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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SALVE REGINA

4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 12:30

L'abbaye de Cluny et la petite congrégation qui en dépendait alors sous le nom d'Ordre de Cluny, furent choisies par les novateurs pour y faire l'essai d'une réforme liturgique complète et digne de la France.

 

On se rappelle ce que nous avons dit du Bréviaire monastique en général et de celui de Paul V en particulier. L'ordre de Cluny avait alors pour abbé général le cardinal de Bouillon. Ce prélat, si malheureusement célèbre par le relâchement de ses mœurs et par sa colossale vanité, ajouta à ses autres responsabilités devant l'Église, celle d'avoir, le premier, anéanti en France la Liturgie romaine, et d'avoir choisi pour inaugurer un corps d'offices totalement étranger aux livres grégoriens, la sainte et vénérable basilique de Cluny. Il possédait cette abbaye, non en commende, mais par l'élection du chapitre qui fut maintenu jusqu'à la suppression des ordres monastiques, dans la possession de choisir l'abbé de Cluny, pourvu que l'élu ne fût pas un moine ; cette servitude, si honteuse et dégradante qu'elle fût, plaçait néanmoins l'abbaye de Cluny dans une situation supérieure à celles de la congrégation de Saint-Maur, qui, étant toutes soumises à la commende, demeuraient totalement étrangères à la désignation des abbés qu'il plaisait à la cour de leur nommer. Il est vrai que ces abbés simplement commendataires n'avaient aucune juridiction spirituelle sur les monastères. En vertu de sa qualité d'abbé régulier, son droit et son devoir était de veiller à tout ce qui concernait le service divin, et il était, de plus, susceptible de recevoir et d'exécuter à ce sujet toutes les commissions du chapitre général.

 

L'ordre de Cluny s'était toujours maintenu dans la possession de ses antiques usages liturgiques. Le Bréviaire de Paul V qui, comme on se le rappelle, n'était point strictement obligatoire pour tous les monastères, n'avait point été formellement accepté par cette congrégation. Nous laisserons donc de côté la question de droit, tout en faisant observer que si rien ne s'opposait à la réforme des livres monastiques de l'ordre de Cluny, la destruction complète et violente de tout le corps des offices grégoriens ne pouvait être considérée comme une réforme, et n'en pouvait revendiquer le caractère et les droits.

 

Ce fut, ainsi que nous l'apprenons de la lettre pastorale de l'éminentissime abbé de Cluny, ce fut dans le chapitre de l'ordre tenu en 1676, que l'on résolut la réforme du Bréviaire monastique de Cluny. On donna ce soin à D. Paul Rabusson, sous-chambrier de l'abbaye, et à D. Claude de Vert, trésorier. C'était précisément l'époque où François de Harlay faisait exécuter, en la façon que nous avons dit, la réforme du Bréviaire parisien, et comme cette réforme fut l'expression des principes qui s'agitaient alors dans l'Eglise de France, il était naturel de penser qu'on en retrouverait quelques applications dans le nouveau Bréviaire de Cluny. A part la connaissance que nous avons d'ailleurs de D. Claude de Vert et de ses principes liturgiques, la coopération de certains membres du clergé séculier qui avaient fait leurs preuves devrait nous éclairer suffisamment. Cette coopération est indiquée expressément dans, la lettre pastorale, et l'on sait par un auteur contemporain que les deux moines de Cluny eurent de grandes liaisons, pendant la durée de leur opération, avec les commissaires du nouveau Bréviaire de Paris, et qu'ils prirent dans ce dernier beaucoup de choses dont ils se firent honneur dans leur bréviaire (Thiers. Observations sur le nouveau Bréviaire de Cluny).

 

Mais de même qu'entre tous les commissaires du Bréviaire de Harlay, il n'y en eut aucun plus suspect de vues hétérodoxes, ni plus hardi, sous ses dehors de sainteté, que Nicolas Le Tourneux, de même aussi nul autre ne peut être égalé à ce personnage pour son zèle d'innovation, et pour l'importance des travaux qu'on lui laissa exécuter. La confiance que D. Claude de Vert et D. Paul Rabusson avaient en lui, le rendit maître du terrain. Il forma son plan et l'exécuta à son aise. Nous devons donc désormais nous tenir pour avertis, et nous attendre à trouver dans le Bréviaire de Cluny l'œuvre de Nicolas Le Tourneux. Les plus grands applaudissements du public de ce temps-là, préparé à tout par le Bréviaire de Harlay, accueillirent le nouveau chef-d'œuvre à son apparition, qui eut lieu en 1686.

 

Il y eut cependant quelques réclamations fondées sur l'étrangeté de plusieurs particularités qu'on remarquait dans cette production. Mais ce qui surprit tout le monde, ce fut de voir se lever au nombre des adversaires du Bréviaire de Cluny, le trop fameux, mais docte Jean-Baptiste Thiers, qui publia deux petits volumes intitulés : Observations sur le nouveau Bréviaire de Cluny. Sa critique violente, quelquefois même injuste, mais le plus souvent victorieuse, aurait grandement nui, en d'autres temps, à une œuvre aussi difficile à défendre que celle de D. Paul Rabusson et de D. de Vert ; mais tel était l'engouement des nouveautés liturgiques, que le factum de Thiers qui n'avait pu trouver d'imprimeur qu'à Bruxelles, n'arrêta en rien la marche de l'innovation. On fut même presque scandalisé de voir J.-B. Thiers, un si bon esprit, ne pas s'extasier devant une merveille comme le Bréviaire de Cluny. Son livre, qui parut en 1707, appelait néanmoins une réfutation, et D. Claude de Vert s'était mis en devoir de la préparer, lorsque Thiers vint à mourir. D. Claude de Vert ne jugea pas à propos de le poursuivre au-delà du tombeau ; peut-être aussi trouva-t-il son compte à cette suspension d'armes : car, assurément, le curé de Vibraye n'était pas homme à laisser le dernier mot à autrui, dans la dispute.

 

En attendant que nous fassions connaître un autre associé de D. Claude de Vert dans la fabrication  du Bréviaire de Cluny, nous allons révéler au lecteur les progrès liturgiques qui signalaient cette oeuvre.

 

D'abord, le principe émis dans le Bréviaire de Harlay, mais qui n'avait pas reçu alors toute son application, ce principe si cher aux antiliturgistes, de n'employer plus que l'Ecriture sainte dans l'office divin, était proclamé dans la lettre pastorale et appliqué, dans toute son étendue, à tous les offices tant du Propre du Temps que du Propre des Saints et des Communs. Ainsi croulait déjà une partie notable du livre responsorial de saint Grégoire ; mais afin que la destruction fût plus complète encore, les novateurs qui cherchaient si ardemment à faire prévaloir l'Écriture sainte sur la tradition, en vinrent jusqu'à sacrifier, sans égard pour l'antiquité, au risque de découvrir à tous les yeux le désir de bouleversement qui les travaillait, en vinrent, disons-nous, jusqu'à sacrifier presque en totalité les innombrables antiennes et répons que les livres grégoriens ont empruntés de l'Écriture sainte elle-même, et cela, pour les remplacer par des versets choisis par eux, et destinés à former une sorte de mosaïque de l'Ancien et du Nouveau Testament dont ils avaient trouvé le plan dans leurs cerveaux. Et ces hommes osèrent encore parler de l'antiquité, quand ils mentaient à leurs propres paroles.

