstant, mais on veut, s'il était besoin, le pouvoir être ; et parce qu'en donnant des marques de conversion, on ne le pourrait plus, ou qu'on ne le pourrait qu'aux dépens d'une certaine réputation dont on est jaloux, on aime mieux dissimuler, et courir ainsi les risques de son inconstance, que de s'assurer de soi-même en s'ôtant une pernicieuse liberté. Car voilà, mes chers auditeurs, les illusions du cœur de l'homme.

 

Mais je raisonne tout autrement, et je dis que nous devons regarder comme un avantage de paraître convertis, puisque, de notre propre aveu, le paraître et l'avoir paru est une raison qui nous engage indispensablement à l'être, et à l'être toujours.

 

Je dis que nous devons compter pour une grâce d'avoir trouvé par là le moyen de fixer nos légèretés, en faisant même servir les lois du monde à l'établissement solide et invariable de notre conversion. Mais si je retombe, par une malheureuse fragilité, dans mes premiers désordres, ma conversion, au lieu d'édifier, deviendra la matière d'un nouveau scandale. Abus, Chrétiens : c'est à quoi la grâce de Jésus-Christ nous défend de penser, sinon autant que cette pensée nous peut être salutaire pour nous donner des forces et pour nous animer. Je dois craindre mes faiblesses et prévoir le danger, mais je ne dois pas porter trop loin cette prévoyance et cette crainte ; elle me doit rendre vigilant, mais elle ne me doit pas rendre pusillanime ; elle doit m'éloigner des occasions par une sainte défiance de moi-même, mais elle ne doit pas m'ôter la confiance en Dieu jusqu'à m'empêcher de faire des démarches pour mon salut, sans lesquelles la résolution que j'ai pirise d'y travailler sera toujours chancelante. Si je me déclare, on jugera de moi, on en parlera : eh bien ! ce sera un secours contre la pente naturelle que j'aurais à me démentir, de considérer que j'aurai à soutenir les jugements et la censure du monde. On m'accusera de simplicité, de vanité, d'hypocrisie, d'intérêt : je tâcherai de détruire tous ces soupçons ; celui de la simplicité, par ma prudence ; celui de l'orgueil, par mon humilité ; celui de l'hypocrisie, par la sincérité de ma pénitence ; celui de l'intérêt, par un détachement parfait de toutes choses. Du reste, disait saint Augustin, le monde parlera selon ses maximes, et moi je vivrai selon les miennes : si le monde est juste, s'il est chrétien, il approuvera mon changement, et il en profitera ; s'il ne l'est pas, je dois le mépriser lui-même et l'avoir en horreur.

 

Quoi qu'il en soit, être et paraître converti, être et paraître fidèle, être et paraître ce qu'on doit être, voilà, mes chers auditeurs, la grande morale que nous prêche Jésus-Christ ressuscité.

 

Heureux, si je vous laisse, en finissant ce discours, non seulement instruits, mais persuadés et touchés de ces deux importantes obligations ! Après cela, quelque indigne que je sois de mon ministère, peut-être pourrai-je dire, aussi bien que saint Paul quand il quitta les chrétiens d'Ephèse et qu'il se sépara d'eux, que je suis pur devant Dieu et innocent de la perte des âmes, si parmi ceux qui m'ont écouté il y en avait encore qui dussent périr : Quapropter contester vos, quia mundus sum a sanguine omnium (Act., XX, 26.). Et pourquoi ? parce que vous savez, ô mon Dieu , que je ne leur ai point caché vos vérités ; mais que j'ai pris soin de les leur représenter avec toute la liberté, quoique respectueuse, dont doit user un ministre de votre parole.

 

BOURDALOUE

SERMON POUR LA FÊTE DE PAQUES SUR LA RÉSURRECTION DE JÉSUS-CHRIST

 

NOLI ME TANGERE

NOLI ME TANGERE, Lambert d'Amsterdam, Musée des Beaux-Arts, Lille

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 04:00

On fête, ce jour, Notre-Dame du Bon Conseil : " Quoi qu‘IL vous dise, faites-le. "

 

C‘est à Cana, sa seule parole adressée aux hommes.