 

Après avoir donné la chasse aux traditions dans les antiennes et les répons, les commissaires du Bréviaire de Cluny, marchant toujours sur les traces de François de Harlay, mais de manière à le laisser bien loin derrière eux, trouvèrent pareillement le moyen d'en finir avec les légendes des saints. Pas une seule ne fut épargnée; on mit en leur lieu des passages des saints Pères d'une couleur plus ou moins historique, et si grande fut cette hardiesse, que, malgré le bon vouloir de plus d'un liturgiste du dix-huitième siècle, il fut reconnu impossible d'imiter, en cela, le Bréviaire de Cluny qui devait servir de modèle sous tant d'autres points.

 

Ce fut dans un but analogue que, après avoir supprimé la plupart des fêtes à douze leçons pour les réduire à trois, on décréta que le dimanche n'admettrait plus celles qui tombent en ce jour, si ce n'est les solennités les plus considérables, et que, sauf l'Annonciation et la fête de saint Benoît, toutes celles qui arrivent durant le carême seraient ou éteintes, ou transférées. Quignonez lui-même déclare dans la préface de son bréviaire, qu'il n'a pas osé aller jusque-là. Par suite de ces bouleversements bizarres, certaines fêtes se trouvaient dépopularisées par les translations les plus inattendues ; car, qui se serait imaginé, par exemple, d'aller chercher saint Grégoire le Grand au 3 de septembre, saint Sylvestre au 3 de janvier, saint Joseph un des jeudis de l'Avent ?

 

Mais non contents de remanier ainsi le calendrier pour les fêtes des saints, les commissaires du Bréviaire de Cluny avaient porté leur main audacieuse jusque sur les grandes lignes de l'année chrétienne. Toujours fidèles au système qu'ils avaient inventé à priori, et auquel il fallait que soit l'antiquité, soit les usages modernes de l'Église cédassent en tous les cas, ils imaginèrent, pour abaisser les fêtes de la sainte Vierge, de créer un quintenaire de fêtes de Notre-Seigneur, qui dussent être placées, pour l'importance, à la tête du calendrier. S'ils se fussent bornés au ternaire antique de Pâques, de la Pentecôte et de Noël, ils se seraient tenus dans les bornes des traditions ecclésiastiques ; mais en voulant égaler l'Epiphanie et l'Ascension aux trois premières, et tenir ces cinq solennités dans une classe où nulle autre, pas même la fête du Saint Sacrement, ne peut trouver place, ils mirent au jour leur manie d'innovation et en même temps les plus énormes contradictions avec leurs solennelles prétentions à la connaissance de l'antiquité.

 

Le culte de la sainte Vierge fut réduit dans le Bréviaire de Cluny. La fête de son Assomption descendit au degré appelé par les commissaires Festivité majeure. L'octave de la Conception fut supprimée ; l’ Annonciation fut nommée, à l'instar du Bréviaire de Harlay, Annuntiatio et Incarnatio Domini . Mais on alla plus loin : François de Harlay avait du moins laissé à la sainte Vierge la fête de la Purification ; les commissaires de  Cluny, toujours inquiets pour la gloire du Sauveur dans les  hommages qu'on rendra à sa sainte mère, comme si l'unique fondement des  honneurs déférés à Marie ne se trouvait pas dans la maternité divine, résolurent de nommer cette fête : Prœsentatio Domini et Purificatio B. Mariœ Virginis.

 

Parlerons-nous des hymnes, des antiennes, des répons si remplis de piété et de poésie par lesquels l'Église, dès le temps de saint Grégoire, s'était plu à exalter les grandeurs de Marie ? Toutes celles de ces formules antiques et sacrées qui avaient  échappé aux coups de François de Harlay, avaient impitoyablement été sacrifiées par Le Tourneux, pour faire place à de muets centons de la Bible. Certes, on peut dire qu'en cela était porté un coup bien sensible à l'ordre de Saint-Benoît, si célèbre en tous les temps pour sa dévotion à la mère de Dieu ; et les commissaires, pour agir avec cette scandaleuse liberté, non seulement avaient à combattre l'Antiphonaire et le Responsorial de saint Grégoire, mais il fallait qu'ils étouffassent aussi la voix séculaire de la sainte église de Cluny, comme on parlait autrefois ; car elle déposait hautement de son amour pour la glorieuse Vierge et de son zèle à lui rendre ses plus doux hommages.

 

L'autorité du Siège apostolique qui a de si intimes rapports avec la confiance et le culte envers la mère de Dieu, avait  souffert de nombreuses atteintes dans le nouveau Bréviaire de Cluny. Sans parler de la suppression des fêtes de la plupart des saints papes, ainsi que du retranchement des répons et antiennes sacrifiés déjà par le zèle de François de Harlay, on avait, à l'imitation de cet archevêque, humilié la fête du prince des apôtres jusqu'au degré de Solennité mineure ; on avait supprimé une des fêtes de la chaire de Saint-Pierre, et cela dans la basilique de Saint-Pierre de Cluny, dans le sanctuaire même où avaient si longtemps prié pour l'exaltation du Siège apostolique, le prieur Hildebrand, depuis, saint Grégoire VII ; le moine Othon de Châtillon, depuis, Urbain II ; le moine Raynier, depuis, Paschal II  ; le moine Guy, depuis, Callixte II !