 

Les Noces de Cana, Gérard David, Musée du Louvre * * * Texte du Martyrologe de l'Abbaye de Tamié

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 16:00

C'est dans ce sentiment, mon cher auditeur, que vous devez entrer aujourd'hui. Comme le prince des apôtres, vous reconnaissez, et vous êtes obligé de reconnaître, qu'en mille occasions où le torrent du monde vous entraînait, vous avez renoncé votre Dieu ; vous confessez que votre vie, si je puis parler de la sorte, a été un sujet perpétuel de confusion pour Jésus-Christ : n'est-il donc pas juste qne vous vous mettiez en état de lui faire honneur, et que, par une vie chrétienne, vous effaciez au moins les impressions que votre impiété a pu donner contre sa loi ? N'est-il pas juste (autre pensée bien touchante), n'est-il pas juste que vous honoriez la grâce même de votre conversion ?

BOURDALOUE

 

 

Obligation de paraître converti, prise de l'intérêt de Dieu qu'on a offensé ; autrement, Chrétiens, quelle réparation ferez vous à Dieu de tant de crimes, et comment lui rendrez-vous la gloire que vous lui avez ravie en les commettant ? Quoi ! pécheur qui m'écoutez, vous avez outragé mille fois ce Dieu de majesté, et vous rougirez maintenant de paraître humilié devant lui ? Vous avez méprisé hautement sa loi, et vous croirez en être quitte pour un secret repentir ? Votre libertinage, qui l'irritait, a été public, et votre pénitence, qui doit l'apaiser, sera obscure et cachée ? Est-ce traiter Dieu en Dieu ? Non, non, mes Frères, dit saint Chrysostome, en user ainsi, ce n'est point proprement se convertir. Quand nous n'aurions jamais péché, et que nous aurions toujours conservé l'innocence de notre baptême, Dieu veut que nous nous déclarions ; et en vain lui protestons-nous dans le cœur qu'il est notre Dieu, si nous ne sommes prêts à nous en expliquer devant les hommes, et même devant les tyrans, par une confession libre et généreuse : Quicumque confessus fuerit me coram hominibus (Luc, XII, 8.).

 

Telle est la condition qu'il nous propose, et sans laquelle il nous réprouve comme indignes de lui. Or, si le juste même, quoique juste, reprend saint Chrysostome, est sujet à cette condition, combien plus le pécheur qui se convertit, puisqu'il s'agit pour lui non seulement de confesser le Dieu qu'il sert et qu'il adore, mais de faire justice au Dieu qu'il a déshonoré ? Et comment la lui fera-t-il cette justice, si ce n'est par une conversion qui édifie, par une conversion dont on voit les fruits, par une conversion aussi exemplaire qu'elle doit être de bonne foi et sincère ? Il faut donc, conclut saint Chrysostome, que la vie de ce pécheur, dans l'état de sa pénitence, soit désormais comme une amende honorable qu'il fait à son Dieu. Il faut que son respect dans le lieu saint, que son attention à l'adorable sacrifice, que son assiduité aux autels, que sa fidélité aux observances de l'Eglise, que ses discours modestes et religieux, que sa conduite régulière, que tout parle pour lui, et réponde à Dieu de la contrition de son âme : pourquoi ? afin que Dieu soit ainsi dédommagé, et que ceux qui, voyant autrefois cet homme dans les désordres d'une vie impure et libertine, demandaient où était son Dieu, et doutaient presque qu'il y en eût un, non seulement n'en doutent plus, mais le glorifient d'une conversion si visible et si éclatante : Nequando dicant gentes : Ubi est Deus eorum (Psalm., CXIII, 2.) ? Car voilà ce que j'appelle l'intérêt de Dieu.