 

Qu'on ne nous demande donc plus pourquoi il n'est pas resté pierre sur pierre de cette antique et vénérable église, centre de la réforme monastique, et, par celle-ci, de la civilisation du monde, durant les XIe et XIIe siècles ; pourquoi les lieux qui formaient  son enceinte colossale sont aujourd'hui coupés par des routes que traversent avec l'insouciance de l'oubli les hommes de ce siècle ; pourquoi les pas des chevaux d'un haras retentissent près de l'endroit où fut l'autel majeur de la basilique et le  sépulcre de saint Hugues qui l'édifia. Saint-Pierre de Cluny avait été destiné à donner abri, comme une arche de salut, dans le cataclysme de la barbarie, à ceux qui n'avaient pas désespéré des promesses du Christ. De ses murs devait sortir l'espoir de la liberté de l'Eglise, et bientôt la réalité de cet espoir. Or la liberté de l'Église, c'est l'affranchissement du Siège apostolique. Mais lorsque ces murs virent déprimer dans leur enceinte cette autorité sacrée qu'ils avaient été appelés à recueillir, ils avaient assez duré. Ils croulèrent donc, et afin que les hommes n'en vinssent pas à confondre cette terrible destruction avec ces  démolitions innombrables que l'anarchie opéra à une époque de confusion, la Providence, avant de permettre que les ruines de Cluny couvrissent au loin la terre, voulut attendre le moment où la paix serait rétablie, les autels relevés ; où rien ne presserait plus le marteau démolisseur ; où les cris de la fureur n'accompagneraient plus la chute de chaque pierre. C'en fut assez de la brutale ignorance, des mesquins et stupides ressentiments d'une petite ville pour renverser ce qui ne pesait plus que sur la terre. À la vue de cette inénarrable désolation, quel Jérémie oserait espérer d'égaler les lamentations à la douleur ! que le moine se  recueille et prie : Ponet in pulvere os suum, si forte sit spes !

 

Le Bréviaire de Cluny, outre les graves innovations dont nous venons de parler, présentait  encore de nombreuses singularités capables d'offenser le peuple catholique. Nous avons dit, à propos de la Liturgie monastique, que l'ordre de Saint-Benoît avait de très bonne heure adopté le Responsorial grégorien.  Le Bréviaire monastique de Paul V, qui était conforme en beaucoup  de choses à celui de saint Pie V, avait sanctionné de nouveau cette œuvre du génie bénédictin qui a semblé toujours porté vers les habitudes romaines. Il a dû résulter de  là que plusieurs usages dans la règle de Saint-Benoît, pour les offices divins, ont fait place à d'autres usages plus en rapport avec les mœurs des diverses églises d'Occident. Ce n'était pas un mal que ces rares dérogations à un ordre d'office qui, dans tous les autres cas, demeurait toujours dans sa couleur propre, et les effacer n'était pas un progrès, puisqu'on ne le pouvait faire qu'en se séparant de l'Église romaine d'une part, et de l'autre en scandalisant les simples. C'est néanmoins ce que firent les commissaires en supprimant les prières de préparation à l'office, Pater ; Ave Maria ; Credo ; en abolissant les suffrages de la sainte Vierge et des saints, la récitation du symbole de saint Athanase, les prières qui se disent à certains jours après la litanie, les absolutions et les bénédictions pour les leçons de Matines, etc. Sans doute saint Benoît n'a point parlé de tous ces rites que l'Église n'a établis que dans des siècles postérieurs à celui auquel il a vécu ; mais les rédacteurs du Bréviaire de Cluny pensaient-ils donc que ce saint patriarche revenant au monde, après mille ans, eût voulu, sous le prétexte de rendre l'office de ses moines plus conformes à celui du VIe siècle, briser tous les liens que cet office avait, par le laps de temps, contractés avec celui de l'Église universelle ?

 

Mais voici quelque chose de bien plus étrange. Depuis le IXe siècle, la tradition de l'ordre de Saint-Benoît porte que, durant les trois derniers jours de la semaine sainte, l'office divin, dans les monastères, sera célébré suivant la forme gardée par l'Église romaine, afin qu'il paraisse à tous les yeux que les fils de la solitude s'associent en ces jours solennels à la tristesse de tout le peuple fidèle. La même coutume est inviolablement observée dans les autres ordres qui ont un bréviaire particulier. N'eut-on donc pas droit de crier au scandale quand on vit le Bréviaire de Cluny prescrire, à l'office de la nuit des jeudi, vendredi et samedi saints, les versets Deus, in adjutorium ; Domine, labia mea aperies ; un invitatoire, une hymne, douze psaumes, trois cantiques, douze leçons, douze répons ; l'usage du Gloria Patri, non seulement dans ces répons, mais à la fin de chaque psaume ; à laudes, aux petites heures, à vêpres et à compiles, toutes les particularités liturgiques employées par les usages bénédictins, dans le reste de l'année ? En vain D. Claude de Vert, pour soutenir son œuvre, a-t-il pris la peine de composer un dialogue fort pesant entre un certain dom Claude et un certain dom Pierre ; il n'est parvenu à démontrer qu'une seule chose, que personne d'ailleurs ne conteste, savoir, que saint Benoît, en établissant la forme de l'office par ses moines, n'a point dérogé, dans sa règle, à cette forme pour les trois derniers jours de la semaine sainte, et qu'on ne peut être contraint à embrasser les usages romains, en ces trois jours, en vertu d'une déduction logique. Tout cela est très vrai ; mais, quoi qu'en dise D. de Vert, la coutume suffit bien pour suspendre l'effet d'une loi, et d'ailleurs, les rares exemples d'une pratique contraire qu'il voudrait produire ne détruisent point ceux, beaucoup plus nombreux, qu'on peut alléguer en faveur de la coutume actuelle.

 

Parlerons-nous de la singulière idée qui porta les commissaires du Bréviaire de Cluny à inventer, pour le 2 novembre, un office propre de la   Commémoration des défunts, avec des hymnes, douze psaumes, trois cantiques, des capitules, des répons brefs, etc., en un mot, toutes les parties qui composent les offices réguliers du  cours de l'année. Ce n'est sans doute là qu'une bizarrerie et une hardiesse de plus. Mais voici une remarque  d'un autre genre. Nos doctes travailleurs se piquaient d'érudition, et comme la connaissance de la langue grecque était alors une sorte de luxe dans l'éducation, ils trouvèrent fort convenable d'afficher dans leur bréviaire quelqu'une des découvertes philologiques qu'ils avaient pu faire. Aujourd'hui leur petite vanité nous paraîtra, sans doute, quelque peu risible : alors il en était autrement. Il y avait longtemps que leurs savantes oreilles étaient choquées d'entendre prononcer dans l'Église romaine les deux mots Kyrie, eleison, sans qu'on parût faire la moindre attention, pensaient-ils, à la valeur de la lettre êta. Ils voulurent donc y remédier, et faire ainsi la leçon, non seulement à toute l'Église latine, mais encore à l'Église grecque elle-même. Ils imprimèrent donc, dans tous les endroits où se trouva la litanie,  Kyrie, eleéson. La science a fait un pas, ou plutôt on s'est mis tout simplement en devoir de demander la prononciation du grec aux Grecs, et aux monuments philologiques des anciens ; et Kyrie, eleéson est devenu simplement ridicule.