 

En effet, quand saint Pierre, après la résurrection du Sauveur, paraissait dans les synagogues et dans les places publiques, prêchant le nom de Jésus-Christ avec une sainte liberté, d'où lui venait surtout ce zèle ? de la pensée et du souvenir de son péché. J'ai trahi mon maître, disait-il dans l'amertume de son cœur, et mon infidélité lui a été plus sensible que la cruauté des bourreaux qui l'ont crucifié : il faut donc qu'aux dépens de tout je fasse voir maintenant ce que je lui suis, et que je me sacrifie moi-même pour effacer de mon sang une tache si honteuse. Voilà ce qui l'excitait, ce qui le déterminait à tout entreprendre et à tout souffrir pour cet Homme-Dieu qu'il avait renoncé.

 

Or, c'est dans ce sentiment, mon cher auditeur, que vous devez entrer aujourd'hui. Comme le prince des apôtres, vous reconnaissez, et vous êtes obligé de reconnaître, qu'en mille occasions où le torrent du monde vous entraînait, vous avez renoncé votre Dieu ; vous confessez que votre vie, si je puis parler de la sorte, a été un sujet perpétuel de confusion pour Jésus-Christ : n'est-il donc pas juste qne vous vous mettiez en état de lui faire honneur, et que, par une vie chrétienne, vous effaciez au moins les impressions que votre impiété a pu donner contre sa loi ? N'est-il pas juste (autre pensée bien touchante), n'est-il pas juste que vous honoriez la grâce même de votre conversion ? Car savez-vous, Chrétiens, quel sentiment la grâce de la pénitence vous doit inspirer ? savez-vous ce que vous devez être dans le monde en conséquence de cette grâce, si vous y avez répondu ? Je dis que vous devez être dans le monde ce que furent les apôtres et les premiers disciples, après la résurrection du Fils de Dieu. L'Ecriture nous apprend que leur principal, ou plutôt leur unique emploi, fut de lui servir de témoins dans la Judée, dans la Samarie, et jusques aux extrémités de la terre : Eritis mihi testes in Jerusalem et in omni Judœa et Samaria (Act., I, 8. ).

 

Ainsi, mes Frères, devez-vous être persuadés qu'en qualité de pécheurs convertis et réconciliés avec Dieu par la grâce de son sacrement, Dieu attend de vous un témoignage particulier, un témoignage que vous lui pouvez rendre, un témoignage qui lui doit être glorieux. Comme s'il vous disait aujourd'hui : Oui, c'est vous que je choisis pour être mes témoins irréprochables, non plus dans la Samarie ni dans la Judée, mais dans un lieu où il m'est encore plus important d'avoir des disciples qui soutiennent ma gloire ; mais à la cour, où ce témoignage que je vous demande m'est beaucoup plus avantageux : Eritis mihi testes. Vous, hommes du monde, qui vous êtes livrés aux passions charnelles, mais en qui j'ai créé un cœur nouveau, vous à qui j'ai fait sentir les impressions de ma grâce, à tous que j'ai tirés de l'abîme du péché, c'est vous qui me servirez de témoins ; et où ? au milieu du monde, et du plus grand monde ; car c'est là surtout qu'il me faut des témoins fidèles : Eritis mihi testes. Il est vrai, vous avez jusques à présent vécu dans le désordre ; mais bien loin que les désordres de votre vie affaiblissent votre témoignage, c'est ce qui le fortifiera et ce qui le rendra plus convaincant ; car en vous comparant avec vous-mêmes, et voyant des désordres si publics, suivis d'une conversion si édifiante, le monde, tout impie qu'il est, n'en pourra conclure autre chose sinon que ce changement est l'ouvrage de la grâce, et un miracle de la main toute-puissante du Très-Haut : Eritis mihi testes.

 

Et en effet, Chrétiens, si vous aviez toujours vécu dans l'ordre, quelque gloire que Dieu en tirât d'ailleurs, il n'en tirerait pas le témoignage dont je parle. Vous seriez moins coupables devant lui ; mais aussi seriez-vous moins propres à faire connaître l'efficace de sa grâce. Pour lui servir à la cour de témoins, il fallait des pécheurs comme vous ; et c'est ainsi qu'il vous fait trouver dans votre péché même de quoi l'honorer.

 

Obligation de paraître converti, fondée sur l'intérêt du prochain, que vous avez scandalisé ; car, comme disait saint Jérôme, je me dois à moi-même la pureté de mes mœurs, mais je dois aux autres la pureté de ma réputation : Mihi deheo meam vitam, aliis debeo meam famam. Or, ce sentiment convient encore plus à un pécheur qui se convertit : Je me dois à moi-même ma conversion, mais je dois aux autres les apparences et les marques de ma conversion : et pourquoi les apparences ? pour réparer par un remède proportionné les scandales de ma vie ; car ce qui a scandalisé mon frère, peut-il ajouter, ce n'est point précisément mon péché, mais ce qui a paru de mon péché. Je ne fais donc rien si je n'oppose à ces apparences criminelles de saintes apparences; et je me flatte si je me contente de détester intérieurement le péché, et que je n'en retranche pas les dehors.

 

Il faut, mon cher auditeur, que ce prochain pour qui vous avez été un sujet de chute profite de votre retour, et. qu'il soit absolument détrompé des idées qu'il avait de vous ; il faut qu'il s'aperçoive que vous n'êtes plus cet homme dont les exemples lui étaient si pernicieux ; que vous n'entretenez plus ce commerce, que vous ne fréquentez plus cette maison ; que vous ne voyez plus cette personne, que vous n'assistez plus à ces spectacles profanes, que vous ne tenez plus ces discours lascifs, en un mot que ce n'est plus vous : car, d'espérer, tandis qu'il vous verra dans les mêmes sociétés, dans les mêmes engagements, dans les mêmes habitudes, qu'il vous croie, sur votre parole, un homme changé et converti, ce serait à lui simplicité de le penser, et c'est à vous une présomption de le prétendre.

 

Ne sortons point de notre mystère : la résurrection du Fils de Dieu, que nous avons devant les yeux, sera pour vous et pour moi une preuve sensible de ce que je dis.

 

BOURDALOUE

SERMON POUR LA FÊTE DE PAQUES SUR LA RÉSURRECTION DE JÉSUS-CHRIST

 

Le Souper à Emmaüs, Velazquez

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 04:00

Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : " Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s'ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s'en trouveront bien."


Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu.

 

Quant à eux, ils s'en allèrent proclamer partout la Bonne Nouvelle. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l'accompagnaient.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

 

Couverture des Evangiles enluminés à l'Abbaye de Helmarshausen pour Henri Le Lion

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 16:45
   
 
Psaume 124
 
Qui s'appuie sur le Seigneur ressemble au mont Sion : 
il est inébranlable, il demeure à jamais.
 
Jérusalem, des montagnes l'entourent ; 
ainsi le Seigneur : il entoure son peuple maintenant et toujours.
 
Jamais le sceptre de l'impie ne pèsera sur la part des justes,
de peur que la main des justes ne se tende vers l'idole.
 
Sois bon pour qui est bon, Seigneur,
pour l'homme au coeur droit.
 
Mais ceux qui rusent et qui trahissent,
que le Seigneur les rejette avec les méchants !
 
 
Paix sur Israël !
 
 
Psaume 130
 
Seigneur, je n'ai pas le coeur fier ni le regard ambitieux ; 
je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.
 
Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; 
mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère.
 
Attends le Seigneur, Israël, 
maintenant et à jamais.
 
 
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
pour les siècles des siècles.
 
Amen
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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 16:00

Une conversion, pour être complète, doit embrasser sans exception tous les devoirs de l'homme chrétien. Or, un des devoirs de l'homme chrétien est de paraître ce qu'il est.