 

Il faut convenir, cependant, que si les nombreux bréviaires du XVIIIe siècle firent de riches emprunts au Bréviaire de Cluny, tous, à l'exception de ceux des congrégations de Saint-Vannes et de Saint-Maur, laissèrent à dom de Vert son eleéson. Mais Érasme imposait si fortement à ce novateur, que non content d'en adopter, après François de Harlay, les sentiments audacieux sur saint Denys l'Aréopagite et sur sainte Marie-Madelaine, il se fit l'écho de ce docteur ambigu, jusque dans ses absurdes théories sur la prononciation grecque. Son zèle ne s'arrêta donc pas à la création de l’eleéson : il démentit la tradition que François de Harlay avait respectée sur le mot Paraclitus, et alla jusqu'à chanter et osa écrire en toutes lettres, Paracletus, en dépit de la quantité. Au reste, et ceci prouvera combien les instincts liturgiques s'étendent loin : dans la même censure où la Sorbonne, en 1526, vengeait les traditions catholiques contre Érasme, elle notait aussi, comme nouveauté intolérable, l'affectation pédantesque du Paracletus que, cependant, tous nos bréviaires français ont emprunté à D. de Vert. Il est curieux qu'aujourd'hui, après avoir parcouru un long cercle, la science vienne à se retrouver au point où était déjà rendue la Sorbonne au XVIe siècle, par la seule fidélité aux traditions. Dieu veuille nous délivrer, pour l'avenir, des hommes à systèmes et à idées toutes faites !

 

Concluons tout ceci par une appréciation générale du Bréviaire de Cluny, et disons que si cette œuvre, que nous croyons avoir démontrée intrinsèquement mauvaise, ne paraissait pas d'abord destinée à exercer une influence funeste, parce que ce corps d'offices ne devait, après tout, s'exercer que dans un petit nombre d'églises conventuelles dans lesquelles le public était accoutumé à voir pratiquer la Liturgie bénédictine, qui diffère déjà de la romaine en  beaucoup de   points,   elle n'en devait pas moins produire les plus désastreux effets dans l'Église de France. Déjà la réforme parisienne avait retenti au loin et éveillé le goût de la nouveauté ; mais elle était insuffisante, du moment qu'on se disposait à franchir les limites posées par la tradition. Il fallait un type à tous les créateurs en Liturgie que le pays se préparait à enfanter. Il fallait un drapeau à ces champions du perfectionnement. Le Bréviaire de Cluny était tout ce qu'on pouvait désirer : tout y était nouveau. Les théories qui ne faisaient que poindre dans l'œuvre de François de Harlay rayonnaient accomplies dans celles de D. Paul Rabusson,de D. Claude de Vert et de Nicolas Le Tourneux.

 

Aussi dirons-nous en finissant, pour la gloire du Bréviaire de Cluny, si tant est que ce soit là une gloire, que la plus grande partie de ce que renferment de meilleur (dans leur système) les nouveaux bréviaires, appartient à celui dont nous faisons l'histoire. Nous ne refuserons donc pas aux commissaires du chapitre de Cluny de 1676, mais surtout à Le Tourneux, une grande connaissance des saintes Écritures, tout en détestant l'emploi condamnable qu'ils ont fait de cette connaissance, en substituant des phrases de la Bible choisies par eux, dans leur lumière individuelle, et dès lors isolées de toute autorité, à la voix sûre, infaillible de la tradition, ou encore aux passages de l'Écriture que l'Église elle-même avait choisis dans le Saint-Esprit, in Spiritu sancto, pour rendre des sentiments, exprimer des mystères dont elle seule a la clef, parce qu'elle seule est dans la lumière, tandis que les hérétiques et leurs fauteurs se meuvent dans les ténèbres.

 

Nous n'aurions pas dit tout ce qui est essentiel sur le Bréviaire de Cluny, si nous ne faisions pas connaître son hymnographe.

 

DOM GUÉRANGER 

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE  XVII, DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIe SIECLE. COMMENCEMENT DE LA DEVIATION LITURGIQUE EN FRANCE. — AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN. — TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL. — RITUEL D'ALET. — BREVIAIRE PARISIEN DE HARLAY. — BRÉVIAIRE DE CLUNY. — HYMNES DE SANTEUIL. — CARACTÈRE DES CHANTS NOUVEAUX. — TRAVAUX DES PAPES SUR LES LIVRES ROMAINS. — AUTEURS LITURGIQUES DE CETTE ÉPOQUE. 

 

Traditio Legis

Traditio Legis

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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 05:00

À Rodez, au Ve siècle, saint Amand évêque, qui fut le premier évêque de cette cité. 
Martyrologe romain

 

Vierge de Pitié église Saint-Amans *

Vierge de Pitié, église Saint-Amans de Rodez

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 12:30

Mais on ne s'était pas arrêté là.

 

On pouvait se demander si les rédacteurs du Bréviaire de Paris, du Bréviaire de Notre-Dame, n'avaient pas visé à diminuer la croyance à la vérité de la glorieuse Assomption de Marie. Car pourquoi avoir retranché ces belles paroles de saint Jean Damascène, dans la sixième leçon de la fête de ce grand mystère : Hanc autem vere beatam quce Dei Verbo aures prœstitit,  et Spiritus Sancti  operatione   repleta est, atque ad archangeli spiritalem salutationem, sine voluptate et virili consortio, Dei Filiumconcepit et sine dolore aliquo peperit ac totam se Deoconsecrapit, quonam modo mors devoraret ? Quomodo inferi susciperent ? Quomodo corruptio invaderet corpus illud, in quo vita suscepta est ? Pourquoi, le quatrième jour dans l'octave, avoir retranché les trois leçons dans lesquelles le même saint Jean Damascène raconte la grande scène de la mort et de l'assomption corporelle de la Mère du Sauveur ?

 

Non content d'avoir supprimé en masse le bel office de la Visitation de la sainte Vierge, qui était commun à l'Église de Paris et à plusieurs autres des plus illustres du royaume, le Bréviaire de Harlay portait ses coups sur une des plus grandes gloires de la Reine du ciel. Dans la plupart des Églises de l'Occident comme de l'Orient, la solennité du 25 mars, fondement de l'année liturgique, était appelée l’Annonciation de la sainte Vierge ; par quoi l'Église voulait témoigner de sa foi et de son amour envers Celle qui prêta son consentement pour le grand mystère de l'Incarnation du Verbe. La commission osa s'opposer à cette manifestation de la foi et de la reconnaissance. Elle craignit sans doute les dévots indiscrets, et décréta que cette fête serait désormais exclusivement une fête de Notre-Seigneur, sous ce titre : Annuntiatio Dominica. Nous verrons bientôt le progrès de cette entreprise : en attendant, que ceux-là se glorifient qui ont fait perdre à l'Église de France presque tout entière une des principales solennités de la Mère de Dieu.