BOURDALOUE

 

 

C'est un mystère, Chrétiens, mais ce n'est point un mystère obscur ni difficile à pénétrer, savoir, pourquoi Jésus-Christ après sa résurrection voulut encore demeurer parmi les hommes durant l'espace de quarante jours.

 

Dans l'ordre naturel des choses, du moment qu'il était ressuscité, le ciel devait être son séjour, et la terre n'était plus pour lui qu'une demeure étrangère. Pourquoi donc diffère-t-il cette ascension triomphante qui le devait mettre en possession d'un royaume dû à ses mérites ; et pourquoi suspend-il en quelque sorte cette félicité consommée, qui lui était si légitimement acquise, et par tant de titres ? Pourquoi ? une raison supérieure le fait consentir à ce retardement : la voici, mes chers auditeurs, prise de l'Evangile même. C'est qu'il veut soutenir toujours son caractère de Sauveur, et rapporter à notre justification aussi bien les mystères de sa gloire que ceux de ses humiliations et de ses souffrances, afin qu'il soit vrai de dire en toute manière : Traditus est propter delicta nostra, et resurrexit propter justificationem nostram (Rom., IV, 25.).

 

Or, pour cela, dit saint Chrysostome, il ne se contente pas d'être ressuscité, mais il veut paraître ressuscité ; il veut se faire voir au monde dans l'état de cette nouvelle vie où il est entré ; il veut, par ses apparitions, répandre au dehors les rayons de cette divine lumière dont il vient d'être revêtu. Voilà, dis-je, pourquoi il emploie quarante jours à se montrer, tantôt à tous ses disciples assemblés, tantôt à quelques-uns en particulier, tantôt dans une pêche miraculeuse, tantôt dans un repas mystérieux, tantôt sous la forme d'un jardinier, tantôt sous celle d'un voyageur, agissant, parlant, se communiquant, et donnant partout des preuves sensibles du miracle opéré dans sa personne, et de son retour d'entre les morts. Excellente leçon pour nous, Chrétiens, si nous en savons profiter. Tout ceci nous regarde, et nous apprend que, comme ce n'est point assez de paraître convertis si nous ne le sommes en effet, aussi ne suffit-il point de l'être et de ne le pas paraître.

 

Car, pour développer cette importante morale, ce sont, mes chers auditeurs, deux obligations différentes que d'être converti et de paraître converti ; et notre erreur est de ne les pas assez distinguer. Comme ce sont deux espèces de désordres que d'être impie et de paraître impie (car être impie, disait Tertullien, c'est un crime, et le paraître, c'est un scandale) ; aussi devons-nous être bien persuadés qu'il y a deux préceptes dans la loi divine, dont l'un nous oblige à nous convertir, et l'autre à donner des marques extérieures de notre conversion ; en sorte que d'obéir à l'un de ces deux préceptes, sans se mettre en devoir d'accomplir l'autre, ce n'est qu'une justice imparfaite. En effet, si Jésus-Christ, après être sorti du tombeau, s'était tenu caché dans le monde, et qu'il n'eût point paru ressuscité, il n'aurait, si je l'ose dire, exécuté qu'à demi le dessein de son adorable mission ; il aurait laissé notre foi dans le trouble, et par rapport à nous, la religion qu'il voulait établir n'aurait point eu de solide fondement. De même, si nous négligeons après notre conversion, ou si nous craignons de paraître convertis, nous ne faisons qu'imparfaitement l'œuvre de Dieu ; et, bien loin de lui plaire, nous encourons la malédiction prononcée par l'apôtre saint Jacques, quand il dit que quiconque viole un commandement, quoiqu'il en observe un autre, est censé coupable, comme s'il avait transgressé toute la loi : Qui peccat in uno factus est omnium reus (Jac., II, 10.).