 

3° Nous passons maintenant à ce qui regarde l'autorité du pontife romain. D'abord, François de Harlay décréta que la fête de saint Pierre serait descendue au rang des fêtes solennelles mineures ; en quoi il ne tarda pas à être imité dans plus de soixante diocèses. Les légendes qui racontaient les actes d'autorité des pontifes romains dans l'antiquité furent modifiées d'une manière captieuse, sous couleur de conserver les paroles mêmes des Pères. Nous n'en citerons qu'un exemple entre vingt ; c'est dans l'office de saint Basile. Il y est dit de ce saint : Egit apud sanctum Athanasium et ajios Orientis episcopos ut auxilium ipsi ab occidentalibus episcopis postularent. Les rédacteurs de cette légende savaient bien que par les évêques d'Occident, il faut entendre le Siège apostolique, sans lequel l'Occident n'aurait point eu ainsi le droit de recevoir l'appel des évêques de l'Orient, berceau du christianisme. On aime mieux profiter d'une expression vague qui n'exprime point clairement le dogme, que de la traduire dans le style précis, mais surtout catholique, d'une légende. Le lecteur peut voir encore celles de saint Athanase, de saint Etienne, pape et martyr, etc.

 

L'esprit qui animait l'archevêque de Harlay parut surtout dans la suppression de deux pièces anciennes et vénérables, mais qui offensaient à juste titre sa susceptibilité gallicane. La première est le fameux répons de saint Pierre : Tu es pastor opium, princeps Apostolorum ; tibi tradidit Deus omnia régna mundi : Et ideo tibi traditœ sunt claves regni cœlorum. Néanmoins ce répons se trouve déjà dans les plus anciens manuscrits du Responsorial de saint Grégoire, publiés soit par D. Denys de Sainte-Marthe, soit par le B. Tommasi. Mais le favori de Louis XIV, celui qui était à la veille de proclamer, dans une solennelle déclaration, la complète indépendance de la puissance temporelle à l'égard de la puissance spirituelle, pouvait-il (quelle que soit d'ailleurs la portée des paroles du répons) souffrir que l'on continuât à chanter dans les églises de la capitale du grand Roi, que Dieu a livré à saint Pierre tous les royaumes du monde, en vertu du pouvoir des clefs ? En pareil cas, un sujet fidèle doit tout sacrifier, jusqu'à l'antiquité qu'il prônera en toute autre occasion.

 

La seconde pièce est une antienne que l'Église chante aux secondes vêpres de l'office des saints papes. On les loue de n'avoir pas craint les puissances de la terre, pendant qu'ils exerçaient leur souverain pontificat, en sorte qu'ils sont montés, pleins de gloire, au royaume céleste. Dum esset summus Pontifex, terrena non metuit, sed ad cœlestia regna gloriosus migravit. Jamais plus beau résumé ne pouvait être fait de la vie de ces grands pontifes qui, à l'exemple de saint Pierre, n'ont point humilié devant César la royauté sacerdotale, et en ont été loués et récompensés du divin pasteur qui expose et donne sa vie pour ses brebis. Mais pour François de Harlay, tel que Fénelon et, mieux encore, l'histoire nous le font connaître, c'était là une maxime importune, et quelque peu séditieuse.

 

Au reste, à cette même époque, la Chaire de saint Pierre était occupée par un pape plein du sentiment de la liberté ecclésiastique, et qui se préparait à faire voir à son tour qu'il ne craignait pas les puissances terrestres. Encore deux ans, et Innocent XI écrira à François de Harlay et à ses collègues de l'Assemblée de 1682 :

" Vous avez craint là où il n'y avait pas sujet de craindre. Une seule chose était à craindre pour vous ; c'était qu'on pût avec raison vous accuser devant Dieu et devant les hommes, d'avoir manqué à votre rang, à votre honneur, à la dette de votre devoir pastoral. Il fallait avoir en mémoire les exemples de constance et de force épiscopales que ces anciens et très saints évêques, imités par beaucoup d'autres, en chaque siècle, ont, en semblable circonstance, donnés pour votre instruction... Qui d'entre vous a osé plaider devant le Roi une cause si grave, si juste et si sacrée ? Cependant vos prédécesseurs, dans un péril semblable, la défendirent plus d'une fois, cette cause, avec liberté, auprès des anciens Rois de France, et même auprès de celui-ci, et ils se retirèrent victorieux de la présence du  Roi,  rapportant de  la part de ce prince très-équitable la récompense du devoir pastoral vigoureusement accompli. Qui d'entre vous est descendu dans l'arène pour s'opposer comme un mur en faveur de la maison d'Israël ? Qui a seulement prononcé un mot qui rappelât le souvenir de l'antique liberté ? Cependant, ils ont crié, eux, les gens du Roi, et dans une mauvaise cause, pour le droit royal ; tandis que vous, quand il s'est agi de la meilleure des causes, de l'honneur du Christ, vous avez gardé le silence !"

(Brev. Innocenta XI, 11 April. 1682. Ad Archiepiscopos, Episcopos et alios Ecclesiasticos viros in Comitiis genera-libus cleri Gallicani Parisiis congregatos.)

 

L'antienne dont nous parlons devait donc être sacrifiée par un prélat capable de mériter d'aussi sanglants reproches et que Dieu frappa de mort subite, sans qu'il pût offrir satisfaction convenable au Siège apostolique.

 

Le Bréviaire de Harlay renferme encore un grand nombre de choses étranges ; mais nous avons hâte d'en finir. Nous ne pouvons toutefois nous dispenser de mentionner ici deux changements graves dont les motifs nous paraissent au moins inexplicables. Dans le temps où ils eurent lieu, la satire s'en occupa. Nous ne ferons pas de réflexions. Le public se demanda donc par quel motif François de Harlay avait retranché, dans l'hymne du dimanche à matines, qui est de saint Ambroise et commence par ce vers : Primo dierum omnium, les strophes suivantes, qui sont pourtant le centre de cette prière ; le reste de de l'hymne n'étant que le prélude :

 

Jam nunc, Patenta daritas,

Te postulamus affatim,

Absit libido sordidans,

Et omnis actus noxius.

 

Ne fœda sit, vel lubrica

Compago nostri corporis,

Per quam averni ignibus,

Ipsi crememus acrius.

 

Ob hoc Redemptor, quœsumus

Ut probra nostra diluas,

Vitœ perennis commoda

Nobis benigne conferas.

 

Enfin, on se demanda pourquoi on avait ôté de la légende de saint Louis les belles paroles de la reine Blanche, sa mère : Fili, mallem te vita et regno privatum quam lethalis peccati reum agnoscere. Le cardinal de Noailles, dans les diverses éditions qu'il donna du Bréviaire de Harlay, s'empressa de réparer cette omission, en restituant la mémoire de cette parole si célèbre et si populaire, que la reine Blanche proféra dans une occasion d'ailleurs fort délicate.

 

Nous venons de donner au lecteur une idée des choses superstitieuses, fausses, incertaines, superflues, contraires à la dignité de l'Église, ou aux règles établies par elle, que François de Harlay, dans sa lettre pastorale, se proposait de faire disparaître du bréviaire. Ce début, dans la réforme liturgique, promettait beaucoup, comme l'on voit, et bientôt il ne serait plus au pouvoir des archevêques de Paris de sauver les débris des livres grégoriens, menacés dans leur intégrité par l'audace de la secte.

 

En attendant, le nouveau Bréviaire de Paris portait en tête l'injonction expresse et jusqu'alors inouïe, à toutes les églises, monastères, collèges, communautés, ordres; à tous les clercs tenus à la récitation de l'Office divin, de se servir de ce bréviaire, avec défense expresse et solennelle d'en réciter un autre, quel qu'il soit, tant en public qu'en particulier. Cette défense était, comme l'on voit, bien nouvelle à Paris, lorsqu'on se rappelle les termes des lettres pastorales des prédécesseurs de François  de Harlay, qui laissaient l'option entre le Bréviaire romain et celui de Paris.

 

C'était aussi la première fois qu'on ne faisait pas de réserve en faveur des  corps religieux approuvés, dont aucun n'a le droit de réciter un bréviaire diocésain. On n'avait point intention, pourtant, de déroger au privilège des réguliers, et la brochure que nous  avons citée plus  haut, qui fut publiée sous les inspirations de  l'archevêché (on l'attribue à l'abbé Chastelain, l'un des commissaires du bréviaire.) le dit expressément ; mais on avait pensé que l'absence de toute restriction dans la formule de promulgation du nouveau bréviaire rendrait cette formule bien autrement solennelle. Elle devait frapper d'autant plus les esprits,  et éblouir ou effrayer ceux qui auraient pu être tentés de résister. Il paraît cependant, comme nous le verrons ailleurs, qu'un grand nombre d'ecclésiastiques continuèrent, malgré tout, l'usage du bréviaire romain ; mais les chapitres, les paroisses, les communautés séculières, comme Saint-Sulpice, durent subir la loi. Les prêtres de la Mission, quoiqu'ils ne fussent pas un ordre régulier proprement dit, gardèrent le bréviaire romain ; mais déjà ce corps s'était étendu bien au-delà des limites du diocèse de Paris, et même des frontières du royaume.

 

Après avoir publié son bréviaire, en 1680, François de Harlay eut occasion de développer ses sentiments sur la liberté ecclésiastique et sur l'autorité du Pontife romain, dans l'assemblée du clergé de 1681 à 1682. Sa conduite dans cette circonstance à jamais déplorable pour l'Église gallicane, ne contribua pas à attirer les lumières de l'Esprit-Saint sur son administration. Aussitôt après l'assemblée, il se mit en devoir d'exécuter sur le missel le même travail de réforme qu'il avait entrepris sur le bréviaire. La commission dont nous avons parlé continua ses travaux, et dès le mois de novembre 1684, l'archevêque fut en mesure d'annoncer à son diocèse, par une lettre pastorale, le don qu'il lui faisait d'un nouveau missel digne de l'Église de Paris.

 

Nous répéterons d'abord ici, en peu de mots, ce que nous avons dit au sujet de la réforme du bréviaire. Nous conviendrons donc, avec franchise, que l'archevêque de Paris avait le droit de faire les réformes convenables aux livres de son diocèse, pourvu qu'il les fît dans l'esprit de la tradition, qui est l'élément principal de la Liturgie ; pourvu que dans ses améliorations la partie romaine de ces livres fût respectée, et que les réformes fussent autant d'applications des principes suivis dans toute l'antiquité en matière de Liturgie.

 

Nous n'attaquerons même pas François de Harlay dans les changements qu'il fit aux rubriques, pour les rendre plus conformes aux anciens usages parisiens, bien que ces changements ne pussent avoir lieu qu'aux dépens des rubriques romaines que ses derniers prédécesseurs avaient fait presque exclusivement prévaloir. Il y avait là du moins une possession, bien qu'interrompue durant quelque temps, et les prédécesseurs de Harlay, malgré le désir qu'ils en avaient nourri, n'avaient pu  parvenir à inaugurer, sans retour, les livres purement romains dans leur église.

 

Mais nous ne saurions nous empêcher de protester énergiquement contre la maxime protestante qu'on n'avait pas osé avouer tout entière dans la préface du bréviaire, et qui se trouvait enfin énoncée dans celle du missel. François de Harlay disait : "Les choses qui doivent être chantées, nous les avons tirées des seules Écritures saintes, persuadés que rien ne saurait être ou plus convenable, ou plus en rapport avec la majesté d'un si auguste sacrement, que de traiter l'acte divin dans lequel le Verbe de Dieu est à la fois prêtre et hostie, au moyen de la parole à l'aide de laquelle il s'est lui-même exprimé dans les saintes Écritures."

 

C'était aussi le principe de Luther dans sa réforme liturgique, quand il disait : "Nous ne blâmons pas ceux qui voudront retenir les introït des apôtres, de la Vierge et des autres saints, lorsque ces trois introït sont tirés des Psaumes et d'autres endroits de l'Écriture". Depuis Luther, tous les sectaires français et flamands avaient répété à satiété leurs banalités sur l'usage de l'Écriture sainte, qui devait suffire partout, suivant eux ; et il fallait, certes, être bien aveugle, sinon sourdement complice, pour croire avoir, tout fait en signant le Formulaire contre les cinq propositions, quand on ouvrait en même temps, sur l'Église et sa doctrine, cette porte par laquelle tous les hérétiques de tous les temps sont entrés.

 

Quoi qu'il en soit, François de Harlay entreprit cette œuvre et la consomma ; il expulsa de l'antiphonaire grégorien, qui forme, comme on sait, la partie chantée du missel ; il en expulsa, disons-nous, toutes ces formules solennelles, touchantes, poétiques, mystérieuses, dogmatiques, dans lesquelles l'Église prête sa voix traditionnelle aux fidèles, pour exalter la majesté de Dieu et la sainteté de ses mystères. Ainsi tombèrent d'abord ces introït qui avaient, il est vrai, déjà été interdits par Martin Luther, tels que celui de la sainte Vierge : Salve, sancta Parens, enixa puerpera Regem, etc.; et cet autre qui retentit avec tant d'éclat et de majesté dans les solennités de l'Assomption, de la Toussaint, etc. : Gaudeamus omnes in Domino, diem festum celebrantes, etc. Ainsi, le verset alléluiatique des fêtes de la Sainte-Croix : Dulce lignum, dulces clavos, etc. ; celui de saint Laurent : Levita Laurentius ; ceux de saint Michel : Sancte Michael archangele, etc., et Concussum est mare et contremuit terra, ubi archangelus Michael, etc. ; celui de saint François : Franciscus, pauper et humilis, cœlum dives ingreditur, etc. ; de saint Martin : Beatus vir sanctus Martinus, urbis Turonis Episcopus requievit, etc., etc.