 

Je dis plus : être et paraître converti, sont tellement deux obligations différentes, qu'elles sont néanmoins inséparables, et qu'à prendre la chose dans la rigueur, il est impossible de s'acquitter de la première sans satisfaire à la seconde, parce qu'il est constant, comme l'ange de l'école, saint Thomas, l'a judicieusement remarqué, que paraître converti est une partie de la conversion même. Je m'explique.

 

Vous avez pris enfin, dites-vous, là résolution de changer de vie et de renoncer à votre péché, mais vous avez du reste, ajoutez-vous, des mesures à garder, et vous ne voulez pas qu'on s'aperçoive de votre changement. Mais moi, je soutiens qu'il y a de la contradiction dans ce que vous vous proposez, parce qu'une des circonstances les plus essentielles de ce changement de vie, qui doit faire votre conversion, est qu'on s'en aperçoive et qu'il paraisse. Je dis que tandis qu'il ne paraîtra pas et qu'on ne s'en apercevra pas, quelque idée que vous en ayez, c'est un changement équivoque et suspect, ou même chimérique et imaginaire : pourquoi ? parce qu'une conversion, pour être complète, doit embrasser sans exception tous les devoirs de l'homme chrétien. Or, un des devoirs de l'homme chrétien est de paraître ce qu'il est ; et s'il a été pécheur et rebelle à Dieu, un de ses devoirs les plus indispensables est de paraître obéissant et soumis à Dieu.

 

Je dis que ce devoir est fondé sur l'intérêt de Dieu que vous avez offensé, sur l'intérêt du prochain que vous avez scandalisé, sur votre intérêt propre, j'entends l'intérêt de votre âme et de votre salut, que vous avez ouvertement abandonné ; trois preuves invincibles de la vérité que je vous prêche , et dont je puis me promettre que vous serez touchés.

 

BOURDALOUE

SERMON POUR LA FÊTE DE PAQUES SUR LA RÉSURRECTION DE JÉSUS-CHRIST

 

Le Souper d'Emmaüs, Philippe de Champaigne

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 04:00

Notre divin Ressuscité tient à avoir autour de sa personne une garde d'honneur de Martyrs. Pour la former, il met à contribution tous les siècles. Ce jour a vu s'ouvrir les rangs de la céleste phalange à un généreux combattant qui avait cueilli sa palme, non en luttant contre le paganisme, comme ceux que nous avons salués déjà à leur passage, mais en défendant sa mère la sainte Eglise contre des fils révoltés. La main des hérétiques a immolé cette victime triomphale, et le XVIIe siècle a été le théâtre du combat.

 

Fidèle a rempli toute l'étendue de son nom prédestiné. Jamais un péril ne le vit reculer; durant toute sa carrière, il n'eut en vue que la gloire et le service de son divin Chef, et quand le moment fut arrivé de marcher au-devant du danger suprême, il avança sans fierté comme sans faiblesse, ainsi qu'il convenait à l'imitateur de Jésus allant à la rencontre de ses ennemis. Honneur au courageux enfant de saint François, digne en tout de son séraphique Patriarche, qui affronta le Sarrasin et fut martyr de désir !

 

Le protestantisme s'établit et se maintint par le sang, et il a osé se plaindre d'avoir été en butte aux résistances armées des enfants de l'Eglise. Durant des siècles, il s'est baigné dans le sang de nos frères, dont le seul crime était de vouloir rester fidèles à l'antique foi, à cette foi qui avait civilisé les ancêtres de ses persécuteurs. Il proclamait la liberté en matière de religion, et il immolait des chrétiens qui pensaient dans leur simplicité qu'il devait leur être permis d'user de cette liberté tant vantée, pour croire et pour prier comme on croyait et on priait avant Luther et Calvin.

 

Mais le catholique a tort de compter sur la tolérance des hérétiques.