 

Dans les messes de la sainte Vierge, tant celles du samedi que celles des solennités proprement dites, le Missel de 1684 sacrifiait impitoyablement le beau et mélodieux graduel : Benedicta et venerabilis es, Virgo Maria, etc.; les versets alléluiatiques : Virga Jesse floruit, etc. ; Felix es, sacra Virgo Maria, etc. ; Senex puerum portabat, etc.; Assumpta est Maria in cœlum ; le trait : Gaude, Maria Virgo ; l'offertoire : Beata es, Virgo Maria ; la communion : Beata viscera Mariœ Virginis. Croirait-on que le zèle de l'Écriture sainte animait François de Harlay jusqu'au point de lui faire sacrifier la belle communion de saint Ignace d'Antioche, composée de ces immortelles paroles : Frumentum Christi sum; dentibus bestiarum molar, ut panis mundus inveniar. Il est vrai qu'il avait poussé la haine des prières traditionnelles jusqu'à détruire même les messes propres des saints de Paris, entre lesquelles on doit surtout regretter celle si gracieuse que la capitale du noble royaume de France avait composée, dans les âges de foi et de chevalerie, à la louange de sa benoîte et douce patronne.

 

Le Missel de Harlay, aussi bien que le Bréviaire, attaquait les traditions de l'Église de Paris sur saint Denys ; on peut même dire qu'il les renversait pour jamais, en déshonorant par des changements et des interpolations la populaire et harmonieuse séquence qu'Adam de Saint-Victor, au XIIe siècle, avait consacrée à la mémoire du glorieux apôtre de Lutèce.

 

Nous ne nous imposerons certes pas l'ennuyeuse tâche de signaler en détail toutes les mutilations auxquelles cette pièce admirable fut en proie sous les coups de la commission du missel. Nous nous bornerons à faire remarquer la barbarie avec laquelle fut sacrifié le début de cette séquence et la maladresse qui suppléa l'omission. Adam de Saint-Victor avait dit, et toutes les églises de France répétèrent :

 

Gaude prole, Graecia,

Glorietur Gallia

Patre Dionysio.

 

Ainsi la gloire d’Athènes, qui députe vers nos contrées son immortel Aréopagite, et la gloire des Gaules qui l'accueillent avec tant d'amour, sont confondues dans un même chant de triomphe. Mais maintenant que François de Harlay ne veut plus que la Grèce ait donné le jour à son saint prédécesseur, où a-t-il pris le droit de dire :

 

Exultet Ecclesia,

Dum triumphat Gallia

Patre Dionysio ?

 

Sans doute la France, et la ville de Paris en particulier, sont quelque chose de très grand dans le monde ; mais n'y a-t-il pas quelque prétention, quand on a, d'un trait de plume, refusé à la Grèce le droit de prendre une part spéciale à la fête de saint Denys qu'elle honore pourtant encore aujourd'hui, comme évêque d'Athènes, et de Paris ; de s'en aller substituer, disons-nous, à la Grèce, d'un trait de plume aussi, l'Église universelle, comme obligée de venir s'associer expressément aux gloires de notre patrie ? Exultet Ecclesia, dum triumphat Gallia. Que si l'on disait que la gloire de tous les saints appartient à l'Église entière qui triomphe en chacun d'eux, nous n'aurions garde de le contester ; mais nous demanderions si l'on est bien sûr de l'assentiment de l'Église universelle à tous ces changements, quand on sait que non seulement le Bréviaire romain, mais même les livres d'office de l'Église grecque, protestent chaque année en faveur de la qualité d'aréopagite donnée à saint Denys de Paris. Voilà bien des millions de témoignages en faveur d'une prescription auguste, et l'Église de Paris qui met tant de zèle, depuis François de Harlay, à faire prévaloir les droits de la critique aux dépens de sa propre gloire, fait ici un triste personnage. Il ne manque plus qu'une chose : c'est qu'il se rencontre quelque protestant qui vienne encore, de par la vraie science historique, nous faire la leçon, à nous autres gallicans, ainsi qu'il nous est déjà arrivé au sujet du grand saint Grégoire VII que nous avons chassé du bréviaire, comme il sera raconté en son lieu. On dit que certains écrivains catholiques voudraient pourtant, sur saint Denys, disputer l'initiative à ces huguenots.

 

Encore un trait sur la fameuse séquence ; ce sera le dernier. On y retrancha ce verset fameux :

 

Se cadaver mox erexit.

Truncus truncum caput vexit,

Quo ferentem hoc direxit

Angelorum legio.

 

On conçoit encore une controverse sur une question chronologique. Le sentiment des antiaréopagites s'appuie du moins sur des données historiques plus ou moins plausibles : mais si quelqu'un s'avise de contester le miracle du saint martyr portant sa tête dans ses mains, où prendra-t-il ses moyens .d'attaque ? où est l'impossibilité de ce miracle ? où sont les monuments qui le nient, ou l'infirment en quoi que ce soit ? C'était donc tout simplement un sacrifice fait à l'esprit frondeur que certains écrivains ecclésiastiques avaient fait prévaloir dans la classe lettrée des fidèles. Était-il, pourtant, si nécessaire d'avertir le peuple que le moment était venu de suspendre son respect pour les anciennes croyances ?

 

On avait trouvé aussi le moyen d'en finir avec les traditions de l'Église sur l'identité de sainte Marie-Madeleine avec la pécheresse de l'Évangile (tradition déjà ébranlée dans le bréviaire, ainsi que nous l'avons dit), en changeant totalement la messe romaine, dont l'introït : Me expectaverunt, l'évangile Rogabat Jesum quidam de Pharisœis, et la communion Feci judicium, étaient si gravement significatifs. Le croirait-on, si on n'en voyait encore aujourd'hui les effets ? on avait poursuivi cette tradition jusque dans la prose de la messe des morts ; on y avait changé ces mots : Qui Mariam absolvisti, en ceux-ci : Peccatricem absolvisti.

 

Puisque nous parlons de la messe des morts, nous dirons aussi que François de Harlay, tout en laissant subsister encore l'introït Requiem œternam, l'offertoire Domine Jesu Christe, et la communion Lux aeterna, qui sont au nombre des plus magnifiques pièces de l'antiphonaire grégorien, avait donné une messe toute nouvelle pour la commémoration générale des défunts, au second jour de novembre, et que s'il consentait à garder l’antique messe pour les funérailles et anniversaires des fidèles, c'était après avoir arbitrairement  effacé le graduel et le trait grégoriens, et supprimé, dans la communion, un verset et une réclame qui formaient l'unique débris des usages de l'antiquité sur l'antienne de la communion.