 

Un instinct fatal entraînera toujours ceux-ci à la violence contre une Eglise dont la permanence est pour eux un reproche continuel de l'avoir quittée. Ils chercheront d'abord à l'anéantir dans ses membres, et si la lassitude des combats à outrance amène à la fin un certain calme, la même haine s'exercera en essayant d'asservir ceux qu'elle n'ose plus immoler, en insultant et calomniant ceux qu'elle n'a pu exterminer. L'histoire de l'Europe protestante, depuis trois siècles, justifie ce que nous avançons ici ; mais nous devons appeler heureux ceux de nos frères qui, en si grand nombre, ont rendu à la foi romaine le témoignage de leur sang.

 

Lisons maintenant avec tout le respect qu'il mérite le récit de la vie et du martyre de saint Fidèle ; nous y verrons que l'Eglise ne dégénère pas dans ses Saints : 

Fidèle, né à Sigmaringen, ville de Souabe, de l'honnête famille des Rey, fut remarquable dès l'enfance par la réunion des dons de la nature et de la grâce. Doué d'un caractère excellent, et formé au bien par une éducation solide, on le vit obtenir à Fribourg le degré en philosophie dans l'un et l'autre Droit en même temps qu'il s'exerçait à la vie parfaite dans l'école du Christ, par la pratique constante des vertus. Ayant été donné pour compagnon à plusieurs gentilshommes qui devaient exécuter un long voyage dans différentes contrées de l'Europe, il ne cessa de les animer à la piété chrétienne par ses paroles et ses actions. On le vit, durant ce long voyage, mortifier sans relâche les désirs de la chair par de fréquentes austérités, et se rendre tellement maître de lui-même, qu'il ne donna jamais lieu, au milieu des incidents variés de la route, de remarquer en lui la plus légère impatience.

 

Rempli de zèle pour le droit et la justice, il exerça, après son retour en Allemagne. les fonctions d'avocat, et il s'y fit une grande réputation. Mais ayant éprouvé combien cette profession est périlleuse, il résolut d'embrasser la voie qui conduit le plus sûrement au salut éternel, et, appelé par une vocation d'en haut, il sollicita bientôt son entrée dans l'Ordre séraphique et demanda l'habit chez les Frères mineurs Capucins.

 

Ayant obtenu l'objet de  son pieux désir, il fit paraître, dès le noviciat, le plus sincère mépris pour le monde et pour lui-même : et lorsqu'il eut offert au Seigneur les vœux de la profession solennelle dans l'allégresse de son cœur, sa fidélite à l'observance régulière fut pour tous ses frères un objet d'admiration autant qu'un exemple. Livré tout entier à l'oraison et à l'étude de la science sacrée, favorisé d'une grâce particulière dans le ministère de la parole, non seulement il ramenait les catholiques à une vie meilleure, mais encore il attirait les hérétiques à la connaissance de la vérité.

 

Appelé à exercer la supériorité dans plusieurs couvents de son Ordre, il remplit sa charge avec une prudence, une justice, une douceur, une discrétion et une humilité merveilleuses. Zélateur fervent de la plus stricte pauvreté, il éliminait sans ménagement de chaque couvent tout ce qui lui semblait être moins nécessaire. Rempli envers lui-même d'une haine salutaire qu'il manifestait par un jeûne austère, par les veilles et les disciplines, son affection envers les autres ne pouvait se comparer qu'à celle d'une mère pour ses enfants. Une fièvre contagieuse étant venue à sévir sur les troupes autrichiennes, on le vit se livrer avec la plus vive ardeur aux œuvres de la charité à l'égard des malades dont les besoins étaient extrêmes. Il  excellait à réconcilier ceux que des querelles avaient divisés, à soulager les nécessités du prochain par son action et ses conseils, et mérita ainsi le nom de Père de la patrie.