 

Nous ne devons pas omettre non plus de signaler l'insigne audace qui avait porté les correcteurs du Missel de Harlay à supprimer toutes les épîtres que l'Église romaine a empruntées des Livres sapientiaux, pour les messes de la sainte Vierge, tant celles des fêtes proprement dites que celles de l'office votif. Déjà un pareil scandale avait eu lieu pour le bréviaire ; mais il devenait bien plus éclatant dans le missel. Par là, nous le répétons, tous les blasphèmes des protestants étaient autorisés, et en même temps une des sources de l'intelligence mystique des Écritures fermée pour longtemps. Ceux de nos lecteurs qui ne sentiraient pas l'importance de notre remarque, seront plus à même de l'apprécier quand nous en serons venu à expliquer en détail les messes du Missel romain et les traditions qui les accompagnent ; toutes choses devenues étrangères au grand nombre, depuis l'innovation gallicane.

 

Dans cette revue générale du Missel de Harlay, nous sommes loin d'avoir signalé toutes les témérités qui paraissaient dans cette œuvre. Elle renfermait, en outre, les plus singulières contradictions. Suivant le plan de réforme tracé dans la lettre pastorale, toutes les parties chantées du missel devaient être tirées de l'Écriture sainte; cependant les proses ou séquences qui sont bien des parties destinées à être chantées avaient été conservées. Bien plus, on en avait composé de nouvelles, entre autres, celle de l'Ascension, Solemnis hœc festivitas, celle de l'Annonciation, Humani generis. On ne craignait donc pas tant la parole de l'homme, pourvu qu'on en fût le maître. Étrange nécessité que subira la révolte jusqu'à la fin, de se contredire d'autant plus grossièrement qu'elle se donne pour être plus conséquente à elle-même !

 

Quoi qu'il en soit de ces honteuses et criminelles mutilations que subit la Liturgie romaine dans les livres de Paris, comme il est certain que ces mutilations n'atteignaient pas la vingtième partie de l'antiphonaire grégorien, on put dire encore, sous l'épiscopat de François de Harlay, et sous celui du cardinal de Noailles, que la Liturgie de Paris était et demeurait la Liturgie romaine ; que l'unité établie par le concile de Trente et saint Pie V, si elle avait souffert, n'avait pas encore péri. Aussi voyons-nous le docteur Grancolas dans son Commentaire sur le Bréviaire romain, publié en 1727, consacrer un chapitre entier à démontrer en détail l'identité générale du Bréviaire de Paris avec le romain.

 

Mais les atteintes portées à l'intégrité de la Liturgie par François de Harlay, les damnables principes qui avaient prévalu dans sa réforme, tout cela devait être fécond pour un avenir prochain. On ne s'arrête pas dans une pareille voie : il faut avancer ou reculer. L'esprit d'innovation comprimé dans le Bréviaire de Paris par la nécessité de conserver la physionomie générale de la Liturgie romaine, se jeta d'un autre côté, et alla essayer sur un théâtre plus restreint l'application de ses théories, bien persuadé que la curiosité et la manie du changement si naturelles aux Français en procureraient, en temps convenable, l'avancement et le triomphe.

 

L'abbaye de Cluny et la petite congrégation qui en dépendait alors sous le nom d'Ordre de Cluny, furent choisies par les novateurs pour y faire l'essai d'une réforme liturgique complète et digne de la France.

 

DOM GUÉRANGER   

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE  XVII, DE LA LITURGIE DURANT LA SECONDE MOITIE DU XVIIe SIECLE. COMMENCEMENT DE LA DEVIATION LITURGIQUE EN FRANCE. — AFFAIRE DU PONTIFICAL ROMAIN. — TRADUCTION FRANÇAISE DU MISSEL. — RITUEL D'ALET. — BREVIAIRE PARISIEN DE HARLAY. — BRÉVIAIRE DE CLUNY. — HYMNES DE SANTEUIL. — CARACTÈRE DES CHANTS NOUVEAUX. — TRAVAUX DES PAPES SUR LES LIVRES ROMAINS. — AUTEURS LITURGIQUES DE CETTE ÉPOQUE.

 

Tomb of Pope Innocent X

Tomb of Pope Innocent XI, Basilica di San Pietro, Rome 

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 05:00

Mémoire de saint Martin de Porrès, religieux dominicain.

Né hors mariage à Lima, au Pérou, d’un chevalier espagnol et d’une mulâtresse, il dut traverser les difficultés provenant de sa condition de fils illégitime et de sang mêlé, mais dès son enfance il apprit l’art des médicaments, qu’il exerça ensuite largement, devenu religieux, en faveur des pauvres, menant une vie dure et humble de pénitence et de prière, irradiée de charité, jusqu’à sa mort en 1639. 
Martyrologe romain

 

San Martín de Porres 

SAN MARTIN DE PORRES

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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 20:00
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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 05:00

La sainte Mère Église, attentive à rendre de dignes louanges à tous ses enfants qui jouissent du bonheur du ciel, s’empresse d’intercéder auprès de Dieu pour les âmes de tous ceux qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection, mais aussi en faveur de tous les hommes depuis la création du monde, dont le Seigneur seul connaît la foi, pour, qu’avec le secours d’instantes prières, ils puissent entrer dans la communauté des habitants du ciel et jouir de la vision du bonheur éternel.
Martyrologe romain

 

The Resurrection of Christ, Onze-Lieve-Vrouwekathedraal (Antwerpen)

 

Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable, Il a fait de lui une image de ce qu'Il est en Lui-même.

 

La vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n'a de prise sur eux.

 
Celui qui ne réfléchit pas s'est imaginé qu'ils étaient morts ; leur départ de ce monde a passé pour un malheur ; quand ils nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu'ils sont dans la paix. Aux yeux des hommes, ils subissaient un châtiment, mais par leur espérance ils avaient déjà l'immortalité. Ce qu'ils ont eu à souffrir était peu de chose auprès du bonheur dont ils seront comblés, car Dieu les a mis à l'épreuve et les a reconnus dignes de Lui.

 

Comme on passe l'or au feu du creuset, Il a éprouvé leur valeur ; comme un sacrifice offert sans réserve, Il les a accueillis. Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comprendront la vérité ; ceux qui sont fidèles resteront avec Lui dans Son amour, car Il accorde à Ses élus grâce et miséricorde.

 

Livre de la Sagesse

 

Resurrection of Christ and the Harrowing of Hell, Unknown Icon Painter, Russian

 

Jésus parlait à ses disciples de sa venue :

 

" Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.

 

Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite :

' Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.

 
Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ;

 

j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ;

 

j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ;


j'étais nu, et vous m'avez habillé ;

 

j'étais malade, et vous m'avez visité ;

 

j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! '


Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu... ? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ? '  


Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. '


Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche :

'Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges.

 
Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ;

 

j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ;


j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ;

 

j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ;

 

j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité. '


Alors ils répondront, eux aussi : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? '


Il leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. '


Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. "

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu

 

Last Judgement, Fra Angelico

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 20:00
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