 

Voué au culte fervent de la Vierge Mère de Dieu et propagateur de son saint Rosaire, il demanda à Dieu par son intercession et celle des autres saints la grâce de donner sa vie et de verser son sang pour le service de la toi catholique. Cet ardent désir prenait de nouvelles forces chaque jour dans la célébration du saint Sacrifice, lorsque, par une admirable providence de Dieu, ce vaillant athlète du Christ fut établi chef des missions que la Congrégation de la Propagande venait d'établir chez les Grisons. Fidèle reçut cette charge laborieuse d'un cœur zélé et plein d'allégresse, et la remplit avec tant d'ardeur, qu'ayant réussi en peu de temps à convertir un grand nombre d'hérétiques à la foi orthodoxe, il fit concevoir l'espérance de voir cette province se réconcilier avec l'Eglise et avec le Christ.

 

Doué du don de prophétie, il prédit plus d'une fois son martyre et les malheurs qui menaçaient le pays. Ayant eu connaissance des embûches qu'on lui tendait, et s'étant préparé au combat qui l'attendait, il se rendit à l'église du lieu nomme Sévis, le vingt-quatre avril de l'an mil six cent vingt-deux. C'était là que des hérétiques, sous couleur d'une feinte conversion, l'avaient invité la veille à venir faire une prédication. Tout à coup, pendant qu'il parlait, son discours est interrompu par un tumulte : on le charge de coups et de blessures avec la plus atroce cruauté ; enfin il succombe par une mort glorieuse qu'il accepte avec transport, consacrant ainsi par son sang les prémices des martyrs de la Congrégation de la Propagande. De nombreux miracles l'ont illustré après sa mort, principalement à Coire et à Veldkichii, où l'on conserve ses reliques, qui y sont l'objet d'une grande vénération de la part du peuple fidèle.

 

 

Vous avez accompli votre course avec gloire, ô Fidèle ! et la fin de votre carrière a été plus belle encore que n'avait été son cours. Avec quelle sérénité vous êtes allé au trépas ! Avec quelle joie vous avez succombé sous les coups de vos ennemis qui étaient ceux de la sainte Église ! Semblable à Etienne, vous vous êtes affaissé en priant pour eux ; car le catholique qui doit détester l'hérésie, doit aussi pardonner à l'hérétique qui l'immole.

 

Priez, ô saint Martyr, pour les enfants de l'Eglise ; obtenez qu'ils connaissent mieux encore le prix de la foi, et la grâce insigne que Dieu leur a faite de naître au sein de la seule vraie Eglise ; qu'ils soient en garde contre les doctrines perverses qui retentissent de toutes parts à leurs oreilles ; qu'ils ne se scandalisent pas des tristes défections qui se produisent si souvent dans ce siècle de mollesse et d'orgueil. C'est la foi qui doit nous conduire à Jésus ressuscité ; il nous la recommande, quand il dit à Thomas : Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui cependant ont cru !

 

Nous voulons croire ainsi, et c'est pour cela que nous nous attachons à la sainte Eglise qui est la souveraine maîtresse de la foi. C'est à elle que nous voulons croire, et non à la raison humaine qui ne saurait atteindre jusqu'à la parole de Dieu, et moins encore la juger. Cette sainte foi, Jésus a voulu qu'elle nous arrivât appuyée sur le témoignage des martyrs, et chaque siècle a produit ses martyrs.

 

Gloire à vous, ô Fidèle, qui avez conquis la palme en combattant les erreurs de la prétendue réforme ! Vengez-vous en martyr, et demandez sans cesse à Jésus que les sectateurs de l'erreur reviennent à la foi et à l'unité de l'Eglise. Ils sont nos frères dans le baptême ; priez afin qu'ils rentrent au bercail, et que nous puissions célébrer un jour tous ensemble la véritable Cène de la Pâque, dans laquelle l'Agneau divin se donne en nourriture, non d'une manière figurée, comme dans la loi ancienne, mais en réalité, comme il convient à la loi nouvelle.

 

DOM GUÉRANGER L'Année Liturgique

 

Prozessionskreuz Kapuziner

Prozessionskreuz, Kapuziner, Region Deutschschweiz

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